La même presse qui relaie complaisamment ceux qui prônent l’indulgence pour Roman Polanski, popularise l’accusation de viol contre Julian Assange (accusation qui ne tiendrait pas avec nos lois).
La même encore fait monter au créneau, en batteries serrées, les journalistes, commentateurs, spécialistes qui dénoncent la diffusion des correspondances des ambassades US par Wikileaks.
Du coup, les hérauts de la liberté d’expression sont muets sur la source, ce militaire US emprisonné (sans doute à vie). Vous connaissez son nom ? Non ? Voyez le titre de ce billet. Bradley est son prénom.
Et haro sur Assange qui a fait en gros ce qu’ils font en tout petit quand ça chatouille sans gratouiller : « Un document que le Nouveau Républicain s’est procuré… » Ah, ce « s’est procuré » dont ils se gargarisent quand il égratigne sans tuer tout en faisant augmenter les tirages et en donnant l’impression d’une audace journalistique folle au service du lecteur qui « en démocratie, à le droit de savoir » !
Regardez-les, retenant par devers eux les dépêches gênantes de Wikileaks, lâchant en pâture les plus anodines, ergotant sur les autres, employant plus d’encre et de salive à salir Assange qu’à déplorer le ton, la morgue, les activités, les méthodes des ambassadeurs US et qu’à éditorialiser sur ce qu’on apprend.
Pascal s’étonnait : « Etrange zèle qui s’irrite contre ceux qui accusent des fautes publiques et non contre ceux qui les commettent » (Les Provinciales).
Il ne pouvait pas savoir qu’un jour, ce zèle serait routine journalistique.
Théophraste R. (pour qui Bradley Manning mérite le prix Nobel de la Paix autant qu’Obama).