1998-2008 - Une révolution économique et sociale - Bilan décennal du président Hugo Chávez

Depuis son élection en 1998, Hugo Chávez a entrepris une vaste transformation économique et sociale au Venezuela dans le but d’améliorer le niveau de vie d’une population qui cultivait le paradoxe d’habiter dans l’un des pays les plus riches du continent américain et d’être en même temps plongée dans une singulière pauvreté. Retour sur les réformes du gouvernement bolivarien depuis dix ans.

Hugo Chávez est un président apprécié par son peuple. Lors d’un sondage réalisé en septembre 2008, il a recueilli 69% d’opinions favorables. Chávez est également le président qui peut se targuer de disposer de la plus forte légitimité démocratique du continent. En effet, il a largement remporté trois élections présidentielles successives en 1998, 2000 et 2006 avec plus de 60% des voix, et un référendum révocatoire en 2004 avec 59,1% des suffrages. La transparence de ces processus électoraux a été saluée par les plus éminentes institutions internationales. Seule ombre au tableau : le rejet de la réforme constitutionnel lors du referendum de décembre 2007 qui a mis un terme à douze victoires électorales consécutives depuis 1998 (1).

La popularité du leader vénézuelien s’explique par les réformes économiques et sociales spectaculaires qui ont permis d’améliorer le niveau de vie de la population. Pourtant, rien n’a été simple pour Chávez. Victime en avril 2002 d’un coup d’Etat orchestré par Washington, il fut sauvé par une extraordinaire mobilisation populaire. Par la suite, en 2003, il a dû faire face à un sabotage des infrastructures pétrolières qui a coûté 10 milliards de dollars à l’économie nationale, et est toujours confronté à de multiples tentatives de déstabilisation (2).

Nationalisations

En 2003, le gouvernement bolivarien a pu reprendre le contrôle de l’entreprise d’Etat Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA), alors entre les mains de l’oligarchie, ainsi que des ressources énergétiques du pays en nationalisant les hydrocarbures. Désormais, PDVSA est propriétaire à hauteur d’au moins 60% des nouvelles entreprises mixtes. Par ailleurs, en mai 2007, le gouvernement vénézuélien a procédé à la nationalisation de la Bande pétrolifère de l’Orénoque, économiquement très lucrative et qui contient les plus importantes réserves mondiales (3).

Auparavant, les transnationales pétrolières extrayaient le baril de pétrole pour un coût de production de 4 dollars et le revendaient à l’Etat vénézuelien au prix de 25 dollars pour sa commercialisation, empochant au passage une substantielle plus-value. Ce nouveau système a permis à l’Etat d’économiser 3 milliards de dollars pour la production de 500 000 barils par jour issus des concessions pétrolières de l’Orénoque. Ces nationalisations permettent désormais au pays de disposer de plus de 400 000 barils de pétrole de plus par jour (4).

Le gouvernement vénézuelien a également décidé d’augmenter l’impôt sur les bénéfices de 34% à 50%, après avoir constaté que plusieurs firmes internationales avaient recours à l’évasion fiscale. Un nouvel impôt sur l’extraction de brut de 33,3% a été créé et génère des revenus supplémentaires à la nation d’un montant d’un milliard de dollars, ainsi qu’une taxe sur l’exportation de brut de 0,1% (5).

Le gouvernement a lancé un processus de nationalisation de certaines entreprises électriques et de télécommunications qui se trouvent dans une situation de monopole. Les entreprises privées Compañà­a Anónima Nacional Teléfonos de Venezuela S.A. (CANTV) et Electricidad de Caracas, détenues en grande partie par des capitaux étasuniens, sont passées sous contrôle de l’Etat (6).

Au niveau agricole, Chávez a récupéré près de 2 millions d’hectares, soit 28,74% des terres productives, aux latifundiaires sur les 6,5 millions d’hectares qui doivent être nationalisés. L’objectif est de développer le domaine de l’agriculture et d’atteindre une certaine souveraineté alimentaire. 49% des terres récupérées ont été redistribuées aux paysans, 40% sont destinées à des projets stratégiques et 11% ont été remises à des coopératives (7).

Ces réformes ont eu un effet bénéfique sur l’économie vénézuelienne, qui présente 19 trimestres consécutifs de croissance à une moyenne de 11, 2% (8).

Une véritable révolution sociale

Les nationalisations des divers secteurs de l’économie, ajoutées à la hausse du prix du pétrole, ont généré d’importants revenus à l’Etat, qui a entrepris une véritable révolution sociale. La politique du gouvernement a eu des résultats spectaculaires grâce à la multiplication des programmes en faveur des déshérités.

Grâce à la création du Fonden, un fonds spécial destiné à financer les programmes sociaux, le taux de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 20,3% à 9,5% en dix ans. Au niveau de chômage, le taux est passé de 16,6% en 1998 à 7,1% en 2008. L’indice d’inégalité entre riches et pauvres a diminué de 13,7% entre 1998 et 2007. Le nombre de bénéficiaires de pensions de retraite a augmenté de 218,4%. Les dépenses sociales sont passées de 47,9% du budget de l’Etat en 1998 à 59,5% en 2007 (9).

L’universalisation de l’accès à l’éducation élaborée depuis 1998 a eu des résultats exceptionnels. Près de 1,5 millions de Vénézueliens ont appris à lire grâce à la campagne d’alphabétisation, nommée Mission Robinson I. En décembre 2005, l’UNESCO a décrété que l’illettrisme avait été éradiqué au Venezuela. La Mission Robinson II a été lancée afin d’amener l’ensemble de la population à atteindre le niveau du collège. A cela s’ajoutent les Missions Ribas et Sucre qui ont permis à plusieurs dizaines de milliers de jeunes adultes d’entreprendre des études universitaires. En 2007, le Venezuela comptait près de 12,7 millions d’enfants scolarisés sur une population de 26 millions d’habitants. Le nombre d’inscrits n’a cessé d’augmenter depuis l’arrivée de Chávez au pouvoir. En 2001, il était de 6,9 millions ; en 2002, il a atteint le chiffre de 9,5 millions pour se stabiliser à 11,3 millions en 2004. En 2005, il y avait 11,8 millions de scolarisés et 12,1 millions en 2006 (10).

Au niveau de la santé, le Système national public de santé a été créé afin de garantir l’accès gratuit aux soins à tous les Vénézueliens. La Mission Barrio Adentro I a permis de réaliser 300 millions de consultations dans les 4 469 centres médicaux créés depuis 1998. Près de 17 millions de personnes ont ainsi pu être soignées. En 1998, moins de 3 millions de personnes avaient un accès régulier aux soins. Plus de 104 000 vies ont ainsi pu être sauvées. Le taux de mortalité infantile a été réduit à moins de 10 pour mille. Par ailleurs, grâce à l’Opération Miracle lancée par Cuba, qui consiste à opérer gratuitement les Latino-américains pauvres atteints de maladies oculaires, 176 000 Vénézueliens pauvres ont ainsi pu retrouver la vue (11).

Pour éliminer les problèmes de malnutrition, le gouvernement a lancé la Mission Alimentation avec la création de magasins alimentaires dénommés Mercal dont les articles sont subventionnés par l’Etat à hauteur de 30%. Près de 14 000 points de vente ont été installés à travers le pays. La moitié de la population, soit plus de 13 millions de personnes, effectue ses achats dans ces magasins. Par ailleurs, plus de 4 millions d’enfants reçoivent une alimentation gratuite à travers le Programme d’alimentation scolaire. En 1998, ils n’étaient que 250 000 à bénéficier de ce programme. Selon la CEPAL, le Venezuela dispose désormais du troisième taux de malnutrition infantile le plus bas d’Amérique latine derrière Cuba et le Chili (12).

En 1998, 80% des habitants des villes avaient accès à l’eau potable. En 2007, le chiffre a atteint 92% grâce aux énormes investissements réalisés dans ce secteur. Au niveau rural, des efforts ont également été accomplis passant de 55% en 1998 à 71% en 200711. Plus de 6,5 millions de personnes en ont bénéficié. Le Venezuela a ainsi atteint les objectifs du millénaire fixés par l’ONU pour 2015 dans ce domaine dès 2001 (13).

Le salaire minimum mensuel est passé de 118 dollars en 1998 à 154 dollars en 2003, et 192 dollars en 2005. Il est désormais de 286 dollars, le plus élevé du continent latino-américain. A titre de comparaison, sous la IV République, le salaire de base, dans le meilleur des cas, stagnait et parfois même diminuait. En 1996, alors que l’inflation du pays avait atteint un taux vertigineux de 100%, le salaire minimum était de 36 dollars seulement, alors qu’en 1994, il était de 101 dollars et en 1992 de 132 dollars (14).

De plus, les adultes d’un certain âge n’ayant jamais travaillé disposent d’un revenu de protection équivalent à 60% du salaire minimum. Les femmes seules ainsi que les personnes handicapées reçoivent une allocation équivalente à 80% du salaire minimum. Les mères au foyer âgées de 61 ans recevront désormais une pension complète avec une priorité donnée aux plus pauvres. Par ailleurs, le temps de travail passera à 6 heures par jour et 36 heures hebdomadaires à partir de 2010, sans diminution de salaire (15).

Au niveau du logement, les autorités ont entrepris une politique de grands travaux avec la construction massive de nouveaux habitats destinés aux couches populaires et ont initié une politique de micro-crédits. Grâce à cette révolution sociale, le Venezuela fait désormais partie de la liste des 70 pays disposant d’un indice de développement humain élevé (16).

Une solidarité internationale

Hugo Chávez, qui s’est retiré de la Banque mondiale et du FMI en remboursant par anticipation ses dettes, a étendu son aide aux autres nations américaines en mettant en place l’Alternative bolivarienne pour les Amériques et en créant la Banque du Sud, destinés a promouvoir une intégration économique régionale. Actuellement, le Venezuela offre un soutien financier direct au continent plus important que celui fourni par les Etats-Unis. Pour l’année 2007, Chávez a alloué pas moins de 8,8 milliards de dollars en dons, financements et aide énergétique contre seulement 3 milliards pour l’administration Bush. Même les citoyens étasuniens, délaissés par leur propre gouvernement, bénéficient également de la politique altruiste du Venezuela en recevant du combustible subventionné17.

Le Venezuela est la preuve même qu’un gouvernement peut rapidement contribuer à une réduction drastique de la pauvreté et à améliorer sensiblement le bien-être de sa population, à condition à la fois de disposer de la volonté politique nécessaire et de destiner une partie des richesses nationales aux plus démunis. Caracas constitue la parfaite illustration du renouveau latino-américain où les peuples ont porté à la tête de plusieurs nations des leaders représentatifs de l’intérêt général, avec une réelle volonté politique de mettre un terme aux inégalités qui dévastent le continent. A l’heure où l’économie mondiale est frappée par une crise financière sans précédent, le Venezuela est porteur d’une alternative crédible au néolibéralisme sauvage.

Salim Lamrani
Le Monde Diplomatique (édition espagnole)

Notes

1 ABN, « Gestión presidencial tiene 69% de aceptación », 6 octobre 2008 ; ABN, « Victoria Roja, Rojita », 3 décembre 2006.

2 Salim Lamrani, « Soberanà­a petrolera, reformas sociales e independencia económica en Venezuela », Rebelión, 15 mai 2007.

3 Ibid.

4 Ibid.

5 Ibid.

6 Erika Hernández, « Cantv : à­cono de la privatización a la venezolana vuelve a manos del Estado », ABN, 12 janvier 2007

7 ABN, « Casi 2 millones de hectáreas han sido recuperadas del latifundismo », 25 mars 2007.

8 ABN, « Venezuela entre los paà­ses con mayor à­ndice de desarrollo Humano », 6 octobre 2008.

9 Ibid.

10 Ibid. ; Salim Lamrani, « La revolución social del presidente Hugo Chávez », Rebelión, 9 mai 2006.

11 Ibid.

12 ABN, « Venezuela entre los paà­ses con mayor à­ndice de desarrollo Humano », op. cit. ; Salim Lamrani, « La revolución social del presidente Hugo Chávez », op. cit.

13 ABN, « Venezuela sanea las cuencas de sus rà­os para reducir escasez de agua », 21 mars 2007 ; ABN, « Venezuela entre los paà­ses con mayor à­ndice de desarrollo Humano », op. cit.

14 ABN, « Venezuela con el salario mà­nimo más alto de Latinoamérica », 20 avril 2007.
15 Ibid.

16 ABN, « Venezuela entre los paà­ses con mayor à­ndice de desarrollo Humano », op. cit.

17 Salim Lamrani, « Soberanà­a petrolera, reformas sociales e independencia económica en Venezuela », op. cit. ; Natalie Obiko Pearson & Ian James, « Exclusiva AP : Venezuela ofrece miles de millones a Latinoamérica », The Associated Press, 26 août 2007 ; The Associated Press, « Ayuda venezolana a Latinoamérica y el Caribe en el 2007 », 26 août 2007.

Salim Lamrani est enseignant, chargé de cours à l’Université Paris Descartes et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il vient de publier Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Paris : Editions Estrella, 2008).
Contact : lamranisalim@yahoo.fr

COMMENTAIRES  

22/02/2009 15:56 par Anna

Merci de ces précisions,c’est vraiment effarant cette diabolisation de H. Chavez, alors que les chiffres sont là . Aucun média généraliste français ne prend la peine de comparer le bilan de Chavez avec celui d’autres pétro-états (Russie, Moyen-Orient, Iran, Algérie), aucun ne critique les tentatives de sabotages de l’opposition, anti-démocratiques au possible (grève patronale, sabotage de l’économie, non-participation à des élections, diabolisation haineuse du gouverment, ne parlons même pas du coup d’état de 2002).

Ce qui m’agace également, c’est l’image de "l’Etat Pétrolier Rentier Populiste et Fer de Lance de l’Assistanat Généralisé", que donnent les socio-économistes soucieux d’apparaître comme "objectifs", mais qui finissent toujours par se ranger du côté des média dominants. Même un essai que j’ai trouvé globalement bon comme "Amérique Latine : Tous à gauche ?" de Bajoit/Houtart/Duterme n’échappe pas à ces travers, même si les auteurs reconnaissent les améliorations sociales et avancées démocratiques.

Comme si c’était un gâchis que la Révolution Bolivarienne, dans un premier temps, mette la priorité sur l’erradication de l’analphabétisme, la faim et l’accès à la santé, grâce à la rente du pétrôle, en mettant, il est vrai, en attente l’écologie par exemple. On dirait qu les économistes occidentaux sont incapables de sortir de leurs propres référents (les USA, l’Europe), et que pour eux tout développement qui ne soit pas comparable à ceux du Nord est suspect.

Je suis également très agacée par l’accusation d’Assistanat, et l’amnésie totale vis-à -vis de la situation du Venezuela quand il dépendait totalement du FMI et des USA. A chaque fois qu’on veut promouvoir la solidarité, ces "sociologues" inversent la situation et parlent d’assistanat et de danger vers la mort des "talents", que seule une société promouvant l’élitisme et la compétitivité peut permettre.
On parle d’un pays où la faim, l’analphabétisme, le chômage et j’en passe étaient généralisés ! Des pays comme l’Equateur, la Bolivie ou le Nicaragua doivent d’abord se battre comme des lions pour obtenir leur auto-suffisance alimentaire et le contrôle de leurs propres ressources, il est donc normal que leur développement passe par une "simple" exploitation de leurs ressources (et non de leurs "cerveaux" ou services, comme leur reprochent les socio-économistes blasés et narquois, qui prennent l’ex-professeur d’économie Rafael Correa pour un amateur et critiquent son anglais maté de fort accent andin), c’est un premier pas, mais un pas gigantesque par rapport à leur situation précédente, où ils subissaient le colonialisme économique des affameurs de l’OMC et du FMI (on a vu où ça a mené l’Argentine).

Les prochains défis de la Révolution Bolivarienne seront l’industrialisation du pays et l’écologie, et que le pétrôle baisse de façon drastique du budget de l’Etat. Je pense que les bolivariens en ont conscience, de même que des critiques des "socio-économistes narquois et blasés" que j’évoque plus haut.

23/02/2009 11:07 par Pierre M

en gros, tout est parfait dans l’action de Chavez ? hum, un peu d’esprit critique ne ferait quand même pas de mal. il est regrettable qu’on ait uniquement le choix entre une "diabolisation haineuse" et un encensement fiévreux.

quid de ses penchants mégalomaniaques, des troubles causés par certains militants exaltés, quid des gros problèmes d’insécurité à caracas ?
tout n’est pas rose non plus dans le vénésuela de Chavez, et il serait sage de le reconnaître et d’en parler posément.

24/02/2009 00:02 par VDJ

"quid de ses penchants mégalomaniaques,"

Mégalo... eh oui, c’est toujours comme ça qu’on appelle (dans les médias) quelqu’un qui "en a" et qui ose...

"des troubles causés par certains militants exaltés"

Comme les putchistes de l’opposition ?

"quid des gros problèmes d’insécurité à caracas ?"

Comme l’ambiance de haine et de tension semée par l’opposition ? Ah, si on pouvait résoudre TOUS les problèmes en même temps... Mais pour ça, il faudrait que Chavez soit encore plus "mégalomaniaque."

24/02/2009 02:21 par Blackman

Chavez n’est sans doute pas un saint, mais je n’en connais pas sur terre, mais son action semble très intéressante. Faire accéder les gens à l’éducation et à la santé c’est que tout état digne de ce nom devrait faire. Alors je trouve certaines attaques contre lui ridicules et injustifiées, mais le ridicule ne tue pas depuis bien longtemps. Chavez n’est pas non plus parfait, mais qui l’est ici bas ? Je suis impatient de voir où mènera sa révolution bolivarienne.

24/02/2009 12:22 par maxime vivas

J’ai passé trois semaines à Caracas en mai 2007, au plus fort de la crise fabriquée par toutes les droites du monde autour de l’"affaire" RCTV. Rappelons que la licence de diffusion par voie hertzienne de cette télé, arrivée normalement à expiration après 20 ans, n’était pas renouvelée.

Pour les besoins de l’écriture de mon livre-enquête sur RSF, je travaillais à Vive TV, une chaîne alternative qui avait mis à ma disposition tous les documents d’archives, les vidéos nécessaires à mes recherches. Le vice-président de cette chaîne est Thierry Deronne qui a préfacé mon livre.

J’étais horrifié par le divorce que je voyais, via Internet, entre l’information en France et ce que je constatais. Le comportement, les écrits, les reportages des médias vénézuéliens sont hallucinants. Je me suis pris à faire l’éloge des médias français (télé comprise) en comparaison. C’est dire !

Dans la période où la décision de ne pas reconduire la licence a été prise, des décisions analogues avaient été prises en Europe, en Amérique latine, aux USA, choses normales car le spectre hertzien n’est pas extensible et que le renouvellement automatique interdit l’éclosion d’autres médias. Au Venezuela, il s’agissait d’accorder un espace à une nouvelle télé éducative (l’analphabétisme n’a été que tout récemment éradiqué dans ce pays).

De plus RCTV avait été un des moteurs du putsch de 2002 et l’anormalité est qu’elle ait pu bénéficier de son contrat 5 ans de plus.

Dans les jours qui ont précédé la date de fin d’exploitation de la voie hertzienne par la télé putschiste, j’ai vu arriver dans les locaux de Vive TV des matelas et des provisions pour le personnel qui s’apprêtait à garder sa télé nuit et jour. Puis, ce furent des militaires en armes qui arpentèrent les couloirs, mitraillette au poing, pour éviter tout coup de force.

Voila : le Venezuela est un pays où le pouvoir, dix fois et plus légitimé par les urnes, ne peut pas prendre une décision, anodine ailleurs, sans craindre un déchaînement de violence putschiste.

Après avoir vu ça, après avoir constaté l’omniprésence des médias d’opposition, après les avoir vus distiller des propos qui, en France, conduiraient leurs propriétaires en prison, je ne m’offusque pas de l’abondance des "cadenas" (réquisition par Hugo Chavez pour une allocution à la nation).

Et je ne souscris nullement aux discours sur sa "mégalomanie". Là aussi, nos médias caricaturent. Chavez fait, a fait, fera des erreurs et arrache son pays à l’emprise d’oligarchies qui l’ont plongé dans la misère alors que ce pays devrait avoir depuis longtemps le niveau de vie de la Suède.

Quelles sont les erreurs de Chavez, me demanderez-vous ? Ben, depuis mon bureau toulousain, je ne suis pas chaud pour donner des leçons à ceux qui sont dans la tranchée, face à l’empire, et qui jouent leur peau et le destin de leur pays.

24/02/2009 18:40 par Anonyme

Pierre M., ainsi pour vous, l’erradication de l’analphabétisme, le renforcement de l’accès à la santé et une certaine augmentation du niveau de vie des vénézuéliens les plus pauvres sont donc des avancées peu importantes ???
Il ne me semble pas qu’on ait angélisé ou prétendu que tout était parfait au Vénézuela, l’auteur de l’article, et ma contribution cherchaient à rappeler les avancées notables du bolivarisme, et à manifester notre exaspération devant la diabolisation du président vénézuelien.

Vous bottez en touche avec les éternels stéréotypes sur Chavez, vous ne faites que copier-coller les arguments de l’opposition qui je vous le rappelle a tenté un putsch (Chavez aussi en 1992, mais il est allé en taule pour ça, ce qui n’est pas le cas des putschistes de 2002), a bloqué l’économie, achète tous les médias pour vomir une haine viscérale d’un président démocratiquement élu, et j’en passe et des pires (liens avérés avec les paramilitaires colombiens sanglants, ou les officines de propagande US tels que l’USAID). Vous trouvezque ce son des méthodes DEMOCRATIQUES pour faire opposition ???

Chavez mégalo, dans le continent des Berlusconneries ("faut mettre un flic derrière chaque rital, nos poules sont si belles !" ou comment faire avaler la pilule de l’état répressif) et Sarkofages, faut le faire !

Une vraie critique sensée du bolivarisme, c’est ce que j’ai suggéré quand j’ai évoqué le peu de cas fait au dossier de l’écologie. Dernièrement, j’ai lu un excellent article sur RISAL qui parlait des limites du néo-développisme, dans le long terme, des pays comme le Venezuela, l’Equateur ou la Bolivie qui se "contentent" d’exploiter leurs matières premières. C’est une réflexion saine et critique, qui ne verse pas dans les stéréotypes dont vous vous gargarisez.

25/02/2009 17:52 par Anonyme

A propos de l’écologie.

Des pays qui se "contentent" de développer leurs ressources pour sortir du sous-développement... N’avez vous pas honte ???
Evidemment, la France ne pollue pas, elle pille !
Avez vous entendu parler de la Mision Arbol ? Des programmes d’energies renouvelables de Fundaelec (panneaux solaires et éoliennes) gratuits car financés par l’Etat ? Des comités de préservation de l’envirronnement crées dans les communautés ??

Franchement, n’y allez pas de votre grain de sable. Les vénézuéliens s’en contre-foutent ! Et je reprenderai la phrase si belle de Maxime : "depuis mon bureau toulousain, je ne suis pas chaud pour donner des leçons à ceux qui sont dans la tranchée, face à l’empire, et qui jouent leur peau et le destin de leur pays."

R.

25/02/2009 18:38 par Anna

Des pays qui se "contentent" de développer leurs ressources pour sortir du sous-développement... N’avez vous pas honte ??? Evidemment, la France ne pollue pas, elle pille ! (...)
Franchement, n’y allez pas de votre grain de sable. Les vénézuéliens s’en contre-foutent ! Et je reprenderai la phrase si belle de Maxime : "depuis mon bureau toulousain, je ne suis pas chaud pour donner des leçons à ceux qui sont dans la tranchée, face à l’empire, et qui jouent leur peau et le destin de leur pays."

Je suis bien d’accord, tout comme avec Maxime. J’ai juste voulu dire que l’une des critiques "objectives" les plus récurrentes que j’ai lu sur les volontés de développement de certains pays d’Amérique Latine, c’est la mise de côté de la question de l’Ecologie (c’est particulièrement flagrant pour le Brésil, qui cherche plus à devenir une super-puissance -quoiqu’en dise Lula-, qu’à être un leader progressiste arrachant ses voisins au sous-développement, et proposant une alternative contre-hégémonique à l’Empire US).

Or j’ai envie de dire que si ces pays n’en sont pas encore là , ils ont des excuses. D’ailleurs admirons l’initiative de l’Equateur de renoncer à une partie de ses réservse pétrolières !
La limite du "néo-dévlopisme" c’est l’extraction accelérée de ressources agraires ou énergétiques (je fais partie des gens qui conchient le dogme de la Croissance comme Valeur Suprême), qui effectivement relèvent du pillage de la part de l’Europe et des Etats Unis, comme tu le suggères. Je salue ces pays (Venezuela, Equateur, Bolivie) qui arrachent leur souveraineté sur leurs propres ressources, et je trouve que beaucoup d’observateurs minimisent cet "exploit", cette lutte acharnée.
Ces observateurs jugent d’un air hautain leur développement, et procèdent à un effet de gommage sur les difficultés pour un peuple souverain de prendre le contrôle de ses propres ressources cooptées par les multinationales. C’est ce côté hautain que j’ai voulu souligner.

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