RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Bolivie : La dette climatique, une idée subversive

Jeudi 22 avril, dernier jour du Sommet Climatique de Cochabamba, nous continuons le relais d’articles se rapportant à ce sommet des peuples qui fait suite à l’échec du sommet des états qui s’est déroulé l’an passé à Copenhague.

Après la question de la nécessité d’un Tribunal de Justice Climatique nous relayons un article de Nicola Bullard qui traite de l’idée de dette climatique. Ou comment rétablir la réalité de la dette que les pays développés, comme de bons commerciaux tentent chaque jour de retourner à leur avantage, et ce quelles que soit les conséquences globales. Vous avez dit inconscience ?

Peut-être que sans en comprendre pleinement la signification ni les implications, les mouvements progressistes ont gravité autour de la consigne de la "dette climatique" comme une voie vers le monde complexe des négociations sur le climat. Il est facile de comprendre pourquoi : la dette est un concept simple et dans un monde juste les dettes doivent être payées.

Cependant - plus que cela " la notion de dette climatique arrive au centre de la politique autour du changement climatique. Elle pose la question centrale de la responsabilité historique et de qui doit à qui et pourquoi. Et grâce à la redéfinition de la "dette" en tant que problème systémique plutôt qu’en tant que problème financier on reconsidère les relations traditionnelles entre riches et pauvres. En général, ce sont les riches qui sont les créanciers, et exigent le paiement de la part des pauvres, mais la dette climatique inverse cette relation : maintenant les pauvres et les marginaux sont " le Sud Global " ceux qui réclament leurs dettes, non pour un bienfait personnel, mais pour l’avenir de l’humanité et de la Terre-Mère.

En ce sens, la dette climatique est une puissante idée qu’il lie problématiques, groupes sociaux et stratégies avec l’attrait supplémentaire d’utiliser un langage simple comme un cheval de Troie pour introduire des idées complexes et potentiellement subversives. Mais si nous n’avons pas d’idée claire de ce que "nous" entendons par dette climatique, il existe toujours le risque que les principes et les idées qui la soutiennent soient cooptés et se diluent. Peut-être n’existe pas une définition définitive de la dette climatique, mais comme pour les mouvements et les activismes pour la justice sociale il est utile d’avoir une vision commune de ce que l’on veut dire et de ce que l’on demande.

Qu’est-ce que la dette climatique ? Le concept de dette écologique a été présent pendant plusieurs années. Une action Écologique de l’Équateur parle de la dette écologique comme "la dette accumulée par les pays du Nord industriel envers les pays et les peuples du Sud à cause du pillage des ressources, les dégâts environnementaux et l’utilisation de l’espace environnemental comme d’un dépôt d’ordures, par exemple avec les gaz à effet de serre" . En termes clairs, la dette climatique n’est qu’un petit morceau du bilan beaucoup plus important de la dette écologique, mais elle peut être divisée en parties compréhensibles et mesurables.

Une partie de la dette climatique se rapporte aux impacts des émissions excessives de gaz à effet de serre qui entraînent le réchauffement global : des phénomènes climatiques extrêmes et fréquents, des inondations, des sécheresses, des orages, des maladies, une déperdition de terres cultivables et de biodiversité, perte de l’accès la terre, migration, pauvreté et bien d’autres. Dans le langage de l’ONU, ces impacts humains très réels sont regroupés et mis en "quarantaine" comme les coûts d’une "adaptation". Le deuxième élément de la dette climatique est le coût de la réorganisation des sociétés et les économies de telle manière que les émissions de gaz à effet de serre soient radicalement réduites : c’est ce qui s’appelle la mitigation [1], et embrasse presque tous les aspects de l’activité humaine de l’agriculture, l’énergie et le transport, jusqu’aux formes d’organisation des villes, les modèles de consommation et le commerce mondial.

Pour le gouvernement bolivien c’est équivalent à une "dette de développement" qui serait compensé après avoir garanti que toutes les personnes ont un accès aux services de base et que tous les pays sont suffisamment industrialisés pour garantir leur indépendance. Une troisième partie de la dette est plus difficile à calculer : certains la nomment la dette des émissions.

Il se réfère au fait que les pays riches ont dépensé la plupart de la capacité d’absorption des gaz à effet de serre de l’atmosphère, sans laisser "d’espace atmosphérique" avec lequel le Sud pourrait "grandir". Étant donné qu’il existe une très grande corrélation entre la croissance économique et les émissions de gaz à effet de serre dans le contexte technologique actuel, cela équivaut à dire que les pays en développement doivent limiter leur croissance économique. La seule manière de compenser cette dette c’est que les pays riches réduisent radicalement leurs propres émissions.

Le gouvernement bolivien inclut encore deux éléments dans le calcul de la dette climatique. En plus de l’adaptation, de la mitigation et de la dette des émissions, il identifie une "dette de migration" , qui seraient compensée par l’abandon des pratiques restrictives de migration et par le traitement de tous les êtres humains avec dignité. Et enfin, la dette envers la Terre-Mère. Suivant le gouvernement bolivien, cette dette est "impossible à compenser complètement, parce que les atrocités commises par l’humanité ont été trop terribles. Cependant, la compensation minimale de cette dette consisterait en la reconnaissance des dommages causés et l’adoption d’une Déclaration des Droits de la Terre-Mère par l’ONU, afin de garantir que ces abus ne se répètent jamais plus dans le futur. En tenant en compte tous ces composants, la dette des riches envers pauvres est incommensurable.

http://www.primitivi.org/spip.php?article306

URL de cet article 10471
  

Même Thème
Figures Révolutionnaires de l’Amérique latine
Rémy HERRERA
Cet ouvrage propose au lecteur sept chapitres consacrés à quelques-uns des révolutionnaires les plus importants d’Amérique latine et caribéenne : Simón Bolívar, José Martí, Ernesto Che Guevara, Hugo Chávez, Fidel Castro et Evo Morales. L’Amérique latine et caribéenne offre depuis le début des années 2000 l’image de peuples qui sont parvenus à repasser à l’offensive, dans les conditions historiques très difficiles qui sont celles de ce début de XXIe siècle. C’est cette puissante mobilisation populaire qui est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"De toutes les ironies exprimées par la politique étrangère américaine, notre position vis-à -vis de Cuba est la plus paradoxale. Une forte dégradation de la situation économique a provoqué une poussée du nombre de Cubains entrant illégalement aux Etats-Unis.

Nous faisons tout ce que nous pouvons pour détériorer la situation économique et ainsi accroître le flux. Nous encourageons également cet exode en accordant aux Cubains, qui arrivent illégalement ou qui s’approchent par voie de mer, un statut de résident et une assistance pour s’installer.

Dans le même temps, nous n’avons pas respecté les quotas de visas pour les Cubains désireux d’immigrer aux Etats-Unis [...] quand Castro tente d’empêcher des cubains malheureux de quitter leur pays infortuné, nous l’accusons de violer des droits de l’homme. Mais quand il menace d’ouvrir grand les portes si nous continuons à accueillir sans limites des cubains sans visas - y compris ceux qui ont commis des actes de violence pour aboutir à leurs fins - nous brandissons des menaces imprécises mais aux conséquences terribles. "

Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.