RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Obama : Le sourire du tigre

photo : "pas encore le vertige ?"

A 7h30 du matin le 3 juin, un bébé âgé de sept mois est mort dans une unité de soins intensifs à l’Hôpital Européen de Gaza dans la bande de Gaza. Il s’appelait Zein Ad-Din Mohammed Zu’rob et souffrait d’une infection pulmonaire qui aurait pu être soignée.

Privés d’accès aux équipements les plus élémentaires, les médecins n’ont rien pu faire. Pendant des semaines, les parents de l’enfant ont tenté d’obtenir une autorisation des Israéliens pour l’emmener à un hôpital à Jérusalem où il aurait pu être sauvé. Comme à de nombreux malades qui recherchent désespérément autorisations, on leur a répondu qu’ils n’en avaient jamais fait la demande. Même s’ils avaient réussi à atteindre le passage d’Erez muni du document israélien, ils auraient probablement été refoulés pour avoir rejeté les demandes d’officiels de jouer aux espions ou de collaborer d’une manière ou d’une autre. Le rapporteur spécial auprès des Nations Unies pour les Droits de l’hommes dans les territoires palestiniennes occupées et professeur émérite de droit international à l’université de Princeton, Richard Falk, qui est juif, a demandé : « est-ce une exagération irresponsable que de comparer le traitement infligé aux Palestiniens aux atrocités collectives commises par les Nazis ? Je ne crois pas. »

Falk parlait du massacre par Israël en décembre et janvier de centaines de civiles sans défense à Gaza, dont de nombreux enfants. Les journalistes ont appelé ça une « guerre ». Entretemps, tout est redevenu normal à Gaza. La majorité des enfants sont sous-alimentés et malades, pratiquement tous présentent des symptômes de désordres psychiatriques, comme d’horribles cauchemars, la dépression et l’incontinence. La liste d’articles interdits à Gaza par Israël est longue. On y trouve le matériel pour nettoyer les déchets toxiques semées par les munitions israéliennes fournies par les Etats-Unis, qu’on soupçonne d’être à l’origine de l’augmentation du nombre de cancers. Les jouets et les équipements des terrains de jeux, comme les toboggans et les balançoires, sont interdits aussi. J’ai vu les ruines d’un parc d’attraction, criblé de balles, que les « colons » israéliens utilisaient comme cible.

Le lendemain de la mort de bébé Zu’rob à Gaza, le Président Barack Obama a prononcé son discours « historique » au Caire, « en tendant la main au monde musulman, » selon la BBC. « Tout comme elle ravage les familles palestiniennes, la crise humanitaire qui perdure à Gaza, » a dit Obama, « ne sert pas les intérêts de la sécurité d’Israël. » C’est tout. L’assassinat de 1300 personnes dans ce qui est devenu un camp de concentration n’a eu droit qu’à 17 mots (dans sa version originale - ndt), énoncés comme une préoccupation pour la sécurité de l’état d’Israël. Ceci n’est pas étonnant. Pendant le massacre de janvier, Seymour Hersh a révélé que « l’équipe d’Obama a fait savoir qu’elle ne soulèverait aucune objection contre le projet de renouvellement des stocks de « bombes intelligentes » et autres appareils de haute-technologie qui étaient déjà acheminés en grandes quantités vers Israël. »

La seule critique formulée par Obama à l’égard d’Israël était « les Etats-Unis ne reconnaissent pas la légitimité de la poursuite des implantations de colonies israéliennes… Il est que temps que cela cesse. » Ces forteresses en terre palestinienne, pilotées par des religieux fanatiques des Etats-Unis et d’ailleurs, ont été mises hors la loi par le Conseil de Sécurité des Nations Unies et par la Cour Internationale de Justice. Plus précisément, Obama n’a fait aucune allusion aux implantations qui parsèment déjà les territoires occupées et rendent la création d’un état palestinienne impossible, ce qui est leur objectif.

Obama a réclamé « la fin du cycle vicieux de soupçons et de discorde ». Chaque année, depuis plus d’une génération, les Nations Unies enjoignent Israël de cesser son occupation illégale et violente de la Palestine d’après 67 et votent en faveur « du droit du peuple palestinien à l’autodétermination ». Chaque année, les seuls pays à voter contre sont Israël, les Etats-Unis et un ou deux protectorats américains du Pacifique ; l’année dernière, le Zimbabwe de Robert Mugabe s’est joint à eux.

Telle est la nature réelle du « cycle » au Moyen-Orient, qui est rarement présenté comme le rejet déterminé de l’état de droit par Israël et les Etats-Unis : une loi au nom de laquelle toute la colère divine de Washington est tombée sur Saddam Hussein lorsqu’il a envahi le Koweït, une loi qui, si elle était défendue et respectée, apporterait la paix à la fois à la Palestine et à Israël.

Cependant Obama a parlé au Caire comme si ses prédécesseurs à la Maison Blanche avaient été neutres, pour ne pas dire les chantres divins de la Paix, au lieu d’être les souteneurs rapaces et fournisseurs de l’envahisseur (avec la Grande Bretagne). Cette absurdité orwellienne est la règle dans ce que les journalistes occidentaux appellent « le conflit Israélo-palestinien », qui n’est pratiquement jamais abordé sous l’angle de la loi, de la légalité et de l’illégalité, de la justice et de l’injustice - Darfour, oui, Zimbabwe, oui, mais jamais la Palestine. Orwell s’est retourné une autre fois dans sa tombe lorsqu’Obama a dénoncé « les extrémistes violents en Afghanistan et à présent au Pakistan (qui sont) déterminés à tuer autant d’américains que possible ». Il n’a fait aucune mention de l’invasion et des massacres perpétrés par les Etats-Unis dans ces pays. Divin, je vous dis…

Evidemment, et contrairement à George W. Bush, Obama n’a pas dit « vous êtes avec nous ou contre nous ». Il a juste affiché ce sourire et marmonné « nombre de passages éloquents et de circonstance et saupoudrés de citations extraits du Coran, » a noté l’avocat américain en droit international John Whitbeck. A part ça, Obama n’a proposé aucun changement, aucun plan, sinon « la mantra américaine usée jusqu’à la corde qui dit en substance que seuls les riches, les forts, les oppresseurs et ceux qui font régner l’injustice (principalement les Américains et les Israéliens) ont le droit de recourir à la violence, tandis que les pauvres, les faibles, les opprimés et leurs victimes doivent… se résigner et accepter les miettes que leurs maîtres magnanimes daignent lasser choir. » Et il n’a pas fait la moindre mention du fait que la population qui compte le plus grand nombre de victimes du terrorisme au monde est la population de foi musulmane - victimes d’un terrorisme d’origine occidentale qui n’ose pas dire son nom.

Dans sa « main tendue » au Caire, comme dans son discours « anti-nucléaire » à Berlin, ainsi que l’ « espoir » brandi lors de son discours inaugural, ce jeune politicien intelligent est en train de jouer le rôle pour lequel il a été désigné et promu. Ce rôle consiste à parer la puissance Américaine d’un visage bienveillant, séducteur, et même de pop star, afin de pouvoir poursuivre son objectif stratégique de domination globale, sans égards pour le reste de l’humanité, ni des droits ni de la vie de ses enfants.

John PILGER

traduction VD pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

URL de cet article 8743
  

Dominique Fernandez : Ramon
Bernard GENSANE
(Paris, Grasset, 2008) La lecture des livres de Dominique Fernandez (romans, livres de voyage, photographies) m’a toujours procuré un très grand plaisir. Avec, cependant, deux petits bémols. Pour se rassurer, j’imagine, Fernandez éprouve le besoin d’en faire des kilos, d’écrire jusqu’à plus soif. Dans son très beau livre sur Tchaikovski, par exemple, s’il ne nous décrit pas trois cents rues et artères russes, il n’en décrit aucune. Dans son Ramon, il nous inflige, par le menu (c’est le cas de le dire), (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si j’étais un milliardaire ou un agent du renseignement, je voudrais probablement perturber la gauche au point de faire croire que quelqu’un de "gauche" est celui qui ne conteste jamais l’impérialisme US, ou qui soutient activement l’impérialisme US pour "contrebalancer les oligarques étrangers".

Primo Radical

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.