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Venezuela : l’oligarchie tente de provoquer une crise alimentaire.








26 février 2007.


L’oligarchie vénézuelienne, opposée aux réformes économiques et sociales du président Chávez, tente de nouveau de déstabiliser la nation en spéculant sur les prix des produits de première nécessité. Après le coup d’Etat d’avril 2002 et le sabotage pétrolier de décembre 2002, l’élite souhaite provoquer une crise alimentaire et déclencher des troubles dans le pays.

Les hypermarchés vénézueliens ont augmenté de manière démesurée le prix des produits de base tels que la viande, le sucre et les céréales, les rendant inaccessibles à la population et créant ainsi de sérieuses difficultés alimentaires. Selon la Banque centrale du Venezuela (BCV), près d’un quart du panier de la ménagère est affecté par l’inflation artificielle qui touche en premier lieu les couches les plus modestes. Ainsi, les prix se sont accrus en moyenne de 66% et, dans certains cas, ont plus que doublés. Par exemple, le prix du poulet a subi une inflation de 110% et celui du fromage de 245% [1].

«  La hausse qui a été observée sur le prix de la viande depuis janvier et dans la première semaine de février est due à l’intérêt de quelques distributeurs à maximiser les profits, étant donné que les Vénézueliens ont actuellement un plus grand pouvoir d’achat », a expliqué Marà­a Cristina Iglesias, ministre du Pouvoir populaire pour les industries légères et le commerce [2].

Le gouvernement a immédiatement pris des mesures en signalant que les prix devaient respecter la régulation en vigueur depuis 2005. « Celui qui ne respectera pas les prix fixés et régulés du panier de la ménagère devra en payer les conséquences [car] nous ne reculerons pas d’un millimètre » dans la lutte contre la spéculation, a averti le vice-président du pays, Jorge Rodrà­guez. Un Comité d’inspection sociale pour l’approvisionnement, géré par les communautés, a été créé à cet effet afin de « construire une patrie sans spéculateurs, sans accaparateurs et [.] sans grèves patronales [3] ».

Plusieurs supermarchés, manipulant les stocks et pratiquant des prix supérieurs à ceux fixés par la loi, ont reçu la visite des inspecteurs et ont été sanctionnés par les autorités. Leurs produits ont été saisis et vendus à leur juste valeur dans les magasins populaires Mercal. « Les spéculateurs sont des délinquants, des criminels et des ennemis du peuple et doivent sentir l’action ferme de la loi », a déclaré William Lara, ministre du Pouvoir populaire pour la communication et l’information. Il a rejeté l’argument de pénurie évoqué par les grandes surfaces et les a accusé d’accaparer les produits [4].

En effet, plusieurs grands magasins ont décidé de suspendre la vente de viande provoquant une crise alimentaire. Le président Chávez a aussitôt réagi et a envoyé un message aux propriétaires des supermarchés les instant à mettre un terme aux spéculations et à garantir la sécurité alimentaire des citoyens. Il a averti qu’il procèderait à la nationalisation des hypermarchés, des abattoirs et des chambres froides qui continueront à vendre des produits de première nécessité au-dessus des prix légaux [5].

« J’ai envoyé des messages aux producteurs, aux intermédiaires des abattoirs, des chambres froides et des magasins d’alimentation. Mais s’ils continuent à violer les intérêts du peuple, la Constitution, les lois, je vais leur retirer leurs chambres froides, les magasins d’alimentation et les abattoirs et je vais les nationaliser », a annoncé le président vénézuelien. Il a invité la population à effectuer les dénonciations nécessaires et tout établissement qui vendra au-dessus des prix fixés sera nationalisé et sa gestion confiée aux conseils communaux. « Nous ferons tout pour atteindre la justice et l’égalité alimentaire », a-t-il conclu [6].

Une loi a été adoptée contre la spéculation et le boycott. La Loi pour la défense populaire établit un strict contrôle des prix et stipule que « les fournisseurs et les établissements qui violeront cette mesure, ou auront recours à des délits de spéculation, accaparement, usure, refuseront de vendre, restreindront la circulation ou la distribution des produits sous un régime de régulation des prix, ainsi que ceux qui réaliseront des pratiques évasives de toute nature ou des autres délits connexes, pour évader les prix maximum de vente au public des produits alimentaires, seront sanctionnés conformément à la Loi [7] ».

L’article 4 souligne également que « tous les biens nécessaires pour développer les activités de production, fabrication, importation, provision, transport, distribution et commercialisation d’aliments ou de produits soumis au contrôle des prix » sont d’utilité publique, permettant ainsi au gouvernement de prendre légalement le contrôle des établissements abandonnés ou fermés, ou pratiquant la spéculation [8].

Le gouvernement bolivarien a malgré tout tenu à faire preuve de sa bonne volonté et a effectué un geste en faveur des producteurs et commerçants. Il a décidé de supprimer la TVA de 14% sur certains produits alimentaires tels que les viandes, le maïs, la mayonnaise, le fromage blanc et l’avoine, ainsi que sur le transport terrestre d’aliments de première nécessité à partir du 1er mars 2007. Cette exonération d’impôt concerne toute la chaîne alimentaire, du producteur jusqu’au commerçant [9].


Cette nouvelle tentative de déstabilisation orchestrée par l’oligarchie vénézuelienne est illustrative à plusieurs égards. Tout d’abord, elle montre que l’élite du pays n’arrive toujours pas à accepter la perte de son pouvoir politique et l’implication de plus en plus grande des citoyens dans la construction d’une démocratie participative et d’une société nouvelle qui se veut inclusive. Elle se trouve également dans l’incapacité d’admettre que le système politique, économique et social du Venezuela est train de changer de manière radicale et que ce processus, entamé en 1999, est désormais irréversible. Enfin, les Vénézueliens doivent rester vigilants car l’opposition, antidémocratique et activement soutenu par Washington, a démontré par le passé qu’elle était prête à tout arriver à ses fins.

Salim Lamrani


- Transmis par Cuba Solidarity Project http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr




Venezuela : La révolution sociale du président Hugo Chávez, par Salim Lamrani.







[1Casto Ocando, « Se desata escasez de alimentos en Venezuela », El Nuevo Herald, 9 février 2007.

[2Agencia Bolivariana de Noticias « Gobierno no permitirá venta de carne a precios superiores a lo regulado », 10 février 2007.

[3Agencia Bolivariana de Noticias « No vamos a retroceder en la lucha contra la especulación », 11 février 2007.

[4Casto Ocando, op. cit.

[5Aline Leclerc, « Hugo Chávez menace de nationaliser des supermarchés », Le Monde, 15 février 2007.

[6Suhelis Tejero Puntes, « Amenazan con estatizar los comercios », El Universal, 15 février 2007 ; Agencia Bolivariana de Noticias « Serán nacionalizados supermercados y frigorà­ficos que violen precios regulados », 14 février 2007 ; Casto Ocando, « Chávez amenaza con intervenir comercios de alimentos », El Nuevo Herald, 15 février 2007.

[7Ibid.

[8Agencia Bolivariana de Noticias « Aprobada en Consejo de Ministros Ley Especial de Defensa Popular », 17 février 2007.

[9Associated Press, « Exoneración de IVA comenzará en marzo en Venezuela », 12 février 2007 ; Agencia Bolivariana de Noticias « Gobierno elimina el IVA a las carnes de bovino y de cerdo », 11 février 2007.


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