Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500 (USA)
Monsieur le Président,
Un grand espoir est né, le 17 décembre 2014 avec l’annonce d’un changement dans vos relations avec Cuba, la libération des trois derniers prisonniers du groupe des « Cinq », le souhait d’une réouverture des deux ambassades, et la reconnaissance de l’échec de sanctions financières et économiques obsolètes. Cet espoir était un peu temporisé le surlendemain, lorsque vous avez déclaré à propos de Cuba au cours de la traditionnelle conférence de presse sur l’état de l’Union : « Ce qui est certain, c’est que nous allons nous trouver dans de meilleures conditions pour exercer notre influence et pouvoir utiliser aussi bien la carotte que le bâton ». Le vote des Etats-Unis à l’ONU le 27 octobre pour le maintien du blocus à l’encontre de Cuba a hélas renforcé nos craintes.
Malgré tout, je reste optimiste pour l’avenir, et si je vous écris aujourd’hui, c’est que nous approchons du 27 novembre, jour de la Thanksgiving, c’est-à-dire de remerciements et d’action de grâce, et nous attendons de vous, Monsieur le Président, une signature pour la libération d’ Ana Belén Montés, privée des droits les plus élémentaires de tout être humain depuis son arrestation.
Cette femme qui était analyste de première catégorie à la DIA, l’agence de renseignements du Pentagone, disposait de par sa fonction, de toutes les informations secrètes concernant Cuba. Il est certes tout à fait légitime que votre pays ait le souci de sa sécurité, mais il est inadmissible par contre, que votre pays mette en place des plans d’agression contre d’autres pays, et en particulier contre Cuba. Ana Belén Montés a divulgué au gouvernement Cubain de tels plans contre l’île, comme elle l’a exprimé avant l’annonce de sa sentence lors de son procès en 2002 :
Votre honneur, je suis devant vous aujourd’hui pour une activité à laquelle je me suis livrée parce que j’ai obéi à ma conscience plutôt qu’à la loi. Je crois que la politique de notre gouvernement vis-à-vis de Cuba est cruelle et injuste, profondément agressive, et je me suis sentie moralement dans l’obligation d’aider l’île à se défendre contre nos efforts de lui imposer nos valeurs et notre système politique. Nous avons fait preuve d’intolérance et de mépris à l’égard de Cuba depuis plus de 40 ans. Nous n’avons jamais respecté le droit pour Cuba de choisir sa propre voie vers ses propres idéaux d’égalité et de justice. Je ne comprends pas pourquoi nous devons continuer à dicter aux Cubains comment ils doivent choisir leurs dirigeants, qui peuvent ou ne peuvent pas être leurs dirigeants, et quelles sont les lois appropriées pour ce pays. Pourquoi ne pouvons-nous pas laisser Cuba poursuivre son propre chemin, comme le font les Etats-Unis depuis plus de deux cents ans ? (…).
Mon plus grand désir est de voir des relations amicales s’établir entre les Etats-Unis et Cuba. J’espère que mon cas contribuera d’une certaine manière à encourager notre gouvernement à abandonner sa politique hostile envers Cuba et à collaborer avec la Havane dans un esprit de tolérance, de respect mutuel, de compréhension (....) ». La conclusion de sa plaidoirie coïncide avec la volonté affichée depuis le 17 décembre dernier par votre gouvernement, d’un dialogue ouvert avec Cuba, conscient de l’échec d’une approche basée sur l’hostilité
Ana Belén Montés doit sortir de l’enfer dans lequel elle est enfermée depuis maintenant 14 ans. L’hôpital psychiatrique texan de la prison Carswell où elle vit complètement isolée du monde, avec pour seule compagnie une codétenue présentant de graves troubles psychiatriques, est tristement célèbre pour les conditions inhumaines, voire sordides, faites aux prisonnières.
Pour la Thanksgiving, un geste de votre part envers Ana Belén Montés montrerait votre sincérité de voir un rapprochement avec Cuba dans un esprit de tolérance, de respect mutuel et de compréhension comme le souhaitait Ana Belén Montés.
C’est à un tel geste que nous vous appelons, monsieur le Président, pour ce jour de la Thanksgiving.
Recevez, Monsieur le Président Obama, l’expression de mes sentiments humanitaires les plus sincères.
Jacqueline Roussie
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France