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Amnesty mise en accusation : la Belgique et la France en pointe d’un nouvel anti-humanisme

Amnesty International. Humans Rights Watch. La Ligue des Droits de l’Homme. Ces noms résonnent dans nos esprits comme des garants des droits individuels et collectifs. Comme ceux qui rappellent à nos mémoires les victimes que nous ne devrions jamais oublier. Comme ceux qui donnent mauvaise conscience à ceux qui ne devraient jamais pouvoir la garder en paix. Et pourtant, ces organisations font depuis quatre années l’objet d’une insidieuse mais constante campagne de dénigrement en Belgique et en France.

Auparavant, seule l’extrême-droite, ulcérée par leur défense des droits des minorités, les conspuait et appelait à leur disparitions. Parmi les premières mesures prises en 1995 ou en 2014 par les maires issus des rangs du Front National, figuraient ainsi la fin de toute aide directe ou indirecte à ces organisations. Aujourd’hui, les critiques fusent de tous bords, jusque depuis l’extrême-gauche. Que s’est-il donc passé ? La banalisation du racisme, de la xénophobie, de l’islamophobie et de l’homophobie. Depuis une vingtaine d’années nos dirigeants politiques et nos intellectuels ont fait voler en éclats le "cordon sanitaire" belge et le "front républicain" français, considérant la condamnation et l’isolement des thématiques d’extrême-droite comme un échec. Il fallait donc parler des "vrais problèmes". En particulier des "étrangers" (entendez tout ceux perçus comme tels), des musulmans et nomades. Beaucoup. De préférence pour en souligner les tares. Que l’intolérance et les scores des partis nationalistes n’aient fait que croître par la suite n’a rien changé à cette nouvelle réalité : les phraséologies et thématiques autrefois réservées à l’extrême-droite se sont diffusées à l’ensemble de la société et l’injonction d’une impossible "intégration", entendez uniformisation, réitérée.

En 2010, des lois appelées "anti-burqa" ont été adoptées à l’unanimité moins une voix tant par les députés français que belges, sous le fallacieux prétexte de sécurité publique mais visant spécifiquement le port du niqab. Nos pays sont devenus les seuls au monde interdisant de fait le port de vêtements à connotation religieuse ou culturelle dans l’espace public, violant ainsi les principes mêmes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et suscitant l’incompréhension dans le monde anglo-saxon. Les condamnations furent immédiates et sans ambiguité, tant du Département d’Etat américain et de nombreux autres pays que de l’ensemble des organisations de défense de nos libertés, au premier rang desquelles Amnesty International, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme et Humans Rights Watch.

Plus récemment, l’adoption de la loi étendant les bénéfices du mariage aux homosexuels a provoqué en France un mouvement réactionnaire d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de la lutte pour les droits civiques. Si cette fois les organisations des droits humains se sont réjouies de cette loi, elles ont regretté les débordements homophobes de leurs opposants.

Face à ces condamnations, on aurait pu s’attendre à l’émergence d’un débat quant aux libertés civiles et à la co-existence entre différentes communautés. En lieu et place, on n’observa, concernant la loi "anti-burqa", qu’une déferlante de réactions outragées. Ainsi, des députés déclarèrent qu’il fallait "se moquer tranquillement" d’Amnesty, nos éditorialistes rejetèrent en bloc les critiques et le chroniqueur Pierre Kroll intimait l’ordre à Amnesty de se cantonner à la critique "de l’Iran ou de la Corée du Nord". De même, les critiques des dérives homophobes furent balayées en France au nom du nouvel impératif "d’écouter les Français". L’éditorialiste Dorian De Meeus synthétisa ces problématiques en associant "mariage pour tous" et islam comme causes de tous nos maux. Le racisme et l’homophobie n’étant que de bénins symptômes des véritables ennemis : les agents du "politiquement correct", qu’il faut combattre sans merci...

Ultime avatar de cette dérive de nos intellectuels, le dessinateur Bernard Swyssen a publié ce 23 juillet, dans les presses belge et française, une longue diatribe visant Amnesty International. Mêlant délinquance, violences faites aux femmes, "notre histoire", criminalité, Tripoli et Le Caire, il conclut en une condamnation sans équivoque d’Amnesty comme porte-"étendard de la soumission".

Nos éditorialistes, nos intellectuels et nos politiciens ont un un pouvoir d’influence qui s’accompagne d’une lourde responsabilité. La Déclaration des Droits de l’Homme acceptée par tous les membres des Nations Unies a une portée universelle et sous-tend l’humanisme contemporain. Croient-ils réellement qu’il est opportun d’appeler à ne plus soutenir les organisations luttant de longue date pour la défense de nos droits fondamentaux lorsqu’elles font part de préoccupations nous concernant ? Il faut leur rappeler que la légitimité de celles-ci ne se limite pas à la critique de "l’Iran ou de la Corée du Nord" mais s’étend ici comme ailleurs. Que lorsqu’elles nous interpellent sur nos propres pratiques, le déshonneur ne touche que ceux qui leur jettent l’opprobre.

Shanan KHAIRI

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