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Dans les files de la misère, là où la violence légitime est reine.

"On aurait tort de braquer le projecteur sur les seules violences individuelles alors que tous les jours la violence des acteurs du système libéral fabrique les situations délétères dans lesquelles s’engouffrent ceux qui, perdus, sacrifiés, sans foi ni loi, sans éthique, sans valeurs, exposés aux rudesses d’une machine sociale qui les broie, se contentent de reproduire à leur degré, dans leur monde, les exactions de ceux qui les gouvernent et demeurent dans l’impunité. Si les violences dites légitimes cessaient, on pourrait enfin envisager la réduction des violences dites illégitimes."
(Michel Onfray)

Cloués au bitume, pas l’ombre d’une liberté.

Huit heures trente, matin pluvieux et frais rue Lacué, à deux pas de la Bastille ; un regard ensommeillé jeté sur la foule me confirme que je suis bien là avec eux. Nous sommes bien là tous ensemble, la France qui se lève tôt, celle qui dort mal aussi, celle qui ne dort pas du tout parfois. C’est que dans la rue les nuits sont dures. Évidence des bourgeois spécialistes de l’humanitarisme, peinture fidèle des reportages télévisés qui fêtent chaque année l’arrivée de l’hiver, homélie sainte de riches prêtres adorateurs de prophètes pourtant pauvres, les nuits dans la rue laissent au matin des traces indélébiles sur les visages de ceux qui la subissent. La quarantaine de personnes attend là qu’ouvre le centre d’action sociale réservé aux hommes sans domicile fixe. Certains sont là depuis bien plus tôt pour s’assurer d’être parmi les premiers entrés. C’est que, un si petit centre pour tout Paris c’est l’assurance de bousculades, de mauvaises humeurs et, pour les plus malchanceux, rien de moins qu’une fin de non recevoir. Pour ceux qui viennent pour la première fois, il faut être dans les dix premiers parce que le nombre de fonctionnaires alloués à cette tâche pourtant noble d’aide et de solidarité civique est fort maigre. D’autres ont rendez-vous avec une assistante sociale. Le café est offert même si le jus qui coule de la machine est un mauvais jus. Ici on vient faire les papiers pour le RMI, le RSA ou quelques autres onomatopées converties en une poignée d’euros. On vient chercher des tickets pour quelques repas. On vient demander une aide, un logement d’urgence, un rendez-vous avec un médecin, un psychologue ou toutes autres choses communes et banales pour tous les citoyens de la cité.

Ce matin, comme chaque fois, l’on voit de tout. De toutes les couleurs. La misère n’est pas raciste. Agglutinés devant la grille baissée des esprits s’échauffent. Lui marche sur les godasses de l’autre. Ca gueule. « La prochaine fois prend un café avant de venir, tu pues la vinasse, t’es bourré comme un polonais alors me fais pas chier ! ». L’homme en question, certes imbibé en cette heure matinale, grommelle qu’il n’est pas polonais mais algérien, et français, et ancien combattant. Un grand maigre se tient à l’écart, l’oeil violet et la mine lointaine, le bout des doigts brûlés par des cigarettes fumées jusqu’à l’os, les mains gonflées et par l’alcool et par la bagarre. Les amis se retrouvent et prennent des nouvelles. « Tiens c’est pas vrai, ça fait un bout qu’on t’as pas vu ! », « Ouais, ils m’ont transféré à Cardinet, je viens chercher le courrier. » Au centre d’action sociale, tout le monde a le droit de se domicilier, de recevoir son courrier et la possibilité de remplir la case domiciledans toutes les paperasses administratives. Enfin, presque tout le monde, parce que pour franchir la grille il faut présenter ses papiers. Ses papiers français. Et c’est déjà des engueulades au petit guichet, avant la salle d’attente. Les employés sont habitués, calmes et respectueux mais intransigeants : pas de papiers, pas de rendez-vous. Pas de papiers et c’est la descente encore un peu plus bas dans les castes de la misère. Un africain tonne au travers de la vitre que son acte de naissance est rédigé en français, par des français, sur un territoire alors français, et que les blancs sont bien lâches maintenant de le foutre à la porte comme un chien, lui ancien tirailleur sénégalais (même s’il n’est pas sénégalais, mais pour l’administration française, un noir est un noir), alors que oui, cet acte d’état civil de l’ancien empire, celui d’Adolphe Thiers et de François Mitterand, lui donne le droit de rentrer. Rien à faire. Les fonctionnaires ne sont pas astreints au devoir de repentance. L’histoire circule sur l’affaire de la veille quand un monsieur énervé a sorti un couteau, épuisé de ne pas obtenir le droit de parler. Tout est rentré dans l’ordre, la police est venue.

Ce matin elle n’est pas là , cette matrone de la misère. Elle doit roder sur les belles allées de la capitale afin d’y chasser ceux qui y dorment tant bien que mal entre les pas pressés de l’autre France, celle qui se lève tôt aussi, celle qui tourne la tête pour ne pas voir ces spectres tragiques et ainsi ne pas prendre en pleine tronche cette finalité toute logique du système capitaliste ; les fils et filles de la misère ne sont rien d’autre que le canon froid d’un flingue collé sur la tempe de cette France là , le rappel permanent de la sanction : la vie à la marge, la galère décrétée fatale et la destitution de tous les droits fondamentaux jusqu’à l’invisibilité.

Que la solidarité terrasse la charité !

A la porte de la Villette, à côté d’une discothèque pour drogués du samedi soir et pseudo-libérés sans cervelle, il y a un centre des Restos du Coeur et de quelques autres associations qui aident par solidarité bénévole la misère du monde qui se rassemble aux portes de la grande ville du pays des droits de l’Homme. Le Capital justement les a planté tout en bas de l’échelle et d’autres encore en ont scié les premiers barreaux. Les uns penseraient croiser ici ces bonnes vieilles images du sans-domicile-fixe, un carton de vin dans une main et l’autre main dans une barbe noire et crasseuse des nuits passées sur le trottoir.

Que les salariés ne s’effraient pas, ceux qui ont troqué la chaleur humaine pour celle des raisins fermentés, ceux qui sont socialement morts d’un peu plus de six mois dans la rue, ceux dont le salaire a volé plus que la force de travail, ceux-là prennent bien soin de passer par les douches publiques, là -bas sur l’avenue des Flandres, avant de se mêler aux compagnons de galère pour attendre la soupe. C’est qu’il y a des familles, des enfants, des vieux et des jeunes, des travailleurs, de frais immigrés, des sans-papiers, des fous sûrement d’une maladie occidentale qui germe sur le béton. Il y a des femmes, des hommes mariés et parfois des français, même pas des Antilles, des peaux blanches brunies par la seule pollution du périphérique voisin. Bref, il y a des victimes, toutes grises comme le ciment de cette ville qui se dégrade du noir au blanc.

Au-dessus de la cantine populaire, au premier étage du préfabriqué par lequel on accède par l’escalier en métal bon marché, il y a toujours une gentille dame qui parle après avoir pris la peine d’écouter, un café qui fume pour ouvrir les yeux tués par le mauvais sommeil et une foule de possibilités pour sortir de toutes les ornières que le monde sans pitié ricane de mettre sur le chemin de gens pourtant braves. Certainement pas les plus chanceux. Assurément pas les meilleurs aux critères des bourgeois, peut-être même un peu plus lents, d’un peu plus loin, d’une autre malchance, d’une autre catastrophe. Certainement si on avait appliqué à la lettre l’Auguste Blanqui, ils seraient médecins, architectes, créateurs de mille oeuvres, bénévoles pour un monde meilleur, en tout cas autre chose que ce tableau à faire pleurer les coeurs endurcis. Parler ici, c’est autorisé, à voix basse et une main sur l’épaule pour annoncer cette couleur que les âmes errantes ne voient plus jamais. Nous sommes des frères ; j’écoute mes frères.

Lui est afghan est squatte le parc près de la place du Colonel Fabien. Mais trop vieux, il ne peut plus bénéficier de la mansuétude des connards de l’élite. C’est vrai qu’à quinze ans c’est déjà un homme même si une convention suisse doit bien lui interdire de porter une arme. Il ferait pourtant un très bon soldat dans l’armée des sans grade. J’espère qu’il ne mourra pas dans un de ces parcs de la ville, bondés d’exilés politiques des pays où l’occident sème ses guerres. Lui ne dit pas d’où il vient ou peut-être que je ne comprends pas son français. Ici, c’est une langue étrangère, presque morte, en tout cas malade du sort qu’elle réserve à l’autre. L’hospitalité porte aujourd’hui l’insigne des forces du désordre.

Lui est turc et je crois deviner qu’il ne l’est pas, et ce n’est pas bien grave, je suis là pour organiser un petit cours d’alphabétisation, méthode cubaine ou Paolo Freire, et je sais que Maurice, la soixantaine solide, est toujours là pour aider dans chaque projet humain et se démarquer de la loi administrative. Il n’est pas encore là  ; attendons, regardons, écoutons. Patience, les derniers seront les premiers.

Il y a des africaines en tenue de couleur avec leurs enfants qui jouent ou ne jouent pas, mais qui aident tous à porter les paquets, les boites de conserve, les trucs et les machins, la mauvaise nourriture en tout cas, cette obole des nantis, et tout cela fera quand même un bon repas de retour chez eux.

Il y a l’Afrique du Nord, l’Europe de l’est, il y a bien des pays que l’on ne connaît pas, il y a bien des langues qui fleurissent sur cette terre sans vie à deux pas des Lumières de la grande ville qui en a fait son commerce.

Si rien de plus que la tenue et la gueule cassée ne prouve que l’on a rien, il faut attendre la fin du service et, s’il reste un peu des six cent repas servis chaque jour, on pourra manger. La misère aussi a des règles, des lois et des papiers qui en identifient la profondeur.

Le samedi c’est couscous avec de bons légumes et de la bonne viande venus de Rungis, car si les Restos font relâchent l’association L’Un et l’Autre prend la relève, et avec eux seul est besoin d’être dans la file d’attente. Demandez Michel, il ira serrer la main au flic en faction au coin de la rue où se garent des centaines de véhicules de la police, avis aux amateurs de cocktails russes, pour vous démerder n’importe quel chemin dans Paris. Il vous proposera une assiette si la tâche sur votre veste ne date pas d’hier. Alors, je l’espère camarade, vous l’aiderez chaque samedi à éplucher les patates, à rincer les poids chiches, à remplir les gamelles et un peu des coeurs séchés par la mauvaise vie.

Le dimanche c’est l’association la Chorba qui prend en charge les repas... à chacun sa journée, à chacun sa main tendue, à l’heure où les petits bourgeois et les grands abrutis sortent du Glaz Art les iris fendus et la conscience un peu plus lourde de leur aveugle citoyenneté, traître, lâche, et pourtant sans l’ombre d’un remords.

Elle est bien laide cette France là .

Il y aurait en France plus de deux millions de logements vides mais qui servent en tout cas à la spéculation. La loi de réquisition de 1954, c’est dire si l’élite s’incline devant la Propriété, logique imparable puisque propriétaires ils le sont tous, et pas pour eux mais pour placer leur argent dans la pierre et obliger le bon salarié à payer toute sa vie et mourir sans rien à transmettre, cette loi forcée par un abbé un hiver de grand froid, c’est dire si la situation latente nous rapproche de l’insurrection quand les curés se font marxistes, cette loi poussiéreuse et inappliquée est pourtant la seule arme pour occuper le vide, réel et juridique. Tout en laissant les pauvres réduits au choix de l’illégalité. Expliquons-nous.

Un immeuble vide depuis plus de six mois, s’il est occupé depuis plus de huit jours, certes ne devient nullement votre propriété mais pour vous expulser le propriétaire doit passer par une procédure judiciaire qui laissera aux habitants un minimum de trois mois « pour alerter les pouvoirs sociaux et trouver un vrai logement », ou pour vous démerder comme le dit mon camarade d’occupation. Un vrai logement, un vrai loyer, une soumission légale aux détenteurs du Capital. Le vide juridique ne rend pas votre situation pour autant légal, vous êtes et vous n’êtes pas, ubiquité et schizophrénie juridique, on tolère avant de mettre à la rue.

Il y a donc les occupations citoyennes, même si la flicaille se borne à utiliser le mot squat dans ses mains courantes, les occupations politiques, parce que c’est un scandale qu’il faut bien médiatiser, et les taudis sans nom que les pouvoirs publics laissent proliférer pour nettoyer plus tard en se couvrant du voile de la vertu et de la salubrité publique. De la bouche d’un officier qui prenait notre main courante après que le propriétaire ait forcé au pied de biche les serrures nouvellement changées de nos nouveaux quartiers, là -bas dans le 93, la mairie et son bras armé ne disent rien des africains qui vivent dans d’horribles conditions dans la proche banlieue parisienne parce qu’ils travaillent.

Les régulariser, jamais. Leur proposer un logement digne, la sécurité alimentaire et sanitaire, l’accès à l’éducation pour leurs enfants, inutile. Qu’ils travaillent, qu’ils se tuent au travail. Quand le vent tournera, ils les expulseront du squat, et du pays s’il le faut, la loi est faite pour cela.

A Paris, certains vivent sous des tentes grâce à l’imagination d’un coup médiatique. Elles poussent et meurent selon le zèle de la police qui ainsi peut matraquer et découper sans voir le visage de la victime. Depuis Stalingrad jusqu’aux Quatre Chemins, là -bas en Seine Saint-Denis, des rues entières sont faites d’immeubles murés, anciens hôtels pour travailleurs, taudis en ruine, misère entretenue, maladies et bagarres de sans-papiers et d’immigrés qui y vivent quand même, passant par les toits, chiant dans des WC sans eau, se cachant du soleil comme de la police, dormant sur des matelas suspects, par terre, sur des cartons, au milieu d’un petit chez eux fait de bric, de brac et de bien moins que cela. Sortez de la station Porte de la Villette, marchez en direction de Pantin en passant sous le périphérique, traversez le square sur votre droite et, après quelques pas dans les rues, vous n’aurez plus assez de vos dix doigts pour compter les façades aux rideaux de parpaings, les portes fermées avec de gros cadenas, vous n’aurez pas d’autre mot que celui de bidonvie pour décrire cette France.

Plus loin, il y a les grands ensembles qui font peur à tous ceux qui n’y vivent pas. Alors la terreur psychologique enterre la tentative d’unité, d’action, de révolte. L’analphabétisme intellectuel y est fort développé même si les bien pensants respectent l’art de la rue, l’insulte qui rime dans la bouche des gamins aux gestes, pensées, paroles stéréotypées. Le silence des aînés qui ne veulent pas faire de vagues assourdit le chant de la prière des têtes courbées. Camarades, cette France qui laisse faire cela, il faut la balayer sans l’ombre d’un remords et rendre la gestion de leur vie aux êtres soumis au pire des délires capitalistes, la création et l’entretien de la misère, matérielle et intellectuelle, affective et culturelle, la misère, cette forme supérieure de contrôle et la justification de son oppression administrative et policière.

Cache-misère au bon coeur des bourgeois.

Au 101 de la rue Rambuteau, au premier étage du forum des Halles, encore un autre centre des Relais du Coeur. Mêmes causes, mêmes conséquences. Mêmes déshérités, mêmes bénévoles. Même café chaud gracieusement proposé et des vestiaires à disposition. Les habitants des rues y laissent leurs effets personnels qu’ils retirent suivant la météo. Des sourires, des rires, des discussions sur le dernier match de foot, sur les titres du journal qui traîne, sur untel qu’on ne voit plus et l’autre que l’on entend trop.

Je prends le café avec Henri. Henri, monsieur Henri. La misère n’efface pas les prénoms, c’est l’une des rares choses qu’elle ne peut pas briser. Quelles que soient les conditions, quelles que soient les horreurs quotidiennes, nous sommes des hommes et des femmes, des coeurs et des chairs, ici comme ailleurs. Henri est content parce qu’il a un hébergement pour deux semaines. Un hébergement dans des trains désaffectés mis à disposition des pauvres, loin des regards. On cache la misère.

La rage grandissante de cet aveu me pousse avec quelques camarades de la Coopérative éditoriale à fouiller un peu ce pan de l’histoire. Qui s’occupe de la misère ? Quelques collectifs, quelques associations, quelques fondations. Et l’État ? La police, certes, mais son action est répressive. Les centres d’action sociale... une goutte d’eau dans la mer des lamentations. Et pourtant, par le hasard de cette conversation avec monsieur Henri, en quelques jours nous apprenons de bien vilaines choses sur le traitement de la misère. Sur l’exploitation de la misère. Sur le fructueux commerce que certains en font. L’investigation n’est pas bouclée, la déontologie qui pourrit les médias n’a pas droit de cité chez nous, encore quelques jours de travail dans ce milieu où nagent certaines raclures, parfois anciens ministres, qui sont à la tête de fondations aux émoluments pharaoniens et qui se contentent de cacher les messieurs comme monsieur Henri dans des wagons nauséeux qui meurent sur des voies désaffectées. Loin des regards des gens biens comme il faut. Ce n’est pas que la compassion remue soudain les tripes de ceux d’en haut, c’est évidemment une parade pour rendre les gares et les rues plus acceptables au rang de notre pays et c’est ne pas déranger le salarié qui s’en va vendre sa force de travail ou acheter quelques stupides objets de consommation.

Les trains cache-misère, les soupes populaires des uns et des autres, le samu social et le 115, les maraudes de jour comme de nuit, toute une énergie considérable pour panser une plaie absolument mortelle. Et rien de très concret pour attaquer de face les causes du problème social. Et le problème semble s’aggraver à une vitesse effarante, vertigineuse, elle aussi mortelle, cette fois pour toute notre société. Loin de moi l’idée de raconter une quelconque histoire personnelle, mais l’ouverture de ce projet sur La Misère à Paris voit défiler des histoires dramatiques, c’est-à -dire si tristes et si inutilement misérables. Sandra, enceinte, jeune fille d’à peine vingt ans qui dort dans le métro, la maison en ruine d’à côté où dorment, malgré la porte fraîchement murée et la destruction imminente par un groupe mafieux de l’immobilier, des sans-papiers aux rythmes d’une vie clandestine infernale, les abords de la ligne de métro, un peu plus loin sur la rue Cartier Bresson où vivent plusieurs dizaines de familles tziganes dans des taudis dignes des plus honteux souvenirs de l’histoire de France, les ombres faméliques qui se traînent d’association en association pour arracher un peu de nourriture, une boisson chaude et peu de chaleur humaine, les clandestins et victimes économiques des pays du Sud qui défilent dans le squat et qui sautent par la fenêtre du premier étage en croyant entendre venir la police (juré, Atef, on ne fera plus de mauvaises blagues !), et l’incroyable choc lorsque une affaire nous amène dans les quartiers de Paris où s’étalent la merdeuse richesse des responsables de toutes ces galères et de toutes ces misères.

Pour finir sur ce trop rapide regard sur les quelques semaines passées, il nous faut bien, nous, non pas apporter une solution mais bien poser le problème. Et l’attaquer sur tous les fronts. « Un édifice basé sur des siècles d’histoire ne se détruit pas avec quelques kilos d’explosifs », comme l’a écrit Pierre Kropotkine. C’est bien un effort courtois mais ferme d’explication, voir de conversion, qu’il faut largement continuer et amplifier. La misère est bien la face hideuse du capitalisme, épée de Damoclès pour les uns, pieux dans le coeur pour les autres, et couteau dans les chairs pour beaucoup. Il faut soigner et réconforter les victimes de cette guerre à mort, parce que nous sommes humains et que la souffrance est insupportable. Mais il faut également s’armer d’une conscience plus radicale en ce qui concerne ceux qui organisent cette misère-là . La vaincre ici, c’est détruire les mécanismes, conscients et inconscients, qui étouffent la possibilité même de partager une vie heureuse et saine. La vaincre ici, c’est tuer le centre d’une misère, dans l’esprit et dans la lettre, dans les comportements et dans les structures, qui irradie le monde d’un mal infernal. Ne doutez pas, camarades ou simples lecteurs, que l’organisation de ceux qui subissent les foudres misérables, ici et là -bas, signera d’une manière ou d’une autre l’arrêt de mort de ceux qui n’ont rien fait pour l’enrayer, la combattre et la vaincre.

Archibald Emorej
pour la Coopérative Éditoriale,
Article en cours, coopérez à la Coopérative :
www.ceiad.info/misere1.php

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