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C’est la saignée

Paule Masson

Le ver était dans le fruit dès 2012. François Hollande, candidat du «  changement maintenant  », savait qu’une fois élu, il serait le président de gauche qui propulserait l’économie du pays dans une nouvelle fuite en avant libérale.(...) Il sera, pour la deuxième partie de son mandat, le président du Medef, même pas un président social-libéral, un président libéral tout court.

Touche par touche, il a multiplié les ruptures avec sa famille politique : choisir l’austérité et la baisse des déficits publics contre une politique de relance économique, se soumettre aux coups de boutoir libéraux de la Commission européenne contre l’Europe sociale, affaiblir la protection sociale, combattre le «  coût  » du travail au lieu de s’attaquer au coût du capital. Hier, lors de sa conférence de presse, le président de la République a annoncé une «  nouvelle étape  » de sa politique. Plus austéritaire, plus antisociale, plus libérale que jamais. Il appuie sur l’accélérateur et promet la saignée.

Au nom du «  principe de réalité  », il va laisser les marchés financiers ligoter un peu plus l’économie et la démocratie. Le «  pacte de responsabilité  » qu’il conclut avec le patronat n’est rien autre qu’une nouvelle vague de déréglementation du travail. Son leitmotiv : «  Réduire les contraintes  » pour les entreprises, sur les embauches, sur les cessions, sur les «  normes  »… Sur la fiscalité aussi. Dans un rapport de forces ultrafavorable au patronat, il suggère de «  négocier  » des contreparties. Il offre d’ailleurs aux patrons et aux actionnaires un joli cadeau de 30 milliards d’euros, en «  mettant fin  » au financement par les cotisations sociales de la politique familiale. Il considère la baisse des dépenses publiques comme un «  passage obligé  », annonçant des coupes drastiques dans les services publics jusqu’en 2017, des «  réformes structurelles  » de l’État et un big bang territorial. François Hollande assume, pour la première fois, une «  politique de l’offre  », traditionnellement défendue par la droite la plus dure. Bien qu’il s’en défende en jurant ses grands dieux de n’être «  pas gagné par le libéralisme  », il sera, pour la deuxième partie de son mandat, le président du Medef, même pas un président social-libéral, un président libéral tout court.

Il y a franchement de quoi rester interdit devant tant de tromperies. Le grand oral du président de la République va susciter à coup sûr un peu plus de colère dans un pays déjà rongé par l’inquiétude. Jusqu’à présent, les voix qui se sont élevées pour exiger un changement de cap n’ont rencontré qu’un faible écho. Combien d’électeurs et de militants socialistes rongent leur frein, n’osent pas dire, pour ne pas nuire, par peur du pire ? Combien d’entre eux attendaient un deuxième temps de mandat qui devait développer des politiques de redistribution ? Le chef de l’État a douché hier tous les espoirs.

La première réponse est venue des syndicats. Alors que, depuis deux ans, le paysage est plutôt marqué par leurs désaccords, quatre d’entre eux – la CGT, la CFDT, l’Unsa et la FSU – ont rendu publique une plate-forme revendicative qui réclame des mesures sur les rémunérations, une réforme fiscale de «  réhabilitation  » de l’impôt sur le revenu et met le doigt sur un sujet essentiel : la conditionnalité des aides publiques accordées aux entreprises. Un message d’unité est toujours plus favorable à l’action que la division. Après l’entreprise de clarification du chef de l’État, hier, c’est aussi vrai pour la gauche qui ne renonce pas.

Paule Masson

 http://www.humanite.fr/politique/c-est-la-saignee-557045

COMMENTAIRES  

17/01/2014 00:59 par polo

Le parti socialiste utilise cette caution de gauche pour mieux arnaquer ceux qui votent pour la gauche en espérant que leurs intérêts seront mieux défendus et entendus la réalité est tout autre
Hollande comme le parti socialiste sont de droite et cela depuis le tournant de la rigueur en 1983 les chiffres parlent d’eux même le parti socialiste est de loin celui qui a le plus livré les services publiques à la concurrence le plus privatisé ,qui a enfanté Bernard Arnault, Tapie ...
.Jospin qui ne peut rien contre le marché ect..... il est temps en France que la gauche authentique anti-imperialiste retrouve des couleurs pour marcher sur ce parti socialiste qui devrait rejoindre l’ump c’est là sa place

17/01/2014 03:49 par le fou d'ubu

Mince !!! Je n’en reviens toujours pas combien d’hommes et de femmes croyaient encore au ps et à ses représentants ...Déjà depuis tonton on savait, mais depuis valls bien avant qu’il ne s’occupe de dieudonné, il avait augmenté les chiffres de guéant tout de même !!!!!!!!!!!!!! C’EST DU SOCIALISME ÇA ????? !!!!!!!!!!!!!!! Hier déjà Mr Ortiz ... Mais que faut-il aux sympathisants pour tourner une page autant tachée ...

17/01/2014 08:34 par mandrin

le traitre dans toute sa splendeur le coup de bâton va être très dur pour le français moyen et pour ceux du bas n’en parlons même pas, quand a son ex compagne c’est l’humiliation totale...

Mais bon il y en a un a qui il restera fidèle c’est son scooter, efficace comme coursier servile de la finance.

17/01/2014 08:57 par BEYER Michel

Au risque de contredire Paule MASSON, il me semble que l’accord des 4 confédérations est plutôt un accord à minima : pas de quoi provoquer l’enthousiasme et la mobilisation indispensable.Vouloir l’Unité à tout prix, amène souvent des revendications au rabais. Le contenu du communiqué commun est tout à fait dans la ligne de la CES. Il s’inscrit dans la politique européenne. Au bout du compte, que reste-t-il ?

17/01/2014 09:39 par tilk

lesquels des deux partis entre celui de sarko et celui çi est le plus menteur ? celui qui a le plus d’élus condamnés ? suspectés ? c’est peste et choléra, toujours les diarées en embuscade, qui reste il ? nous aussi sommes colére surtout de l’éventuelle stupeur que ce guignol semblerait causer avec son discours téléphoné depuis des lustres et claironné par ceux qui le connaissent, prouvé par ses actes, appuyé par ses amis complices, testé avec les grecs les ritals et ceux d’on on se fiche pourvu que nous regardions les infos et le nouvel episode des feux du president
triste humanité, pov français

17/01/2014 10:39 par Dwaabala

l’Humanité n’a jamais été autorisée à interroger le chef de l’État au cours de ses conférences de presse. Les micros sont verrouillés. C’est dommage. Car cela donne du grain à moudre à ceux qui estiment qu’en très haut lieu, on s’efforce d’effacer du «  paysage  » général les communistes et leur journal… On ne peut pas le croire, n’est-ce pas ?
Parce que, de l’autre côté, les encouragements ardents ne manquent pas à la ligne libérale tous azimuts.
Extrait d’un éditorial de l’Humanité.

Personnellement, je serais enclin à observer aussi qu’une autre méthode d’"effacement" des communistes consiste à les phagocyter.

17/01/2014 10:48 par Cunégonde Godot

Mme Masson : Touche par touche, il a multiplié les ruptures avec sa famille politique : choisir l’austérité et la baisse des déficits publics contre une politique de relance économique, se soumettre aux coups de boutoir libéraux de la Commission européenne contre l’Europe sociale, affaiblir la protection sociale, combattre le «  coût  » du travail au lieu de s’attaquer au coût du capital. Hier, lors de sa conférence de presse, le président de la République a annoncé une «  nouvelle étape  » de sa politique. Plus austéritaire, plus antisociale, plus libérale que jamais. Il appuie sur l’accélérateur et promet la saignée.

Non. M. Hollande n’a pas "annoncé une nouvelle étape" de sa politique. Pour la simple raison qu’il n’a pas de politique qui lui soit propre, une politique... qui serait française (un mot que n’emploie jamais notre journaliste). Bien qu’ "élu" par ce que l’on appelle encore de temps à autre et le moins possible le peuple français, M. Hollande n’est là que pour appliquer d’en-haut une série de mesures européo-mondialistes destinées à détruire la France aussi sûrement que des termites une charpente...

17/01/2014 12:41 par Pascal Pelletan

Joli résumé à ceci près et sans vouloir insister de trop quand même...que nos "syndicats" ne mordront JAMAIS la main crocheteuse des banquiers qui les nourrissent (grassement, merci au Medef et à l’oligarchie) en dernière analyse. JAMAIS. celui ou celle qui s’illusionne là-dessus en sera pour ses frais.
Leurs protestations et autres revendications pourraient être écrites de la main même de Lloyd Blankfein.
Et puis, je ne saurais trop leur conseiller de ne pas parler la bouche pleine de caviar d’origine douteuse.
Les syndicats ou du moins leurs appareils sont à jamais discrédités dans le combat pour la survie de l’humanité. Ils n’ont que trop trahi de concert avec les politiques. Faut-il être aveugle et sourd pour ne point le voir et l’entendre ?
Nous sommes en GUERRE. Quelqu’un parmi vous peut-il soutenir le contraire ?
Une guerre sans merci, une guerre de tous les instants, une guerre d’enjeu planétaire.
Il n’y a aucune alternative autre que celle de la sortie de l’UE. AUCUNE.
Elle doit être l’alpha et l’omega de la marche à suivre en vue d’une possible inversion du cour des événements. Nous n’avons pas une seconde à perdre ? Le GMT (grand marché transatlantique) est à très exactement 348 jours de sa mise en application. Il signifie pire que l’ensemble de ce qui est dénoncé plus haut. La contre-révolution libérale, forte de sa toute puissance, entend accélérer et pousser son avantage tant qu’elle ne rencontrera pas le seul obstacle qui pourrait l’arrêter : NOUS TOUS.
Le reste n’est que verbiage incontinent et perte de temps.
Or, le temps est synonyme d’hémorragie, au sens premier du terme.
Un génocide se commet au Congo en ce moment même. Où prend-il sa source ?
Où prit sa source celui du Rwanda ?
Où prennent leur source TOUS les génocides ?
A la même.
Celle de la prédation capitaliste dont un homme assassiné voilà bientôt un siècle disait qu’il " porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage".
Sus à l’ennemi capitaliste, construisons le rêve de Jaurès et d’Allende : une humanité débarrassée de son bourreau. Oui c’est utopique. Bien sûr. Totalement utopique (de cœur) même !

Et alors ?
Doit-on pour autant renoncer à nos rêves pour ne vivre que notre cauchemar ?
Répondez moi !

17/01/2014 15:39 par Pascal Pelletan

@ Dwab’

Ils se phagocytent très bien tout seuls, non ?
Combien de sénateurs, députés, maire de grandes et de petites villes, combien de notables compte ce parti s’autodissolvant à grands coups de compromission avec leur partenaire de toujours, les sociaux traîtres ?

17/01/2014 20:21 par Dwaabala

@ scalpel
Comme je n’ai pas sous la main les forces révolutionnaires que j’organiserais grâce à mes talents, je fais avec ce qu’il y a.

17/01/2014 20:33 par Geb,

@Dwab,

L’Huma comme le PCF et toute sa Presse n’ont jamais été "phagocytés" par personne...

Trop indigestes à l’époque pour la Bourgeoisie.

Mais bien "dévorés" de l’intérieur par les ignares, les arrivistes, les traîtres, et les agents infiltrés.

Et "achetés" de l’extérieur par les "aides financières de l’Etat bourgeois" au nom du "pluralisme" ; et par les Annonceurs des multinationales dans la foulée.

Avec le fric des impôts et taxes des citoyens Lambda

Et crois moi j’aurais préféré que tout ça soit réellement "acheté" par l"’Or de Moscou".

40 ans de Parti et 42 ans de responsabilités techniques payées au rabais dans la Presse quotidienne régionale communiste, et quelques mètres cubes d’archives bien au chaud, peuvent me faire considérer comme quelque peu au courant du sujet.

Et autant d’années de baffes et coups tordus encaissés pour n’avoir eu de cesse de dénoncer tout ça à l’intérieur du Parti et dans mon milieu professionnel et syndical.

Et tu peux voir le résultat...

NADA !!! Un naufrage abyssal.

Et des gens sincères qui continuent à penser que ce sont nos "ennemis" qui nous ont tués.

Alors que c’était un suicide de "Junkies" addicts au pognon sale.

Mais au moins qu’on soit au courant de la réalité au lieu de répéter des niaiseries.

Geb.

17/01/2014 23:03 par Dwaabala

@ Geb
Je parlais de maintenant, avant les municipales, et j’avais particulièrement Paris en tête, où les socialistes ont bien su présenter ce qui est suffisant pour bouffer le Parti de l’intérieur, alors qu’ils l’ignorent ailleurs purement et durement comme le note le passage de l’éditorial de l’Huma que je citais.
D’ailleurs, dans sa conférence de presse, le Président de la République a ignoré au-delà : le peuple qu’il a effacé, et qu’il est en train de bouffer lui aussi de l’intérieur avec sa clique.

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