Communiqué du 2 novembre 2012 sur l'extradition d'Aurore Martin

Comité de Base

Communiqué du 2 novembre 2012 de la Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest du Pas de Calais

L’AFFAIRE AURORE MARTIN : PLUS QU’UN COUAC, UNE GRAVE ERREUR POLITIQUE à METTRE SUR LE COMPTE DE MANUEL VALLS ET CHRISTIANE TAUBIRA.

Ce matin nous apprenons que la camarade Aurore Martin, militante de la gauche indépendantiste basque, a été arrêtée hier 1er novembre à 16h00 à Mauléon, par la gendarmerie française puis remise à 21h00 au col de Biriatou à la garde civile espagnole, suite un mandat d’arrêt international déposé par la « justice » espagnole et confirmé par la cour « de justice » européenne, et ce malgré le rapport d’Ammesty International 1 et les nombreux témoignages, sur la pratique de la torture en Espagne et sur sa justice arbitraire.

Cette manière de procéder est une première, puisque habituellement les extradés étaient directement envoyés par avion vers Madrid. (Peut-être l’effet du changement Hollande de ne plus prendre l’avion ?)

Mais cela démontre qu’Aurore a été prise dans un guet-apens organisé et soutenu par les Ministères français de l’Intérieur et de la Justice en lien avec leur alter égo espagnols, afin de ne pas reproduire l’échec de la première tentative d’arrestation le 21 juin 2011 à Bayonne.

Après quelques mois dans la clandestinité pour éviter une nouvelle tentative d’arrestation, Aurore Martin avait décidé de ne plus se cacher et de continuer son travail politique au grand jour, puisque le Syndicat de la Magistrature avait déclaré « rien dans ce dossier ne permet d’entrer dans la qualification de terrorisme ».

Aurore Martin est donc la première victime politique de Manuel Valls qui ne cache plus ses liens profonds avec le gouvernement néo-franquiste de Rajoy, de par ses racines et son histoire familiale ambigüe ; en effet le père aurait quitté l’Espagne en 1948 pour fuir le fascisme mais le fils est né à Barcelone en 1962 en pleine période d’hyper répression fasciste.

En autorisant l’extradition d’une militante politique, de surcroît de nationalité française, même si elle est basque du nord, le gouvernement socialiste français via ses ministres Valls et Taubira, vient de rompre une nouvelle fois avec la promesse du Président socialiste François Mitterrand du 1er février 1985, de ne pas extrader pour des raisons politiques.

En 2004, Cesare Battisti avait failli être extradé avant de s’enfuir et Marina Petrella avait frôlé l’extradition en 2008, mais Paolo Persichetti a lui été remis à la police italienne en 2002, tout comme Sonja Suder et Christian Gauger ont été extradés vers l’Allemagne en septembre 2011… c’était sous des gouvernements de droite.

Pour Aurore Martin, cela s’est passé sous l’autorité d’un gouvernement qui se dit « de gauche » dont que des personnalités reconnues du PS avaient défendu la cause d’Aurore Martin quand elle était menacée d’extradition par le ministre de l’intérieur de droite Claude Guéant et la ministre de la justice de droite Michelle Alliot-Marie puis son successeur Michel Mercier…

D’un état colonisateur à un autre état colonisateur, cette arrestation de la camarade Aurore Martin, s’est passée quand, le même jour, François Hollande recevait Benjamin Netanyahu, le premier ministre colonisateur israélien et pourfendeur de la Palestine occupée depuis 1948, dont le parti, le Likoud vient de sceller une alliance électorale avec le parti fasciste « Israël Beiteinou » du très controversé Avigdor Lieberman qui avait proposé : de détruire Gaza avec une bomme atomique : « d’expulser tous les arabes d’Israël : de faire venir tous les juifs du monde en Israël pour les protéger » .

Aussi tout se tient quand on sait les liens très étroits entretenus entre Manuel Valls et l’Etat Israélien, Valls ayant annoncé publiquement «  son attachement éternel à l’Etat hébreu et son hostilité à l’entrée de la Palestine à l’ONU  ».

Tout cela se tient quand on sait les liens étroits entretenus par Manuel Valls avec le ministre de l’intérieur espagnol Jorge Fernandez Diaz, lequel avait été le 29 mai dernier, son premier interlocuteur officiel, après sa nomination au poste de Ministre de l’Intérieur, avec en ordre du jour : la lutte contre l’ETA (qui pourtant avait annoncé une trêve illimitée le 10 janvier 2011 et un cessez le feu définitif le 20 octobre 2011).

Et oui comment ne pas faire le lien entre cette déclaration du député socialiste du Béarn, David Habib, (Président du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée Nationale) : «  La collectivité spécifique Pays basque ne verra jamais le jour. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls est contre  » (sous-entendu « comme un Etat de Palestine ne verra jamais le jour ») quand la ministre de la décentralisation, Marylise Lebranchu, avait déclaré «  qu’il y aura une reconnaissance du Pays basque  » (La n° 54 des 110 propositions de François Mitterrand en 1981 prévoyait : «  Un département du Pays basque sera créé  »)

Cette promesse de campagne n’a jamais été tenue avec l’argument sur « la menace que constituait l’ETA »… mais après plus de deux ans sans affrontement armée et un an après l’annonce de l’arrêt définitif de la lutte armée par l’ETA, cet argument ne peut plus tenir la route….

Ainsi l’extradition d’Aurore Martin vers l’Espagne, est une grave erreur politique du gouvernement français, et outre cette erreur, (qui peut-être aussi un calcul), elle démontre l’affrontement interne au sein du gouvernement français et de la majorité sur la question basque et les amitiés et inimitiés au sein du gouvernement et de la majorité social-démocrate avec le gouvernement espagnol de droite décomplexée…

En jouant la carte de la solidarité avec le gouvernement espagnol, Manuel Valls vient de commettre sa première bévue, plus qu’un couac, une erreur politique sous la forme d’un pavé dans la mare qui fera des vagues au sein même de la majorité.

La Cellule Ouvrière du BAssin MInier Ouest du Pas de Calais, dénonce avec vigueur l’extradition d’Aurore Martin et lui apporte ainsi qu’à sa famille, ses amis et ses camarades, l’assurance de sa profonde amitié, et exige sa libération immédiate.

Aurore Martin doit revenir en Iparralde (Pays Basque Nord), l’Etat français et l’Europe ayant outrepassé leurs droits avec la complicité d’une Justice aux ordres des puissants et de ses vieux fantômes, venus de ce passé franquiste qui chaque jour fait un pas vers son retour.

Honneur à Aurore Martin !

Gora Euskadi ta askatasuna !

LIBÉREZ AURORE MARTIN !

1)http://www.amnestyinternational.be/doc/s-informer/les-rapports-annuels/le-rapport-annuel-2012/europe-et-asie-centrale-2133/article/espagne-19524

Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest du Pas de Calais : comibase@gmail.com

COMMENTAIRES  

02/11/2012 19:04 par Jean-Jacques

Il ne faudra pas lâcher sur la question d’Aurore Martin, elle se démène depuis des années pour orienter l’action vers le politique et l’autre caractériel et en train de tout foutre en l’air.
Décidément il y a trop de dirigeant socialistes qui ont la trahison dans la peau.
Je défilerai le 14 avec le logo batasuna sur ma bannière qui doit être un peu plus sombre que la votre, mais ça devrait se voir quand même.
Continuez
On a grand besoin d’être ensemble
Bien frat
Jean-Jacques Roumilhac

03/11/2012 08:46 par pilhaouer

Voici ce qu’exprimait le Syndicat de la magistrature dans un article du "Monde" daté du 15 juin 2011 à propos du mandat d’arrêt européen :

... Très vite cependant, la manière dont les gouvernements de l’UE ont conçu le MAE s’est révélée totalement biaisée, dans la mesure où l’invention de ce nouvel outil coercitif ne s’est pas accompagnée de ce qui en était le corollaire indispensable : la constitution d’un véritable espace judiciaire européen, impliquant un corpus juris d’incriminations communes, un parquet européen, des garanties élevées et partagées de protection des droits et libertés. Pire, une longue liste d’infractions a été d’emblée exclue du principe de "la double incrimination des faits reprochés", selon lequel les faits visés dans le mandat doivent être sanctionnés tant dans le pays requis que dans le pays d’émission.
Comme par hasard, il en va notamment ainsi du terrorisme, qualification pourtant éminemment politique et variable. Cette dérogation, qui figure à l’article 695-23 du Code de procédure pénale, recèle un grave abandon de souveraineté et transforme le juge en alibi : dès lors que l’Etat d’émission du MAE a qualifié tel ou tel acte (n’importe lequel !) de "terroriste", les magistrats de l’Etat d’exécution ne peuvent pas vérifier s’il s’agit bien de terrorisme au regard de leur propre loi.
Ils peuvent donc être conduits à autoriser cet Etat à livrer une personne, y compris l’un de ses ressortissants, pour des faits qu’il ne saurait lui-même réprimer dès lors qu’ils relèvent, par exemple, de la liberté d’opinion et d’expression. A charge de revanche bien sûr ! Ou comment les Etats de l’UE ont érigé le reniement de leurs lois en échange de mauvais procédés...

http://www.lemonde.fr/idees/article...
Que se passerait-il, si, par exemple, un certain Viktor Orban demandait qu’on lui livre des ressortissants de l’Union opposés à sa "loi fondamentale " qui, dans son article II "garantit la protection de la vie dès la conception " ?

03/11/2012 12:21 par comité de base: cellule ouvrière du bassin minier ouest du pas de calais

Rappelons ce décret de 1939 signé par le ministre de l’intérieur social-démocrate, Max Dormoy, à l’encontre des réfugiés espagnols qui fuyaient le franquisme : " Parmi les réfugiés arrivés sur notre territoire après les évènements d’Espagne et qui sont hébergés actuellement aux frais de la collectivité publique, se trouvent de nombreux hommes valides en état de travailler. Il n’est pas possible pour le gouvernement d’entretenir sur les deniers publics cette catégorie de personnes, les sommes restreintes consacrées à l’hébergement des réfugiés devant être affectées par priorité, pour des raisons élémentaires d’humanité, aux vieillards, femmes et enfants. D’autre part, il ne saurait être question d’autoriser ces réfugiés à travailler en France. Cette solution aurait, en effet, l’inconvénient de soumettre la main d’oeuvre nationale à une concurrence inadmissible et de stabiliser une situation qui doit rester purement temporaire. Dans ces conditions, et pour remédier au danger que présenterait la présence sur notre sol d’hommes jeunes, sans ressources et sans travail, j’ai décidé de les mettre en demeure de quitter notre territoire. En conséquence, vous voudrez bien inviter ces étrangers à choisir le point de la frontière d’Espagne par lequel ils désirent quitter la France. "
Rappelons qu’en 1948, c’est le ministre de l’intérieur social-démocrate, Jules Moch, qui avait ordonné à l’armée et aux CRS de briser les piquets de grèves et de tirer à balles réelles sur les mineurs grévistes, bilan plusieurs morts et des centaines de licenciés, d’expulsions et de dénaturalisations !

05/11/2012 12:37 par Franck

LIBERTÉ POUR AURORE MARTIN ! (Communiqué du PRCF)
Aurore Martin milite pour l’indépendance du Pays Basque. Il ne s’agit pas ici de débattre de ce positionnement politique, ni des questions politiques importantes qui agitent depuis des décennies ce territoire à cheval sur la France et l’Espagne. Chacun sait que pour le PRCF la République est « une et indivisible ». Si Aurore Martin nous préoccupe aujourd’hui, c’est que, citoyenne française, elle vient d’être arrêtée par la police de M. Valls et extradée en Espagne, où elle attend d’être fixée sur son sort. La jeune militante risque douze années de prison, dont on sait ce qu’elles signifient en Espagne pour les militants de la cause basque… Douze années de prison en Espagne donc, pour une citoyenne française, militante dans une organisation politique légale en France (Batasuna), mais qui a le malheur de déplaire aux autorités espagnoles. Celles-ci estimant que Batasuna est la vitrine politique d’ETA, le parti devient lui-même organisation terroriste de l’autre côté de Pyrénées. Aurore ayant le malheur de participer à deux…réunions de ce parti, elle est de facto coupable d’activités terroristes. CQFD. Et comme des « archaïsmes » telle que la souveraineté nationale existent encore à doses homéopathiques de ce côté-ci du globe, on se sert d’un mécanisme « européen » bricolé à la hâte dans la foulé du 11 septembre (2001) : le mandat d’arrêt européen, permettant de fouler aux pieds les justices des pays membres de l’Union…
Le Pôle de Renaissance Communiste en France tient à dénoncer le sort fait à cette jeune militante. Après des mois à vivre traquée par les polices françaises et espagnoles, la voilà qui fait les frais des rodomontades de Manuel Valls, ce dernier sans doute soucieux d’accomplir ce que même le sinistre Claude Guéant n’avait pas osé mener jusqu’au bout ! Tout cela bien sûr en affichant le plus grand mépris pour le processus de paix que de nombreux militants cherchent durement et patiemment à bâtir au Pays Basque, afin d’avancer vers une solution politique.
Le PRCF exige :
La libération immédiate d’Aurore Martin
L’abrogation du mandat d’arrêt européen
L’arrêt de la répression contre les militants basques, obstacle à un véritable processus de paix et à un changement politique progressiste au Pays basque.

La commission internationale du PRCF
2/11/2012

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