Le général étasunien Tod Wolters, commandant des forces de l’Otan en Europe, a fait part de l’envergure des manœuvres prévues – Defender Europe 2021.
Les plus importantes manœuvres de l’Alliance en 2021 se tiendront en mai-juin sur le territoire de 12 Etats des pays baltes au nord jusqu’à la péninsule des Balkans au sud. A Defender Europe 2021 participeront près de 31 000 hommes de 26 pays membres et partenaires de l’OTAN.
En prévision des exercices les Etats-Unis projetteront un grand contingent depuis la partie continentale du pays en Europe.
Selon le plan initial, ces exercices devaient être d’une moindre ampleur compte tenu des manœuvres Defender Pacific 2021 prévues pour cette année dans l’océan Pacifique. Le report de ces dernières à 2022 a permis d’accroître le nombre de participants européens aux exercices Defender. De plus, à cela a contribué la décision d’annuler le retrait d’Allemagne de 12 000 soldats étasuniens.
De leur côté, Minsk et Moscou ont déjà entamé la préparation des manœuvres stratégiques de commandement conjointes Ouest 2021 sur le territoire biélorusse.
Trop de choses montrent que nous n’assistions à rien d’autre qu’au scénario le plus probable d’une grande guerre sur le continent. En d’autres termes, d’une Troisième Guerre mondiale.
Selon le journal polonais Polityka dans un article intitulé « La Pologne devra maîtriser ses nerfs en observant la confrontation entre l’OTAN et la Russie » : « Defender Europe 2021 et Ouest 2021 vont pratiquement s’effleurer. Et bien qu’on les qualifie de « simples manœuvres », comme nous l’avons déjà vu, elles seront orientées sur des ennemis concrets. Les Etats-Unis avec l’OTAN s’entraîneront forcément une nouvelle fois à défendre le flanc Est contre la Russie, alors que cette dernière avec la Biélorussie préparera un exercice de contrattaque ».
Comment les généraux des deux côtés perçoivent-ils le scénario de ces activités gigantesques de par le temps et l’espace ?
L’Otan a l’intention de placer ses troupes en état d’alerte en mai et en juin. Du moins, dans un premier temps les principales activités, telles que Bruxelles et Washington les imaginent, se dérouleront en Europe de l’Est au bord de la mer Noire et de la Méditerranée. Dans ce cas, il serait logique de supposer que la mèche de la Troisième Guerre mondiale serait allumée par l’Ukraine, qui se consume depuis longtemps.
La veille, ou immédiatement après le début des événements tragiques, les Etats-Unis entameront la projection de leurs forces par l’aviation et la mer (via la Grèce et les ports dans la mer Adriatique) dans les Balkans : en Croatie (le polygone de Slunj), en Bosnie-Herzégovine (polygone de Manjaka) et en Macédoine du Nord (polygone de Krivolak). Une partie des exercices est également prévue au Monténégro, au Kosovo et en Albanie. En Bulgarie et en Roumanie auront lieu des manœuvres de défense antiaérienne et des tirs de missiles sol-sol. Une grande partie des manœuvres se déroulera en Hongrie, qui servira de ligne arrière de la « guerre ».
Avec les troupes des alliés de l’OTAN, au sud du continent, aux exercices participera la 82e division aéroportée des Etats-Unis, qui sera projetée depuis la base étasunienne de Fort Bragg par l’aviation de transport militaire. De plus, dans une bataille d’entraînement dans les Balkans participera la 173e brigade aéroportée américaine (stationnée à Vicence, en Italie) et la 53e brigade d’infanterie de la Garde nationale de Floride. Ainsi que des unités plus réduites.
En parallèle des tirs retentiront bien plus au nord, en Pologne. Personne ne cache que l’objectif de l’Alliance consiste à travailler une offensive contre Kaliningrad et la base de la flotte de la mer Baltique. Ce qui affectera forcément la Biélorussie.
Selon le plan de Defender Europe 2021, avec des chars Abrams et des véhicules de combat d’infanterie Bradley de la 1ère division de cavalerie, la 33e division d’infanterie italienne participera à « l’assaut » de Kaliningrad. Ainsi que des forces d’appui comprenant la 12e brigade d’aviation militaire (déployée depuis mars 2013 en Bavière, Allemagne), la 41e brigade d’artillerie avec des lance-roquettes multiples M270 (qui attend son heure depuis 2018 en Bavière), ainsi que la 372e brigade de génie (Minnesota).
Si ces forces ne suffisaient pas, les Etats-Unis pourraient également envoyer en Estonie une autre brigade aéroportée. Cette éventualité a été annoncée l’été dernier par le commandant des forces américaines en Europe Christopher Cavoli.
L’ampleur de ce plan et le coût exorbitant des jeux militaires à venir de l’Alliance près des frontières russes sont impressionnants.
Les experts supposent que Moscou réagira en organisant toute une série d’exercices sur l’axe stratégique occidental. Le point culminant sera le lancement de missiles intercontinentaux sur le polygone de Koura au Kamtchatka.
Quel est le plus grand danger dans ces deux scénarios ? Etant donné que des batailles d’entraînement se dérouleront dans une zone sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale des Balkans à la mer Baltique, et que ces événements impliqueront des centaines de milliers de personnes sur tout le continent et une grande quantité de matériel militaire, la probabilité d’accidents fatals montera en flèche. Qui plus est au vu des contacts mutuels pratiquement suspendus entre les militaires à Moscou, à Bruxelles et à Washington. Par conséquent, la probabilité de la dernière guerre pour l’humanité augmente elle aussi. Alors que personne des deux côtés de l’Atlantique ne semble la souhaiter.