Honduras. Le marasme quatre ans après le coup d’État

Bernard Duraud

La présidence de Manuel Zelaya avait été marquée par des avancées économiques et sociales. Depuis le coup d’État de l’oligarchie en 2009, le nombre de pauvres a augmenté et la situation du pays est devenue catastrophique.

Quatre ans se sont écoulés depuis le coup d’État perpétré contre le président Zelaya. Le pays est, depuis, plongé dans une crise sans précédent. À la violence et à l’impunité s’ajoute la pauvreté. Dans la foulée de l’élection illégitime à la présidence de Porfirio Lobo du Parti national, en novembre 2009, le nouveau gouvernement incarnant l’oligarchie a mis en œuvre un véritable coup d’État social : abrogation de la réforme agraire, suspension du salaire minimum, privatisation de l’éducation, loi de concession des ressources naturelles dont regorge le Honduras et vers qui lorgnent les transnationales. Dans la région de l’Aguan dans le Nord-Est, la répression a été sanglante à l’encontre des petits paysans dans le cadre du conflit agraire qui les oppose aux grands propriétaires terriens et leurs sicaires ; une centaine d’entre eux ont trouvé la mort depuis quatre ans. Dans le contexte d’une grave crise économique, doublée d’un déficit budgétaire de plus de 600 millions de dollars, le gouvernement a procédé à la fermeture d’hôtels de ville et d’autres institutions publiques, transformant des municipalités entières en zones de libre-échange.

Des chercheurs du centre américain CEPR (Center for Economic and Policy Research) ont montré récemment que les avancées de l’ère Zelaya avaient été «  balayées  » en grande partie après le coup d’État. Dans les deux ans qui ont suivi le «  putsch  », le Honduras a enregistré la progression la plus rapide des inégalités en Amérique latine : «  Plus de 100 % des gains de revenu réel ont été perçus par 10 % des Honduriens les plus riches.  » Le rapport note également que les dépenses sociales, notamment dans la santé et l’éducation, en augmentation entre 2006 et 2008, ont été continuellement réduites par le gouvernement Lobo. Le taux de pauvreté, en baisse sous Zelaya, a explosé passant à 67 % des 8,4 millions de Honduriens, soit 5,5 millions de personnes dont 3,8 millions dans l’indigence. De son côté, l’ONG Forum social de la dette extérieure estime le chômage et le sous-emploi à 40 % de la population active. Un désastre total signé Lobo.

Bernard Duraud

 http://www.humanite.fr/monde/honduras-le-marasme-quatre-ans-apres-le-coup-d-eta-553705

COMMENTAIRES  

27/11/2013 15:10 par Dominique

Il y a une phrase qui est difficilement compréhensible pour quelqu’un qui n’est pas passionné d’économie : «  Plus de 100 % des gains de revenu réel ont été perçus par 10 % des Honduriens les plus riches.  »

On peut se demander comment il est possible de percevoir plus de 100% des gains de revenu. Le rapport complet sur le Honduras du CEPR est disponible sur cette page : http://www.cepr.net/index.php/publications/reports/honduras-since-the-coup-economic-and-social-outcomes

En le lisant, on s’aperçoit qu’avant le coup d’état et uniquement sous la présidence de Manuel Zelaya, la majorité des gains de revenu ont été capté par les classes défavorisées, et que depuis ce coup d’état, les 10% les plus riches ont captés non seulement 100% des gains de revenus, mais qu’en plus ils ont privés le 90 % de la population du Honduras d’une partie de ses revenus d’avant le coup d’état, ce qui résulte en un accroissement de plus de 100% des gains de revenus pour une toute petite minorité et à un appauvrissement radical de la majorité de la population.

En plus des éléments cités dans l’huma, à cela s’ajoute, depuis le coup d’état, une explosion de la dette du Honduras ainsi que le remise entre les mains des transnationales de toutes ses ressources naturelles, très nombreuses. L’extrême pauvreté touche aujourd’hui 46% de la population, et la pauvreté 66,5% de la population, ce qui fait du Honduras le pays le plus inégalitaire de toute l’Amérique latine.

À noter également que le coup d’état a entraîné un augmentation énorme de la violence avec notamment la fin des réformes agraires et une répression féroce et meurtrière contre les petits paysans qui essaient de résister à la confiscation et à la remise de leurs terres à des grandes sociétés, ainsi que contre les journalistes qui ne se plient pas à la propagande officielle du régime.

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