@morvandiaux. La manif d’hier était plutôt une manif façon "Comité de salut public", ce qui signifie quand même quelque chose (plusieurs choses, même, en relief comme en creux), plutôt évidemment qu’une manif façon "prise de la Bastille". D’autre part, Saint-Just avertissait aussi le peuple sur les malversations des gouvernants, qui répondent trait pour trait à notre actualité dans son ensemble : "il faut du génie pour faire une loi prohibitive à laquelle aucun abus n’échappe : les voleurs que l’on destitue placent les fonds qu’ils ont volés entre les mains de ceux qui leur succèdent. (...) Le gouvernement est la caisse d’assurance de tous les brigandages et de tous les crimes. Tout se tient dans le gouvernement. La dissipation du Trésor public a contribué au renchérissement des denrées et au succès des conjurations. (...) Ils recrutent pour l’ennemi ; ils corrompent les généraux ; ils achètent les emplois publics ; ils séduisent les juges et les magistrats, et rendent le crime plus fort que la loi. Ceux qui se sont enrichis veulent s’enrichir davantage ; celui qui désire le nécessaire est patient ; celui qui désire le superflu est cruel. De là, les malheurs du peuple dont la vertu reste impuissante contre l’activité de ses ennemis. Vous avez porté des lois contre les accapareurs : ceux qui devraient faire respecter les lois accaparent (...). Personne n’est sincère dans l’administration publique : le patriotisme est un commerce des lèvres ; chacun sacrifie tous les autres et ne sacrifie rien de son intérêt". Saint-Just, Discours et rapports, Éd. Sociales, 1957, préface d’Albert Soboul, p. 120-121. En ces temps où le gouvernement impose à sa police des tâches de répression contre les citoyens (dont le seul tort est de vouloir réfléchir et argumenter pour le bien public), au point d’envoyer sur les manifestants, qui n’ont plus que ce moyen pour se faire entendre, des grenades offensives, et pire encore, de provoquer eux-mêmes la violence, il est urgent de revenir aux fondamentaux d’une république digne de ce nom. D’autant que la diffusion d’informations truquées et mensongères impose elle aussi par la violence une vision fausse tant du réel actuel que de notre Histoire nationale. Les attaques et déformations répétées dont est l’objet la révolution de 1789 (bien dénoncées à propos d’une récente BD) imposent aussi de revoir nos sources pour mieux décider nous-mêmes de notre avenir. Le bonheur est plus que jamais "une idée neuve" : Saint-Just, reviens toi aussi !