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Italie : et maintenant ?

Que retenir de l’improbable séquence politique italienne qui a multiplié les rebondissements depuis un mois ? Sur quoi peut-elle déboucher ?

Les parlementaires italiens s’apprêtent à voter la confiance au gouvernement formé par l’alliance entre le Mouvement cinq étoiles (M5S) et la Ligue, et dirigé par un juriste novice en politique, Giuseppe Conte.

Ainsi se conclut – provisoirement – une séquence marquée par une succession de trois coups de théâtre. Depuis les élections du 4 mars, la situation politique transalpine semblait bloquée. Mais le 9 mai – premier coup de tonnerre – l’ex-Premier ministre Silvio Berlusconi, angoissé par la perspective d’un nouveau scrutin qui paraissait inéluctable et qui aurait probablement été fatal à sa formation, Forza Italia, donnait son feu vert à la Ligue, son alliée, pour se rapprocher du M5S.

En moins de deux semaines, les chefs du parti fondé par le comique Beppe Grillo, Luigi Di Maio, et de l’ancien mouvement autonomiste du Nord désormais converti en force nationale proclamée anti-Bruxelles, Matteo Salvini, se mettent d’accord sur un programme et sur une équipe gouvernementale. M. Conte, qui n’appartient à aucun des deux mouvements, est pressenti pour diriger celle-ci.

Puis, deuxième tremblement de terre : le président de la République, Sergio Mattarella s’oppose à la nomination de certains ministres, notamment celui pressenti pour le portefeuille des finances, Paolo Savona, jugé trop critique quant à l’euro. Le chef de l’Etat ne s’en cache guère : il relaye le refus à peine voilé de la Commission européenne, comme de Berlin et de Paris, quant à ce cabinet jugé hérétique.

MM. Di Maio et Salvini sont furieux. Ils soulignent qu’une telle attitude bafoue le vote majoritaire des citoyens. Des élections semblent à nouveau inévitables. Tout laisse à penser que, dans cette hypothèse, la Ligue sortirait grande gagnante, capitalisant sur le déni de démocratie. Une hypothèse qui tétanise les élites dirigeantes de l’UE tout comme la classe politique européiste italienne.

S’en suivent alors de discrètes négociations. Ultime coup de théâtre : exit le gouvernement de transition imaginé par le président Mattarella (qui aurait été conduit par une figure emblématique du FMI, une véritable provocation après un vote clairement anti-austérité...) ; et réapparition de Guiseppe Conte, qui, après avoir jeté l’éponge, accepte finalement de conduire une équipe gouvernementale M5S-Ligue. Cette dernière inclut cependant certains désidératas du chef de l’Etat.

Certes, Luigi Di Maio prend un très large portefeuille incluant le travail et le développement économique, tandis que Matteo Salvini hérite de celui de l’intérieur, qu’il guignait. Mais l’éphémère ministre des finances Savona se retrouve finalement aux affaires européennes, un poste important mais moins stratégique. Le nouveau grand argentier, Giovanni Tria, ne remet nullement en cause la monnaie unique. Quant au ministre des affaires étrangères, il échoit à Enzo Moavero Milanesi, qui a appartenu aux très pro-UE gouvernements Monti et Letta, et qui a lui-même longtemps travaillé pour Bruxelles.

Que retenir de ce prologue mouvementé ? Et sur quoi cette configuration inédite peut-elle déboucher ?

Premier constat : le vote des Italiens en faveur de partis réputés « antisystème » et accusés par l’oligarchie d’être anti-UE, n’a pu être ignoré. Cette « alliance populiste et d’extrême-droite qui épouvante l’Europe » constituait bien et reste le pire cauchemar que Bruxelles pouvait imaginer.

En témoigne le concert d’imprécations de la part des dirigeants européen. Parmi tant d’autres, l’actuel locataire de Bercy a ainsi martelé avec une déroutante arrogance : « chacun doit comprendre en Italie que l’avenir de l’Italie est en Europe ». Et Bruno Le Maire d’asséner sans réplique : « les engagements qui ont été pris par l’Italie (...) valent, quel que soit le gouvernement ». Bref, l’Italie est libre de ses choix à condition que ceux-ci ne changent pas.

Les commissaires européens se sont également succédé pour jouer leur partition dans ce registre. La palme revient à l’Allemand Günther Oettinger : ce dernier n’a pas hésité à affirmer que les marchés financiers sauraient bien venir à bout des volontés des électeurs italiens.

Il y a cependant un deuxième constat : le compromis accepté par MM. Di Maio et Salvini laisse à penser qu’entre les partis réputés « antisystème » et le « système » lui-même, tous les canaux de communication ne sont pas rompus. Ce n’est pas une réelle surprise. Ni les dirigeants de la Ligue, ni encore moins ceux du M5S ne revendiquent leur hostilité fondamentale à l’intégration européenne. Luigi di Maio a même terminé sa campagne par des déclarations d’amour à l’Europe... Cela rappelle étrangement l’arrivée au pouvoir de Syriza en Grèce, prétendant combattre l’austérité tout en voulant rester dans l’UE et la monnaie unique. On connaît la suite.

Troisième constat : le programme ressemble à un bric-à-brac baroque. La fin de l’austérité, la remise en cause de la réforme des retraites, le durcissement de la politique migratoire, la levée des sanctions contre la Russie (un horrifique chiffon rouge pour les dirigeants européens), voisinent avec la baisse des impôts, le revenu minimum citoyen, l’arrêt du tunnel sous les Alpes ou la fin de la vaccination obligatoire...

Pour autant, la mise en œuvre ne serait-ce que du quart des propositions de la première catégorie serait explosive, tout particulièrement dans la troisième puissance de la zone euro.

Trois points de friction majeurs en particulier sont susceptibles de mener à l’affrontement dès le Conseil européen prévu fin juin : l’intégration plus poussée de la zone euro, évidemment contradictoire avec un assouplissement de l’austérité ; la réforme de la politique migratoire et d’asile, où l’Italie se trouve en première ligne ; et la reconduction des sanctions contre la Russie, reconduction contre laquelle les deux partenaires gouvernementaux sont unis.

Il reste la question majeure : jusqu’à quel point la majorité des Italiens, qui ont exprimé leur colère le 4 mars dernier, seraient-ils décidés à se laisser brutalement décevoir ? Naguère encore, une réponse pessimiste aurait semblé s’imposer.

Mais depuis quelques mois, en Allemagne, en Autriche, en Tchéquie, en Hongrie, les électeurs ont déjà pris un malin plaisir à enchaîner les claques adressées à Bruxelles. Sans parler du vote en faveur du Brexit. Bref, l’idée européenne est en loques. Même si un récent sondage « eurobaromètre » croyait pouvoir récemment discerner des citoyens « de plus en plus favorables » à l’Europe, comme a cru pouvoir le pointer l’Italienne Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’UE. A ce niveau, ce n’est plus de la méthode Coué.

C’est de l’humour.

Pierre LEVY

 http://https://ruptures-presse.fr/actu/italie-ue-gouvernement-conte/

COMMENTAIRES  

05/06/2018 13:44 par Renard

D’un coté je n’aime pas cette coalition mais d’un autre côté c’est peut-être grace à elle que la dislocation de l’euro va se produire, ce qui sera une bonne nouvelle pour les peuples europpéens.

Le programme du M5S c’est un chouia de socialisme dans une marée de libéralisme ; une façon pour les puissants de dire "on vous lache un bout de gras mais on garde les commandes".

05/06/2018 16:39 par Danael

Si c’est comme (plus ou moins) l’eurobaromètre de 2005, à la veille du verdict populaire en France , c’est mal barré. Chez nous, on continue à fleurir une Europe d’arrangements institutionnels et d’espoir et on ne s’aperçoit même pas qu’on est déjà au cimetière et qu’on fleurit nos tombes à la place, en plus d’engendrer des tsunamis aux dégâts multiples.

05/06/2018 23:20 par Sébastien

L’union fait la force. En Italie, elle est d’autant moins absurde qu’au niveau européen, en guise d’union, on a vu la soupe qu’on nous a servi....
L’auteur de cet article a bien noté ce qui fait le plus peur aux pouvoirs oligarchiques : l’union des extrêmes. Si chacune voulait bien laisser tomber certaines de leurs lubies de vieilles bigotes, il y aurait un espoir réel. La plus-value italienne, c’est d’avoir des têtes d’affiche qui ne sont pas de vieux briscards de la politique, contrairement à la France, pays sclérosé et vermoulu où que l’on regarde.
Et le premier qui me parle des gnomes Ruffin ou Lordon, je lui fais bouffer son plat de lentilles avec du piment rouge.

06/06/2018 07:55 par Roselyne Arthaud

{}Et le premier qui me parle des gnomes Ruffin ou Lordon, je lui fais bouffer son plat de lentilles avec du piment rouge.
vous pouvez préciser ?
non seulement, je vous parle de M Ruffin et de M Lordon mais en plus, je suis fière d’eux !

06/06/2018 09:25 par Danael

À vrai dire, Ruffin, Lordon et un plat de lentilles au poivron rouge, c’est pas si mal comme programme du jour. Par contre l’unité des extrêmes avec le sourire, c’est déjà fait en la personne de Macron.

06/06/2018 10:07 par HUGO

De par sa constitution, le peuple italien est souverain.
A quelques réserves près cependant, que l’UE, A. Merkel, Jupiter, la BCE, la quasi-totalité de la « libre presse » européenne et les sacro-saints « marchés » se sont vite chargés de rappeler aux électeurs transalpins :

• Tout d’abord, pas question de nommer au ministère des finances un adversaire de l’euro. Ce dangereux personnage devra donc se contenter d’un ministère sans portefeuille, voire d’un portefeuille sans ministère.
• Le gouvernement devra solennellement annoncer qu’il ne désire quitter ni l’UE ni l’euro, ni l’OTAN.
• Qu’un ministre des affaires étrangères qui a fait toute sa carrière à Bruxelles garantira l’engagement total de l’Italie dans l’OTAN et la politique de guerre et de surarmement qui est actuellement la sienne. On respire !
• Enfin les quelques mesures sociales envisagées par ce gouvernement devront soigneusement se tenir dans les limites infranchissables du remboursement de la « dette » et des critères de gestion de l’euro. Faut pas rire, n’est-ce pas, avec la suprématie du deutsche Mark sur notre continent, pardon, avec les bienfaits universellement reconnus de la monnaie unique qui apporte aux travailleurs d’Europe, comme chacun sait, la croissance des salaires, la stabilité de l’emploi, la qualité des services publics, le progrès permanent des retraites et de la protection sociale…
Une fois ces concessions minimes acceptées par MM. Salviani et Di Maio, l’UE donne carte blanche à l’Italie pour… traquer les migrants. On ne badine pas avec les « valeurs » européennes dès lors qu’elles ne sont pas cotées en Bourse.
Le gouvernement italien actuel est d’ultra-droite, voire fascisant. Celui du Grec Tsipras se réclamait de la « gauche radicale ». Qu’importe puisque, comme l’a dit M. Juncker, « il n’y a pas de démocratie contre les traités européens ». Et c’est si vrai que lorsque la France refuse un traité constitutionnel, non seulement on lui impose le traité de Lisbonne, qui est le clone du TCE, mais Macron, soutenu sur sa ligne politique par 18% des inscrits à peine, va jusqu’à imposer l’hymne et le drapeau européens que Sarkozy avait prudemment ôtés du traité de Lisbonne. VOUS EN BOUFFEREZ !
Et c’est bien cette UE et son haut clergé totalitaire de dignitaires, de lobbyistes et d’oligarques méprisants que certains « patriotes » comme Le Pen ou Dupont-Aignan prétendent « renégocier du dedans » pour en tirer on ne sait quelle « Europe des nations » pendant que certains « progressistes » jurent de renégocier, toujours « du dedans », les traités supranationaux afin de « faire du social ».
« L’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale », disait Jean Jaurès. Et si enfin, certains « hommes de gauche » parvenaient enfin à saisir que l’humiliation nationale, que l’ « Europe » fait subir à jet continu aux peuples européens, est le terreau permanent des REGRESSIONS SOCIALES ET DES DERIVES FASCISANTES ?

06/06/2018 11:39 par Renard

@Sebastien Pourquoi une alliance des extrêmes ? Si la France insoumise se positionne contre l’immigration (position classique du socialisme de Jaurès jusqu’à Marchais, bref avant Mitterand) le FN tomberait dans les oubliettes de l’Histoire et les portes de l’Elysée nous serait grande ouverte..

Ruffin pourrait faire ça justement mais il n’a malheuresement aucune ambition présidentielle.

06/06/2018 13:42 par legrandsoir

Ruffin n’a pas davantage d’ambition raciste, pas plus que d’ambition démagogique.
L’ennemi n’est pas l’immigré, mais le banquier.
La France a toujours eu besoin d’immigrés.
Le migrant est souvent un réfugié. On n’y est pas pour rien.
Ces réfugiés sont des êtres humains comme vous. Il faut être Riss (Charlie Hebdo) pour ricaner quand un de leurs enfants se noie.
On n’accède pas au pouvoir en vendant son âme et en piétinant les valeurs éternelles de la gauche. Ou alors on devient le PS, promoteur du FN (Mitterrand) et inventeur de Macron (Hollande).

06/06/2018 12:36 par Georges SPORRI

Nota Bene : le M5S n’est absolument pas de gauche, ni d’extrême gauche / Il s’agit d’une démagogie calculée par ordinateur à partir de sondages et de marketing , dont le but devient visible avec cette alliance / Le "système" ( notion pratique qui ne veut rien dire ) n’a absolument pas peur de ces olibrius puisqu’il les utilise depuis longtemps dans l’espoir de refouler la lutte des classes, le syndicalisme révolutionnaire et le communisme type " Gramsci " ... L’ union M5S + fachos n’a rien de surprenant , reste à savoir quel type de sale boulot ils vont accomplir ? En France le FN est massivement et soudainement devenu une sorte de meute ( au service de Macron ) qui produit avant tout une fachosphère déchaînée sur internet et stimule l’activité des groupuscules violents racistes ou fascistes .

06/06/2018 21:15 par vaurien

REGRESSIONS SOCIALES ET DES DERIVES FASCISANTES

Le mot fascisme, j’ai du mal à l’ingérer parce qu’il a comme vocation à occulter le nazisme, donc à dédouaner les Anglo-saxons.

07/06/2018 00:02 par Renard

Bonsoir Le grand soir,

L’ennemi n’est pas l’immigré, mais le banquier.

Je suis d’accord l’ennemi c’est pas l’immigré, mais quand le banquier fait venir l’immigré pour baisser le salaire de l’ouvrier qu’est ce qu’on fait ? On ne réagit pas ? Et bien les premiers socialistes ont déjà pensé cette question et leur réponse est de limiter l’immigration sauf si on a vraiment besoin de main d’oeuvre ce qui n’est pas le cas aujourd’hui où on a quelques millions de chômeurs depuis une trentaine d’années ! Voyez plutôt (l’article est payant malheureusement https://www.cairn.info/revue-cahiers-jaures-2017-3-p-109.htm)

Moi je suis pour qu’on limite le nombre d’entré à la frontière mais qu’on traite bien ceux qui sont déjà ici et qu’on combatte le racisme, c’est pas incompatible.

On peut demander une baisse de l’immigration sans être raciste où alors Jaurès, Marx (texte sur le libre-échange), Guesde, Marchais et d’autres ne seraient que d’indécrottables racistes.

On n’accède pas au pouvoir en vendant son âme et en piétinant les valeurs éternelles de la gauche.

Justement la position originelle du socialisme était d’être très réservé sur l’immigration, la trahison c’est quand Mitterand abandonne le socialisme au profit de la gauche.. libérale. Aussi quand le PCF abandonne sa position dure sur l’immigration et sur l’UE - après Marchais - comme par hasard un grand nombre d’ouvriers sont partis vers le FN.. Le drame c’est quand on laisse la baisse de l’immigration à l’extrême droite, si c’est la gauche qui est pour on peut "réguler" le racisme.

07/06/2018 01:50 par Georges SPORRI

Le contrôle de l’immigration est un objectif illusoire qui ne peut être atteint que par un pouvoir d’extrême droite pendant quelques années et sous réserve qu’il parvienne à écraser toute résistance des organisations ouvrières pour convaincre le patronat / Lutter contre la concurrence entre salariés suppose au contraire une agitation antiraciste de classe permanente allant jusqu’à exiger la régularisation des sans papier et une stricte égalité des droits / Paradoxalement cette agitation permanente contrera la manœuvre du patronat qui utilise la précarité absolue de cette fraction de la classe ouvrière pour maintenir la paix sociale et se sert du racisme pour nous diviser . Par contre l’anti racisme moraliste type SOS est insuffisant et potentiellement social-traître lorsqu’il nous invite à la charité .

07/06/2018 10:38 par Assimbonanga

La terre est une boule à la surface de laquelle des gens circulent. Des frontières ont été érigées par l’histoire suite à des conflits, des guerres. Mais les frontières ne sont pas éternelles même si certains s’y raccrochent comme à un sanctuaire. Tout ne dépend pas de celui qui est à l’intérieur dans la sécurité du pays où il a eu la chance de naître en bonne et due forme.
La terre est le biotope des humains. Certains pays d’Europe ont fait leur expansion en prenant d’autorité des zones immenses qu’ils ont appelées colonies. Que ça plaise ou non aux colonisés. Et là, cette forme d’émigration ne les dérangeaient mais alors pas du tout !
Le biotope continue son évolution. Ça bouge. Sous le coup de conséquences et de conséquences de conséquences, comme la dérive des continents sans gouvernement du processus. "Ils arriveront quand même" poussés par l’impérieuse nécessité.
Dire "l’immigration" c’est ne donner qu’un point de vue, celui de la personne née du bon côté de la frontière. "L’immigration" n’est pas une personne, c’est un concept. "L’immigration" n’a pas une tête et un corps. En revanche, la volonté de partir est dans la tête d’êtres humains qui ont leurs raisons, impérieuses, et ils travaillent à y réussir. L’issue à tout cela , après souffrances et morts, est encore inconnue.
Si les instances de gouvernement avaient de la justice et de l’égalité comme le prétendent les discours, l’Europe se répartirait l’accueil et si elles étaient dotées d’intelligence, l’hospitalité prévaudrait ainsi que le réconfort aux exilés, pour qu’à la fin ce ne soit vengeance et retour de manivelle qui viennent pourrir nos vies dans 20 ans et au-delà.
Mais ni justice, ni égalité, ni intelligence, c’est la seule chose dont on puisse être certain. Personne ne songera à inventer un autre mode de vie pour concilier nos populations vieillissantes avec la vitalité d’une jeunesse avide. Tout le monde a peur d’un avenir différent du monde connu et balisé. La peur de l’autre.
Pendant qu’on n’a pas peur des pollutions chimiques, des accaparements de l’eau, des forages indus, de réchauffer l’atmosphère, d’informatiser tout service tertiaire à grand renfort de calories, d’investir et d’investir encore pour bouleverser toute la croûte terrestre. L’Homme, cet être si intelligent, est bête comme ses pieds !

07/06/2018 15:51 par depassage

Renard

Je suis d’accord l’ennemi c’est pas l’immigré, mais quand le banquier fait venir l’immigré pour baisser le salaire de l’ouvrier qu’est ce qu’on fait ? On ne réagit pas ?

De toutes les façons, si vous n’êtes pas content de l’immigré qui baisse le salaire de l’ouvrier français, le banquier, au lieu de ramener l’immigré en France, il ira chez lui et abandonnera l’ouvrier français au chômage. C’est pour cela que le banquier pousse à la guerre pour que lui soit ouvert tous les marchés. La solution est dans la mobilisation des travailleurs par des organisations vraiment à la hauteur de leurs aspirations et le mieux est que cela se fasse dans tous les pays du monde. Mais c’est dans les pays riches que les conditions d’organisation sont possibles, parce qu’ils ne sont pas encore dans un état de survie.

07/06/2018 19:58 par Renard

@depassage

Je suis d’accord l’internationalisme est la solution. Et d’ailleurs la 1ère internationale, celle de Marx et Proudhon, c’était prononcé défavorable à l’immigration, mais bon c’était surement rien qu’une assemblé d’affreux racistes à en croire certains...

07/06/2018 22:32 par François de Marseille

Question à rRenard : Pourquoi conseillez-vous vous à la FI de se lancer dans la critique de l’immigré. Vous penser que la France est raciste et que la fin justifie les moyens ou vous pensez que l’immigré est une partie du probleme. Si vous répondez par la première affirmation, je vous répondrez que la Fi gagnerait quelques voix fn mais perdrait toutes ses voix actuelles FI. Si vous répondez pas la deuxième proposition, je ne vous répondrez même pas.

07/06/2018 23:44 par Renard

Lisez plutôt Marx : « A cause de la concentration croissante de la propriété de la terre, l’Irlande envoie son surplus de population vers le marché du travail anglais, et fait baisser ainsi les salaires, et dégrade la condition morale et matérielle de la classe ouvrière anglaise.

Et le plus important de tout ! Chaque centre industriel et commercial en Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles, les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais.

L’ouvrier anglais moyen hait l’ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son niveau de vie. Par rapport au travailleur irlandais, il se sent un membre de la nation dominante, et ainsi se constitue en un instrument des aristocrates et des capitalistes de son pays contre l’Irlande, renforçant ainsi leur domination sur lui-même. Il nourrit des préjugés religieux, sociaux et nationaux contre le travailleur irlandais. Son attitude envers lui est très semblable à celle des « pauvres blancs » envers les « nègres » des anciens Etats esclavagistes des USA. L’Irlandais lui rend d’ailleurs la pareille, et avec intérêts. Il voit dans l’ouvrier anglais à la fois le complice et l’instrument stupide de la domination anglaise en Irlande.

Cet antagonisme est artificiellement maintenu et intensifié par la presse, les orateurs, les caricatures, bref, par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise, en dépit de son organisation. C’est le secret grâce auquel la classe capitaliste maintient son pouvoir. Et cette classe en est parfaitement consciente »

Remplacer anglais par français et irlandais par italiens polonais algérien africains etc et vous avez la situation française de ces cinquante dernières années.

Alors comment casser cette stratégie du Capital ?
1- En combattant le racisme et en oeuvrant à l’apaisement des tensions communautaires.
2- En limitant l’immigration à la frontière pour éviter que le schéma ne se remette en place.

08/06/2018 03:11 par Georges SPORRI

@Renard / L’internationalisme prolétarien n’est pas la solution d’un problème mais un principe de base du socialisme et du communisme puisque le capitalisme c’est le marché mondial et le stade inférieur du socialisme c’est l’économie mondiale planifiée et l’échange inégal avec les pays sous développés / Marx a constamment fustigé les trade-union britannique qui ne soutenaient pas l’indépendance de l’Irlande et se comportaient comme aristocratie ouvrière pas solidaire avec les immigrés irlandais /
D’autre part : le contrôle de l’immigration = douaniers + flics + centre de rétention + ambiance raciste ( induite par un certain racisme d’état ) - Alors , SVP , n’essayez pas de nous faire croire que MARX était partisan d’un écrasement répugnant des plus pauvres et des plus exploités par l’état policier ! Le PCF a payé cher son attitude lorsqu’il affichait " arrêt de l’immigration " sur son programme ou lorsqu’il trépignait de rage pour empêcher la construction d’un foyer Sonacotra à Saint Maur : ils auraient mieux fait en maintenant la notion de "bastion rouge" et en s’alliant avec l’extrême gauche pour favoriser l’intégration de ces populations d’exploités - opprimés précaires dans le mouvement ouvrier et communiste ( pas dans la "république" ! ) ... Il a alors laissé un boulevard à l’antiracisme niaiseux et moraliste type SOS-racisme qui était surtout un système de recrutement pour le PS ...

08/06/2018 04:27 par franck-y

On peut très bien employer le terme FASCISATION , une historienne comme Annie Lacroix-Riz nous en explique bien l’origine géographique, la France. Mais si on dit créature de Frankenstein pour le monstre, ou qu’on rappelle que le gruyère n’a pas de trou, on cherche juste à s’imposer. Au pire, comme Frédéric Lordon ou JLM, on peut employer le terme FASCISTOÎDE (hé hé). De toute façon, on sait de qui on parle, EUX, ceux qui ne prêtaient pas leurs jouets étant enfant, dénonçaient ou trahissaient leur camarade, et qui n’en on rien à faire de la planète qu’ils vont laisser, même pour leurs propres enfants !

08/06/2018 13:01 par Renard

Le PCF a payé cher son attitude lorsqu’il affichait " arrêt de l’immigration "

Tiens donc, la vérité c’est plutot que le PCF s’est effondré quand il a cessé de critiquer l’immigration et a laisser un grand nombre d’ouvrier partir vers le FN, comment avez vous pu voir l’inverse ? Manifestement votre aveuglement idéologique vous empeche de voir la réalité.

De toute façon a en croire mon expérience personnel et tous les sondages, les ouvriers sont clairement contre l’immigration vous pouvez dire ce que vous voulez.. Moi je préfere un parti qui s’appuie sur les revendications du peuple plutot qu’un parti "de gauche" qui méprise les ouvriers et vient leur parler sur un ton moralisateur..

Dura Lex Sed Lex

08/06/2018 13:10 par Renard

Et a tous : arréter un peu l’amalgame etre contre l’immigration = etre raciste. C’est Miterrand qui a forgé cet amalgame (que le FN a incarné a merveille) lorsqu’il a décidé d’abandonner les ouvriers pour défendre (ou manipulé plutot) uniquement les minorités et les étrangers comme le préconisait le fameux rapport Terra Nova.. 30 ans aprés vous avez envore le cerveau pourri par Mitterand les gars il est ptet temps de se mettre à réfléchir par soi-même plutot que de me sortir des arguments à deux ronds..

08/06/2018 18:44 par François de Marseille

@ Renard. Personne n’a parlé de racisme, c’est juste que si tu crois que la présence d’étranger est un facteur clé pour expliquer les difficultés économique, c’est que tu avales les plus grosses couleuvres de la propagande des dominants. Il n’y a aucune justification sérieuse à ce bobart.

08/06/2018 20:24 par Renard

@François

Relis donc le texte de Marx que j’ai mis au dessus il explique bien que si les immigrés sont effectivement utilisés par le Capital pour faire pression à la baisse sur les salaires c’est surtout pour des raisons politiques qu’ils sont utiles au Capital : l’arrivée d’étrangers dans un pays va diviser le peuple et créer un antagonisme, cette antagonisme sera renforcé et entretenu par les journaux dominants dans le but d’empêcher l’union du peuple, et qui dit désunion du peuple dit règne du Capital. "C’est le secret grâce auquel la classe capitaliste maintient son pouvoir. Et cette classe en est parfaitement consciente." et oui l’immigration et le racisme constituent la formule magique des capitalistes pour se maintenir au pouvoir, à votre avis pourquoi en France a-t-on des vagues d’immigrés qui arrivent en continu depuis une centaine d’années ?

Je te retourne ton compliment si tu crois que l’immigration arrive par hasard et n’est pas voulu et organisé par le Capital et que par conséquent il faut laisser faire tu avales le plus gros bobard de la propagande des dominants.

09/06/2018 05:45 par babelouest

@ Renard et François

C’est l’application de ce que voulait Richard Coudenhove-Kalergi il y a un siècle !

09/06/2018 07:42 par Moundi

France Insoumise, c’est le Mouvement 5 Etoiles à la française, il faut le comprendre rapidement pour ne pas se laisser berner comme en Grèce ou en Italie. C’est bien pour cela qu’il est médiatisé tout comme eux.

Souverainisme de conviction, souverainisme d’opportunité
http://www.comite-valmy.org/spip.php?article10004

09/06/2018 08:07 par Danael

Pour ma part je suis contre l’immigration car elle vide les pays dominés de leur cerveaux et de leur population pourtant nécessaires à un développement intérieur chez eux. Voir l’article du Monde Diplomatique de Jean-Arnault Derens et Laurent Geslin : Cet exode qui dépeuple les Balkans.
Cette immigration (plus massive venant de l’intérieur de l’UE) est bien le résultat de politiques destructives impérialistes qui en jouent à sa guise pour diviser le prolétariat et ce sont ces politiques -là qu’il faut dénoncer et non pas l’immigré qui en est victime. Ne pas confondre ce qu’il faut voir dans "immigration" et "immigré".

09/06/2018 08:13 par Danael

correction : leurs cerveaux

09/06/2018 09:30 par Assimbonanga

Quand ils sont noirs ou bronzés, ce sont des immigrés.( Et on peut leur tirer dessus dans le dos si on les surprend dans un entrepôt où ils ne sont pas censés se trouver.) Mais nous, Français, lorsque nous envahissons, nous sommes des expat’. Ça a plus de gueule, non ?

09/06/2018 12:15 par Georges SPORRI

Le fragment de texte de Marx cité par Renard est une manipulation ! MARX ne concluait pas en s’opposant à l’immigration mais en affirmant que les ouvriers xénophobes se tiraient une balle dans le pied en approuvant la surexploitation et l’oppression policière des travailleurs ou chômeurs irlandais ; de plus il dénonçait le social-impérialisme et le social-chauvinisme des dirigeants des trade-unions et travaillistes expliquant que les intérêts catégoriels de l’aristocratie ouvrière ( qui ramasse les miettes du pillage des colonies et de la surexploitation des précaires ) sont illusoires : nécessité absolue de l’unité de classe pour vaincre le capital !
Les foutaises du type "arrêt de l’immigration", "produisons français". "arrêt de l’embauche des auxiliaires", "interdiction des agences intérimaires", sont bien des foutaises pas faisables ( si ça s’est fait une fois racontez moi où, quand et comment )...
"Contrôle de l’immigration" paraît moins foutraque, mais, comme par hasard, cela suppose un état policier aux pratiques racistes et de mobiliser la populace, qui n’a rien à voir avec le peuple et strictement rien à voir avec la classe ouvrière organisée, contre la fraction la plus dominée de la classe ouvrière . Sur cet argument Renard ne répond rien car au fond les contrôles au faciès et les centre de rétention ne le dérangent pas ( Asselineau et Philippot, ce mignon petit couple, vont sûrement justifier ce racisme objectif de l’état policier en prétendant que cela permet de mieux intégrer les immigrés dont "nous" avons besoin, reste à savoir ce qui se cache derrière "nous" / l’intérêt national c’est l’intérêt du capital ! ).

09/06/2018 17:48 par Renard

Dans le texte que j’ai cité Marx décrit ce qui se passe sans dire ce qu’il faudrait faire (comme souvent chez Marx) les conclusions logique c’est moi qui les ai tirés.

Comme je l’ai dis le capital a besoin du racisme pour se maintenir au pouvoir c’est pourquoi il a besoin de l’immigration car dès que le racisme commence à baisser il lui suffit de renvoyer une petite vague d’immigration pour relancer le racisme pendant une vingtaine d’années et nous on reste là comme des cons sans réagir.

Sur l’état policier il me semble que vous exagéré des tas de pays pratiquent un contrôle de l’immigration sans être des dictatures policières, la suisse par exemple. Mais oui cela implique un dispositif policier évidemment on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Ce n’est pas une solution toute belle et toute gentille que je propose car c’est impossible vu la complexité de la situation. Vox populi vox dei et le peuple veut une baisse de l’immigration.

Maintenant c’est vous qui manipulé en faisant croire que les premiers socialistes étaient des béni-oui-oui qui ne voyait pas de problème dans l’immigration, ils avaient au contraire une approche complexe de la situation.

Lafargue : « Nous, socialistes internationaux, nous sommes les ennemis de l’émigration, nous ne voulons pas que le prolétaire quitte son pays natal, nous voulons qu’il y trouve son bien-être »

Guesde : L’exploitation du travail par le capital y est expliquée et dans ce cadre est exposé le projet capitaliste visant à constituer « une surpopulation industrielle », la fameuse « armée de réserve » du prolétariat qui permet de maintenir l’ordre public et salarial. Le patron peut en effet « recourir à l’étranger et puiser dans le réservoir des meurt-de-faim de Belgique, d’Italie, d’Allemagne – et de Chine au besoin – les bras dont il a besoin pour avilir le prix de la main d’œuvre et affamer ses compatriotes3 ». Aussi, la question des travailleurs étrangers est-elle considérée comme importante, et estimée « grosse de révolution »

Jaurès : Paris « n’est plus qu’un énorme pêle-mêle d’hommes venus de partout, sans lien, sans tradition »

« Pour Jaurès les socialistes sont internationalistes et se refusent donc à « éveiller entre les travailleurs manuels des différents pays les animosités d’un chauvinisme jaloux ». Mais ils sont tout autant défenseurs des travailleurs nationaux et protestent donc « contre l’invasion des ouvriers étrangers qui viennent travailler au rabais ».

09/06/2018 20:15 par Georges SPORRI

La classe ouvrière et ses organisations de combat ne peuvent sombrer dans la xénophobie, le racisme ou l’hystérie sécuritaire que lorsqu’elles sont démoralisées ou vaincues / Pour se défendre contre le patronat et l’état l’unité de toutes les catégories est déjà nécessaire ; encore plus pour établir une société socialiste / Cela me parait évident et ceux qui préfèrent l’unité avec l’état du capital contre les immigrés se plantent lourdement / Alors je vous laisse adorer l’état policier qui ne fait pas que des omelettes et ne casse pas que des œufs / Je vous laisse aussi, cher monsieur, ignorer qu’il y a beaucoup d’immigrés en Suisse ( plus qu’en France en pourcentage de la population totale ), qu’il y a beaucoup de sans papiers et de clandestins, que le premier parti ( UDC ) est fascisant et presque ouvertement raciste, que la police reçoit environ 1 million de lettre de délation chaque année ...etc. J’espère que Dominique confirmera mes dires .

09/06/2018 20:50 par Danael

Jaurès s’exprime ainsi sur la question :
« Ce que nous ne voulons pas, c’est que le capitalisme international aille chercher la main-d’œuvre sur les marchés où elle est le plus avilie, humiliée, dépréciée, pour la jeter sans contrôle et sans réglementation sur le marché français, et pour amener partout dans le monde les salaires au niveau des pays où ils sont le plus bas. »
Il réclame une harmonisation sociale et salariale en quelque sorte. Il faudrait, selon lui, « établir d’une nation à l’autre des traités en vertu desquels un gouvernement fait bénéficier les citoyens d’autres pays qui s’établissent sur son sol des lois protectrices du travail si l’autre gouvernement observe une même conduite. (…) Une noble solidarité de justice sociale voit le jour ainsi entre les peuples. Et le mot d’étranger, le triste mot d’étranger, perd tout ce qu’il avait de sa brutalité et de sa tristesse. (…) »

Et comme il n’est pas naïf, il sait très bien que cela ne pourra pas vraiment se faire dans le cadre du système capitaliste en place :
« Nous savons très bien que la société capitaliste est la terre de l’iniquité et que nous ne sortirons de l’iniquité qu’en sortant du capitalisme. » Ce qui n’empêche en rien le devoir de la classe ouvrière plus aisée d incorporer dans ses luttes la question des travailleurs immigrés surexploités et malmenés sur son sol.

Et pour les réformistes qui pensent améliorer le capitalisme et le rendre "humain", il a ses mots :
« Nous devons réaliser par la République l’abolition du salariat, l’affranchissement des cœurs et des bras, la remise graduelle des moyens de production aux mains des travailleurs pour la constitution d’un patrimoine collectif. Si vous n’avez pas un but élevé, si vous ne poursuivez pas une haute pensée de justice sociale, d’égalité sociale, vos petites réformes iront grossir le poids de vos lois stériles. »

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