La Guerre d’Espagne - Révolution et contre-révolution (1934-1939)

« La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale et violente qui se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été, malgré l’hégémonie communiste croissante, véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles. Incapable de s’opposer ouvertement à la révolution, la bourgeoisie s’adapta au nouveau régime dans l’espoir que le cours des événements changerait. L’impuissance manifeste de leurs partis incita très vite les libéraux et les conservateurs à rechercher une organisation capable d’arrêter le courant révolutionnaire lancé par les syndicats anarchiste et socialiste. Quelques semaines seulement après le début de la révolution, une organisation incarnait à elle seule tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie : le parti communiste. »

Maîtrisant une immense bibliographie, ce livre offre non seulement une synthèse magistrale de la guerre d’Espagne, mais aussi la possibilité de dépasser un stade où la mémoire était trop étroitement mêlée à l’histoire pour permettre de déceler les enjeux de cette période cruciale du XXe siècle.

Notice biographique [dactylographiée par l’auteur]

Naissance et formation
Je suis né à Bangor, au nord du Pays de Galle. J’ai fréquenté l’école polytechnique de Regent Street, à Londres, puis, à seize ans, l’école supérieure de Neuchâtel, en Suisse, où j’étudie pendant un an avant d’intégrer l’entreprise paternelle [une bijouterie].

1929–1935
En 1929, je décide de partir à l’étranger pour élargir mes connaissances et me former au journalisme. Pendant les quatre années suivantes je parcours l’Espagne, la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ; j’étudie les langues étrangères, l’histoire et les sciences politiques avant de m’essayer au métier de pigiste. Je gagne ma vie comme professeur d’anglais ; comptable et réceptionniste dans un hôtel de Bastia, en Corse ; et secrétaire pour un grand propriétaire de Tunis, en Afrique du Nord, puis au consulat britannique du Liban et enfin pour le commandant de la base aérienne de la Royal Air Force d’Ismaïlia, en Égypte. En 1932, j’arrive en Allemagne au moment de la première grande crise politique de la grande dépression et y reste jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler l’année suivante. De retour à Londres, j’écris des articles sur la finance pour un courtier avant de rejoindre, en 1935, le bureau londonien de l’agence United Press.

1936–1937
Le 18 juillet 1936, pendant mes vacances d’été en Espagne, je me retrouve en quelques heures au milieu d’une guerre civile et d’une révolution. Je suis loin d’imaginer que je vais passer les quarante années suivantes à rassembler, trier, digérer et assimiler la plus grande collection de sources jamais recueillie par une personne seule. L’United Press m’envoie sur le front aragonais puis à Madrid, Valence et Barcelone, les principaux foyers d’activité politique, où je commence à collecter tous les documents accessibles.

1938–1949
En 1938, je quitte l’Espagne, me marie et m’embarque pour le Mexique. Je projetais d’écrire un bref récit des événements politiques de la guerre civile mais, quelques mois plus tard, après la fin du conflit, les réfugiés débarquent d’Espagne par milliers. Je décide d’élargir ma recherche et d’écrire une histoire générale, profitant des nouveaux documents et éléments qui s’offrent à moi. Aidé de mon épouse, grâce à quelques économies obtenues par un petit héritage et à la vente de documents à des bibliothèques aux États-Unis, j’entreprends un travail de recherche et d’enquête à une échelle plus adaptée au besoin.

Recherche
À partir de ce moment, je lis et relis plus de mille numéros de journaux et périodiques publiés pendant la guerre civile et les années d’exil, plus de trois mille livres et pamphlets ainsi que de nombreux documents publiés ou inédits. Cette masse de documents n’ayant été rassemblée ni dans une seule institution ni dans un seul pays, il faut se la procurer en Espagne, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Italie ou aux États-Unis, ainsi qu’au Mexique et dans d’autres républiques d’Amérique latine où des milliers d’Espagnols se sont réfugiés après la guerre civile. En quarante ans de recherche et d’enquête, je corresponds avec ou interviewe de nombreux réfugiés et ne cesse de passer au peigne fin les grandes bibliothèques et institutions à la recherche de nouveaux documents. J’obtiens 120 000 microfilms à partir de ces seules sources et passe des années à tenter de mettre de l’ordre et du sens dans ce tombereau de documents qu’il a souvent fallu consulter plusieurs fois.

1949–1987
En 1949, j’émigre aux États-Unis et suis naturalisé en 1955. Mon pécule est alors presque épuisé, ce qui m’oblige à revoir mon projet de livre à la baisse. En 1959, sans cesser de rechercher de nouveaux documents, je commence à travailler dans l’immobilier pour devenir indépendant financièrement et, à terme, travailler à plein temps sur mon projet. En 1961, The Grand Camouflage est publié. De 1962 à 1965, je suis invité par le professeur Ronald Hilton, directeur de l’institut d’études hispano-américaines et luso-brésiliennes, à faire cours et à diriger des travaux sur la guerre d’Espagne à la Bolivar House de Stanford University. En 1970, je commence à travailler sur une version révisée, La Révolution espagnole, qui parait en France (1977), aux États-Unis (1979) et en Espagne (1980). En 1978, grâce aux nouveaux matériaux que je n’ai cessé d’amasser, je commence à travailler sur cette version complétée, fruit de cinquante ans de recherches et d’analyses.

[Juste avant sa mort en 1987, Bolloten parvient à achever son grand œuvre, The Spanish Civil War : Revolution and Counterrevolution, qui fut publié à titre posthume en Espagne par Alianza Editorial (1989) et aux États-Unis par University of North Carolina Press (1991). Et que nous faisons paraître en français à l’automne 2014.

Prix de lancement jusqu’au 31 décembre 2014 : 35 € au lieu de 45 €

Titre original The Spanish Civil War. Revolution and Counterrevolution (1991)

Traduit de l’anglais par Étienne Dobenesque

Parution : 21/11/2014

ISBN : 9782748902143

Format papier
1280 pages (16 x 24 cm) 35.00 €

COMMENTAIRES  

21/09/2016 20:16 par JMS "Alias Georges Marchais"

Exellent !
Tout est dit...

22/09/2016 03:31 par Jean Cendent

L’impuissance manifeste de leurs partis incita très vite les libéraux et les conservateurs à rechercher une organisation capable d’arrêter le courant révolutionnaire lancé par les syndicats anarchiste et socialiste. Quelques semaines seulement après le début de la révolution, une organisation incarnait à elle seule tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie : le parti communiste. »

Oui, effectivement ici tout est dit .

22/09/2016 19:20 par JMS "Alias Georges Marchais"

Exactement.
Tout est dit !...

29/09/2017 21:21 par UVB76

Espagne : Révolution sociale et contre-révolution stalinienne - Un militant

" Depuis des décennies que se succédaient dans ce pays les grèves de solidarité et que se
multipliaient les « aténéos » (centres culturels libertaires), il s’y était développé une culture d’auto-organisation.
Les luttes dans les quartiers et dans les entreprises, menées par la base, avaient forgé une mentalité qui refusait la
soumission. Les ouvriers et les paysans ne suivaient pas les politiciens. Contrairement à de nombreux pays dans
ces années, le Parti communiste et le parti fasciste (en Espagne, les phalangistes) étaient groupusculaires. Cette
situation inédite qui a permis la première défaite historique du fascisme fut l’œuvre de l’anarchisme militant. La
spécificité des militants anarchistes espagnols était d’être majoritairement issus des classes exploitées. D’origine
paysanne ou ouvrière ils restaient dans leur milieu pour y mener la lutte de classe. A l’inverse de ce qui s’est
produit en France, ils ne rejoignaient pas les appareils syndicaux réformistes. Ensemble, avec leurs collègues
et avec leurs voisins, ils ont construit une fédération de groupes et de syndicats qui avaient tous pour projet
le communisme libertaire et dont le fonctionnement et les tactiques essayaient d’être en cohérence avec leurs
finalités. "

Source : https://fr.theanarchistlibrary.org/library/un-militant-espagne-revolution-sociale-et-contre-revolution-stalinienne.pdf

30/01/2018 21:47 par vila

putain ca fait froid dans le dos. les bras m’en tombe.
c’est super grave comme accusation.
c’est pas possible.
si c’est vrai honte au parti communiste espagnol et quoiqu’il arive honte a l’urss stalinienne....
j’aurais aimé que jean (ortiz) dise ce qu’il en pense.
C’est afligeant

15/08/2019 08:15 par rey

Ouf ! Il était temps ! Enfin un texte qui dénonce l’ horreur communiste "stalinienne". Quel courage, quelle audace, quelle originalité ! En Espagne, les anarchistes venaient des milieux populaires ? Puisqu’ on vous le dit (reconnaissons qu’ on peut venir du peuple et raisonner comme une pantoufle) ! Moi je leur trouve une étrange ressemblance avec nos bobos contemporains, mais je peux me tromper. Il est vrai que si on réussit à vendre la calembredaine selon laquelle le P.C. était le parti de la bourgeoisie .... (si,si ! çà peut se vendre : il suffit que les gens l’ achètent). A la lecture des textes de l’ historienne Annie Lacroix-Riz, j’ avais cru discerner une certaine distance entre la grande bourgeoisie et les communistes de cette époque : c’ était sûrement une comédie de ces grands machiavéliques !

15/05/2020 20:52 par Kabouli

hé oui, cela commence à se savoir, le parti communiste espagnol fut un parti contre-révolutionnaire comme son modèle français jacobin de 1793 et celui de la Russie dite soviétique.
Pourquoi faire une révolution puisque la bourgeoisie est depuis longtemps au pouvoir et n’a pas besoin de révolution puisqu’elle règne avec son argent depuis le 16 ème siècle et que les rois lui obéissaient.
Par contre devant l’insatisfaction populaire le parti communiste et la bourgeoisie ont toujours été furieusement contre-révolutionnaires, même si beaucoup de ses membres restaient sincèrement révoltés d’où d’ailleurs son parcours semé d’une multitude purges et de massacres populaires.
Les révolutions bolchéviks n’ont été que des coups d’état parce que l’état héritier de l’Eglise était une institution esclavagiste issue de l’empire romain dont la transcendance s’opposait à la transcendance du commerce. Le fonctionnaire occidental est le fils du prêtre et ce fut une longue lutte que de séparer l’Eglise de l’État afin que celui-ci ne s’oppose plus au commerce.
La mission réelle du parti communiste consista à laïciser le message religieux en développant la passivité millénaire que la religion avait propagé " rendre à César ce qui est à César" tout en luttant vigoureusement contre la révolte que cette institution avait conservé au cœur de l’homme sous la forme du refus du monde terrestre. C’est Marx lui-même qui avait remarqué, sans savoir qu’en faire, cette dichotomie de l’aliénation religieuse fidèle reproduction de l’aliénation de la vie de l’homme du commun sous la domination des capitalistes.
Les anarchistes ont été longtemps modernes parce qu’ils ont compris les premiers que l’état comme la religion ne devait pas être simplement supprimés sans que soit réalisé le millénarisme que la religion avait conservé dans le coeur des peuples. La suppression bornée de la religion et le rêve des étatistes dont le communisme est le point d’orgue donne un monde qui grouille de porcs. Merci donc à l’audacieux BOLLOTEN d’avoir poursuivie patiemment et dans l’anonymat le travail de critique de la contre-révolution communiste. C’est le rôle d’une théorie révolutionnaire que de donner aux idées une forme à nouveau criticable.

16/04/2021 17:48 par VL

Pour ceux qui n’ont pas encore réalisé la supercherie du Léninisme et du Stalinisme en tant que "Communisme", il faut aussi lire la Révolution inconnue de Voline (anarchiste) ou encore La lutte des classes en Chine de Bruno Astarian (courant de la communisation, autre excellent livre : l’Abolition de la valeur) ou encore les livres de Tom Thomas (marxiste - très grand spécialiste de Marx) tel que Libéralisme ou Etatisme c’est toujours le capitalisme ou encore les révolutions du 20ème siècle et le détour irlandais. Bien qu’il soit plus gentil avec Lénine il condamne fermement l’imposture communiste qu’est le Stalinisme et le "socialisme" actuel de la Chine.

Le communisme ce n’est pas l’Etatisme ! Le peuple ce n’est pas l’Etat... croire en l’Etat c’est comme croire en l’église, aucune église, aucun état n’émancipera jamais les peuples. On peut aussi lire Homo Domesticus de James Scott sur les origines de l’Etat.

10/07/2022 13:40 par robess73

Alors ainsi que ken loach avec son film .ce pseudo historien nous dit que ce sont les communistes bien sûr responsables de la défaite de la jeune republibluque espagnole .hélas les faits historiques sont tenus 1 le bourgeoisie espagnole n a pas appelle le pc espagnol au secours mais l Allemagne nazi.ce sont bien les avions allemands qui font basculer la victoire du côté du putchiste franco .2 l URSS est le seul pays qui a aidé dans la mesure de ses moyens ( l URSS est en plein réarmement dans l urgence de l guerre inévitable avec l Allemagne)militairement l espagne 3 nos deux grandes démocraties ( France et grande Bretagne) contrairement à la propagande officielle ne sont pas restées neutres mais ont volé l or espagnol qui aurait permis l achat d armes .4 enfin on sait depuis l ouverture des archives de l URSS que le principal leader espagnol anarchiste était en fait un agent de l ancien gouvernement royaliste espagnol .je suis extrêmement étonné que bon nombres de nos lecteurs gobent ses conneries .comme dit Bourget .prenez et lisez un livre d Annie Lacroix riz .c est irréfutable.

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