La peine maximale possible de Bradley Manning pour avoir transmis des secrets d’Etat à WikiLeaks a été réduite de 136 ans à 90 ans ce mardi, marquant une rare victoire pour la défense dans un procès qui jusqu’ici penchait presque exclusivement en faveur du gouvernement américain.
La juge, qui préside la cour martiale, la colonelle Denise Lind, a accordé la plupart des éléments d’une requête de la défense qui a demandé que certains des 20 chefs d’accusation, pour lesquels Manning a été reconnu coupable, soient fusionnés parce qu’ils se répètent. Dans la requête, les avocats de la défense ont plaidé que le gouvernement avait pris des actes de criminalité isolés et les a divisés en plusieurs infractions distinctes – multipliant ainsi les éventuelles condamnations.
« En divisant cette loi en deux chefs d’accusation distincts », dit la motion, se référant aux transmissions des câbles diplomatiques US du soldat à WikiLeaks, « le gouvernement prend ce qui devrait être une infraction punie de 10 ans d’emprisonnement et en fait une infraction punissable de 20 ans de prison et augmente injustement les sanctions contre Manning ».
Lind a accepté toutes les demandes de la défense de fusionner les chefs d’accusation, à l’exception des spécifications quatre et six de l’accusation II relatives au vol des journaux de guerre d’Irak et d’Afghanistan. Les journalistes présents au tribunal ont déclaré qu’il leur était impossible de rendre compte des détails des décisions de la juge parce qu’elle a lu son jugement trop vite.
Lors des audiences précédentes, le Guardian a compté qu’elle lit à une vitesse de 180 mots par minute. En une seule séance, même les sténographes employées par la Fondation pour la liberté de la presse comme un moyen d’introduire la transparence dans le procès ont eu des difficultés à suivre Lind lorsqu’elle lisait.
« La rapidité de lecture de la juge Lind quand elle a rendu sa décision de fusionner les peines était ridicule. Aucun respect pour le public et la presse » a tweeté la journaliste indépendante Alexa O’Brien. Nathan Fuller du réseau de soutien à Bradley Manning (Bradley Manning Support Network) a renchéri : « La juge a lu la décision de la fusion trop rapidement pour pouvoir la transcrire ».
La fusion des infractions est la première lueur d’espoir pour le soldat depuis qu’il a été reconnu coupable de 20 des 22 chefs d’accusation auxquels il a fait face suite à la fuite de plus de 700 000 documents au site web anti-secret. Il a été déclaré non coupable de l’accusation la plus grave, « collusion avec l’ennemi », et d’autres chefs d’accusation relatifs à la transmission d’une vidéo cryptée d’une attaque aérienne américaine à Garani, en Afghanistan.
Lind préside le procès seule, en l’absence d’un jury, à la demande de Manning. La phase de détermination de la peine, une forme de mini-procès, est prévue pour durer au moins deux semaines de plus, la défense ayant prévu d’appeler plus de vingt témoins une fois que l’accusation en aura fini avec son témoignage.
Ed Pilkington
Traduction : Romane.