Le Conseil de sécurité de l’ONU accorde aux États-Unis un « mandat » sur la Palestine (Consortium News)

Le vote au Conseil de sécurité de l'ONU lundi, avec l'envoyé américain Mike Walz au centre. (Photo ONU/Loey Filipe)  

Le conseil a approuvé le conseil d’administration néo-colonial de Donald Trump sur un territoire qui, selon lui, devrait être dépeuplé pour faire place à son projet de complexe touristique fantasmé, construit sur les ossements des victimes du génocide israélien.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté lundi une résolution qui cautionne le plan de Donald Trump pour Gaza, un territoire qu’il a publiquement déclaré devoir être nettoyé ethniquement pour y développer une station balnéaire méditerranéenne.

Le conseil a voté pour par 13 nations, avec deux abstentions de la Chine et de la Russie, qui auraient pu opposer leur veto aux plans de Trump.

Cette résolution rétablit essentiellement le système des mandats coloniaux de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale, et le système de tutelle des Nations Unies après la Seconde Guerre mondiale, deux dispositifs dans lesquels les puissances coloniales restaient responsables d’un territoire colonisé tout en étant censées l’amener progressivement vers l’indépendance.

La résolution adoptée lundi indique que « les conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un État palestinien ».

La résolution « salue » la création d’un Conseil de la paix (CdP) « en tant qu’administration de transition » à Gaza, chargé de coordonner la reconstruction. Elle autorise le CdP à mettre en place une Force internationale de stabilisation (FIS) temporaire à Gaza, « qui serait déployée sous un commandement unifié acceptable par le CdP ». Bien que la résolution ne précise pas qui dirigera le CdP, Trump a clairement indiqué qu’il en prendrait la tête lui-même.

Les nations contribueront à cette force en y déposant des troupes « en étroite consultation et coopération » avec l’Égypte et Israël. Mais c’est Donald Trump qui, en fin de compte, prendra les décisions concernant cette force militaire internationale.

Parmi les missions des forces dirigées par Trump figure la démilitarisation de Gaza par le désarmement et la destruction des infrastructures militaires. Dans un communiqué en réaction à la résolution, le Hamas a déclaré : « Cette résolution impose un mécanisme de tutelle internationale à la bande de Gaza, ce que notre peuple et ses factions rejettent. » Le Hamas affirme avoir le droit, en vertu du droit international, de résister à l’occupation israélienne par la force si nécessaire.

Si la force de stabilisation tente réellement de désarmer le Hamas, nous pourrions assister à un conflit armé entre les deux camps. La force mandatée par l’ONU reprendrait alors, de fait, le travail inachevé des Forces de défense israéliennes (FDI) pour vaincre le Hamas.

Conformément au désarmement du Hamas, l’armée israélienne doit se retirer de Gaza, selon la résolution. Une annexe précise que les Palestiniens ne peuvent être expulsés de force de Gaza et qu’Israël ne peut ni annexer ni continuer à occuper Gaza, d’après les déclarations de l’ambassadeur d’Algérie devant le Conseil de sécurité.

Un comité d’experts arabes participera, avec le conseil d’administration de Trump, à la gestion de Gaza jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne en prenne pleinement le contrôle. Israël a participé à la réunion en tant qu’invité, mais sans droit de vote.

Pourquoi la Russie s’est abstenue

Le projet de résolution américain initial ne mentionnait pas la possibilité d’une future souveraineté palestinienne, mais cette mention a été ajoutée suite à l’opposition des États arabes et d’autres pays. Cet ajout a permis aux Arabes, et surtout à l’Autorité palestinienne, de soutenir la résolution. En conséquence, la Russie, qui s’était opposée au projet initial, a renoncé à son veto et la Chine s’est abstenue.

Dans son explication de son vote au Conseil, l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia a déploré que la force de stabilisation ne se coordonne pas avec l’Autorité palestinienne.

« Cela risque de consolider la séparation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, et rappelle les pratiques coloniales et le mandat britannique pour la Palestine accordé par la Société des Nations, alors même que l’avis des Palestiniens n’était absolument pas pris en compte », a-t-il déclaré.

Nebenzia a également tiré la sonnette d’alarme quant à l’implication potentielle des forces dans le conflit. « La résolution… confère aux FIS un mandat de maintien de la paix si étendu que la mission pourrait de fait devenir partie intégrante du conflit, dépassant ainsi le cadre du maintien de la paix », a-t-il déclaré. L’envoyé russe a accusé les États-Unis de « manœuvres d’influence dans les capitales ou de pressions exercées sur les délégations ici à New York », ce qui, selon lui, « ne saurait être qualifié de démarche de bonne foi ».

Nebenzia a déclaré :

« En substance, le Conseil apporte son soutien à l’initiative américaine en se fiant exclusivement à l’honneur de Washington, laissant ainsi la bande de Gaza à la merci du Conseil de la paix et des FSI, dont les méthodes de travail nous sont encore inconnues. »

L’essentiel est de veiller à ce que ce document ne serve pas de prétexte à des expérimentations débridées menées par les États-Unis et Israël dans les territoires palestiniens occupés, ni ne sonne le glas de la solution à deux États. … Il n’y a pas lieu de se réjouir : c’est un jour sombre pour le Conseil de sécurité. Outre les souhaits des parties concernées, il y a aussi la notion d’intégrité du Conseil de sécurité. Or, aujourd’hui, avec l’adoption de cette résolution, cette intégrité et les prérogatives du Conseil ont été mises à mal.

Malheureusement, nous avons déjà fait l’expérience malheureuse de décisions concernant le conflit israélo-palestinien, prises sous l’impulsion des États-Unis, qui ont abouti à l’effet inverse de celui escompté. Vous voilà prévenus.

L’Autorité Palestinienne et les Arabes sont d’accord

L’Autorité palestinienne collabore depuis longtemps avec Israël dans son occupation de la Cisjordanie. Son opposition de longue date à la résistance du Hamas la rend favorable à une prise de contrôle de Gaza par les États-Unis, administrée conjointement avec Israël, à condition qu’elle obtienne un rôle à la table des négociations.

Cependant, rien n’est moins sûr, car les extrémistes au sein du gouvernement israélien ont piqué une crise en constatant qu’une simple mention – une phrase anodine – d’une possible reconnaissance de la Palestine avait été ajoutée à la résolution. Dimanche, Netanyahu lui-même a réaffirmé son opposition à un État palestinien et a juré que cela ne se concrétiserait jamais.

La manière dont son gouvernement gérera l’administration américaine de Gaza sera d’un intérêt capital. Alors que Netanyahu insiste haut et fort sur le fait que le Hamas désarmera « par tous les moyens », il sera pertinent d’observer si l’armée israélienne, qui occupe la moitié de Gaza, et la force internationale, avec l’aval de l’Autorité palestinienne, uniront leurs forces pour combattre le Hamas et écraser les derniers bastions de la résistance armée à la domination israélienne en Palestine.

Joe Lauria

Traduction LGS

 https://consortiumnews.com/2025/11/17/un-security-council-gives-us-mandate-over-palestine/

COMMENTAIRES  

18/11/2025 13:20 par Léontin

En première lecture, j’ai l’impression que l’ONU se suicide comme avant elle la SDN.
J’ai la berlue, ou c’est un cauchemar ?

18/11/2025 13:29 par robess73

c est surtout un cauchemar pour les palestiniens ...

18/11/2025 14:32 par diogène

Dimanche matin, des mitrailleuses lourdes de l’armée israélienne ont tiré sur les soldats de la FINUL au Liban. C’est la troisième fois en trois mois que l’armée israélienne attaque les forces de la FINUL. Ce sigle signifie "Force intérimaire des Nations unies au Liban". Tant qu’ils ne sont pas morts, l’ONU ne réagira sans doute pas.

18/11/2025 17:51 par Palamède Singouin

L’ONU n’a jamais été capable de remplir la tâche pour laquelle elle a été créée : prévenir ou arrêter des conflits armés.

C’est L’OTAN qui a mis au grand jour l’échec total de l’ONU en agressant la Serbie en dehors de tout mandat international avant de signer son arrêt de mort avec la destruction de la Lybie en interprétant une résolution du conseil de sécurité comme un feu vert à l’élimination de Khadaffi.

Au passage, on peut comprendre la "méfiance" de la Russie vis à vis des extensions vers l’est de l’OTAN et ses conséquences.

L’ONU c’est comme l’assemblée nationale en France : on blablate à n’en plus finir pendant que les décisions sont prises ailleurs. En l’occurrence à Washington.

Dans cet épisode, Russie et Chine ne veulent pas apparaître comme ceux qui ont fait capoter un mince espoir de mettre fin au martyr des Palestiniens, mais il est clair qu’ils misent sur un échec du plan américain pour se présenter plus tard comme ceux "qui vous l’avez bien dit".

19/11/2025 14:22 par Dominique

Il faut lire le texte : https://press.un.org/fr/2025/cs16225.doc.htm

C’est un remake de Georges Lucas :

"...Une fois que la Force aura pris le contrôle de la situation et l’aura stabilisée, …"

Le plus important est pour moi ce dont ce texte ne parle pas : Appliquer le droit international et rendre une justice qui soit la même pour tous et pour tous les peuples. Bref l’ONU reste fidèle à elle-même car depuis le plan de partage de 1947, donc la solution à deux états prise contre l’avis des premiers concernés, les Palestiniens, et contre l’avis des pays arabes, son grand oeuvre aura été de favoriser la colonisation de la Palestine par l’état juif.

Aussi l’annexe met en scène Trump dans le role du bon Jedi pour les uns, de Dark Vador pour les autres. Je pense que l’abstention de la Russie et de la Chine est stratégique : derrière le blabla, ils préfèrent ne pas s’en mêler et laisser l’Empire, ses valeurs (Amalek !) et ses laquais, après le bourbier en Ukraine, s’empêtrer dans le bourbier Proche et Moyen oriental au cas où le plan de Trump échouerait. Ce qui semble assez certain. Pendant ce temps, les Palestiniens n’ont pas remarqué qu’il y avait un cessez-le-feu et ils continuent de s’en prendre plein la gueule autant à Gaza qu’en Cisjordanie occupées. Bref avec un peu de chance, les carottes sont bientôt cuites et nous réussirons peut-être même à éviter une troisième guerre mondiale nucléaire.

19/11/2025 23:13 par Gabriel Proulx

Le récent texte de défense de la politique étrangère Chinoise par rapport à la Palestine a vieilli comme un verre de lait au soleil. Comme je l’ai dit, ce n’est pas au "Conseil de sécurité" de l’ONU que l’on règle des problèmes.

Les régimes collabos arabes (en plus de la Turquie opportuniste, du régime militaire du Pakistan et de l’Indonésie ultra-capitaliste) se sont bousculés pour jeter le peuple Palestinien sous le bulldozer sioniste, afin de mendier quelques faveurs à Washington. Seules l’Iran et une majorité du Yémen* ont accompli leur devoir de prévention d’un génocide dans le droit international. La Russie et la Chine prouvent au moins qu’ils ne sont pas impérialistes, n’ayant apparemment pas la moindre influence pour faire une quelconque pression afin de mettre fin au massacre du peuple Palestinien. Utiliser leur droit de veto est trop leur demander, même après la leçon Libyenne... De toute façon, comme ils disent, pourquoi devraient-ils faire des sacrifices, quand les voisins arabes des Palestiniens, à l’exception des mouvements de résistance non-étatiques au Liban, au Yémen et en Irak, ne semblent aucunement intéressés à lever le petit doigt pour les Palestiniens, dont les enfants sont tombés par dizaines de milliers ?

*Rappel que le Yémen est toujours assiégé et divisé, privé de son poumon économique du sud et de la ville portuaire d’Aden, occupée par des mercenaires coloniaux armés et financés par les régimes collabos arabes.

Les régimes collabos arabes seraient même prêts à déployer leurs propres forces armées à Gaza, sous les ordres directs de Donald Trump lui-même, pour aider le Reich sioniste à liquider la résistance Palestinienne. Il faut le répéter pour y croire : Les régimes arabes vont se joindre à l’apartheid sioniste pour l’aider à écraser la Palestine, après avoir fait pression sur la Russie et la Chine pour qu’ils abandonnent les Palestiniens à leur terrible sort. Tout ce qu’il leur fallait, par soucis de calmer la mythique "rue arabe", c’était une phrase vide dans un plan d’occupation coloniale de la Palestine, qui déclare que l’autodétermination Palestinienne sera possible un jour, dans un futur non détaillé.

En Palestine, l’armée nazi-sioniste massacre un peuple tout entier, avec l’aide des cowboys barbares de Washington et de leurs vassaux fascistes de l’OTAN et des régimes arabes collabos. L’autoproclamé Conseil de sécurité de l’ONU (la sécurité pour les oligarques et les monarques, mais l’enfer sur Terre pour les autres) a donné sa bénédiction à ce massacre génocidaire, en contravention flagrante de la charte de l’ONU.

L’ONU est morte. Sans une résistance vigoureuse et impitoyable des peuples, la planète le sera aussi bientôt.

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