Quelle est la stratégie des pétroliers liée au rapport « halte à la croissance » ?
Le Rapport Meadows, avait été commandé à Donella et Dennis Meadows, chercheurs au MIT, par le Club de Rome, en 1970 et a été publié, en 1972, en anglais, sous le titre The Limits To Growth (Les limites à la croissance). Puis, il fut édité, en français, par Fayard en 1973, sous l’intitulé « Halte à la croissance ? Rapport sur les limites de la croissance ». Ce livre pointait les dangers d’une croissance démographique et économique, face à la limitation des ressources non renouvelables.
La création, à Rome, du Club de Rome, le 8 avril 1968, fut piloté par l’Italien Aurelio Peccei, membre du conseil d’administration de l’entreprise transnationale Fiat et par Alexander King, un ancien directeur scientifique de l’OCDE, dont les orientations politiques sont ouvertement libérales. Cet appel a été émis par les élites mondiales les plus puissantes, des industriels (Fiat) et des pétroliers (Atlantic Oil de Richfield d’Anderson, Exxon et Mobil Oil des Rockefellers, Petro-Canada de Maurice Strong), des think-tanks néolibéraux (tel l’Institut Aspen), l’Institut international pour l’Environnement et le Développement de l’ONU et Mac Namara qui était membre de ce dernier mais aussi directeur de la Banque Mondiale de 1968 à 1981.
Le rapport « sur les limites à la croissance », par le Club de Rome, a été commandé et financé, par certains des industriels les plus puissants mondialement et s’ils ont autorisé sa publication, ce ne pouvait difficilement être contre leurs intérêts. Deux hypothèses peuvent expliquer le fait que le club de Rome ait commandité ce rapport :
Soit, ces industriels craignaient pour les possibilités de la croissance industrielle de leurs entreprises, du fait de la limite de la planète et ils cherchaient donc à en savoir plus. Une fois, le rapport publié, celui-ci leur aurait échappé et ils n’auraient pas réussi à s’opposer à sa publication. Ce qui paraît étrange, lorsqu’on est le commanditaire et que l’on songe au nombre de rapports classés au secret dans un tiroir, lorsqu’ils dérangent les intérêts des commanditaires.
Soit, ces industriels avaient conscience que leur croissance industrielle et donc leur pouvoir économique seraient progressivement limités, face à la raréfaction des ressources non renouvelables, telles que le pétrole ou les métaux. Mais, quel était alors leur intérêt de proposer un rapport qui allait rapidement entraîner une montée des mouvements écologistes, contre leur développement l’industriel notamment ? La publication de cette étude relèverait, dans ce cas, d’une stratégie de retournement, visant essentiellement à instiller l’idée, dans l’opinion publique et auprès des gouvernements, que l’humanité devait commencer à décroître pour pouvoir vivre correctement plus longtemps et éviter certaines catastrophes écologiques, économiques, démographiques... Mais, étant donné qu’ils n’avaient aucun intérêt, à limiter la croissance économique de leurs entreprises, leur stratégie visait donc plutôt à limiter la croissance des masses,donc des plus pauvres et des classes moyennes, afin qu’eux puissent continuer à croître. C’est-à -dire, à pouvoir utiliser et produire, en destination d’une minorité de privilégiés, des véhicules consommant du pétrole, comme des avions, des automobiles, à développer des moyens technologiques, de plus en plus cher et sophistiqués, réservés à une minorité, comme la technologie de pointe au plan militaire, informatique, médicale….L’augmentation des prix permettant aux seules élites économiques de consommer. C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement, puisque si vous disposez d’un patrimoine de 375065 euros, vous figurez parmi les 1% les plus riches de la planète [1]. A la pointe extrême du sommet des 1% les plus riches se situent les élites économiques dont certains sont membres du Club de Rome. En bas de la pyramide, le BIT estimait que les 23% de la population des pays à bas salaire était obligée de survivre avec 1 dollar par jour [2].
Dans cette seconde hypothèse, cet appel « halte à la croissance » était surtout destinée à limiter la consommation des masses, afin que les plus riches puissent continuer à produire et consommer plus longtemps. Il s’agit de l’idéologie de la décroissance néolibérale, voire d’extrême droite. Cette idéologie pourrait même être renforcée, par la création de quotas de consommation par individu, concernant les ressources devenues rares (pétrole, énergie, métaux, uranium, transports...). La politique des quotas, comme celle des « tickets de rationnement », peut offrir plus d’égalité pour les plus pauvres, que les systèmes de taxes (écologiques), ne pénalisant pas trop les plus riches qui peuvent continuer à consommer, en payant sans trop de difficultés. Cependant, les politiques de quotas peuvent, elles aussi, être détournées, lorsque les plus riches continuent à consommer, en rachetant, sur des marchés noirs ou des marchés officiels, les quotas attribués par individu ou les droits à polluer, à consommer...
La stratégie « halte à la croissance » visait aussi à concurrencer l’industrie nucléaire par l’industrie pétrolière. William Engdahl approfondit cette question où il présente l’essor du programme écologiste anglo-américain, dans cet extrait de son livre « Pétrole une guerre d’un siècle, l’ordre mondial anglo-américain ». « Ce ne fut pas un hasard si, à la suite de la récession consécutive au choc pétrolier de 1974-1975, une part grandissante de la population d’Europe de l’Ouest, spécialement en Allemagne, commença à parler, pour la première fois depuis la guerre, des « limites de la croissance », des menaces sur l’environnement, et entreprit de mettre en question la croissance industrielle et le progrès technologique. Très peu furent ceux qui réalisèrent, à quel point, leurs nouvelles ’ convictions’ avaient été soigneusement manipulées, au plus haut niveau, par un réseau organisé par les milieux financiers et industriels anglo-américains, à l’origine de la stratégie pétrolière de Saltsjöbaden. Au début de 1970, une impressionnante offensive fut déclenchée par un certain nombre de ’ think thanks ’ et de journaux, pour populariser un programme visant à ’limiter la croissance’, afin d’assurer le ’succès’ de la spectaculaire stratégie du choc pétrolier. Robert O. Anderson, un industriel américain du pétrole, présent à la réunion de Saltsjöbaden de mai 1973, fut une figure centrale de la mise en oeuvre du programme écologiste anglo-américain qui fut l’une des escroqueries les plus réussies de l’histoire. Par l’intermédiaire de la Fondation Atlantic Richfield, Anderson et sa compagnie Atlantic Richfield Oil financèrent, à hauteur de plusieurs millions de dollars, des organisations pour contester l’énergie nucléaire. L’un des premiers bénéficiaires des largesses d’Anderson fut « les Amis de la Terre », un groupe qui fut doté à l’époque de 200 000 dollars. L’une de ses premières actions fut d’attaquer l’industrie nucléaire allemande, par des actions telles que les manifestations anti-Brockdorf en 1976, dirigées par Holger Strohm, le leader des Amis de la Terre. Brice Lalonde, directeur des Amis de la Terre en France et futur ministre de l’Environnement de François Mitterrand, en 1989, était, à l’époque, le partenaire parisien de Coudert Frères, cabinet juridique allié à la famille Rockefeller. Ce sont les Amis de la Terre, qui furent utilisés, pour bloquer un important accord d’approvisionnement nippo-australien, en uranium. En novembre 1974, le Premier ministre japonais Tanaka rencontra le Premier ministre australien Gough Whitlam à Canberra où ils conclurent un accord d’un montant de plusieurs milliards de dollars, aux termes desquels l’Australie devait approvisionner le Japon en minerais d’uranium et participer à un projet commun pour développer la technologie d’enrichissement de l’uranium. Les Amis de la Terre, en Australie, mobilisèrent l’opposition contre l’accord japonais en cours d’agrément, ce qui quelques mois plus tard provoqua la chute du gouvernement Whitlam. Les Amis de la Terre avaient des ’ amis ’ très hauts placés à Londres et à Washington. Mais, c’est surtout grâce à l’Institut Aspen, que Robert O. Anderson présidait, qui diffusa la nouvelle idéologie des « limites de la croissance » dans les milieux dirigeants européens et américains. Dans les années soixante-dix, cet institut fut l’une des principales sources de l’establishment pour financer les campagnes antinucléaires. Thornton Bradshaw, président d’Atlantic Richfield, en était le vice-président. Parmi les administrateurs de l’Institut Aspen, les plus connus figuraient Robert Mac Namara, président de la Banque mondiale, qui pilota également la guerre du Vietnam ; d’autres administrateurs soigneusement sélectionnés, parmi lesquels on compte (...) le banquier de Wall Street Russel Peterson, de la Lehman Brothers Kuhn Loeb Inc. ; mais aussi jack G. Clarke, membre du conseil d’administration d’Exxon ; Jerry Mac Afee de la Gulf Oil et George C. Mac Ghee, directeur de Mobil Oil, ancien officiel du département d’État présent en 1954 lors de la rencontre fondatrice du groupe de Bilderberg. Parmi les initiateurs de l’Institut Aspen, on trouve également la comtesse Marion Doenhoff, éditrice hambourgeoise de Die Zeit et John J. Mac Cloy, ex-président de la Chase Manhattan Bank, qui fut Haut commissaire de l’Allemagne d’après-guerre. Robert O. Anderson recruta Joseph Slater, issu de la Fondation Ford de McGeorge Bundy, pour présider l’Institut Aspen. Au début des années soixante-dix, ils constituaient une véritable famille unie, au sein de l’establishment anglo-américain. Le premier projet, lancé par Slater à Aspen, fut la préparation d’une offensive internationale contre la croissance industrielle et spécialement, contre l’énergie nucléaire, sous les auspices (et avec les fonds) des Nations unies. Slater s’assura le soutien de l’ambassadeur de Suède à l’ONU, Sverker Aastrom, qui, face aux objections des PVD, proposa d’organiser une conférence internationale sur l’environnement, dans le cadre de l’ONU. Cette conférence sur l’environnement, de juin 1972, à Stockholm, fut dès le départ, dirigée par des membres de l’Institut Aspen. Ce fut Maurice Strong, pétrolier canadien de Petro-Canada et membre du Conseil d’administration d’Aspen qui la présida. Aspen fournit également les fonds, pour la création de l’Institut international pour l’Environnement et le Développement, un réseau international dédié à la ’croissance zéro’ sous les auspices de l’ONU, dont le Conseil d’administration comprenait Robert O. Anderson, Robert Mac Namara, Strong et Roy Jenkins, du parti travailliste anglais. La nouvelle organisation publia immédiatement un ouvrage intitulé : « seulement une Terre » rédigé par René Dubos, associé à l’université Rockefeller et à Barbara Ward (lady Jackson), une malthusienne britannique. Les chambres de commerce international furent dès lors incitées à financer Maurice Strong et d’autres personnalités d’Aspen pour animer des séminaires, destinés à gagner des hommes d’affaires de stature internationale, à la nouvelle idéologie environnementaliste. La conférence de Stockholm de 1972 créa une infrastructure organisationnelle et publicitaire d’une importance telle, qu’en 1973-1974, au moment du choc pétrolier de Kissinger, une propagande antinucléaire massive put être lancée avec des millions de dollars, mis à disposition par les réseaux pétroliers de l’Atlantic Richfield Company, du Rockefeller Brothers Fund et d’autres milieux de l’establishment anglo-américain. Parmi les groupes financés par ces personnalités figuraient, à l’époque, des organisations telle l’ultra-élitiste World Wildlife Fund, alors présidé par le Prince Bernhard des Pays-Bas, membre du Bilderberg, puis par John Loudon, de la Royal Dutch Shell) (…). Afin de donner toutes ses chances à la croissance zéro, Robert O. Anderson finança également un projet lancé par la famille Rockefeller dans leur propriété de Bellagio en Italie, avec l’aide d’Aurelio Peccei et d’Alexander King. En 1972, le Club de Rome, auquel des associations américaines s’étaient affiliées, fit une large publicité aux « Limites de la croissance » (...). L’Allemagne fut l’une des cibles privilégiées de cette nouvelle offensive antinucléaire anglo-américaine. Bien que le programme nucléaire français ait été autant, voire plus ambitieux, la présence anglo-américaine, dans l’Allemagne d’après-guerre, la fit considérer comme une zone où la situation des services secrets permettait les meilleures chances de succès » [3] . Cette instrumentalisation de certaines ONG écologistes continue actuellement, ainsi, Greenpeace, Les Amis de la Terre et le WWF, figurent encore sur la liste des associations subventionnées par le Rockefeller Brothers Fund et La Rockefeller Foundation, de même que la Turner Foundation et la Fondation Ford.
Le rapport « halte à la croissance » fut l’instrument d’une lutte des classes. Le lancement, par le Club de Rome en 1972, du mouvement pour la « croissance zéro » relève donc d’abord d’une ’’guerre’’ des classes industrielles dominantes, contre les masses et représente en même temps, une lutte interne, au sein des acteurs dominants de l’énergie (pétroliers contre nucléocrates). Cette stratégie visait donc deux objectifs simultanés (lutte interne et lutte contre les masses) et deux moyens d’actions, le lancement de la croissance zéro et l’instrumentalisation de certaines ONG antinucléaires et écologistes, pour servir les intérêts des pétroliers.
Pour des objecteurs de croissance défendant des valeurs sociales (écosocialistes), tout l’enjeu consiste à prendre conscience qu’ils peuvent être soutenus par des acteurs économiques qui travaillent à la fois avec eux et contre eux.
Au départ, leur but est commun, décroître pour protéger la planète et les ressources non renouvelables (pétroles, minerais...). Mais dans un second temps, les classes industrielles et capitalistes dominantes entendent s’approprier les ressources restantes, par l’accroissement du prix des ressources rares et grâce à une décroissance de la consommation des masses les plus pauvres qui en résulte.
Cela ne signifie pas que le but défendu par des associations écologistes décroissantes et antinucléaires soit erroné et illégitime, mais que les associations, les ONG, sont parfois utilisées à leur insu, par les élites économiques et politiques. La solution, pour le mouvement écologiste, consiste donc, à comprendre que chaque action contre un de leurs ennemis peut contribuer à soutenir un autre de leurs ennemis. Pour cette raison, certains industriels ou gouvernements, financent des ONG, lorsqu’ils ciblent des ennemis communs à combattre. Cependant, les ONG luttent généralement pour un idéal civique, altruiste et pour l’intérêt général, tandis que majoritairement les gouvernements et les industriels agissent pour les intérêts des classes dominantes et contre leurs concurrents commerciaux.
La stratégie du retournement peut transformer une « bonne » mesure en son contraire. A chaque fois qu’un acteur défend donc une proposition, il doit donc avoir, à l’esprit, les conséquences possibles, qui peuvent être positives et négatives par rapport aux objectifs qu’ils se fixent.
Ainsi, une bonne proposition défendue par des partisans de politiques sociales, peut, très facilement, se retourner contre eux. Cela dépend donc du rapport de force du moment. Or, celui-ci peut varier entre le début de l’action, la promesse politique du candidat, le vote de la loi et la mise en oeuvre finale. L’impact d’une mesure est surtout à soupeser en fonction du contexte, de l’orientation politique dominante. Or, au début du XXIe siècle, c’est le capitalisme libéral qui domine le monde. Par conséquent, la probabilité la plus grande, si ces institutions et ces régulations nouvelles se mettent en oeuvre, est que cette proposition sera détournée, afin d’être mise au service des acteurs dominants du système capitaliste, actuellement hégémonique.
Ainsi, face à la mondialisation capitaliste libérale, on assiste à deux stratégies opposées, l’antimondialisme et l’altermondialiste. Pour les antimondialistes ou les anti-européens, compte tenu du rapport de force existant, tout renforcement des institutions européennes et internationales et des régulations (taxe Tobin, clauses sociales...) n’aboutira qu’à renforcer le contrôle capitaliste adémocratique. Ce faisant, les antimondialistes laissent échapper la possibilité d’un renforcement, à terme, d’une démocratie sociale et écologique, du local au plan continental ou international, telle une fédération internationale autogestionnaire. Mais, c’est la stratégie la plus prudente, selon eux.
Pour les altermondialistes, il s’agit de proposer des réformes visant réguler le capitalisme et à démocratiser les organisations internationales, jusqu’à parvenir progressivement, à un fédéralisme socialiste démocratique international, par exemple. Mais, ces petites réformes comportent le risque d’être récupérées par les acteurs dominants, afin de renforcer de plus en plus le fonctionnement actuel d’un gouvernement mondial dirigé par des experts au service des entreprises capitalistes. Selon, les altermondialistes, cette stratégie, visant à créer une démocratie sociale mondiale, leur paraît la plus prometteuse, même si elle s’avère aussi la plus périlleuse.
Or, les acteurs dominants ont bien compris ce mécanisme de retournement des idées de leurs adversaires, comme le font les meilleurs adeptes des arts martiaux. C’est pourquoi, proposer une mesure à court terme doit toujours être soupesé, en fonction du contexte, du rapport de force et du long terme, pour ne pas aboutir à des effets inverses.
Les écosocialistes doivent dénoncer les écocapitalistes, afin que leurs actions ne soient pas détournées. L’origine des mouvements écologistes et décroissants remonte bien avant l’appel du club de Rome et sa probable tentative d’instrumentalisation. En effet, on peut faire remonter les premiers mouvements d’écologistes et décroissants au sein des courants chrétiens, tels les Franciscains, au XIIIe siècle. Mais, c’est principalement dans la seconde moitié du XIXe siècle, que les mouvements d’écologie politique se sont développés, avec la croissance du capitalisme industriel, avec les mouvements romantiques, les chrétiens anti-modernistes, le mouvement anarchiste, avec le retour à la nature, le végétarisme, la non-violence inspirée par Léon Tolstoï, Henry David Thoreau, Élisée Reclus.
Au début des années 1970, les membres du Club de Rome ont pris conscience, à la fois du danger que représentait la montée des mouvements écologistes et la limitation des ressources non renouvelables, pour l’industrie des pays les plus riches et de l’opportunité qui s’offrait à eux. Ils ont donc lancé une stratégie de retournement de l’écologie et de la décroissance contre les plus pauvres.
Le but des écosocialistes vise, à l’inverse des écocapitalistes, à limiter les développements du productivisme industriel,le développement du nucléaire, afin de protéger la nature et la santé des êtres vivants, à limiter la croissance source de pollution et d’accroissement du réchauffement climatique d’une part. Mais d’autre part, il vise à limiter la consommation des ressources non renouvelables (pétrole, métaux...) et des ressources essentielles (l’alimentation), par les plus riches, afin que les plus pauvres puissent vivre décemment.
Par conséquent, s’ils veulent parvenir à leur fin, les écosocialistes, qu’ils soient objecteurs de croissance ou non, ne doivent pas accepter d’être subventionnés par des acteurs dont les intérêts à long terme, sont antagonistes avec les leurs, sinon leurs objectifs seront probablement détournés. Une taxe écologiste peut ainsi avoir un impact écologique réel et des résultats sociaux négatifs, si c’est seulement les plus pauvres qui sont touchés par cette taxe, car leurs ressources sont les plus faibles. Ainsi, les plus riches peuvent préférer payer la taxe, plutôt que de restreindre leurs pratiques non écologistes, tandis que les seuls à respecter la règle écologique seront les plus pauvres, par manque de ressources financières.
Si les militants de l’écologie et de la décroissance ne dénoncent pas le détournement de leur cause, au détriment des plus pauvres, alors ils seront sans doute instrumentalisés à leur tour et leurs actions militantes se retourneront contre eux. Ceci, d’autant plus que les membres des associations sont majoritairement membres de la classe moyenne et que dans un second temps, ils seront eux aussi, sous la pression des classes dominantes.
Thierry Chargé