Lettre ouverte à Florence Cassez

Les parangons des droits humains

Françoise ESCARPIT

Chère Florence,

Un président dont le gouvernement vient de faire adopter la loi Loppsi deux sur la sécurité (sic) intérieure, qui expulse les étrangers en allant jusqu’à faire arrêter leurs enfants dans les écoles de la République, qui poursuit de sa vindicte les tsiganes, qui fait de toute intervention en matière des droits humains une scène de théâtre, qui… J’en passe, et des pires.

Un président dont le gouvernement réprime violemment le mouvement social, qui se fiche des centaines de femmes disparues, violées, assassinées à Ciudad Juarez et ailleurs, dont la justice et la police ne font pas toujours leur travail dans les règles de déontologie, qui fait aussi voter des lois scélérates sur la sécurité, qui… J’en passe et des pires.

Ces deux présidents, aux politiques similaires, sont séparés par l’océan. L’un cherche la réélection à la présidence l’année prochaine et l’autre, le maintien de son parti à la présidence en 2012 aussi. L’un et l’autre ont décidé, au nom d’un nationalisme étroit pour le Mexique, et de droits humains à géométrie variable pour la France, d’utiliser ton cas pour faire oublier le rejet de leur politique par l’immense majorité de leur peuple.

Ils t’utilisent, l’un comme symbole d’une France impériale et méprisante, envahisseuse du Mexique, l’autre comme symbole de la liberté bafouée par la justice d’un pays corrompue, pour faire briller leur étoile descendante et tenter de faire oublier au peuple leurs politiques néolibérales assassines. L’un et l’autre continuant néanmoins leur coopération en matière de police et d’armement..

Florence, je t’ai rencontrée l’année dernière, à la prison de Tepepan. J’y suis allée sans bien connaitre ton affaire. J’en suis ressortie avec la conviction que tu étais la victime d’une machination qui te dépasse et dont tu n’es devenue que par hasard le centre.

Tu m’as dit alors que tu ne voulais pas de transfert en France mais la reconnaissance de ton innocence. Et, quand je t’ai dit « à cet été, j’espère, en France », tu m’as répondu « je crois qu’avant les élections, il n’y aura rien ! »

Je ne veux pas que cette lettre que j’adresse aux médias français el la lettre ouverte que j’ai adressée à mes amis mexicains par l’intermédiaire de la Jornada (Correo ilustrado du 14/2/11) pèsent négativement sur ton cas mais c’est mon grain de sel, ma petite goutte d’eau dans un océan d’injustices. Injustice aussi le peuple français privé de mieux connaître l’art et la culture du Mexique, et pour les artistes mexicains privés de voyage par la décision d’un président qui ne s’intéresse, pas plus que celui de ce côté de l’océan, à la culture, l’objectif de leurs politiques est, au contraire, d’en limiter l’expression et de la détruire.

Hasta pronto Florence.

Françoise Escarpit
Ex correspondante de presse au Mexique

COMMENTAIRES  

16/02/2011 14:27 par Cyril

Cette "conviction que tu étais la victime d’une machination" tient-elle compte du témoignage de certaines victimes exilées aux États-Unis allant dans le sens d’une collaboration très active de Florence Cassez au moment de sa séquestration ? Autrement dit, certains témoignages seraient-ils des faux ?

16/02/2011 16:05 par larrivé

On le dit. Je pense pour ma part qu’elle ne pouvait pas ignorer les activités de Vallarta mais qu’elle a sans doute été prise comme otage parce qu’elle a réagi en dénonçant publiquement le montage qu’a représenté son/leur arrestation et que Luna a voulu un exemple... et que d’autre part, Sarko qui aurait pu la faire libérer lors de l’inauguration de l’usine à vaccins (réceptions grandiose, invite dans une villa luxueuse, dîner en tête à tête avec le président etc) a voulu la garder pour la bonne bouche comme un embryon congelé en attendant l’ovulation (les élections) l’autre idem... le hic étant que ces deux messieurs vont ovuler à peu près en même temps. Hélène Larrivé

16/02/2011 20:21 par Sierra

Moi j’aimerais savoir pourquoi elle a été condamné comme complice de Vallarta, qui lui n’a pas été jugé depuis 5 ans.

16/02/2011 20:57 par T 34

Les deux présidents ont aussi un point commun supplémentaire, ils sont tous les deux surnommés le nain.

Calderón m’a par ailleur inspiré une recette : http://www.forum-unite-communiste.org/forum_posts.asp?TID=1532&PID=36988#36988

17/02/2011 03:54 par Nomanches

A des machinations, faux temoignages, arrestations arbitraires, mises en scene et executions pures et simples on est exposé TOUS les mexicains. Mlle Cassez a la chance d’avoir beaucoup de gens interessés a son cas. C’est bien autre chose pour des milliers d’autres malheureux qui n’ont pas eu la chance d’etre étrangers ou avoir de l’argent...Sa défense se base sur la violation de ses droits en tant que détenue et pas vraiement sur les faits eux-memes. Ces violations, je repète, c’est notre lot a nous tous, tous les jours et ne nous rendent pas fiers de notre justice, loin de là . Mais de là à dire qu’elle est innocente, c’est une cabriole que s’efforcent d’accomplir ses avocats. Le moins qu’on puisse dire est que son histoire est pas claire et qu’elle a des fortes chances de s’en sortir par la magie du scandale politique. Le pire de tout cela est que meme de sa libération on s’en fout vraiement...ce ne sera qu’une criminelle de plus qui s’en tire parmi une longue liste, on ne les compte plus depuis longtemps.

04/04/2011 17:49 par Nadine BRIATTE

Bonjour,

Je reçois aujourd’hui un message de la polex (collectif français) avec, entre autres, un article intitulé Une lettre du Mexique (http://www.collectif-communiste-polex.org/bulletin/bulletin_78_art3.htm).

Après sa lecture, je me demande comment savoir si cette Florence Cassez est manipulée ou si elle faisait partie d’un réseau de kidnappeurs ?
"Il y a aussi des preuves de sa liaison depuis 2004 à ce groupe de kidnappeurs."

Avouez que ce n’est pas facile de s’y retrouver.

Cependant, qu’elle soit coupable ou non, il est évident que la façon de faire de Sarkozy et ses acolytes est indigne. Et annuler les événements culturels de l’année du Mexique est profondément débile.

Bien cordialement

(Commentaires désactivés)