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Les rêves de la jeune Russie des Soviets, une lecture antiproductiviste de l’histoire du stalinisme

(Préface de Pierre Zarka, ancien directeur de L’Humanité)

(Editions Le Bord de l’eau, septembre 2017, 335 pages, 22 euros)

Rencontre avec Paul Ariès

Les Zindigné(e )s : Vous publiez, le 15 septembre 2017, à l’occasion du centenaire de la révolution d’Octobre un ouvrage préfacé par Pierre Zarka et que Jean-Luc Mélenchon a qualifié d’ambitieux. Votre livre renvoie dos à dos les analyses de droite comme de gauche, « antitotalitariennes » ou nostalgiques d’une tragédie stalinienne qui n’a pas seulement tué des millions d’humains mais jusqu’à l’idée même de communisme et de révolution. Vous semblez convaincu que rien ne sera possible si on ne solde pas cette expérience en produisant une critique encore plus forte que celle des droites.

Paul Ariès : Je propose en effet une lecture antiproductiviste de l’histoire de l’URSS puisque l’échec n‘était pas inscrit dans les gènes de la révolution d’Octobre et ne doit rien au retard de la Russie ni à l’encerclement capitaliste. Savez-vous, par exemple, que la jeune Russie des soviets était le pays le plus avancé du monde en matière d’écologie, en matière de révolution pédagogique, de libération sexuelle, d’urbanisme et d’architecture ? L’URSS est morte de son projet industrialiste, de son mépris du vivant, de sa volonté de tout sacrifier aux fantasmes de toute-puissance de ses dirigeants qui parlaient de déplacer le cours des rivières, de supprimer les montagnes, de nourrir la population avec de la malbouffe issue des biotechnologies… L’idée d’un monde sans limite était au cœur du projet stalinien.

Les Zindigné (e )s : Vous expliquez que le stalinisme viendra expressément à la demande du monde économique et notamment des grands chefs d’entreprise.
Paul Ariès : Le PC(b)R théorise le style de management souhaité par les chefs d’entreprise sous le slogan de « direction à la poigne de fer ». Ce style « rude » (zhëstkii) est officiellement prôné contre les ouvriers. Lazare Kaganovitch (1893-1991), un des fidèles de Staline, chargé de l’élimination des opposants, mais aussi responsable de l’industrialisation, exige des directeurs d’entreprises de se conduire de telle façon que « la terre tremble quand ils se déplacent dans l’usine ».

Les Zindigné (e )s : Vous expliquez l’échec des Oppositions à Staline par le fait qu’elles étaient tout autant voir davantage productivistes….

Paul Ariès : Cette thèse constitue le second fil rouge de ce livre. Ces Oppositions, qui me sont par ailleurs très sympathiques, ont échoué face au stalinisme car elles avaient des projets économiques encore plus productivistes et n’ont donc jamais pu rallier majoritairement le peuple.

Les Zindigné(e)s : Vous consacrez un chapitre à l’invention des nouveaux modes de vie (novy byt) comme condition de l’émancipation….

Paul Ariès : Le sort de la révolution d’Octobre se jouera largement sur ce terrain du mode de vie et partant de la conception de la « vie bonne ». Cette problématique embrasse l’ensemble des domaines de la société : non pas seulement améliorer les conditions de logement mais inventer des formes de logement communautaires ; non pas seulement permettre l’accès des milieux populaires à l’école mais supprimer les notes ; non pas seulement augmenter les salaires mais supprimer la hiérarchie des revenus et leur caractère monétaire ; non pas seulement donner à chacun de quoi s’habiller mais inventer des vêtements socialistes ; non pas seulement créer l’Armée rouge mais supprimer le salut militaire et les grades, etc. Cette quête de nouveaux modes de vie est la continuation du vieux courant du socialisme utopique dont le grand représentant russe fut Nicolas Tchernychevski (1828-1889), l’auteur du fameux Que faire ?, un roman qui, au 19e siècle, en se référant ouvertement à Charles Fourier et à Robert Owen, décrivait le paradis socialiste lorsqu’il serait pleinement réalisé en Russie. Lénine sera très élogieux, face au succès de cette fiction, au point d’utiliser son titre pour rassembler, en 1902, ses propres thèses sur la révolution. La construction d’un nouveau mode de vie aurait pu être une arme efficace contre la bureaucratie stalinienne car elle aurait mise en cause ses conditions d’existence en faisant primer, par exemple, les biens communs sur les biens privés, les communes de production sur les entreprises autoritaires, les communes de logement plutôt que les appartements communautaires… Les dirigeants bolchéviks vont, cependant, interdire progressivement toute initiative dans ce domaine, en réduisant, d’abord, la question du novy byt à celle de la morale, d’abord à la morale au travail puis à l’ancienne morale. Cette fois, plus aucun poète de l’envergure de Maïakovski ne pourra recommander dans un poème intitulé Le canari d’étrangler ce volatile, très en vogue au sein des élites, avant que ce dernier n’étouffe le communisme…Ce symbole de l’oiseau en cage servira à dénoncer le Grand repli stalinien.

Les Zindigné (e )s : Vous écrivez que la révolution bolchévique n’était pas programmée initialement pour engendrer ce monstrueux Etat-Moloch. Les bolcheviks, et notamment Lénine et Trotski, furent d’abord d’ardents défenseurs de la thèse du dépérissement de l’Etat, laquelle, depuis les leçons de la Commune de Paris, était au cœur de la théorie marxiste. La pression des événements sera bien sûr considérable mais l’essentiel vous semble être ailleurs. Dans le choix effectué par l’équipe dirigeante restreinte d’imposer la dictature, alors qu’une autre voie était possible comme l’attestent le choix, dès Octobre 1917, de la majorité des Commissaires du peuple de construire une société pluraliste, ce que rejetteront Lénine et Trotski, ou la proposition, lors du VIIIe Congrès du PC(b)R, en mai 1919, d’Evgueni Préobrajensky, alors membre du Politburo, de dissoudre le Parti bolchevique devenu superflu, selon lui, en raison de la démocratie des soviets et donc de la possibilité d’avancer vers un socialisme démocratique.

Paul Ariès : La question de l’Etat divise les bolcheviks bien avant 1917. On s’interdit de comprendre l’ouvrage L’Etat et la révolution si on oublie qu’il s’agit d’une réponse de Lénine à Nikolaï Boukharine. Cet enfant chéri du parti campait sur des positions que Lénine qualifiait d’anarchistes avant la révolution de février, mais qu’il reprendra à son propre compte. Lénine fait donc écho dans l’Etat et la révolution à un texte de Boukharine, refusé à publication en 1916 par le Parti mais cependant largement diffusé. Dans ce texte, signé sous son pseudonyme de Nota Bene, Boukharine explique que la différence des attitudes que les bolcheviks ont envers l’Etat tient au choix des bases économiques qu’ils feraient au moment de construire la future société. Une stratégie d’accumulation intensive imposerait un Etat fort. Une moindre accumulation économique permettrait davantage de démocratie. Ce n’est donc pas par hasard que la grande rupture dans la pensée de Lénine se trouve dans le texte de 1923 « Mieux vaut moins mais mieux » dans lequel il parle de développer et de « perfectionner l’appareil d’Etat » en copiant les « meilleurs modèles occidentaux », c’est-à-dire ceux des Etats bourgeois, au moment même où, avec la NEP,, lénine renoue avec son projet initial de construire, en Russie, un capitalisme d’Etat. Le choix de l’étatisation est donc bien la conséquence de ce choix économiques. Ce revirement sera celui de presque tous les dirigeants d’Octobre dont Trotski. Comment ne pas opposer son discours lors de sa prise de fonction en Octobre 1917 en tant que Commissaire du peuple pour les affaires étrangères : « J’énoncerai quelques proclamations révolutionnaires au peuple du monde puis je fermerai boutique » et ses choix ultérieurs pour le rétablissement de l’appareil d’Etat, comme l’attestent l’organisation de l’Armée rouge selon un modèle militariste et non plus milicien, son projet de militariser le travail, les entreprises et même les syndicats, la répression de la révolte antiautoritaire des marins de Cronstadt soutenus par 30 % des communistes locaux, tandis que 40 % s’abstenaient et que 30 % les condamnaient, etc. J’insiste sur le fait que ce basculement vers plus d’Etat ne s’explique pas par les nécessités de la guerre civile. Cette guerre contre les blancs et contre l’Entente était de fait finie et gagnée. Le choix de l’étatisation fut donc, comme le prévoyait Boukharine en 1916, celui d’un modèle économique contre d’autres également possibles, ce fut la conséquence du choix de construire un capitalisme d’Etat et, bientôt, un complexe militaro-industriel chargé de conduire l’industrialisation à outrance. Les dirigeants bolcheviks ont fait ce choix en toute conscience comme le prouve la correspondance de Lénine avec le grand leader anarchiste Pierre Kropotkine lequel ne cessa de le mettre en garde contre l’étatisation même de la révolution. Les dirigeants bolchéviks savaient pertinemment qu’ils allaient dans le mur. La Pravda, dirigée par Boukharine, pouvait encore écrire en 1924 : « « Tout le pouvoir aux soviets » a été remplacé par « tout le pouvoir à la Tcheka ». ». Félix Dzerjinski, le patron de la Tcheka, dénonçait aussi la catastrophe qu’il voyait venir : « A regarder tout notre appareil, tout notre système de direction, notre bureaucratisme inouï, notre incroyable désordre avec toutes les formalités possibles ; je suis littéralement horrifié ».

Les Zindigné (e )s : Le lecteur découvrira que la jeune Russie des Soviets fut, entre 1917 et 1927, le pays du monde le plus avancé en matière d’écologie et de protection de la nature, avant que les purges staliniennes ne frappent tous ces chercheurs. Les écologistes figureront parmi les premières victimes des vagues de répression de 1933 à 1951.

Paul Ariès : La jeune Russie des soviets bénéficie d’une double tradition écologiste. Celle d’une partie de l’intelligentsia russe acquise aux thèses environnementalistes et celle des courants marxistes non voués au culte des forces productives. L’historien américain Douglas R. Weimer a montré dans ses travaux que Lénine n’est en rien comparable à Staline au regard de la question écologique. J’ajouterai que Lénine et Boukharine sont beaucoup plus écologistes que Trotski. Jean Batou qui fut en France l’un des premiers à faire connaître ces pages plutôt glorieuses de l’écologie bolchevique, note que l’histoire des rapports hommes/nature en Union soviétique fait apparaître une rupture entre la période 1917-27 et les années 1928-34.
Les Zindigné (e )s : vous montrez dans votre livre que la jeune Russie des soviets a d’abord développé trois disciplines écologiques.

Paul Ariès : la phytosociologie, discipline scientifique née bien avant la Révolution, avec les travaux de Mozorov en 1904, puis de Korolenko (parent et inspirateur de Vernadski) envisageant les différentes espèces végétales dans leur coexistence (la permaculture actuelle en est donc une très lointaine descendante) ; la biocénologie qui est l’étude de la communauté des espèces vivantes ou biotope ; la dynamique trophique qui étudie les flux d’énergie dans les chaînes alimentaires. Ce n’est donc pas par hasard que Vladimir Vernadski (1863-1945), considéré comme le père fondateur de l’écologie moderne soit un Russe, il sera l’inventeur du concept de biosphère qui permet de penser la Terre comme un « organisme vivant » et non plus comme une matière inerte à la disposition des humains et de leur activité économique. Ce n’est pas davantage par hasard que T.I. Baranoff développe dès 1925 la notion de bioéconomie reprise plus tard par Nicholas Georgescu-Roegan considéré comme le père des courants de la décroissance.

Les Zindigné (e )s : vous expliquez que cette écologie soviétique fut immédiatement autant scientifique que sociale/politique.

Paul Ariès : C’est sans doute le zoologiste G. A. Kozhevnikov qui donna le mieux ce double ancrage scientifique et politique à l’écologie russe. Kozhevnikov est un disciple du grand naturaliste suisse Paul Bénédict Sarasin (1856-1929), président-fondateur de la Ligue suisse pour la protection de la nature et du Comité pour la protection de la nature. Paul Sarrasin est non seulement un environnementaliste, défenseur de la nature mais un opposant virulent au capitalisme, adepte du socialisme. Cette matrice marquera durablement les mouvances écologistes russes. Kozhevnikov devient ainsi l’avocat, avant même la Révolution, des parcs naturels, totalement isolés et de la défense des peuples primitifs. Son intervention en 1913, lors de la Conférence internationale de Berne (Suisse) pour la protection de la nature témoigne de cette double filiation : « La même commission qui dit au chasseur « Arrêtez-vous, vous allez faire disparaître l’oiseau du paradis » doit pouvoir dire au colon qui met en joue « Arrête, tu vas faire disparaître l’homme primitif ».

Les Zindigné(e )s : Vous expliquez que Lénine était plus écolo que Trotski.

Paul Ariès : Quatre dirigeants soviétiques sont en effet plus sensibles à ces questionnements : V. Lounatcharski, F.N. Petrov, V.T. Teroganesov et… V. Lénine, lui-même, qui entretenait de bonnes relations avec les membres de l’Académie des sciences, notamment avec sa section des sciences naturelles. Lénine, contrairement à beaucoup de marxistes positivistes, soutenait qu’il était autant impossible de « remplacer les forces de la nature par le travail humain que des archives (NDLR : une ancienne unité de longueur russe) par des pouds (NDLR : une ancienne mesure de poids utilisée en Russie) ». Preuve de son intérêt scientifique et pratique pour les questions écologiques, il fait créer une quarantaine d’Instituts de recherche durant la période de la guerre civile et la part du PNB soviétique, consacrée à la recherche dans ce domaine, dépasse alors celle de la globalité des autres grands pays européens. Lénine soutiendra la publication en 1926 du célèbre ouvrage de Vernadski Biosphère. Le grand promoteur de l’écologie bolchevique restera longtemps Vladimir Lounatcharski, le Commissaire du peuple à l’éducation, qui doit souvent batailler contre ses collègues de l’agriculture, de l’industrie et des finances. Le dirigeant le moins sensible semble être Trotski car dans ce domaine son matérialisme est très mécaniste et son marxisme se confond avec un positivisme scientiste.

Les Zindigné (e )s : Pouvez-vous nous citer quelques-unes des principales mesures prises lors des premières années de la révolution d’Octobre ?

Paul Ariès : Entre 1918 et 1922, la jeune Russie des soviets prend toute une série de lois et de décrets qui vont indéniablement dans le sens de la défense de la nature. Une loi du 14 mai 1918 réglemente le déboisement en définissant le rythme soutenable d’une exploitation compatible avec le maintien des surfaces boisées. Elle organise aussi la lutte contre l’érosion des sols et traite de l’équilibre des bassins fluviaux et de la protection des « monuments de la nature » (grands espaces). Une loi est édictée le 27 mai 1919 en faveur de la protection de certains gibiers avec notamment la réduction des saisons de chasse. Plusieurs décrets de 1918 à 1922 protègent les zones de pêche en interdisant l’exploitation prédatrice.

Les Zindigné(e )s : vous écrivez que le gouvernement bolchévique est divisé sur les priorités. Au milieu des années vingt, les ressources forestières constituent la principale ressource d’exportation de la jeune Russie des Soviets et les fourrures la seconde.

Paul Ariès : C’est pourquoi le courant écologiste remporte une grande victoire lorsque le gouvernement russe adopte la loi du 16 septembre 1921 sur la protection des « monuments de la nature », ce texte habilite le Commissariat de l’éducation à créer, de sa propre initiative, des parcs naturels totalement isolés du monde. Podiapolski, agronome rattaché au Commissariat de l’éducation, se voit confier ce dossier par Lénine. Il est assisté par l’astronome bolchevique, Ter Oganesov, nommé Président du Comité scientifique rattaché au Comité d’Etat pour la protection des monuments de la nature et par deux autres zoologistes. Ils créent ensemble le premier parc naturel au monde (zapovednik) dans le delta de la Volga, entièrement voué à l’étude des mécanismes de l’environnement et dans le but de prendre des mesures face aux environnements dégradés.

Les Zindigné(e)s : La période de la NEP ne remettra pas en cause les objectifs écologiques officiels, mais mettra en avant les besoins de la production. Chaque projet industrialiste, extractiviste dirions-nous aujourd’hui, donne lieu à des expertises et à des contre-expertises bref à des positions inconciliables. Vous expliquez même que se créé le Mouvement pour la conservation principal mouvement écologiste bolchevique.
Paul Ariès : L’Académie des Sciences instaure en janvier 1922 un nouveau Bureau central pour l’étude des traditions locales et le Commissariat du peuple à l’éducation fonde en 1924 sous l’impulsion de Lounatcharski, la Société panrusse de conservation, en agrégeant des associations préexistantes. L’étude des traditions locales entend valoriser les modes de vie écologiques et la « conservation » signifie « le maintien en bonne santé des écosystèmes ». Le Commissariat de l’éducation reste donc à la manœuvre en inscrivant, par exemple, la question de la conservation dans les programmes scolaires et en organisant de grandes manifestations pour valoriser ces thèmes écologiques. Ainsi, il organise en 1923, à l’occasion de la grande Exposition agricole, une présentation de « l’action destructrice de l’homme sur la nature », afin de justifier la politique des parcs nationaux, il mobilise également 45000 jeunes naturalistes pour fêter « le retour annuel des oiseaux » et les protéger. L’année 1925 semble même marquer le retour en force de l’agenda écologiste avec la fondation d’une agence gouvernementale dédiée, le Goskomitet. Cette structure, qui dépend toujours du Commissariat de l’éducation, se voit chargée de coordonner les programmes de conservation de l’environnement. Ainsi, la Russie passera de 10000 km2 de parc en 1925 à 40000 en 1929.

Les Zindigné(e)s : Vous écrivez que ce nouveau rapport de force décidera Vladimir Vernadski, déjà auréolé de gloire et devenu intouchable, à lancer en 1926 un cri d’alarme repris par les écologistes. Son texte que vous reproduisez mérite d’être cité : « Les forces productives naturelles constituent un potentiel (mais) elles sont indépendantes en composition et en abondance de la volonté et de la raison humaine, aussi centralisées et organisées soient-elles. Comme ces forces ne sont pas inépuisables, nous savons qu’elles ont des limites. Celles-ci peuvent être déterminées par l’étude scientifique de la nature et constituent pour nos propres capacités productives une frontière naturelle insurpassable… Nous savons maintenant que pour notre pays, ces limites sont assez étroites et n’autorisent - au risque d’une cruelle fracture - aucun gaspillage dans l’usage de nos ressources.

Paul Ariès : Ce texte fait l’effet d’une bombe car publié alors que se prépare le premier plan quinquennal (1928-1933) sous l’égide des courants industrialistes et avec l’objectif d’accélérer l’accumulation primitive sur le dos des paysans certes, comme le revendique Préobrajensky et comme le dénonce Boukharine, mais au péril aussi des équilibres écologiques. Le Commissariat du peuple à l’éducation se sent encore assez puissant pour lancer en 1928 une revue ouvertement écologiste sous le titre Conservation. Cette revue officielle, qui s’ouvre à des analyses hétérodoxes comme le rôle du chamanisme en matière de définition des taux d’exploitation supportables du gibier en Sibérie, fait connaître de nouveaux concepts scientifiques, comme celui de biocénose (ou principe de plénitude) signifiant que les communautés vivantes évoluent vers un équilibre où la compétition est réduite au maximum. Evgeniy Kozhevnikov présente également en 1928 ses thèses en faveur d’une critique radicale de toute démarche utilitariste dans les rapports avec la nature « Développer une conception matérialiste de la nature, cela ne revient pas à calculer combien de mètres cubes de bois on peut extraire d’une forêt, ou combien de dollars de peaux d’écureuils il est possible de réaliser chaque année. » ; « prendre le contrôle des régulations naturelles est une affaire extrêmement difficile et grosse de responsabilités. Toute intervention (de l’homme), même celles que nous considérons comme bénéfiques, par exemple l’agriculture ou l’acclimatation d’animaux (exotiques), détruit les conditions naturelles des biocénoses (…) de ce tissu de vie, qui a évolué durant des milliers d’années d’interactions, on ne peut enlever un maillon isolé sans dommage ».

Les Zindigné(e)s : la victoire de Staline marque cependant le début de la grande offensive contre les écologistes.

Paul Ariès : Cette offensive se fera en plusieurs temps selon Jean Batou. Dès 1928/29, on évoque, comme c’est devenu habituel, les origines bourgeoises ou petites-bourgeoises des écologistes, afin d’affaiblir leurs positions politiques. Cette attaque est conduite au sein même de l’Académie des sciences par les partisans du philosophe A. M. Deborine. L’affrontement décisif se produit autour des enjeux du premier plan quinquennal. Le premier clash sérieux concerne la question de la chasse aux phoques : le plan quinquennal prévoit 350000 prises par an à ajouter aux 200000 prises norvégiennes, ce qui ferait 550000 prises pour un million de phoques. Le deuxième clash concerne l’objectif d’augmenter de 60 % l’exploitation des forêts. Les courants écologistes réclament aussitôt des études d’impact. L’agronome Podiapolski attire ainsi l’attention des dirigeants sur les dangers d’une mécanisation trop rapide et systématique des cultures, car cette uniformisation des écosystèmes ruraux fragiliserait l’agriculture. La science soviétique est en effet déjà assez férue en matière de connaissance des sols en raison des travaux pionniers du géographe Vassili Dokoutchaïev (1846–1903), considéré alors comme le père de la science des sols.
Les Zindigné (e)s : La réaction du camp productiviste sera cependant immédiate et particulièrement brutale...

Paul Ariès : La Société panrusse de conservation est mise sous surveillance sous prétexte qu’elle ne compte pas assez d’ouvriers. La Pravda publie un texte accusant les écologistes de vouloir sauver la nature… du plan quinquennal, ce qui équivaut à une accusation gravissime de sabotage. Le pouvoir imposera en 1931 de changer le nom de l’association Conservation qui devient la Société pour la conservation et la promotion de la croissance des ressources naturelles. Le journal Conservation est débaptisé et devient « Nature et économie socialiste ». Un nouveau responsable est nommé en la personne de Vaisili Nikitich Makarov, lequel appelle à renforcer la concentration industrielle, autour des gisements de charbon et de fer et à développer les exportations de ressources naturelles, donc l’extractivisme. Le philosophe Isaak Prezent, devenu le penseur officiel de Staline, sera le principal adversaire des thèses écologistes : « Pendant douze ans de révolution, les savants soviétiques se sont enfermés avec dédain dans un parc naturel…réservé à l’espèce menacée des scientifiques bourgeois » (sic). V. V. Stanchinski et les autres scientifiques écologistes sont arrêtés en 1934. Ils sont accusés d’avoir propagé « l’idée « réactionnaire » selon laquelle il y aurait des limites naturelles à la transformation de la nature par la culture humaine.

Les Zindigné (e )s : Vous donnez de nombreux exemples d’infiltration des idées et même des militants d’extrême-droite au sein de l’Etat et du Parti Communiste de l’URSS…

Paul Ariès : Je ne fais que rendre public en France ce que les archives désormais accessibles aux chercheurs montrent sans aucune contestation possible. L’idéologie véritable du système n’était pas le communiste mais le « national-bolchévisme » dont les principaux théoriciens venaient de l’extrême-droite. Le premier d’entre eux était Nikolaï Oustrialov (1890-1938), juriste, rallié aux armées blanches puis au nouveau pouvoir par nationalisme « grand russe ». Lénine et Trotski appelaient à propager ses idées, y compris en finançant secrètement ses journaux, dans le but de faire revenir en Russie les élites réfugiés à l’étranger et de faire cesser la grève passive des autres. Cette extrême-droite nationaliste considérait que l’URSS avant d’être communiste représentait les intérêts de l’Empire russe et devait donc être défendu. Le PC discutera des alliances nécessaires avec cette extrême droite et Trotski qualifiera sa propre élimination de victoire d’Oustrialov. Staline est d’abord obligé de tergiverser mais il prendra ensuite appui sur de nombreux nationaux-bolcheviks notamment lors de la signature du pacte germano-soviétique.

Les Zindigné (e )s : Vous soutenez qu’à partir de la NEP, c’est-à-dire au moment où les dirigeants bolcheviks sacrifient le passage à un mode de vie communiste pour imposer en même temps un capitalisme d’Etat et un « plus d’Etat » ne pouvait que se développer un « compromis historique » entre la « bourgeoisie rouge » naissante et les anciennes élites du tsarisme.

Paul Ariès : Le PC(b)R, métamorphosé en PCUS tout comme la RSS l’a été en URSS, trouvera au sein du « national-bolchévisme » une idéologie de substitution qui lui apportera les trois grands piliers nécessaires à son maintien au pouvoir : le choix d’une folie industrialiste avec le capitalisme d’Etat, la légitimation d’un « plus d’Etat » sous couvert de dictature du prolétariat et le nationalisme « grand-russe » à la place de l’internationalisme prolétarien.

Les Zindigné (e )s : Vous expliquez que, dès 1925, des dirigeants bolchéviks mettent en garde.

Paul Ariès : Zinoviev accuse ouvertement, dans La Pravda, Oustrialov d’être l’idéologue de la nouvelle bourgeoisie soviétique. Boukharine qualifie cette doctrine « nationale-bolchévique » d’excessivement dangereuse car pouvant déboucher sur un « césarisme fasciste ». Walter Benjamin présent à Moscou en 1927 évoque le fort sentiment national(iste) suscité par la peur de l’effondrement de l’Etat. La pénurie réveilla notamment un vieux fond antisémite rurale et sonna le retour des pogroms, y compris au sein de la makhnovista (l’armée anarchiste). Des juifs sont volés et frappés, entassés et brûlés vifs dans des synagogues, des centaines de fillettes sont violées. Les organisations juives (alors toutes de gauche) dénombrent plus de 300000 victimes dont au moins 150000 morts. Les bolcheviks sont d’ailleurs eux-mêmes systématiquement assimilés à des Juifs. Les forces réactionnaires et le peuple dénoncent le judéo-bolchévisme. Des milliers de bolcheviks sont assassinés, sans qu’il soit possible d’établir une différence entre les crimes antisémites et les crimes suscités par la haine du rouge : oreilles, langues et yeux arrachés, membres, têtes et parties génitales coupés, estomacs éventrés, croix imprimés sur le front par le feu, personnes clouées vives sur des arbres, etc.

Les Zindigné (e )s : Vous démontrez aussi que l’URSS a largement copié les EU…

Paul Ariès : Lénine voulait imiter l’Allemagne, Trotski les Etats-Unis. La jeune Russie des soviets adoptera le taylorisme après l’avoir condamné, Gastev, le Taylor russe, sera pire encore que son modèle américain, les dirigeants russes feront appel à de grandes firmes américaines et à leurs ingénieurs contre les propres entreprises et ingénieurs soviétiques… Je cite notamment les deux frères Hammer, deux américains qui disposaient d’un bureau contigu à celui de Staline au Kremlin et qui seront les principaux rouages des relations entre l’URSS et les Etats-Unis d’Amérique. Nous pouvons nous faire une idée assez juste de l’américanomania soviétique en rappelant que l’on parlait d’ « américanisme prolétaire » et qu’on diffusait massivement le slogan « américanisme communiste, réalisme et vigilance ».

Les Zindigné (e )s : vous consacrez aussi un chapitre à l’éducation. Vous rappelez d’abord que l’école russe d’avant 17 est une école de classe encadrée par l’église orthodoxe et qu’elle ne scolarise qu’un enfant sur 5. Vous montrez aussi que l’hostilité des enseignants aux bolcheviks est quasi-absolue bien qu’ils souhaitent une révolution politique, sociale et éducative. Ainsi les instituteurs, fortement organisés au sein de l’Union panrusse des instituteurs (VUS), 50000 membres pour 350000 enseignants, déclenchent une grève en décembre 1917 qui dura plusieurs mois notamment à Moscou. Lounatcharski (le commissaire de l’éducation) jouera habilement les élèves contre les maîtres et les chapelles pédagogiques les unes contre les autres. La jeune Russie des soviets finira certes par se rallier aux méthodes américaines, au moment où la Russie succombera au taylorisme mais cet entre-deux fut une période d’extraordinaire liberté pédagogique.

Paul Ariès : La thèse d’abord dominante est celle du « dépérissement de l’école » conforme à la théorie marxiste et socialiste du dépérissement nécessaire de l’Etat. L’école des popes et des patrons ne saurait être démocratisée car elle ne pourrait que reproduire l’ordre social ancien avec ses injustices. Cette thèse de l’aile gauche du PC(b)R et des komsomols est soutenue par de nombreux pédagogues révolutionnaires comme Sul’gin, Pozner, Rjappo. Cette vision est cependant condamnée par les principaux dirigeants du Ministère dont Lounatcharski ou Kroupskaïa mais ils laissent se multiplier les expériences. Cette thèse du dépérissement nécessaire de l’école peut être mise en rapport avec des décisions prises durant les premières années de la Russie des Soviets : suppression dès décembre 1917 des fonctions de directeurs et d’inspecteurs, suppression dès janvier 1918de l’équivalent français des rectorats, suppression des manuels, des programmes, des devoirs et des notes, instauration de l’autodiscipline, suppression des uniformes scolaires, suppression du lien entre les maîtres d’école primaire et les classes puisqu’ils deviennent des « personnes ressources » à la disposition des élèves, suppression de l’organisation en classes, des cours magistraux et de l’enseignement des langues anciennes car selon Lounatcharski « elles encrassent l’esprit de l’enfant et servent à dresser des esclaves de la bourgeoisie », ouverture des cours d’histoire, de géographie et de littérature aux sciences sociales marxistes, remplacement des disciplines traditionnelles au profit de« centres d’intérêt » à partir desquels on fait un peu de tout, y compris en prenant en compte les choix de chaque enfant/élève, développement de la pédagogie individualisée, etc. La jeune Russie des Soviets instaure donc, le 16 octobre 1918, l’École unique du Travail, dont toute la pédagogie repose sur le principe de la « commune scolaire », c’est-à-dire d’une école autogérée par les enseignants, les parents et les élèves âgés de plus de douze ans. Cette école unique du travail est d’abord une école mixte, laïque, gratuite et obligatoire jusqu’à 17 ans. Les cours ont lieu en russe et dans les autres langues des nationalités. L’Etat fournit gratuitement vêtements, chaussures, manuels et alimentation. Cette école repose sur l’abolition des programmes, des notes et examens (d’entrée, de passage et de sortie), l’interdiction des punitions, la gratuité de la cantine, etc. L’objectif central est de construire un lieu de vie dans lequel les activités recréent à l’échelle de la commune scolaire les principes d’une société communiste future. Ainsi une école sans notes supprimerait l’individualisme, une école sans classement supprimerait l’esprit de compétition, une école sans programme deviendrait une école ouverte sur la vie… Ces expériences antiautoritaires prendront fin avec la NEP puisque l’école qui devait être au service de la vie sera enrégimentée au service du renforcement de l’Etat (dit prolétarien) et de l’industrialisation à outrance. Cette « stabilisation » du système scolaire revendiquée par les industriels aboutira à dire que l’école du travail doit devenir celle du capitalisme d’État. C’est pourquoi il est mis fin (provisoirement) en 1921 à la gratuité de l’école tandis que les programmes officiels et la discipline sont rétablis. Dès lors, tout va s’enchaîner : en 1931, rétablissement des classes traditionnelles ; en 1932, rétablissement des matières ; en 1936, rétablissement des notes ; en 1941, remise en cause de la gratuité de l’enseignement avec l’instauration des manuels scolaires payants ; en 1945, nouveau règlement de scolarité (« torse droit, pas de coude sur la table… ») ; en 1950, distribution de médailles et de prix aux élèves méritants, etc.

Les Zindigné (e )s : Votre analyse conduit-elle à dire quez l’URSS est morte de trop d’égalité ?

Paul Ariès : Je vous remercie de cette question car elle va me permettre d’affirmer que sauf durant de brèves périodes le projet des bolchéviks n’a jamais été de développer l’égalité réelle. Staline ira jusqu’à proclamer que l’égalité serait une stupidité bourgeoise. Les privilèges accordés aux dirigeants étaient donc au cœur d’un système profondément autoritaire parce qu’inégalitaire.

Les Zindigné (e )s : Vous montrez comment Staline fera du communisme une religion…

Paul Ariès : Les bolchéviks prendront appui sur les courants religieux les plus réactionnaires de l’église orthodoxe contre les courants progressistes qui avaient largement et massivement participé à la révolution d’Octobre. Les bolcheviks organisent d’abord un schisme au sein de l’église orthodoxe en créant l’église vivante animée par deux personnalités aussi importantes l’une que l’autre mais antinomiques : le premier Vladimir Dmitrievic Krasnickij a consacré sa Thèse de théologie La condamnation du socialisme à démontrer qu’il s’agit d’une œuvre diabolique ; le second Antonin Granoviskij véritable libéral sur le plan religieux est partisan d’un retour à l’église primitive et chef de file de l’activisme social de l’église. Le PC soutiendra bien sûr… Vladimir Dmitrievic Krasnickij contre Antonin Granoviskij. Il abandonnera même plus tard « l’église vivante » lorsque l’église orthodoxe s’engagera en 1927 aux côtés du nouvel Etat fort… L’Etat bolchevik avait besoin d’une église verticale qui lui ressemble capable de freiner les ardeurs révolutionnaires plutôt que de groupes religieux millénaristes trop rouges.

Les Zindigné (e )s : Je vous sens davantage proche de Kollontaï et de Lounatcharski que de Lenine et de Trostki…

Paul Ariès : Alexandra Kollontaï, égérie du féminisme et partisane de la libération sexuelle, fut notamment Commissaire du peuple aux affaires sociales, on lui doit la reconnaissance de l’égalité homme/femme, celle des enfants légitimes et naturels, le droit à l’IVG et au divorce, la volonté de construire des services publics de proximité pour libérer les femmes des corvées ménagères… Le stalinisme s’en prendra aux femmes, à la sexualité car le productivisme s’oppose à la jouissance. Anatoli Lounatcharski était une autre grande gueule de la révolution, commissaire à l’éducation, il permettre à toutes les avant-gardes de s’exprimer dans le but de garantir la liberté et une émancipation totale avant que Staline n’impose avec le réalisme soviétique l’idée de mettre la culture non pas au service de l’humain mais de l’économie et du pouvoir.

Les Zindigné (e )s : Peut-on dire que personne n’avait vu venir la tragédie ?

Paul Ariès : Bien au contraire ! Le grand écrivain Gorki écrit en 1917, « On est en train de faire sur le prolétariat russe une expérience qu’il paiera de son sang, de sa vie, et, ce qui est pis, d’une désillusion durable envers l’idéal socialiste ». Cet avis prémonitoire était alors partagé par de très nombreux bolcheviks. Le bureau régional du PC de Moscou affirmera en 1918 que mieux vaudrait perdre le pouvoir plutôt que son âme. Evgueni Préobrajensky, membre du Politburo, ira jusqu’à proposer en 1919 de dissoudre le parti pour sauver la révolution. Le mensonge s’imposera plus tard comme fondement même du système.

Les Zindigné (e )s : Pouvez-vous citer quelques réalisations qui auraient pu changer le monde si le 1% n’avait pas dominé les 99 % du peuple soviétique ?

Paul Ariès : La gratuité des services publics très vite remise en cause, la liberté sexuelle très vite condamnée, la tentative de dépasser l’opposition ville/campagne avec les projets de peuplement homogène sur tout le territoire, le maintien d’une armée de milices comme le proposait Jean Jaurès contre le complexe militaro-industriel, les communes de logements contre les monstrueux appartements communautaires, ,une école au service de la vie et non pas du productivisme...

Les Zindigné (e )s : J’ai la conviction que vous n’écrivez pas seulement pour éclairer le passé mais le futur.

Paul Ariès : Vous avez raison. Les gauches mondiales ne sont pas encore remises de ce qui fut au XXe siècle une double tragédie, celle du « socialisme réellement existant » comme disaient les staliniens et celle de la social-démocratie convertie en social-libéralisme à la sauce Macron… Nous ne devons pas abandonner la critique de l’expérience soviétique ni aux libéraux ni aux nostalgiques de l’URSS. Nous ne construirons pas un projet éco-socialiste émancipateur sans expliquer comment les rêves d’émancipation de la jeune Russie des soviets sont devenus des cauchemars.

COMMENTAIRES  

15/09/2017 18:30 par Roger

À la lecture de cet article, on se demande où et quand se situe l’échec de la Révolution russe. Cela manque de date et de chronologie respectée. Pour ma part je situe l’échec de la révolution russe avec l’arrivée de Khrouchtchev aux commandes dont il s’est emparé. Pour une raison simple. c’est qu’avant les défaites ne sont que momentanées et suivies de victoires fulgurantes souvent. Alors qu’avec Khrouchtchev commence une suite ininterrompue de défaites qui a fait perdre le goût de la victoire à beaucoup.

15/09/2017 21:32 par Georges SPORRI

Oui, bon exemple d’article où on trouve beaucoup d’infos mais où l’essentiel est zappé... MARX avait prévu que la première grande révolution communiste aurait lieu en Russie (maillon faible du capitalisme) et , au fond , il le déplorait ... Il pensait que cela aboutirait inéluctablement à un échec sauf si la révolution russe parvenait à s’exporter rapidement dans plusieurs pays d’Europe de l’ouest ...
Pour Marx "La révolution communiste est mondiale /mais/ elle prend des formes nationales" ce qui est d’ailleurs évident puisqu’un pays communiste isolé devrait se protéger, donc maintenir une armée puissante, ce qui supprime de fait le "dépérissement de l’état".

15/09/2017 21:34 par Feufollet

Voilà une page d’histoire bien éclairante
Et je crois y trouver réponse à un vieille et lancinante question
Pourquoi les forces de gauches occidentales réfutent et combattent
Encore maintenant, les discours et les luttes écologistes
La réponse semble bien inscrite dans "fascisme-productiviste-stalinien"
Si je peux me permettre cette expression

16/09/2017 00:11 par Georges SPORRI

@Feufollet ... / En ce qui me concerne il est hors de question que je prenne le risque de me faire tuer par les flics pour défendre 3 brins d’herbe et 2 insectes dans une flaque de boue ... pour donner du prestige et du pouvoir aux De RUGY (parjure et tirelire) , HULOT (tirelire, bientôt dispensé de payer l’ISF) et autres JADOT ( qui soutient Pravij sektor, le bataillon Azov et Ihor Valeriovitch Kolomoïsky)... De plus je suis pour la construction de 15 millions de logements sociaux en France + DOM-TOM au cours des 10 prochaines années et de 300 millions par an à l’échelle terrestre (pas des cages à lapins, des immeubles beaux et fonctionnels suréquipés ... Je considère l’écologisme comme un religion new-age millénariste, néo puritaine et réactionnaire dirigée par des politiciens magouilleurs, procéduriers et cupides : prouve moi le contraire !

16/09/2017 09:00 par POTTIER Jean-Claude

Un révisionnisme anticommuniste et antisoviétique de plus. Par le biais écologiste.
Le texte débute par une reconnaissance élogieuse de l’écologie de la toute jeune république soviétique à ses débuts pour irrémédiablement sombrer dans l’antistalinisme et, finalement, l’anticommunisme.
Que se passe-t-il, historiquement parlant, entre cette toute jeune Russie et cette affreuse Russie ? Staline, of course ! Voilà le Mal.

Aucune explication sinon qu’après plus d’un demi-siècle d’antisoviétisme virulent il va de soi que le diabolique Staline, au lieu de créer le socialisme, l’a, au contraire, définitivement détruit... Vieille antienne opportuniste...
La nécessité d’un développement industriel dans les conditions du temps pour permettre à l’URSS de devenir une puissance digne de ce nom ? Pas un mot, bien sûr !
On appelle ça : productivisme. Pour faire pseudo savant.
Entre la Russie épuisée par la guerre, l’hiver, le froid et la famine de 1917 et celle envahie par les colonnes nazies de 1941, Ariès parle donc de : "productivisme". C’est-à-dire d’une sorte de choix politique qu’on pourrait (devrait ?) remettre en question. Que serait-il donc advenu si, en 1941, la Russie soviétique n’avait pas jeté les bases de son industrie ? Et si elle n’avait pas poursuivi son effort de guerre jusqu’en 1945 ?
Ariès se garde bien de rappeler les 26 millions de Soviétiques tués durant les 4 ans de guerre, les destructions du pays.
Ariès est un petit bourgeois qui raisonne en petit bourgeois révisionniste, entre courant social-démocrate et son corollaire de gauche, le trotskysme...

16/09/2017 09:55 par Esteban

D’entrée :

Je propose en effet une lecture antiproductiviste de l’histoire de l’URSS puisque l’échec n‘était pas inscrit dans les gènes de la révolution d’Octobre et ne doit rien au retard de la Russie ni à l’encerclement capitaliste.

Ben voyons. On balaye d’un revers de main l’omni-pression capitaliste guerrière aux frontières de la nouvelle république, on l’asphyxie économiquement, on l’isole et on sabre la manière qu’elle tente de mettre en place pour passer des caps. En effet, à l’époque, les dirigeants de l’Union soviétique ont nécessairement priorisé la voie de l’industrialisation et de la production pour s’en sortir. Qu’aurait voulu monsieur Aries ? Que les nouveaux dirigeants conservent l’état de vie primitif et que pour nourrir plus de 150 millions de personnes et élever leur "buen vivir", ils les laissent à la merci de la cueillette des champignons et des fraises des bois et à la charrue à main ?

16/09/2017 13:11 par Vlad Oulaniov

Hum....l’"américanisation" de l’économie soviétique, notamment dans l’agriculture, semble plutôt être venu avec Krouchtchev qu’avec Staline, comme le montre bien cet article : http://www.investigaction.net/fr/lyssenko-un-imposteur/

On y apprend que Lyssenko était loin d’être un productiviste, il était même un ennemi de l’agro-chimie et du "modèle" américain au contraire de "Mr.Maïs" (Krouchtchev) qui abandonna le modèle lyssenkiste pour la monoculture qui eut pour formidable résultat...un effondrement général de la production agricole.

Ensuite, il est vrai que le "Plan stalinien de transformation de la nature" nous paraît par certain aspects délirant (détourner les fleuves...) mais par d’autres il est d’une modernité impressionnante : les planificateurs prévoyaient la plantation "murailles vertes" pour lutter contre la sécheresse et l’avancée des déserts. Une idée aujourd’hui largement répandue et utilisée, au Sahel notamment.

Quant à Kronstadt...il est aujourd’hui prouvé que l’insurrection fut soutenu par les "gardes blancs" finlandais, les mêmes qui écrasèrent la révolution ouvrière et parquèrent les rouges dans des camps de travail et ce dès juin 1918....avant la création du goulag.

Qu’il y ait eu de formidables innovations en URSS qui furent par la suite abandonnées est vrai, mais dire que Staline les ait toutes abandonnées au profit d’un capitalisme d’Etat me semble faux ( c’est sous Staline que furent construits des milliers d’écoles, de lycées, d’instituts de formation, que le chômage et l’analphabétisme furent éliminés par durant le "communisme de guerre" ou la NEP !).

16/09/2017 13:43 par Assimbonanga

@Georges, en tant qu’écologiste de fibre, je n’aime ni Hulot, ni Jadot , ni de Rugy. Ne vous fiez pas à ces mecs pour représenter la fibre écologique. Creusez encore ! Il vous reste à explorer.

16/09/2017 16:17 par Georges SPORRI

@assim... / Tu penses que Jadot, Cohn-Bendit, Hulot et De Rugy ne sont pas conformes à l’ADN de l’écologisme et je pense le contraire ... Il y a bien sûr des écolos et des décroissantistes moins finis, mais leur idéologie basée sur des fadaises juxtaposées avec des critiques exactes conduit inéluctablement à des options réformistes, puis droitières et parfois fascisantes ... C’est inscrit dans le mépris des écolos pour la construction massive de logements sociaux ( 1 exemple parmi d’autres ).

16/09/2017 19:04 par Feufollet

M. Georges,
Si LGS était un média au service de : la RELIGION du PROGRES,Techno-Scientiste-Financiarisée-Globalisée, le tout, doublé d’une frénésie productiviste allant jusqu’aux gaspillages en tout genres,
Alors, je ne lirais pas LGS du tout, ou ne le connaîtrais pas.
Les postures critiques des auteurs publiés sont plutôt assez clairement anti-système
et je n’y trouve pas tellement, pour ne pas dire jamais, de zélateurs de la technocratie.
Les technocrates et financiers nous ont dirigés et nous dirigent dans la consommation de masses.
A la place de fournir et garantir les produits de base alimentaire saints, bios, (ça veut dire sans substances toxiques et éthiques à tout le monde, les technocrates qui dirigent la production détruisent la biosphère terrestre qui assure notre existences.
Une production biologique provenant de l’agriculture paysanne peut possiblement nourrir la planète encore un moment.
Mais il y a des limites à la destructions des terres qui ne devraient plus être franchies depuis longtemps.
Il n’y a pas la place ici pour apporter des compléments de preuves au dossier "survie de la biosphère"
Je vous laisse donc encore rêver à vos villes luxueuses et à votre béton
Dans un monde ou aucun humain n’aura pu subsisté
Et seule la mousse végétale occupe tous le étages.

16/09/2017 19:09 par Autrement

Même s’il y a des informations intéressantes et nouvelles dans ce texte, réduire l’histoire de l’URSS à celle de sa position sur l’écologie fausse complètement l’exposé et le raisonnement. La vision de Ph. Ariès est largement anachronique, obnubilée par des problèmes actuels qui, pour être sérieux, sont d’une utilité bien minime pour expliquer l’histoire économique et politique de l’URSS. Cette façon de saluer le centenaire de la révolution d’Octobre ne peut donc que nuire, aussi bien à la cause écologiste qu’à la pensée du communisme. On préfèrera de beaucoup (pour s’en tenir à une évocation artistique et véridique) Ivan le Terrible et le Cuirassé Potemkine.

16/09/2017 21:19 par MF

Heureusement que dans l’entre deux-guerres, les idées de Monsieur Ariès n’étaient pas au pouvoir en URSS sinon à l’heure où nous parlons le drapeau à la croix gammée flotterait de Paris jusqu’à Moscou. La nécessité de donner la priorité à l’industrie lourde était une nécessité vitale et la deuxième guerre mondiale fut gagnée de peu. Cela seulement suffirait déjà à ne pas qualifier la période soviétique d’échec. Rejeter cet encerclement et l’arriération initiale de la Russie d’une simple phrase n’est pas sérieux. (Quant aux soces-déms à la Pierre Zarka, s’ils veulent voir un échec authentique, qu’ils regardent la Grèce de leur ami Tsipras.)

16/09/2017 21:59 par Luniterre

Bonjour à tous,

Je viens de découvrir cet article qui prétend à un éclairage « historique nouveau »...

En fait un « collage » de points de détails divers arrangés pour former un « tableau » anticommuniste de plus dans la galerie déjà bien fournie des calomnies antisoviétiques.

Au passage... à propos de la NEP... on nous dit :

« Paul Ariès : Le PC(b)R, métamorphosé en PCUS tout comme la RSS l’a été en URSS,... »

Juste un rappel :

>>>La NEP commence en 1921... ok

>>>L’URSS est fondée en 1922... ok

Mais... :
>>>le ВКП(б) devient le КПСС ( PCUS ) en 1952 !!!

Autant, donc, pour les prétentions « historiques »...

Pour le reste, j’ai un peu l’impression d’arriver après la bataille, l’essentiel étant déjà rappelé dans les divers commentaires...

Mais histoire d’en remettre une couche, il n’est pas inutile de rappeler encore à quel point certains faits sont têtus...

En 1941, il a encore fallu 6 mois de « productivisme acharné » pour permettre à l’Armée Rouge d’arrêter les nazis aux portes de Moscou, et pas avec des fleurs aux canons des fusils, que je sache...

6 mois de « productivisme acharné » qui eussent sauvé des millions de vies s’ils avaient pu être accomplis avant l’attaque allemande !!

Il y a pourtant bien lieu de faire une étude critique de l’histoire de l’URSS, si l’on veut comprendre comment Khrouchtchev et sa clique ont pu commencer à saper l’URSS sans plus de résistance.

Une étude lucide, fondée sur le matérialisme dialectique et historique, où la Révolution ne peut pas être vue uniquement comme un jardin de fleurs...
(Et c’est un jardinier qui vous le dit...)

Luniterre

Quelques éléments :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/08/14/un-siecle-apres-la-revolution-doctobre-1917-comprendre-lhistoire-de-lurss/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/08/18/doctobre-a-la-chute-de-lurss-problematique-du-rapport-de-force-et-de-la-superstructure/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/08/06/de-la-nature-de-classe-de-la-contre-revolution-khrouchtchevienne-nouveau-debat-avec-locf/

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17/09/2017 08:48 par CN46400

Les bobos a l’assaut de la révolution d’octobre. Quel est le but de cet article ? Réveillr les fantômes de Staline !
Oui je confesse, j’ai vécu dans un immeuble du 13°, sans salle de bain avec WC collectif, je suis donc un contre-révolutionnaire qui a pris du plaisir quand nous avons déménagé à Choisi de Roi dans une tour HLM où toutes ces commodités étaient comprises dans le logement. Pour mr Ariés, je suis donc devenu un bourgeois qui, pour son plaisir égoïste, a empiété sur un espace agricole ......
Voilà pour aujourd’hui, mais j’interviendrais sur ce fil dès que la fête de l’Huma 2017 sera, pour moi, du passé

17/09/2017 09:18 par Rodriguez Gilbert

Je relaie la réponse quelque peu indignée de Danielle BLEITRACH

Je n’ai qu’une chose à répondre à ce délire hors contexte et réalité, c’est que jamais leur « utopie » anti-productiviste n’aurait résisté à l’assaut des armées nazies et que rarement on vit démonstration bobo aussi éloignée de tout contexte… Quoique l’on pense par ailleurs du dit Staline, heureusement que Staline n’était pas Paul Aries et même Mélenchon, parce que ni moi, ni Kaganovitch -qui s’occupait des Transport et était juif(1)- n’aurions survécu au choc de la deuxième guerre mondiale.

Le contexte du socialisme dans un seul pays a été imposé par les adversaires, c’est celui des 11 millions de morts dont 9 millions de civils dans l’atroce guerre civile dans laquelle les armées blanches encadrées par 14 puissances dont le France, liguées contre l’URSS, puis surtout le choc de la deuxième guerre mondiale avec ses 26 millions de morts, passer en 20 ans à la modernité par une accélération terrible et nécessaire comme le reconnaissent les Russes aujourd’hui et peut-être également la « guerre froide » où les Etats-Unis avaient été capables de créer Hiroshima, jamais les Soviétiques n’ont eu le choix…

Ce Paul Aries est risible et malheureusement c’est le genre de connerie avec lesquelles on prétend former des militants anti-impérialistes..

Je vous donne rendez-vous -vous en octobre à la publication de mon livre à paraître chez Delga : intitulé Danielle Bleitrach, 1917-2017,

"Staline un tyran sanguinaire ou un héros national" ?

Dialogue entre Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop.

Je pense que la parution de notre livre s’impose face aux délires sur la décroissance et la récupération trotskiste. Encore que. Trotski était nettement plus réaliste que ses épigones… il m’arrive de me dire qu’il faut le réhabiliter par rapport à l’image désastreuse que donnent de lui certains d’entre eux. Le créateur de l’armée rouge n’était certainement pas un disciple de la décroissance ou de l’autogestion, ni un bobo libéral libertaire… Staline et Kaganovitch non plus… Mais que vient faire Pierre Zarka dans cette galère ?

(1) pourquoi citer à charge le seul Kaganovitch ? Alors que ce n’est pas lui mais quelqu’un d’infiniment plus contestable à savoir Beria qui s’occupait de l’industrialisation ?
Les rêves de la jeune Russie des Soviets, une lecture antiproductiviste de l’histoire du stalinisme — Paul ARIES
(Préface de Pierre Zarka, ancien directeur de L’Humanité) (Editions Le Bord de l’eau, septembre 2017, 335 pages, 22 euros) Rencontre avec Paul Ariès Les Zindigné(e )s…
LEGRANDSOIR.INFO

17/09/2017 13:33 par Pierre M. Boriliens

@Esteban
On balaye d’un revers de main l’omni-pression capitaliste guerrière aux frontières de la nouvelle république...

Au début, pas seulement aux frontières : https://fr.wikipedia.org/wiki/Intervention_alli%C3%A9e_pendant_la_guerre_civile_russe
Ce qui fait d’ailleurs que la guerre dite "civile", n’était pas si civile que ça et qu’on comprend bien, avec le précédent de la guerre de 14/18 qui se prolonge jusqu’en 1920 en Russie, que les autorités soviétiques aient pris des précautions pour la suite, sous peine de disparaître.

En outre, c’était quand même déjà de l’histoire ancienne, il n’est qu’à lire la première phrase du Manifeste du Parti Communiste (1847 !) :
"Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les radicaux de France et les policiers d’Allemagne..."
https://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000a.htm

Il faut évidemment tenir compte de tout ça pour juger de cette période de l’histoire !

17/09/2017 14:20 par Assimbonanga

Le mot bobo est-il entré au dictionnaire ? Quelle est sa définition ?
Les monstrueux appartements communautaires ? Tiens, c’est marrant, au visionnage du film l’Auberge Espagnole, il semblerait pourtant que cette formule séduise encore, dans l’adversité....
Bon enfin, pas grave. La révolution russe, elle n’a pas fini de s’en prendre plein la gueule cet automne. Ce sera très tendance.

17/09/2017 14:32 par Guillaume Suing

Le centenaire de la révolution d’Octobre est l’occasion de toutes les récupérations, on retrouve une recrudescence trotskiste sur Intenret, mais aussi comme c’est le cas de cet article de déviation de droite qu’on peut appeler "boukhariniste". En fait les réalisations de l’URSS en matière d’écologie ont sans doute atteint leur apogée dans les années quarante et ne furent remises en cause que par l’alignement défaitiste de khruochtchev sur le modèle productiviste US. Auparavant l’agronomie soviétique, à l’avant garde scientifique dans les sciences du sol et des écosystèmes, s’attachaient à lutter contre les dissidences proUS et partisans des pesticides et engrais chimique (pryanichnikov par exemple, attaqué par williams et lyssenko).
Il y a eu deux période dans l’histoire de l’agriculture soviétique : une première période contemporaine de la NEP et qui visait à résoudre les problèmes immédiats de famine (jusque dans les années trente) [on pourrait appeler ça la NEP écologique, puis une politique d’agroforesterie contemporaine de la collectivisation totale des années trente, et qui s’accompagne "curieusement" de la disparition des famines... le "grand plan de transformation de la nature", plus grand plan d’agroforesterie de l’histoire (le "must" des perculteurs aujourd’hui), fut contemporain du rétablissement d’une production agricole intense après les ruines de la guerre...

17/09/2017 16:39 par Luniterre


Autre type de manipulation pseudo- « historique », dans cet article
... Déjà par le genre de question « ad-hoc » pour servir la « soupe » frelatée... :

« Les Zindigné (e )s : Je vous sens davantage proche de Kollontaï et de Lounatcharski que de Lenine et de Trostki…
Paul Ariès : Alexandra Kollontaï, égérie du féminisme et partisane de la libération sexuelle, fut notamment Commissaire du peuple aux affaires sociales, on lui doit la reconnaissance de l’égalité homme/femme, celle des enfants légitimes et naturels, le droit à l’IVG et au divorce, la volonté de construire des services publics de proximité pour libérer les femmes des corvées ménagères… »

Manque de chance pour ce duo d’intellos « branchés », Kollontaï est restée une fidèle partisane de l’URSS, jusqu’à sa mort, en 1952...
Tout en conservant son esprit critique affûté, elle n’en soutenait pas moins ardemment la cause.
Témoin, ce message enthousiaste envoyé à Andreï Jdanov pour la publication de son fameux rapport.

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/08/01/rapport-jdanov-1947-un-message-dalexandra-kollontai/

Elle était, à ce moment, déjà en retraite, et rien ne l’obligeait donc à s’engager ainsi.

On peut simplement supposer qu’en soutenant Jdanov, même avec un message aussi formel, elle prenait part à sa résistance contre le trio Beria-Malenkov-Khrouchtchev qui était en train de prendre le contrôle du parti, avant d’éclater et de se réduire au seul Khrouchtchev, par la suite.

Mais c’est une autre histoire...

Qui sera donc épargnée à Kollontaï, décédée en 1952.

Luniterre

PS : pour mémoire, le Rapport Jdanov
https://tribunemlreypa.wordpress.com/andrei-jdanov-1947-rapport-sur-la-situation-internationale_/
Les "bonnes feuilles"... (bonnes, mais pas pour tout le monde...!)
https://tribunemlreypa.wordpress.com/doctrine-jdanov-les-bonnes-feuilles-commentees-selon-eduscol-du-rapport-jdanov-de-1947/

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17/09/2017 19:56 par Vlad Oulianov

Désolé de revenir à la charge, mais je voulais revenir sur le concept de "capitalisme d’Etat".

Le capitalisme, même d’État, vise à accroître les profits de la classe dirigeante. Or, si l’on considère les immenses investissements fait en matière de culture, d’éducation, de santé, de recherche, d’équipements sportifs et de loisirs....l’URSS était très loin d’être un capitalisme d’État.

En effet, aucun capitalisme ne se serait encombré de construire des théâtres et des bibliothèques dans les usines, de maintenir bas les loyers, de rendre gratuit la santé, l’éducation (jusqu’à l’enseignement supérieur), les crèches et les transports collectifs, de garantir aux ouvriers le droit effectif aux vacances : les centres de vacance étaient souvent dépendants des "entreprises autoritaires" ; tellement "autoritaires" que les ouvriers définissaient avec les cadres de l’organisation quotidienne du travail....

Sans oublier la retraite à 60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes.

Et la libération sexuelle a bien eu lieu (source : http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/nos-vies-intimes/20170814.OBS3386/le-sexe-c-etait-bien-mieux-pour-les-femmes-sous-un-regime-communiste.html)....

Sauf pour les LGBT, hélas : comme je l’ai dit, de formidables innovations, comme les "communes scolaires" dont Ariès m’apprend l’existence ( merci à lui) ou le contrôle ouvrier (pourtant fondamental), furent abandonnées, malheureusement.

17/09/2017 20:02 par CN46400

Le pb de la révolution russe n’est pas écologique ; (c’est quoi l’écologie politique en 17, y compris au niveau mondial ?) ; le vrai pb est que la révolution a éclaté dans une contrée ou le capitalisme est trop jeune pour avoir porté les forces productives au niveau atteint dans d’autres contrées (Occident, Japon). Lénine est tout à fait conscient du pb, Dès 18 il planche sur le "capitalisme d’état" où c’est l’état qui domine le capital alors que c’est l’inverse qui est constaté dans le capitalisme classique (Manifeste de KM). C’est ce principe qui sera à la base de la NEP.
Staline a fait, après avoir évacué la NEP, le choix du développement autarcique, qui convenait aux jeunes communistes issus de la guerre civile, il faut l’assumer. Trotski, tout en refusant de prendre ouvertement la défense de la NEP, qu’il avait pourtant promu du vivant de Lénine, a prévenu que le « socialisme dans un seul pays » serait « policier ». La suite lui a donné raison, au delà sans doute de ce qu’il prévoyait.
Par contre Staline savait que « autarcie » signifiait à terme affrontement militaire contre les forces du capitalisme. Il s’y est rationnellement préparé, complexe militaro-industriel au taquet (contrairement au rapport K), diplomatie adroite pour retarder autant que possible l’échéance.
On ne peut évidemment spéculer sur qu’aurait donné la poursuite de la NEP. Mais l’expérience Deng Xiao Ping montre que le capitalisme US se trouve coincé lorsque qu’il veut faire dans l’anti-Chine du fait de la présence en Chine d’intérêts capitalistes US importants. On peut donc envisager, mais pas affirmer, que les capitalistes allemands impliqués dans la NEP auraient, sans doute, réfléchi plus sérieusement avant de mettre tous leurs oeufs dans le panier hitlerien....
En tous cas, le système stalinien a conduit à un rationnement des produits manufacturés qui a fini par décourager la population de prendre la défense active de celui-ci lorsqu’une bande de pillards s’est abattue sur l’URSS.
Evidemment, là ne se clos pas le débat sur le passage sociétal du capitalisme au communisme

17/09/2017 23:40 par Boris Vassiliev

Juste une remarque au milieu de ce délire buenvivériste à la sauce Tatare , de Russie bien sûr !
L’unité de mesure Russe est l’" archine " et non pas l’ " archive " .
Notion bourgeoise de la métrologie .
Cit [ suppression de l’organisation en classes, des cours magistraux et de l’enseignement des langues anciennes car selon Lounatcharski « elles encrassent l’esprit de l’enfant et servent à dresser des esclaves de la bourgeoisie », ouverture des cours d’histoire, de géographie et de littérature aux sciences sociales marxistes, remplacement des disciplines traditionnelles au profit de« centres d’intérêt » à partir desquels on fait un peu de tout, y compris en prenant en compte les choix de chaque enfant/élève, développement de la pédagogie individualisée, etc. La jeune Russie des Soviets instaure donc, le 16 octobre 1918, l’École unique du Travail, dont toute la pédagogie repose sur le principe de la « commune scolaire ]
Mais c’est la réforme de Belkassine !

18/09/2017 00:50 par act

« Walter Benjamin présent à Moscou en 1927 évoque le fort sentiment national(iste) suscité par la peur de l’effondrement de l’Etat. La pénurie réveilla notamment un vieux fond antisémite rurale et sonna le retour des pogroms, y compris au sein de la makhnovista (l’armée anarchiste). »

Sauf que :
1-Il est fort probable que les pogroms attribués aux Makhnovistes n’étaient que propagande. Makhno condamnait fermement l’antisémitisme et de nombreux contemporains et historiens -dont certains de confession juive- ont démonté ces accusations.
2-Quoi qu’il en soit, en 1927 cela faisait 6 années que la "makhnovista" avait cessé. L’"armée anarchiste", après avoir combattu pour la révolution et aux cotés des bolchéviques contre Dénikine et Wrangel fut attaquée et vaincue par...les bolchéviques. Une vieille manie ?

La critique légitime du productivisme dans l’absolu ou du "stalinisme", ne devrait pas ignorer que c’est sur le front Est que la dernière offensive nazie majeure a échoué.

18/09/2017 18:40 par CN46400

@ Vlad Oulianov

Le sens de la formule "capitalistme d’état" varie en fonction de l’orientation politique de celui qui l’emploie. Chez Lénine c’est l’inversion de la formule de Marx : "le gouvernement moderne est un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie", il remplace le mot "bourgeoisie" par "prolétariat". A la domination des intérêts bourgeois sur l’état, succède la domination des intérêts prolétariens, mais le capital reste largement privé.
D’autres, en général de droite, emploient cette formule pour qualifier le régime stalinien. Formule évidemment impropre puisque dans l’URSS de Staline le capital n’était pas privé !

19/09/2017 09:15 par CN46400

@Guillaume Suing
La "NEP écologique" est une formule osée. Mais il est vrai que la paysannerie russe est en 1920 la classe la plus nombreuse de L’URSS. La Révolution d’octobre lui a donné la terre et a scellé ainsi une alliance avec la classe ouvrière à laquelle Lénine, pour garantir la survie de son régime, tient absolument. Aux réquisitions obligatoires de la guerre civile, il préfère l’impôt en nature qui permet aux paysans de disposer, à leur guise, des surplus.
En retour ceux-ci réclament des machines, des outils modernes, des engrais. Lénine répond en lançant la NEP pour doper, y compris par l’entrée des capitalistes étrangers (Allemands et Américains surtout), la production de ces besoins.

En fait, Lénine est dans une logique économique classique. L’industrie doit se développer rapidement mais sur la base d’un exode rural volontaire, comme cela s’est passé partout en Occident. Pour améliorer leur niveau de vie, les paysans émigrent progressivement vers la ville. Avec Staline, changement de programme, l’autarcie ("socialisme dans un seul pays") nécessite la protection derrière un complexe militaro-industriel prioritaire et conséquent, ce sera la "collectivisation" c’est à dire l’exode rural forcé.....

19/09/2017 09:26 par CN46400

@GSporri
"MARX avait prévu que la première grande révolution communiste aurait lieu en Russie (maillon faible du capitalisme)"
Marx n’est pas un prédicateur, c’est Lénine qui, avec cette formule (Maillon faible de la chaîne capitaliste), explique le surgissement de la révolution sociale en Russie

19/09/2017 11:10 par Geb.

Cet "interwiew" de Paul Ariès est pour mon compte un ramassis hors contexte, empli d’erreurs temporelles et d’affirmations tombant à point dans une campagne russophobe et anticommuniste émergente.

Staline, (Quoi qu’on puisse penser de sa personne) ne joue ici que le rôle de catalyseur permettant de tenter de clouer toute espérance de ré-émergence de l’Idée communiste. On retrouve appliqué à la Russie Soviétique léniniste tous les poncifs déjà appliqués à Cuba et qui seront ou sont déjà appliqués à la Russie, à la Chine et à la Corée du Nord sans tenir aucun compte d’où viennent leurs situations, les contraintes qui leur sont appliquées par le Capitalisme ainsi que les réussites atteintes malgré tout.

Je ne me fais pas par là le fervent défenseur de "Staline", (Ni d’ailleurs des acteurs qui l’ont entouré, y compris du Peuple soviétique qui a apparemment relativement et majoritairement bénéficié de la situation par rapport à sa situation antécédente sous le Tsar - Ne serait-ce que par sa victoire sur le Nazisme grâce au "productivisme stalinien effréné"), mais j’ai toujours une relative méfiance envers les articles critiques qui sortent juste à point pour alimenter les campagnes de nos ennemis réactionnaires.

Je constate simplement que dans ce mêli-mêlo on permet brusquement la résurgence d’un ensemble de fantômes permettant de stigmatiser à la fois la Russie, (Soviétique ou pas), les Communismes et Socialisme et leurs ratés ’réels", (Et par la même occasion mettre en doute leurs réussites indéniables), et surtout y amalgamer le Marxisme léninisme et les pays qui s’y réfèrent encore, (Entre autre Chinois, Cubain, ou Nord-Coréen - Tous antagonistes de l’Empire), et que ça tombe bien à point pour faire un "package", (Comme le disent nos "partenaires" étatsuniens) ; afin de lancer des polémiques internes aux mouvements progressistes dans le Monde, et en France en particulier.

Pendant que nous nous écharperont sur Staline, Lénine and Co, (Accessoirement en y accolant un Mélenchon ou un Maduro, Kim ou Xi, dans chacun), ça permettra au Capitalisme macronien et au Trumpisme de souffler un peu.

Et on pourra même chez nous se dire avec soulagement, (Qu’on soit pro-stalinien ou anti), que c’est pas demain que Pierre Laurent jouera le rôle du Petit Père des Peuples.

Danielle Bleitrach a l’air de s’étonner que Pierre Zarka joue un partition dans ce jeu. Perso je n’y vois rien qui me choque. Après tout il a lui aussi participé comme caution, sinon comme décideur, à la grande fête de la démolition de l’Idée communiste en France et au grand méa-culpa que la Direction du PCF a imposé à ses Militants sur le Stalinisme et ses crimes réels et/ou supposés, lors de cette démolition.

J’ai hâte de lire le bouquin de Danielle, je pense qu’on y trouvera un peu plus d’objectivité et de prise en compte du réel.

19/09/2017 13:15 par Lequenne Michel

Voilà un livre qui est un magnifique exemple de critique réactionnaire de la Révolution russe.
La méthode consiste, d’une part, à opposer les conceptions de la révolution préalables à la réalité où elle s’est trouvée , et d’autre part et surtout de considérer qu’il n’y a pas de grande différence entre bolchevisme de Lénine et Trotsky et la contre-révolution de Staline, et d’attribuer au premier ce qui n’appartient qu’au second. Cela culmine avec la monstruosité, d’attribuer au « "système“ (c’est-à-dire à Lénine et Trotsky,) le "national-communisme" de Staline, donc exactement le contraire de l’ internationalisme des premiers, théorique et pratique, du premier appel, dès la prise du pouvoir, à la paix immédiate sans annexions,à la création de le IIIe internationale (supprimée par Staline), en passant par l’aide à la Révolution allemande, comme s’ils avaient conçu et réalisé le contraire de leur pensée.
Par ailleurs, on trouve l’imbécile examen critique de la révolution du point de vue de l’écologie. L’essentiel y est cependant de traiter toute la révolution sous la seule causalité du problème de l’industrialisme, traité sans rapport avec la guerre du monde entier contre la Révolution, et de la ruine de la Russie à sa fin. Puis, bien que citant le"Moins mais mieux" de Lénine, en 1923, n’en tenant pas compte pour condamner l’industrialisation forcenée de Staline, à partir de 1928 (donc au début du stalinisme), comme si c’était celle, méthodique, prévue par Trotsky. Aussi bêtement, la Nep est donnée comme le retour à l’économie bourgeoise, alors qu’il s’agissait seulement de revenir, transitoirement, pour un moment limité, à l’économie de marché, dans les productions d’urgence, avec des risques, pris consciemment.
Que Zarka ait préfacé ce livre ne peut nous étonner de quelqu’un qui a toujours considéré le stalinisme comme du communisme.
J’ai peine à voir un Ariès tomber si bas.
Il devra vraiment jeter son livre à la poubelle s’il lit ma Contre-révolution dans la Révolution, sur mon site : lequenne.michel.free.fr
Michel Lequenne m.lequenne.free.fr

19/09/2017 15:31 par CN46400

@ Lequenne
Aussi bêtement, la Nep est donnée comme le retour à l’économie bourgeoise, alors qu’il s’agissait seulement de revenir, transitoirement, pour un moment limité, à l’économie de marché, dans les productions d’urgence, avec des risques, pris consciemment.

Désolé mais la thèse de la NEP "transitoire" est archi-fausse et a été diffusée par Staline et les post staliniens pour rallier le fantôme de Lénine au "socialisme dans un seul pays". "Epluchez" les tomes 32,33,34,35,42,45 des OC de Lénine et vous constaterez que pour lui c’est une politique engagée pour "plusieurs générations". Par exemple, il propose à un consortium de capitalistes américain l’exploitation de la presqu’ile du Kamchaka (la moitié de la France) pour 60 ans, avec une bases militaire pour se protéger des japonnais...

19/09/2017 17:19 par Georges SPORRI

@CN46400 / C’est un fait historique... Marx pensait que la prochaine révolution communiste serait probablement une "révolution double" en Russie avec un énorme problème stratégique = comment industrialiser sans employer les mêmes méthodes brutales que l’accumulation du capital en GB ??? La réponse c’était l’internationalisation de la révolution et l’anti impérialisme... Marx entretenait une correspondance très assidue avec Plekhanov pour enseigner à la social démocratie russe les principes marxistes, contre le républicanisme démocratique et progressiste d’une part et contre le populisme romantique d’autre part...

20/09/2017 00:59 par Jean Cendent

Walter Benjamin présent à Moscou en 1927 évoque le fort sentiment national(iste) suscité par la peur de l’effondrement de l’État. La pénurie réveilla notamment un vieux fond antisémite rurale et sonna le retour des pogroms, y compris au sein de la makhnovista ? Ou La Makhnovchtchina (l’armée anarchiste)

C’est cela même … Et depuis 1925 les parisiens et les parisiennes pouvaient voir dans le ciel, Nestor Makhno s’envoler vers l’Ukraine ou l’URSS dans sa cape noire de vengeur démasqué pour antisémiter et pogrommer à donf ! Partout, partout et plus encore …

Nestor Makhno, un paysan d’Ukraine ( documentaire )

La Makhnovchtchina combat avec succès les forces de la république nationale ukrainienne de Petlioura ainsi que les armées blanches de Dénikine et Wrangel.
Après la victoire contre les Blancs, l’Armée rouge qui a passé des alliances tactiques temporaires avec Makhno, a désormais les mains libres, trahit et se retourne contre la Makhnovchtchina.
Makhno est mis hors la loi.
En août 1921, après plusieurs mois de combats acharnés contre les bolchéviques, les derniers partisans de Makhno quittent l’Ukraine et franchissent la frontière roumaine .

Honorables ? Les "suprêmes" faux communistes en rut pour le pouvoir et l’aliénation en hiérarchies des peuples.

Makhno n’accepta pas de lancer son armée sous le commandement suprême de Trotsky, chef de l’Armée rouge. Cependant, les deux armées se trouvèrent d’accord à deux reprises. Lorsque la gravité du péril interventionniste exigea leur action commune ce qui se produisit d’abord en mars 1919 contre Dénikine, puis au cours de l’été et de l’automne 1920 quand menacèrent les forces blanches de Wrangel que finalement Nestor Makhno aida à mettre en déroute. Mais aussitôt le danger contre-révolutionnaire conjuré, l’armée Rouge reprenait les opérations militaires contre les guérilleros de Makhno qui lui rendaient coup pour coup. À la fin de novembre 1920, le pouvoir bolchevik n’hésita pas à organiser un guet-apens contre ceux que Léon Trotski considérait comme un mouvement formé par les riches fermiers « koulaks » cherchant à établir leur pouvoir dans la contrée.
Les officiers de l’armée makhnoviste de Crimée furent alors invités à participer à un Conseil militaire, ils y furent aussitôt arrêtés par la police politique, la Tchéka, et fusillés sans autre forme de procès ou désarmés. À la fin, mis hors de combat par les forces très supérieures en nombre et mieux équipées, Makhno dut abandonner la partie : il réussit à se réfugier en Roumanie en août 1921 et à gagner Paris où il meurt en juillet 1935.

20/09/2017 08:00 par CN46400

@ G Sporri

Je ne connais pas les écrits de Marx auxquels vous vous référez, par contre je connais le Manifeste qui décrit le long chemin du développement du capitalisme qui en 1917 n’était qu’à peine entamé en Russie. Lénine en était si conscient qu’il avait prévu, en cas de victoire révolutionnaire en Allemagne, de transférer le siège de l’IC à Berlin...

La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire.
Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l’homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". (...)

21/09/2017 00:50 par Luniterre

Bonsoir à tous,
Je me permets de revenir encore sur la présentation que CN46400 fait de la NEP et du capitalisme d’État.
C’est déjà une polémique ancienne entre nous, mais d’une part, tout le monde ne la connait pas forcément, et d’autre part, cela concerne exactement le sujet de l’article et du livre qu’il est censé vanter (fort piteusement, vu d’ici, ce qu est plutôt une bonne chose, en fait...).

Quoi qu’il en soit une approche matérialiste dialectique de la NEP doit tenir compte de l’évolution du réel, sur le terrain, et non uniquement de projections livresques et donc dogmatiques.
C’est en 1918 que Lénine définit le capitalisme d’État, et c’est sur son texte de 1918 qu’il revient, en 1921 et ensuite, pour affiner sa conception diu capitalisme d’État.
L’intervalle 1918-1921, c’est la fin de la guerre civile, que Lénine avait donc cru proche en 1918, mais qui l’a donc amené à reporter ce projet, précisément, déjà, en fonction de cette évolution du réel.

Néanmoins, le principe en est clair : le capitalisme d’État n’est pas, en soi, un mode de production spécifique, mais un type de relation entre l’État prolétarien, qui contrôle déjà et conserve un secteur économique socialiste dominant, et différents secteurs privés ou d’« économie mixte » (joint-ventures avec capitalistes étrangers ou entreprises mixtes avec participation d’industriels russes).

Le cas de la paysannerie est quant à lui particulier et ne peut pas se comparer à ce que nous connaissons en occident.
Il faut d’abord rappeler qu’avec la Révolution d’Octobre et son Décret sur la Terre, toute les terres sont devenues, de droit, propriété de l’État.

Ensuite il faut ausi et surtout rappeler que la petite paysannerie russe survivait encore sur le mode villageois communautaire du « mir », où les terres sont attribuées aux familles en fonction des besoins.
Et donc sans réelle propriété privée, mais par un système de « concessions » relativement démocratique, même s’il s’agissait surtout de partager une misère, les meilleures terres appartenant à la noblesse.

Ensuite, il faut rappeler que la « réforme » de Stolypine visait à démanteler le "mir" pour créer une classe de paysans capitalistes « moyens », honnie également par les paysans du mir et par la noblesse, dont elle précipitait le déclin.
(>>>1911, assassinat de Stolypine par un SR, semble-t-il...)

Néanmoins, la classe des koulaks apparaît et se développe en accaparant des terres par tous moyens, et donc illégaux, juridiquement, à partir de la Révolution d’Octobre.
Le slogan « la terre à ceux qui la travaillent » se comprenait donc d’abord, pour le petit paysan, comme une restauration et une extension systématique du principe du mir, et rentrait donc déjà potentiellement en conflit avec les koulaks.
On connait la suite, mais on « oublie » cette réalité qui en est l’une des causes...
Le kolkhoze était donc, finalement, contre le koulak, le substitut incontournable du mir.

Dans ses textes sur la NEP, Lénine évoque parfois une durée d’une dizaine d’années ou plus, « dix ou vingt ans », dans un cas, même, effectivement ("De la coopération"). Mais en quoi cela nous aide-t-il ? La situation au moment de ces textes, c’est encore le début de la NEP, et lorsque la crise économique engendrée par la NEP éclate vraiment, Lénine n’est plus là pour en parler et il est donc vain de spéculer sur ce qu’il en aurait pensé.
Le texte initial de 1918 nous montre précisément qu’il tenait d’abord compte de l’évolution du réel et savait y adapter sa ligne politique. On ne voit pas pourquoi il en aurait été autrement face à la crise de la NEP.

D’après nos polémiques, les propos de CN46400 sur le sujet "NEP/capitalisme d’État" visent fondamentalement à justifier son allégeance au « socialisme de de marché » du PC chinois, qui n’est, en fait, qu’une forme assez classique de capitalisme monopoliste d’État, reposant sur la domination du capital financier, surtout et y compris, au plus haut niveau du « parti », principal centre de la spéculation, depuis les accords Mao-Kissinger, en 1972. Aucun rapport avec la NEP, donc, en réalité... Quant au "capitalisme d’État" maoïste, il devient directement capitalisme financier "international", et principalement US, dès 1972...

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/09/01/de-la-structuration-maoiste-de-la-bulle-chinoise/

Bonne lecture,

Luniterre

21/09/2017 08:26 par CN46400

@ Luniterre
Sans l’avouer franchement, vous défendez la politique stalinienne (1927-1953)
Ce faisant vous négligez l’évolution défaillante des force productives non militaires. La révolution sociale sans "beurre dans les épinards" ne présente, pour les prolos, aucun intérêt. Surtout si leur frères de classe vivent mieux dans les contrées qui ont échappé à cette révolution. Eltsine fût le dernier produit de cette situation !

La force de travail n’est pas qu’une question de nombre, c’est aussi une question de compétences et d’expériences. Or, ce "transfert de technologie" ne s’obtient pas seulement par des décisions d’un bureau politique mais par la mise au travail de haute technicité d’un max de prolos. C’était l’objet n°1 de la NEP. "Nous avons assez de pouvoirs, mais pas assez de savoirs que nous n’obtiendrons pas par surprise, il faut négocier avec la bourgeoisie" (Lénine) Et je peut multiplier les citations... J’observe que vous ne traitez jamais ce sujet !

Quand à la Chine de Mao, comme celle de Deng, totalement différentes, votre position, systématiquement alignées sur celle de Staline (1927-commune de Shangai, voir Malraux dans la "Condition humaine"), elle a des allures de posture de "grand russien" dixit Lénine qui, curieusement, tablait aussi, avant de disparaître, sur une révolution en Chine et aux Indes...Mais je rappelle que les résultats sociaux du régime chinois actuel sont incomparables avec ceux obtenus par le stalinisme et le post-stalinisme réunis. Et ce avec des dépenses militaires, et para militaires bien plus raisonnables que celles de l’URSS stalinienne (1927-1991).

21/09/2017 18:08 par Luniterre

Ce que j’avoue franchement et revendique même sans le moindre détour, c’est que j’utilise la méthode dialectique au sens premier du terme, celui qui dit que ce sont les infrastructures qui conditionnent et commandent aux superstructures, principalement, et que l’action en retour, celle des superstructures sur les infrastructures, doit d’abord et avant tout tenir compte de l’évolution réelle de celles-ci.

C’est la base du marxisme, et donc celle du ML, par voie de conséquence, et c’est ce qu’on fait et Lénine et Staline, dans les circonstances où ils se sont trouvés.

Ni l’un ni l’autre ne sont exempt d’avoir commis des erreurs de jugement ici où là, et Staline a eu à faire face sur une durée beaucoup plus longue, comme dirigeant au pouvoir.

C’est donc le bilan global, qu’il faut faire, en considérant les principaux virages de l’histoire.

Cela n’exclut pas d’examiner les « ratés » et les erreurs, bien au contraire et pour en tirer les leçons, mais les principaux virages ont été pris aussi bien que possible, vu l’urgence des situations ! Ils ont parfois entrainé des drames et même des tragédies, mais le bilan de l’histoire montre qu’ils étaient incontournables.

« Plus de beurre et moins de canons », c’est exactement, sous une autre forme, à peine différente, ce que veulent nous « chanter » l’article et le livre vanté ci-dessus...

En réalité, c’eut été la voie de la capitulation et de la collaboration de classe...

Actuellement, le bilan, dans la mémoire des Russes, c’est, même selon les sondages US, que plus de 55% des Russes ont une opinion positive, aussi bien globalement, de la période soviétique, avant perestroïka, que de l’œuvre de Staline et de sa période.

La déchéance concerne donc essentiellement la période Gorbatchev/Eltsine, mais la sape lente de l’économie soviétique a commencé effectivement dès Khrouchtchev. Parler d’"URSS stalinienne" de 1927à 1991, cela prête simplement à sourire et montre votre peu de rigueur historique, et ici un "emprunt" au simplisme idéaliste et anti-dialectique trotskyste.

La comparaison que vous tenez à faire avec la Chine est en réalité tout à fait sans objet, et vous le savez pertinemment... Le prétendu « socialisme » de Mao, commencé avec le tragique « grand bond en avant » n’a donc jamais existé au sens marxiste d’une économie de transition, tout à fait impossible à développer avec ce système de « communes populaires » qui s’est prolongé, dans les campagnes, jusqu’au milieu des années 80, handicapant durablement, et encore maintenant, selon les experts, l’agriculture chinoise.
Concernant l’industrie, c’est un capitalisme comprador des plus classiques qui a permis l’essor de l’industrie chinoise, inféodée financièrement à l’impérialisme US.

Et même si l’on veut comparer ces deux histoires de développement économique, l’une socialiste, jusqu’au début des années 50, et l’autre capitaliste « nationale » maoïste, puis comprador, et finalement financière actuelle, le taux de développement le plus rapide penche nettement du côté de l’URSS, malgré ses défauts...

Depuis la fin de la NEP, 1929, jusqu’à sa capacité à résister à l’Allemagne nazie au point de la faire reculer devant Moscou, fin 1941, il ne se passe que 12 ans...

Et même si l’on remonte à la fin de la guerre « civile » et au début de la NEP, cela ne fait encore que 20 ans.

La Chine n’est la seconde puissance mondiale que depuis peu de temps, et depuis 1949 et la prise du pouvoir par Mao, cela fait donc 68 ans...

Même si l’on part de la prise de contrôle « économique » par Deng Xiaoping en 1980, cela fait déjà 37 ans...!

Il n’y a donc pas photo...

De plus, de 1945 à 1955, l’URSS s’est encore trouvée à reconstruire, pour l’essentiel, en une dizaine d’année...!  

Et à partir de Khrouchtchev et son XXème Congrès révisionniste, il a encore fallu 35 ans de travail de sape pour venir à bout de cette œuvre, aujourd’hui inscrite à jamais, avec sa grandeur et ses épreuves, dans la mémoire russe, ne vous en déplaise...

Il ne s’agit pas, pour autant, de rebâtir à l’identique, mais de tirer les leçons positives et utiles pour notre siècle, et non de les traiter par le mépris, pour justifier le reniement et/ou la déformation des fondamentaux du ML et le ralliement au système capitaliste.

Luniterre

21/09/2017 19:52 par CN46400

@Luniterre
"’est, même selon les sondages US, que plus de 55% des Russes ont une opinion positive, aussi bien globalement, de la période soviétique, avant perestroïka, que de l’œuvre de Staline et de sa période."

Sauf que les jours d’élection, il ne votent pas autant, loin s’en faut,pour le PCR. Et vous ne traitez toujours pas le pb du retard technologique de l’URSS, hors complexe militaro-industriel....

21/09/2017 22:08 par Luniterre

@CN46400
"Sauf que les jours d’élection, il ne votent pas autant, loin s’en faut,pour le PCR."

PCR ??? On supposera que vous voulez parler du KPRF, de Ziouganov, qui est à la fois l’un des divers "partis communistes" reconstitués ces dernières années et le principal parti d’"opposition" à Poutine, néanmoins...

Ce que propose ce parti, en fait l’héritier des restes de la bureaucratie "gorbatchévienne", n’est pas réellement différent de ce que propose Poutine, sauf pour une plus grande inféodation à l’économie capitaliste chinoise, encore... Et les russes veulent conserver leur indépendance, autant que possible.

"Et vous ne traitez toujours pas le pb du retard technologique de l’URSS, hors complexe militaro-industriel...."

Apparemment, vous ne comprenez donc pas du tout la dialectique, même formulée de manière volontairement simplifiée, à votre intention : "Beurre ou canons" ??? Tout le monde préfère le beurre aux canons, mais les Russes préfèrent aussi rester vivants et indépendants même s’il faut rogner sur le beurre...

"hors complexe militaro-industriel...." les efforts de développement ont sans aucun doute "pâtis" du dilemme précité, et cela me paraissait suffisamment évident comme réponse, également sur ce point...! Désolé pour votre difficulté à relier deux idées pourtant aussi flagrantes.

Ceci-dit, selon des personnes russes de ma connaissance, certains produits courants continuent d’être fabriqués selon la tradition soviétique et en font carrément un label de qualité communément reconnu et recherché... Pure nostalgie...? Il ne sembla pas, selon eux, mais bien qualité réelle, au contraire.

Et donc, là encore, pas de jugement simpliste et hâtif, genre l’"URSS stalinienne de 1927 à 1991" !!!

Luniterre

21/09/2017 23:41 par Geb.

Et vous ne traitez toujours pas le pb du retard technologique de l’URSS, hors complexe militaro-industriel....

Et juste quelques questions pour continuer à m’éclairer :

"Par rapport à qui et à quoi ce "retard" technologique ???".

C’est quoi qui est "en retard" ? Et ce retard pénalise qui ? Les couches sociales défavorisées ? Les couches sociales supérieures ?

Et comme peut-on dissocier l’avance technologique du "Complexe militaro-industriel" de l’avance technologique "civile", ou "sociale", ou culturelle ?? Ou commence chacune et ou chacune finit-elle ?

La Russie produit les seuls moteurs capables de lancer les fusées "Saturn V" en orbite et les Américains n’arriveront pas à les remplacer avant 2022. Sa technologie aéronautique, (Issue du CMI), lui permet grâce aux "sanctions" d’envisager la production du premier aéronef civil concurrent en taille de Boeing et Airbus. Les Russes maîtrisent aussi bien l’Hypersonique aéro-spatiale que l’Hypercavitation sous-marine, de même la technologie spatiale et ils préparent le train Hyperloop local avec les Chinois... Toujours grâce aux sanctions occidentales ils sont aujourd’hui non seulement auto suffisants en céréales mais en revendent aux Occidentaux. Leur antivirus Kaspersky est actuellement le seul vrai antivirus informatique. (Qui est d’ailleurs vendu par Orange France pour sécuriser ses abonnés). Ils ont développé leurs propres logiciels et environnements informatiques. Leur moteur de recherche Yandex vaut largement Google. Leurs réseaux sociaux avec "V Kontakte" valent largement ceux des Occidentaux. Ils sont les seuls à posséder un système alternatif original au système GPS avec le Glonast alors que Galiléo européen ne sera (peut-être) opérationnel qu’en 2020.

Ils enrichissent plus de la moitié de l’Uranium 235 destiné aux centrales nucléaires des USA ce qui équivaut à dire que si demain ils cessent cette "collaboration", (Pas gratuite), les Yankees vont mourir gelés dans leurs ascenseurs en panne.

Leur système universitaire est au moins équivalent au système français en qualité et en résultats et est presque entièrement gratuit.

Leur système des Sécurité sociale, mis à mal après la chute de l’URSS, a été pratiquement entièrement restauré et n’a rien à voir avec l’escroquerie de l’Obamacare et peut-être justement comparé à la Sécu française, du moins si on ne nous la détruit pas d’ici peu.. (Ayez un accident de la circulation nécessitant une hospitalisation en Russie et le même aux USA et la différence sera vite faite. Surtout si vous n’avez pas une carte "Gold" bien approvisionnée).

Et puisqu’on parle banque, ils ont lancé un système alternatif à Visa et Eurocard, le système de cartes de paiement "MIR" détaché des Banques occidentales et ont remplacé le système SWIFT par leur propre système de paiement international ets e détachent peu à peu du dollar hégémonique.

Et cette année ils viennent de finir de payer la dette de l’URSS alors que la France continue à payer les intérêts du Plan Marshall aux Etats-Unis.

Et tout ça en 15 ans...

Bien sûr le CMI est en première ligne et bouffe un maximum de ressources, mais il est actuellement le plus crédible du Monde entier au niveau fiabilité et capacité.. Vous pensez qu’ils ont le choix ??? Et que ça serait mieux si c’était nos partenaires yankees qui étaient à leur place derrière la gâchette ?

Pensez avec ce qu’ils pourraient en faire si on leur foutait un peu la Paix au lieu de les détruire ou de tenter de le faire à chaque nouveau siècle qui vient sous des prétextes à géométrie variable...

Alors par rapport à une France macronienne qui se paupérise chaque jour un peu plus je vois pas ce qu’ils ont à nous envier.

Même pas la démocratie "qu’on a perdue" et qu’ils n’auraient censément pas. En admettant qu’on l’ai réellement eue nous un jour en France.

Et si vous lisez l’Anglais, tiré du Saker US :

http://thesaker.is/made-in-russia-vii-september-1-15-2017/

Dette extérieure de la Russie : 26 milliards de dollars. 282 millions d’habitants. 5éme pays du Monde en superficie.

Dette extérieure de la France : 2168,6 milliards d’Euros. 67 millions d’habitants. 49éme pays du monde en superficie

Ca fait réfléchir, non ?

https://www.google.com/url?q=https://fr.wikipedia.org/wiki/%25C3%2589conomie_de_la_Russie&sa=U&ved=0ahUKEwi1jovombfWAhWFJZoKHW8pBlYQFggEMAA&client=internal-uds-cse&usg=AFQjCNFIpol3Qi2o07eTC6z0QQNHfBEPNw

https://www.google.com/url?q=https://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France&sa=U&ved=0ahUKEwjC_YyGmrfWAhVFMZoKHYMFCtUQFggJMAI&client=internal-uds-cse&usg=AFQjCNEIiWpzsUC_J6xkkqo3lxZb-yvg3Q

Bien sûr j’aurai préféré qu’ils restent "soviétiques", et Poutine n’’set pas mon plus grand ami, mais je me console en me disant que c’est pas grâce au soutien de leurs camarades français, (Dont je faisait partie à l’époque), qu’ils auraient pu le rester.

22/09/2017 11:00 par CN46400

@ Luniterre
De 1927 à 1991 l’URSS a été quasi totalement étatisée, c’est pour cela que j’emploie le mot "stalinienne", mêmes je sais bien qu’après 53 on est passé au stalinisme "décaféiné". Le goulag redevient un système pénitentiaire classique et plus un moyen de production avec de la main-d’oeuvre "low cost" recrutée par quota, parmi les voleurs de poules et emmerdeurs de tous calibres, dans toutes les communes de l’Union soviétique

Expérience perso : 1975, à Kiev une postière propose à ma femme d’échanger une paire de bas nylon contre un billet d’avion Kiev-Moscou ! Son fils est obnubilé par les chaussures "Knikers" dont il a entendu la pub sur la radio "free europa", sidéré quand on lui dit que nos enfants n’utilisent pas cette camelotte ! En 1962 on a résolu les pb de rouge à lèvre à Cuba, sous embargo US, avec une usine mise en route en Tchécoslovaquie....En 75 il y avait des bas nylon à Moscou, mais dans les magasins "nomenklaturistes", et pas pour les employée des PTT. On résout comment ces situations avec la "Dia-mat" ?

22/09/2017 19:47 par CN46400

@ Geb
1-On parle de l’URSS, pas de la Russie actuelle même si j’en crois un reportage vue dernièrement à la télé, les russes, en Extrême Orient, ne peuvent, pour freiner le marché noir des produits manufacturés chinois. traverser le fleuve Amour pour aller en Chine, qu’une fois par semaine.
2- Un pays peut être au top technologique dans un domaine et à la traîne dans beaucoup d’autres domaines. S’il vit en autarcie (cas de l’URSS) il importe pas de produit manufacturés, faute de disponibilités en devises étrangères, ou peu, et cela génère, à la longue, de la frustration parmi la population. D’autant que l’impossibilité de voyager à l’extérieur est ressentie comme anormale, même par ceux qui ne veulent pas sortir.

23/09/2017 00:53 par Luniterre

@CN46400 __ Waouhh ! Diamat, rouge à lèvres et bas nylon... ! Je vois que vous faites de gros efforts pour élever le débat à sa juste hauteur philosophique... !

Toutefois, en tant que supposé « stalinien » je dois donc, pour être dans le rôle que vous voulez absolument m’assigner, vous poser une question essentielle, à ce niveau d’élévation :

« __Le rouge à lèvres tchécoslovaque était-il bien vraiment rouge ??? »

Quant aux bas nylons, votre deal m’inspire cette réflexion : on voit bien là à quel point les transports en commun, même en avion, étaient bon marché, en URSS !

Pour le reste, vous ne faites encore que ressasser les clichés empruntés au « Livre noir » et à ses amis...

L’économie « étatique » de l’URSS était déjà très largement démantelée, ( "décentralisée", officiellement...), dans les années 70, soit après plus de 15 ans de « réformes » khrouchtchéviennes et brejnéviennes...

Quant aux « innocents enfin libérés » des goulags, savez vous au moins quel a été l’impact social et économique réel de cette « libéralisation » de la société ??

Vous êtes vous jamais interrogé sur ce qu’a été le processus d’accumulation primitive du capital qui a permis la formation de la classe des « oligarques » ??

Un échantillon de toute cette histoire, parmi d’autres, se trouve ici :

https://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/2707461.html/BINARY/Une%20d%C3%A9cennie%20dans%20l%27enfer%20des%20gangs

Extrait :

" Sortis de prison à la chute du communisme, des dizaines de caïds importants se jettent sur les richesses du pays (entreprises industrielles, mines, pétrole). « Il suffisait d’être un tant soit peu dénué de scrupules pour se reconstituer une fortune inimaginable en l’espace de quelques heures », rappelle l’enquêteur. Trois chiffres : en 1994, l’ONU estimait à 5 700 le nombre de bandes criminelles en Russie, avec 3 millions de membres. En 1993, on dénombre 29 200 assassinats en Russie, tandis qu’à Moscou le nombre de meurtres fut multiplié par huit entre 1987 et 1993 ! "

Ce que accumulation « primitive » veux vraiment dire... !!

Enfin, à préciser par rapport au point de vue de départ de cet article, il faut resituer la réalité de la pression du système répressif sur la société en URSS : dans sa période la plus forte elle représentait 2,5 millions de personnes incarcérées, au total, soit 2,4% de la population, ce qui est effectivement considérable.

Ceci-dit, aux USA, en 1996, l’année même où les chercheurs US ont établi ces chiffres pour leur étude historique de l’URSS, le nombre de taulards US était de 5,5 millions, soit 2,8% de la population !

J’ai eu l’occasion d’échanger publiquement et directement, sur ces chiffres, avec l’historien Nicolas Werth, qui en a reconnu l’exactitude.

Nicolas Werth, peu suspect de « stalinisme », vous en conviendrez, vu qu’il a également collaboré au « Livre noir »...

Le matérialisme dialectique, M CN46400, c’est d’abord de regarder la réalité en face, et de faire avec, au mieux, ce qu’il est possible de faire.

Luniterre

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