RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Liban : Les camps du « non » au désarmement par l’ONU.





Il manifesto, dimanche 17 septembre 2006.


« La tragédie de Sabra et Chatyla, quand l’Olp a quitté Beyrouth en échange de la promesse que les troupes multinationales défendraient les camps, nous apprend combien il est dangereux de se fier aux promesses internationales. Chaque fois que nous nous sommes laissés convaincre de rendre les armes nous avons systématiquement été trompés et livrés à nos bourreaux. De ce fait, je vous assure que tant que nos droits nationaux ratifiés par les résolutions de l’ONU et nos droits civiques au Liban ne seront pas reconnus, il n’y aura aucun désarmement des camps palestiniens, même au sud du fleuve Litani ». Sultan Abou Alaynen, organisateur de la résistance des camps de Beyrouth au milieu des années 80, et actuellement commandant du Fatah au Liban, nous exprime ainsi toute son indignation à propos des rumeurs, de plus en plus insistantes, qui donnent pour imminente l’imposition d’un désarmement des deux principaux camps palestiniens au sud du Litani, Rashidiye et Burj el Chemali, aux environs de Tyr, par l’armée libanaise et la force Unifil, sur la base d’une interprétation discutable de la résolution 1701 sur la « cessation des hostilités ».

Le camp de Rashidiye, sur la route de Tyr, proche de la frontière avec Israël, entre bananeraies, orangeraies et potagers, accueille plus de 20.000 anciens paysans chassés du nord de la Palestine en 1948 : son avenir, comme celui de tous les 400.000 réfugiés palestiniens au Liban, est de plus en plus sombre. De ce fait, le désarmement des camps « ne pourra être que le point final -continue Sultan - d’une tractation sur toute la condition palestinienne et certainement pas son début. La paix ne dépend pas du désarmement de la résistance ou des troupes étrangères mais de la volonté ou non, de la part d’Israël et des Usa de reconnaître nos droits ».

La tentative de revenir à la situation précédant 1969, avant la « révolution », quand les camps se libérèrent de la présence opprimante de la police et des services secrets libanais, et devinrent une « no-go area » pour l’armée de Beyrouth, est tombée ces jours ci comme une douche froide sur les palestiniens, « hôtes » sans droits dans la « république des cèdres » ; et ceci au lendemain d’un extraordinaire moment d’unité avec la population chiite du sud du Liban, qui s’était justement réfugiée en partie dans ses camps.

La tentative israélienne de souffler sur les braises des divisions religieuses entre les réfugiés sunnites et les habitants des villages chiites de l’arrière-pays de Tyr, en épargnant pour une fois les premiers et en détruisant les seconds, a eu l’effet opposé à celui qu’attendait Tel Aviv, avec plus de 10.000 réfugiés chiites accueillis et hébergés à Rashidiye. Et pas seulement. Le camp dans la banlieue de Tyr - plusieurs fois rasé au sol par les israéliens avec plus de 1000 morts, et toujours reconstruit- pendant les 34 jours de guerre, grâce à son four à pain, a littéralement approvisionné toute la ville de Tyr où les 15 fours en état de fonctionnement étaient obligés de fermer à cause du blocus des routes. Un effort non négligeable quand on considère la misère qui sévit dans les camps, avec 65% des réfugiés au-dessous du seuil de pauvreté : le chômage, les interdictions de pratiquer plus de 60 métiers et professions, et l’impossibilité d’avoir aucune propriété, pas même celle de la maison qu’ils habitent, qui affligent les réfugiés palestiniens. Quatre cent mille désespérés pas du tout disposés cependant à être oubliés une fois de plus par le reste du monde mais plutôt - comme nous dit en souriant un jeune étudiant à l’université- décidés à rester comme « une épine dans la gorge jusqu’à ce que nous obtenions de rentrer en Palestine ».

Entre temps la guerre est finie, les fours de Tyr ont recommencé à fonctionner et l’armée libanaise a de nouveau encerclé le camp et remis en fonction son poste de contrôle à l’entrée, avec une guérite rayée blanche et rouge et un tank décrépi qui somnole sous un filet de camouflage. Quelques dizaines de mètres plus loin, quelques soldats avec le béret rouge des forces palestiniennes régulières, assis devant un grand portrait d’Arafat : le fusil sur les genoux, ils sirotent un bon café que leur a porté un gamin qui habite à côté. A l’intérieur des baraques en dur souvent séparées par de petits potagers et des figuiers, pointent ça et là des abris anti-aériens, actuellement inutilisés, mais que pas mal de gens commencent à penser remettre en fonction.

«  Personne ne veut la guerre et espérons qu’il n’y ait aucun problème - nous dit un jeune combattant avec l’emblème du Fatah sur son uniforme, un de ces jeunes «  de roche et de thym » si bien décrits par le poète Mahmoud Darwish - mais nous ne pouvons pas rester toujours comme ça sans pouvoir retourner dans notre patrie, sans état, sans droits ; nous aussi nous voulons un avenir et si on ne nous le donne pas c’est nous qui le prendrons. Quel désarmement ?! Ma maison est au-delà de la frontière, à côté de Acri, et nous, nous sommes là , dans une baraque, malgré la résolution 194 qui parle de notre droit au retour et à un dédommagement. S’ils veulent que nous respections la résolution 1701, alors qu’ils fassent pareil avec Israël, en lui imposant aussi le respect de la 242 et de la 338 sur le retrait israélien, et de la 194 sur le retour en Palestine. Sinon, qu’ils n’imaginent pas pouvoir nous oublier ici en enfer ». « Ces jeunes, nous dit un vieux notable palestinien de Tyr, ne sont pas comme nous, qui avons été obligés de quitter notre pays. Ces jeunes ont vu ces dernières semaines qu’Israël n’est pas invincible et qu’il peut être arrêté, et ils ne se contenteront plus des promesses creuses habituelles. S’ils doivent mourir, ils préfèreront que ce soit sur la terre de Palestine avec dans les yeux l’image de ces maisons de pierre si solides et de ces vignes luxuriantes, dont ils ont toujours entendu parler par nous les vieux, mais qu’ils n’ont jamais vues. Cette vie de réfugié, sans avenir, en suspens, est une non vie à laquelle seule la lutte, s’il le faut jusqu’au sacrifice de soi, peut donner un sens ».

Stephano Chiarini


- Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio



Liban : La Fabrication d’Issa, par Rana El-Khatib.


Liban : La salutaire leçon des barbares du 21ème siècle, par Sadek Hadjerès.

Syriens-Libanais : Riches en générosité, par Rafqa Farah.


Les intérêts de Washington dans la guerre d’Israel, par Seymour M. Hersh.




URL de cet article 4111
  

Un autre capitalisme n’est pas possible
Rémy HERRERA
Le capitalisme est en crise. Il pourrait même s’agir d’une des plus graves crises de l’histoire moderne. Et pourtant, à suivre l’actualité au jour le jour, l’opinion publique peut avoir le sentiment que cette crise est déjà derrière nous. Or, le pire est sans doute encore à venir, malgré les propos rassurants tenus et les aménagements envisagés. En effet, la réactivation annoncée de l’intervention étatique a notamment pour objet la négation de la nature de biens publics à la fois gratuits et libres de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il semblerait que la nature de l’ultime révolution à laquelle nous avons à faire face est précisément celle-ci : nous sommes en train de développer toute une série de techniques qui permettront aux oligarchies aux commandes - qui ont toujours existé et qui probablement existeront toujours - d’amener les gens à aimer leur servitude.

Aldous Huxley

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.