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Libérer Julian Assange : Première partie (ContraSpin)

Pas besoin de chercher sur les médias sociaux ou le web pour voir combien de fois Julian Assange est décrit comme un violeur en série. Ni découvrir que Jacob Appelbaum aussi est décrit comme un violeur en série. Et Trevor Fitzgibbon ? Ouais, lui aussi décrit comme un violeur en série. Quelle est la probabilité que les trois personnages publics clés de WikiLeaks soient des violeurs en série ? Rétrospectivement, cela défie toute logique. Le subterfuge est si évident qu’il en est ridicule.

Nous avons été tellement occupés à fouiller les cendres que trop peu d’entre nous ont remarqué ce qui était là devant nos yeux.

Alors, regardons.

Le tableau d’ensemble

Avec des millions de mots écrits sur Julian Assange, WikiLeaks et ses associés, qui tournoient autour de nous tous les jours, il est facile de ne pas voir la forêt cachée par l’arbre.

Les défenseurs de l’organisation éditoriale la plus menacée au monde et de son personnel se sont d’abord penchés sur les récits individuels de leurs oppresseurs. Se concentrer sur la Suède, ou l’Équateur, ou le ministère US de la Justice, les grands jurys ou le Royaume-Uni, et démystifier leurs narratives paraît une tâche nécessaire. Mais il faut regarder la réalité en face : des années d’argumentation jusqu’à l’épuisement face aux complexités de tous les aspects de ce qui précède – auxquelles j’ai souvent pris part - n’ont pas permis d’obtenir la victoire. Nous ne sommes pas mieux lotis ou plus forts pour autant. Les choses dérapent, et dérapent rapidement.

Après dix ans de batailles, il est temps de tirer un bilan. Il faut reconnaître ce qui est arrivé non seulement à Julian, mais à son organisation dans son ensemble. Il faut examiner WikiLeaks au niveau architectural, tout comme ses adversaires l’ont fait. Ce faisant, on voit que la destruction de la réputation de Julian et les attaques contre son travail, ses relations et sa personne physique n’étaient en fait jamais à propos de lui – depuis le début, il s’est toujours agi de son organisation, de ce qu’elle est et de ce qu’elle fait.

La Suède et les procès contre Julian n’ont toujours été qu’une simple diversion, un faux-fuyant. Pour avoir une image claire et une vue d’ensemble de la situation, il faut faire un zoom arrière.

Ce point de vue révèle une déstabilisation systématique, évidente et prolongée des piliers clés de l’organisation. La décapitation sociale de ses membres les plus efficaces. L’affaiblissement de leur capacité à continuer à servir et à accomplir un travail utile.

C’est le résultat d’un projet transnational qui vise à éradiquer WikiLeaks. Une conspiration internationale au niveau étatique qui précède de longue date la déclaration de guerre de Mike Pompeo, alors directeur de la CIA, contre WikiLeaks en 2017. Ses menaces manifestes n’étaient qu’une couverture pour des opérations secrètes qui remontent au moins à 2009.

Ceux qui cherchent à détruire WikiLeaks sont plus proches de leur objectif que jamais. Pour renverser cette tendance, il faut examiner ce qui a fait le succès de WikiLeaks à son apogée, trouver les pièces manquantes entre hier et aujourd’hui, et les remettre en place d’urgence.

À quoi ressemble un WikiLeaks fort

L’organisation mise au point par Julian était robuste. Cela va de soi : elle a été capable de résister à 10 années d’attaques incessantes par des agences de renseignement étatiques dans de multiples juridictions. Le fait qu’elle ait survécu jusqu’à présent constitue un succès historique.

Voici à quoi ressemblait WikiLeaks à ses débuts : constituée d’un pilier « publication », d’un pilier « activisme » et d’un pilier « médias et relations publiques ».

Chaque pilier était représenté par une personne avec un rôle très public. Chacune un spécialiste dans son domaine et qui s’affrontait de front à d’énormes pouvoirs en prenant d’énormes risques.

Entre leurs mains compétentes, WikiLeaks fut le premier éditeur mondial, la perle de la sphère de l’activisme technologique ; relayée sur les principaux réseaux d’information, avec des articles d’opinion publiés dans les principaux grands médias. WikiLeaks contrôlait le récit ; WikiLeaks avait toujours un coup d’avance ; les critiques de WikiLeaks étaient toujours sur la défensive et réduits à attendre le coup suivant de l’organisation.

WikiLeaks sortait des lapins des chapeaux. Nous savions toujours qu’il fallait s’attendre à l’inattendu. Chaque fois que Wikileaks paraissait avoir un genou à terre, elle se relevait plus fort que jamais.

Ce fut un âge d’or et je qualifie les trois principaux piliers de cet âge d’or d’ « équipe de choc ». Très franchement, ils ont ébranlé le monde.

L’équipe de Choc

Julian Assange s’occupait de la politique, des procédures, de la publication et de la protection des sources. Il créa des organisations satellites et fut le directeur général de l’empire WikiLeaks.
Jacob Appelbaum montait sur les scènes du monde entier, s’adressait à des centaines de milliers de personnes sur la valeur et l’importance d’utiliser et de soutenir WikiLeaks. Il était un lien important avec le monde de la technologie et une présence constante aux conférences sur le développement, la protection de la vie privée et le journalisme.
Trevor Fitzgibbon assurait la liaison avec des personnalités médiatiques, des musiciens et des célébrités, les recrutant pour la cause et pour améliorer l’image publique de WikiLeaks. Il gérait les relations avec les médias, concevait et diffusait des narratives proactives.

Ces trois hommes se sont dévoués corps et âme pour WikiLeaks.

Ces trois hommes ont monté la campagne initiale pour sauver Chelsea Manning.

Ces trois hommes ont aidé à sauver Edward Snowden.

Ces trois hommes ont vu leur réputation détruite.

Victimes de leur succès

Pas besoin de chercher sur les médias sociaux ou le web pour voir combien de fois Julian Assange est décrit comme un violeur en série.

Ni découvrir que Jacob Appelbaum aussi est décrit comme un violeur en série.

Et Trevor Fitzgibbon ? Ouais, lui aussi décrit comme un violeur en série.

Quelle est la probabilité que les trois personnages publics clés de WikiLeaks soient des violeurs en série ?

Rétrospectivement, cela défie toute logique.

Le subterfuge est si évident qu’il en est ridicule.

Mais quand la CIA a décidé de vous salir, il n’y a pas de limites.

Un violeur, deux violeurs, trois violeurs...

Des violeurs ! Des violeurs partout !

Lorsque le célèbre journaliste islandais Kristinn Hrafnsson fut nommé rédacteur en chef de WikiLeaks en octobre 2018, l’annonce fut saluée dans tous les milieux.

Mais ce ne fut que de courte durée, car une semaine après avoir accepté le poste, on le traitait déjà de ’personne hostile et violente envers les femmes’ et d’’ ivrogne violent ayant des antécédents de violence physique et psychologique à l’égard des femmes’.

Le style de l’article de diffamation était aussi désinvolte que les accusations lancées – ’Une série d’allégations... Il pourrait maintenant faire face à des allégations... incapable de confirmer indépendamment la véracité de ces allégations...’.

Aucune victime ne s’est manifestée. Aucune accusation n’a été portée. Aucune enquête n’a été ouverte. Ils ont juste jeté leur boue sur la nouvelle tête du pilier publication de WikiLeaks en espérant qu’elle collerait, comme sur les autres.

Il s’agit d’une tactique fréquemment employée dans les médias sociaux ainsi que dans la presse écrite. D’autres figures éminentes de l’activisme et des lanceurs d’alerte ont été asphyxiées de la même manière. Matt DeHart eut des accusations très douteuses de pornographie juvénile lancées contre lui. Tout comme le supposé lanceur d’alerte de Vault7. Même Edward Snowden a des trolls en ligne qui l’attaquent sans fondement dans le même sens, sans le moindre début de commencent de preuve.

Un commentateur avec un sens de l’humour noir l’a parfaitement résumé :

Il suffit de dire que Snowden est un peu égocentrique et un peu violeur pour que les libéraux britanniques se rangent derrière Obama qui veut l’emprisonner.

Pourquoi cette tactique est-elle employée sans cesse ? Parce qu’elle fonctionne. Parce que nous la laissons fonctionner.

Notre incapacité à protéger ceux qui se sont placés en ligne de mire en notre nom aiguise l’épée utilisée pour nous abattre.

Ce sentiment de naufrage

En 2016, j’ai écrit une série d’articles sur Jacob Appelbaum. Plus je creusais et plus je découvrais. Des anomalies linguistiques, des sites de diffamation, de fausses accusations, des allégations rétractées, de la censure, de la collusion, de la malveillance professionnelle, de la jalousie, des prétentions fallacieuses, du carriérisme - l’image était terrible. Finalement, ma chronique se composa de cinq articles avec un total de plus de 20 000 mots.

Mais quand j’ai effectuée des recherches sur l’affaire Jake, je suis tombée sur quelque chose d’énorme. J’ai lu quelque chose sur un certain Trevor Fitzgibbon de Fitzgibbon Media. Bien que j’avais vu à plusieurs reprises les résultats de son travail de défense et de relations publiques, je n’avais jamais su que c’était lui qui était derrière tout ça. Il s’avère qu’il était propriétaire de la société qui dirigeait les relations médias et les relations publiques US pour WikiLeaks, Chelsea Manning, Edward Snowden, Glenn Greenwald et The Intercept, ainsi que plusieurs États, dont le Venezuela et l’Équateur.

Au cours de mes lectures, j’ai appris que six mois avant que Jacob Appelbaum ne devienne un violeur en série, Trevor Fitzgibbon a été la cible des mêmes accusations. Ce qui a détruit sa société de relations publiques, sa carrière, son mariage, ses finances et sa vie. Tout comme le scandale JakeGate avait privé WikiLeaks de l’un de ses avocats et organisateurs publics les plus puissants, le scandale Fitzgibbon avait privé WikiLeaks et les lanceurs d’alerte qu’ils représentent de leur relation médiatique et publique le plus efficace.

Comme je ne connaissais pas Fitzgibbon et que je n’avais aucun contact avec lui, j’ai rangé dans un coin de ma tête tout ce que j’avais appris sur son affaire. Mais impossible de me débarrasser de cette impression troublante que son affaire faisait écho à celle de Julian.

Ces derniers mois, j’ai enquêté sur les trois cas, en les superposant et en les analysant. Les similitudes sont impossibles à ignorer.

  • Une cible engagée dans une activité très menaçante pour le complexe mondial du renseignement
  • De multiples accusatrices de viol, d’agression sexuelle, de harcèlement sexuel ou d’inconduite sexuelle
  • Des allégations fallacieuses qui ne correspondent à aucune des accusations susmentionnées.
  • Des accusations lancées puis retirées
  • Une absence d’accusations criminelles
  • Une cible publiquement étiquetée et diffamée comme étant un ’violeur en série’.
  • Une atteinte massive à sa réputation
  • Un impact grave sur sa productivité et sa capacité d’accomplir ses tâches dans le cadre de ses fonctions professionnelles

Voici un tableau de mes conclusions :

Dans chacun des trois cas, les preuves matérielles indiquent qu’aucun viol n’a eu lieu.

Dans le cas de Julian, l’une des femmes impliquées a soumis un préservatif qui ne contenait aucune trace d’ADN – ni le sien ni celui de Julian. Elle a ensuite déclaré publiquement qu’elle n’avait pas été violée. L’autre plaignante a dit à des amis qu’elle s’était fait ’malmener par la police’ et qu’elle ’ne voulait pas l’accuser de quoi que ce soit’.

Dans le cas de Jacob Appelbaum, celle qui s’est avérée être la seule plaignante (malgré ses détracteurs qui annonçaient des dizaines de victimes) lui a envoyé un courriel après coup pour lui dire combien elle avait appréciée son séjour et comment elle avait hâte de retourner à Berlin pour le revoir. Une autre victime présumée a déclaré que l’histoire racontée par les accusateurs d’Appelbaum à son sujet était erronée et avait été utilisée contre lui sans son consentement.

Dans le cas de Trevor Fitzgibbon, la seule accusation de viol provenait d’une femme qui lui avait envoyé un tas de photos de nus et de semi-nus avant l’incident présumé, puis un autre SMS pour le féliciter de ses performances sexuelles. Immédiatement après, elle lui a demandé un certain nombre de faveurs professionnelles pour elle et ses clients. Sa plainte pour viol fit l’objet d’une enquête de la part des autorités qui, après un an d’enquête, les ont jugées sans fondement et ont refusé d’inculper Trevor. Il apporta plus tard devant un tribunal la preuve de la duplicité de l’accusatrice et l’a poursuivie avec succès pour diffamation. Elle a depuis retiré publiquement ses allégations contre lui.

Malgré tout ce qui précède, le mantra ’il y a plusieurs accusatrices’ continue d’être utilisé contre les trois hommes. Dans le documentaire « Risk » de Laura Poitra, on voit Julian en train d’expliquer pourquoi il est problématique qu’il y ait plusieurs accusatrices, et il fut rapidement qualifié de ’misogyne’ pour avoir osé formuler une observation aussi évidente. On l’a dépeint comme un coupable complotant contre ses victimes pour échapper à la justice, au lieu d’un innocent s’étonnant de la complexité des opérations menées pour l’enchaîner.

Dans les trois cas, les allégations soit ne répondaient à peine à la définition d’un crime sexuel, soit n’y répondaient pas du tout. Malgré neuf années à invoquer le mot ’viol’ et le terme ’violeur en série’, les accusations portées contre Julian ne constituent pas un viol. C’est ce que le droit suédois décrit comme ’un viol mineur’ en référence à des actes qui ne constituent pas un crime dans la plupart des pays occidentaux.

Dans le cas de Jacob, ses accusateurs ont jugé bon d’y mêler des conflits de carrière, des blagues faites dans les bars, une allégation d’une tierce personne au sujet d’un simple baiser et la calomnie par une accusatrice qui avait omis de divulguer, dans ses écrits sur l’incident, qu’elle avait en fait décidé d’avoir une relation sexuelle consentante avec Appelbaum. Dans le cas de Trevor Fitzgibbon, la plaignante fut accompagnée au poste de police par deux autres plaignantes. L’une d’entre elles a prétendu que Fitzgibbon l’avait ’embrassée de façon inappropriée’. L’autre a affirmé que sa main lui avait frôlé les fesses pendant une étreinte. Toutes les plaintes furent rejetées.

J’ai longuement écrit ailleurs sur comment ces allégations fallacieuses atténuent la gravité du viol. Je vais m’épargner le désagrément de recommencer, sinon pour dire ceci : à celles d’entre nous qui ont subi la violence et le traumatisme du viol, du viol collectif et des abus sexuels graves, c’est un affront impardonnable que de voir des plaintes aussi pitoyables et superficielles confondues avec un viol. Celles qui adoptent ce comportement portent atteinte à la crédibilité de toutes les véritables victimes de viol et, en fait, les mettent en danger, et elles devraient avoir profondément honte.

Aucun des trois hommes - Julian, Jacob ou Trevor - n’a jamais été accusé d’un crime. Ils n’ont pas non plus fait l’objet de poursuites civiles, où la charge de preuve est moins exigeante. Pourtant, tous les trois continuent d’être malmenés par leurs opposants politiques qui les qualifient de ’violeurs en série’.

Cela leur a causé un préjudice irréparable, ainsi qu’à leurs proches. Cela a également nui matériellement à leur carrière.

Et c’est vraiment de ça qu’il s’agit. Il ne s’est jamais agit d’eux. Il s’agissait de leurs activités professionnelles : de ce qu’ils savent faire, de ce qu’ils aiment faire, et de qui a été incommodé par ce qu’ils faisaient et qui aurait intérêt à ce qu’on les empêche de continuer.

Le Modus Operandi

Le Modus Operandi des agences de renseignement est de détourner, contrôler et monopoliser l’attention de leurs cibles. Une fois qu’ils peuvent contrôler votre attention, ils peuvent contrôler votre vie entière.

Julian a du détourner son attention et ses ressources pour essayer de se défendre. Les accusations suédoises portées contre lui ont servi de couverture pour le placer en détention au Royaume-Uni pendant que se préparaient des actes d’accusation secrets du grand jury US pour ses activités de publication. Un chercheur suédois m’a dit que des ONG qui avaient osé montrer leur soutien à Julian en 2010, comme Amnesty Suède, ont été harcelées par des détracteurs affiliés à l’État qui les ont accusées d’oser soutenir un ’violeur’, les obligeant à changer de position.

Jacob fut rendu persona non grata dans sa propre communauté et devint un paria. Expulsé de ses lieux et organisations qu’il fréquentait. J’ai écrit précédemment comment certaines figures de l’activisme technologique ont pris l’initiative de faire pression sur les organisateurs de conférences et les organisations de hackers à travers le monde pour qu’ils interdisent publiquement Appelbaum à leurs événements, de leurs listes de membres et de leurs locaux. Beaucoup, beaucoup d’organisations ont cédé à la pression. Dans ’Orwell’s Swan Song : Free Speech Activists Whitewashing Wikipedia To Silence Dissent’, j’ai écrit à propos du ’retrait presque total de Jake des tribunes d’où il demandait aux gens de divulguer des renseignements sensibles, d’agir directement sur les sites de la NSA, d’où il exposait ses révélations sur le complexe de surveillance dystopique qui nous affecte tous et les tactiques employées contre des personnes d’intérêt’. Avant la campagne de diffamation contre lui, Jake faisait tout ça, en plus d’étudier, d’écrire et de faire des présentations sur le programme d’assassinats ciblés par drones de la NSA, tiré des dossiers Snowden.

Trevor a vécu la même expérience. Soixante-dix organisations progressistes et médiatiques signèrent une lettre ouverte déclarant qu’elles ne travailleraient plus jamais avec lui. Ce ne fut pas le fruit d’une synchronisation spontanée entre toutes ces organisations, mais celui d’un effort coordonné pour l’empêcher de pouvoir travailler à nouveau dans son domaine. En fin de compte, pour l’empêcher de travailler pour WikiLeaks, pour Manning, pour Snowden, pour l’Equateur, pour le Venezuela. Pour l’empêcher de travailler pour des cibles politiques actives et prioritaires du gouvernement US. Pour l’empêcher de travailler à des projets comme le Traité Snowden, auquel il collaborait avec le mari de Glenn Greenwald, le sénateur brésilien David Miranda, dans des négociations avec plusieurs pays pour créer un réseau d’États prêts à devenir des refuges pour les lanceurs d’alerte.

Ils m’ont retiré de la campagne électorale [2016], c’est ce qu’ils ont fait ’, m’a dit Fitzgibbon. Les calomnies contre Appelbaum se sont également produites à l’approche de l’élection présidentielle US de 2016.

Le timing des accusations de viol contre Julian Assange était tout aussi suspect. Les événements qui ont précédé immédiatement les accusations portées contre lui ont été littéralement effacés de l’histoire. Dans toutes les discussions sur la Suède, il n’est jamais mentionné que lorsqu’il s’est rendu dans ce pays, Julian figurait déjà sur une liste de chasse à l’homme dressée par le Pentagone.

Révisionnisme historique

La vérité sur les mois qui précédèrent la désignation de Julian comme ’violeur en série’ est minutieusement détaillée dans sa déposition disponible en ligne (version française).

Je vais mentionner ci-dessous les passages pertinents de la sous-section 3 : ’Opérations de renseignement connues avant le voyage en Suède’.

Mars 2010 : L’équipe de publication de Collateral Murder a fait l’objet d’une surveillance physique intense

Mai 2010 : Manning est arrêté

Juin 2010 :

  • Le Pentagone ’mène une enquête agressive’
  • Le procureur du ’Terrorism and National Security Unit’ du Eastern District Court of Virginia est impliqué dans le grand jury contre WikiLeaks.
  • Les enquêteurs du Pentagone auraient ’essayé désespérément de retrouver [Julian].... ne discuteraient pas des méthodes utilisées pour trouver Assange, ni ne diraient s’ils avaient des informations pour suggérer où il se trouve actuellement’.
  • Le porte-parole du ministère de la Défense confirme une enquête en cours sur WikiLeaks impliquant la Division des enquêtes criminelles de l’armée et d’autres agences.

Juillet 2010 :

  • Les agences du Département de la Sécurité Intérieure et Extérieure du Territoire investissent la conférence HOPE à New York pour tenter de retrouver Julian, qui avait été remplacé par Jacob Appelbaum.
  • L’attaché de presse de la Maison-Blanche qualifie WikiLeaks de ’menace réelle et importante’.
  • Les Australiens ont confirmé leur soutien à l’’enquête de contre-espionnage’ américaine.
  • Le directeur du FBI de l’époque, Mueller, est engagé dans l’enquête sur WikiLeaks.
  • L’ancien directeur de la CIA et de la NSA Hayden écrit un article d’opinion pour dénoncer WikiLeaks.
  • Les enquêteurs du ministère de la Justice ’examinent si M. Assange et WikiLeaks pourraient être accusés d’incitation ou de conspiration à commettre des infractions à la loi sur l’espionnage.’
  • Alors qu’Assange était encore au Royaume-Uni avant de se rendre en Suède, ’le FBI menait des opérations sur le sol britannique dans le cadre de son enquête sur les activités de publication de WikiLeaks’.
  • ’D’éminents commentateurs et d’anciens fonctionnaires de la Maison-Blanche ont défendu les mesures extraterritoriales et la violation du droit international ’si nécessaire’’.

Début août, des pré-accusations :

  • ’L’ancien rédacteur de discours du président George W. Bush, Marc Thiessen, a publié un article dans le Washington Post intitulé ’WikiLeaks doit être arrêté.’’
  • Annonce d’une ’Task Force anti-WikiLeaks au Département de la Défense’, opérationnelle 24 heures sur 24 avec 80 personnes.
  • Le général de brigade Robert A. Carr ’qui dirige ’l’équivalent du Pentagone de la CIA’, le Centre de contre-espionnage et d’intelligence humaine de la Defense Intelligence Agency (DIA), a été ’choisi’ par le secrétaire à la Défense Robert Gates’ pour diriger cette force opérationnelle.
  • Les Etats-Unis font pression sur leurs alliés pour qu’ils poursuivent WikiLeaks en vertu de leurs propres lois antiterroristes et refusent l’entrée de Julian sur leur territoire.
  • Le gouvernement australien ’a publiquement envisagé la possibilité d’annuler le passeport [de Julian]’, et a de nouveau confirmé qu’il aidait les autorités américaines.
  • Les Etats-Unis ont fait pression sur la Suisse pour qu’elle n’accorde pas l’asile à Julian.

11 août 2010 : Julian se rend en Suède
13 août 2010 : Les cartes bancaires personnelles de Julian sont bloquées. Il n’a pas eu accès aux fonds.
19 août 2010 : ’Le service de sécurité suédois (SÄPO) a demandé des informations sur [Julian] à une organisation de renseignement australienne’
20 août 2010 : La Suède lance une ’enquête préliminaire’ sur Julian pour ’viol mineur’.

En effectuant des recherches pour cet article, j’ai lu littéralement tous les tweets envoyés par ou sur WikiLeaks ou Julian Assange au cours de l’année 2010 (pas une mince tâche). J’ai découvert que 90% des liens étaient brisés. D’innombrables articles ont disparu d’Internet. Tout comme j’ai montré dans ’Being Julian Assange (version française)’ qu’une grande partie de l’histoire de la campagne de soutien initiale menée par WikiLeaks pour Chelsea Manning avait disparu, il semble qu’une grande partie des débuts de WikiLeaks aient également disparu.

Julian a dit un jour :

’George Orwell a dit que celui qui contrôle le présent contrôle le passé et celui qui contrôle le passé contrôle le futur. C’est encore plus vrai avec les archives électroniques... les archives électroniques de la plupart des grands journaux ne sont pas fiables et il en va de même pour toutes les autres organisations. Nous avons vu beaucoup, beaucoup d’exemples de grands journaux comme The Guardian ou The Telegraph retirer sans cesse des documents de leurs archives, des documents qui avaient été publiés... si vous allez à l’adresse de ces articles, vous ne verrez pas s’afficher « cette histoire a été retirée »... vous tomberez sur le message « Page Non Trouvée », et si vous recherchez les index des journaux vous tomberez sur le message « Non trouvé ». Non seulement ces histoires ont cessé d’exister, elles ont même cessé d’avoir existé. La centralisation qui se produit dans le stockage des archives signifie que la censure est très facile.’

Dans mes recherches, j’ai également passé en revue de très nombreux médias connexes. Voici les exemples les plus pertinents :

L’interview de Julian du 22 août 2010 avec Al Jazeera est à consulter absolument. Il dit qu’il avait reçu des renseignements avant les accusations portées contre lui pour le prévenir qu’une telle chose pouvait lui arriver.

Le même jour, la porte-parole du ministère public suédois, Karin Rosanger, donnait l’une des interviews les plus bizarres que j’aie jamais vues. Voici l’échange insensé entre elle et un présentateur d’Al Jazeera :

Présentateur : ’Avez-vous parlé à [Julian] ?’
Porte-parole suédois : ’Non’
Présentateur : ’Une idée d’où il est ?’
Porte-parole suédois : ’Non’
Présentateur : ’Vous le cherchez ?’
Porte-parole suédois : ’Pas pour le moment et le procureur en question ne sait pas encore si elle veut l’interroger ou non. Elle décidera de cette question plus tard.’
Présentateur : ’Eh bien, ce serait certainement la première étape - essayer de contacter la personne au centre d’une telle allégation, qu’elle soit fondée ou non - la première étape est certainement de contacter la personne qui est accusée ?’
Porte-parole suédois : ’Je ne peux pas vous donner de détails car une enquête est en cours.’
Présentateur : ’Ne serait-il pas logique d’essayer de lui parler ?’
Porte-parole suédois : ’Je ne peux malheureusement pas commenter ça.’
Présentateur : ’Vous ne vous sentez pas gênée par tout ça ?’
Porte-parole suédois : ’Non, pas du tout, ce n’est pas gênant.’
Présentateur : ’Pourquoi pas ?’
Porte-parole suédois : ’Parce que c’est la procédure normale.’
Présentateur : ’C’est normal d’accuser quelqu’un de viol et 2 heures plus tard de dire, non, ce n’est pas le cas ?’
Porte-parole suédois : ’Oui, c’est assez courant que de nouvelles informations arrivent dans une affaire et que nous devons revoir nos positions.’

Ce ne sera pas la dernière fois que la Suède révisera sa position. Quelques jours plus tard, l’affaire qui avait été ouverte puis classée sera de nouveau ouverte, par un nouveau procureur. Puis de nouveau fermée sept ans plus tard, avant d’être rouverte récemment. Quelle farce !

Le détermination du pouvoir à séparer les accusations contre Julian de son travail de publication avec WikiLeaks était palpable, comme en témoigne la formulation utilisée par les principales sources d’information US dans leurs reportages sur la situation. Le 1er décembre 2010, un journaliste de CBS News déclarait : ’En fait, il a été mis sur la liste des personnes recherchées dans le cadre d’une affaire d’agression sexuelle présumée en Suède. Les procureurs veulent simplement l’interroger, aucune accusation n’a été portée. Et ça n’a rien à voir avec les milliers de documents divulgués par WikiLeaks ces derniers jours .’ [gras ajouté]

A l’inverse, Mark Stephens, l’avocat britannique de Julian, déclara le 7 décembre 2010 à ABC : ’Je pense qu’il y a une tentative de criminaliser Julian Assange et je pense que c’est ce à quoi nous assistons. Et c’est une méthode traditionnelle des opérations clandestines et d’agents obscurs - criminaliser quelqu’un. Et évidemment, quand les cibles doivent se défendre, ils sont distraits de leurs activités principales.’

Le 11 décembre 2010, Julian apparut sur l’émission Larry King Live aux côtés de Daniel Ellsberg [Prix Pulitzer, Pentagon Papers - NdT]. Julian voulait parler des dizaines de milliers de morts civiles révélées par WikiLeaks, mais Larry ne voulait parler que des accusations de viol. Ellsberg a dit : ’Les soi-disant plombiers cherchaient des informations pour me faire chanter et me réduire au silence et je suis sûr que ce genre d’opération est maintenant menée pour tenter - je cite - de neutraliser – pour employer le terme du Pentagone ou de la Maison Blanche, le porteur du message...’.

Pour Ellsberg et d’autres cibles aguerries du gouvernement US, ce qui était fait à Julian était clair comme de l’eau de roche. Pourtant, bien trop tôt, les allégations contre lui seront utilisées non seulement comme un outil pour le calomnier, mais comme un coin enfoncé pour tenter de le séparer de sa propre organisation - WikiLeaks.

L’épée à double tranchant

C’est un refrain que nous avons souvent entendu de la part des critiques de Julian - que les allégations contre lui, et lui-même, devaient être séparées de WikiLeaks.

Cette suggestion a trois effets : premièrement, elle maintient le fantasme que Julian n’est pas visé pour son travail avec WikiLeaks alors que c’est clairement le cas. Deuxièmement, elle fait pression sur WikiLeaks pour que l’organisation se distance de Julian, son fondateur, provoquant ainsi des conflits internes au sein de l’organisation elle-même, la divisant entre ceux qui comprendraient que Julian est un bouc émissaire et lui demeureraient loyaux, et ceux qui préféreraient enfoncer leur tête dans le sable dans l’espoir de sauver d’une certaine manière l’organisation d’être ternie par une association avec quelqu’un d’aussi horrible qu’un ’violeur en série’.

Mais troisièmement - et je n’ai aucun doute que les auteurs de cette narrative en étaient pleinement conscients - il est tout aussi impossible de distinguer Julian de WikiLeaks qu’il fut impossible de distinguer Kim Dotcom du Parti Internet en 2014, lorsque cette même tactique fut utilisée contre eux. Kim Dotcom est le fondateur, le visionnaire et le génie créatif derrière l’Internet Party. Pourtant, le personnel de sa campagne électorale de 2014 fut infecté par le même récit insidieux : ’Nous devons séparer Kim Dotcom du Parti Internet dans l’esprit du public afin de ne pas être associés aux accusations portées contre lui’. Ils ont ensuite passé six mois à essayer de le faire et ont échoué lamentablement, car dans l’esprit du public, Kim Dotcom était l’Internet Party, tout comme le public ne pourra jamais, et à juste titre, être convaincu que WikiLeaks n’est pas Julian Assange.

Le bon point de départ aurait été pour WikiLeaks de sortir du bois et de déclaré avec fermeté : ’Notre rédacteur en chef est persécuté à cause de son travail avec nous. Nous le soutenons sans équivoque.’ Finalement, c’est exactement ce qui s’est passé, mais non sans beaucoup de drames et le départ de quelques personnes naïves, timorées ou malveillantes.

Réhabiliter les justes et les braves et ne jamais lâcher prise

Jacob Appelbaum avait l’habitude de dire qu’il était fier d’être un membre du Club de Fer - un terme de la NSA dont William Binney et lui avaient discuté un jour. C’est un terme qui désigne ceux qui se sont faits suffisamment remarquer pour être ciblés et espionnés par les services de renseignement, sans cesse et pour toujours.

Je vois le Club de Fer un peu différemment. Je le vois comme désignant tous ceux qui ont pris sur la gueule tout ce qui était possible et imaginable de leur balancer, qui ont payé un prix énorme mais qui continuent à se sacrifier, à parler, à être actifs. Qui restent toujours spirituellement en vie.

L’une des rares différences entre Julian, Jacob et Trevor fut la façon dont ils ont réagi à ce qui leur arrivait.

Indomptable, Julian refusa de se laisser calomnier dans le monde entier comme un ’violeur en série’, l’empêchant de faire ce qu’il faisait le mieux. Ce qu’il a enduré a mobilisé son attention, sapé ses ressources et fini par lui coûter très cher sur le plan physique et mental, mais tant qu’il était capable de parler, et dans la mesure où il le pouvait, il n’a jamais cessé de le faire.

Pour Jacob, ce fut plus dur. Son cercle social, sa communauté et une grande partie de ce qui lui était cher ont été déchirés en 2016, avant les élections (et probablement de nouveau après les élections). Tor fut déchiré en deux, le Chaos Communications Club fut déchiré en deux, en utilisant des tactiques que j’aborderai plus en détail plus tard. Berlin fut déchiré en deux. Censuré, isolé et méprisé, il n’avait d’autre choix que de disparaître de la scène publique. Bien que ce soit le conseil le plus courant donné aux hommes qui se trouvent dans cette situation - s’excuser, prendre du recul, chercher un remède thérapeutique - je crois personnellement que c’est la mauvaise réponse.

Parce qu’elle récompense ceux qui sont à l’origine des diffamations. C’est parce qu’ils réussissent à étouffer les voix qu’ils ne cessent de recourir à cette tactique, encore et encore. Et lorsqu’ils gagnent, c’est nous qui perdons.

De même avec Trevor Fitzgibbon. Toute l’infrastructure qu’il avait construite avec sa société de relations publiques était en ruines, voire inexistante - les dommages colossaux causés à sa vie professionnelle et familiale ont dû lui paraître insurmontables. C’est un miracle que nous n’ayons perdu aucun de ces hommes dans le découragement permanent, la maladie mentale ou le suicide. Je remercie Dieu pour ça. Parce que nous avons besoin d’eux.

Nous avons plus que jamais besoin de leurs voix, de leurs compétences, de leur dynamisme, de leur engagement, de leur expérience, de leur loyauté envers WikiLeaks et Julian et de leur travail.

Le vide provoqué par leur absence est indéniable. Les dommages causés à WikiLeaks en tant qu’organisation sont indéniables. Maintenant, à l’heure où Julian et son oeuvre sont en danger, nous avons à nouveau besoin du Club de Fer. Ils doivent être réhabilités et ils doivent reprendre leurs activités.

Nous seuls, la base de leur soutien, pouvons créer l’environnement nécessaire pour que cela se produise. Il faut que la vérité sur ce qui est arrivé à ces hommes, et pourquoi, soit largement diffusée. Nous devons leur faire savoir que malgré tout ce qu’ils ont vécu, ils sont toujours aimés, bienvenus et appréciés.

J’espère que si suffisamment de voix – suffisamment courageuses pour ne pas se soucier de leur propre image et pour surmonter la peur implicite d’être associées à des ’violeurs en série’ - comprennent la vérité de ce qui s’est réellement passé, et apportent leur soutien à ces hommes, ces derniers se sentiront suffisamment encouragés pour poursuivre l’oeuvre de leur vie et retourner au combat.

Nous avons besoin que Kristinn Hrafnsson publie. La publication est la chose la plus importante et la plus vitale que WikiLeaks puisse faire en ce moment. Nous avons besoin que Jacob parle encore de WikiLeaks aux 100 000 personnes qui le suivent sur les réseaux sociaux. Nous avons besoin de Trevor pour rédiger et publier des communiqués de presse, répondre aux demandes de renseignements des médias, concevoir et promouvoir des récits et créer des événements médiatiques.

Je crois que WikiLeaks en sortira renforcée. En outre, je crois que cela augmenterait grandement les chances que l’organisation survive à ce qui lui arrive. Inutile de chercher bien loin pour comprendre que les sources, les lanceurs d’alerte, les activistes et les journalistes ont besoin de WikiLeaks pour survivre. Nous avons besoin que Wikileaks soit active et forte. Nous devons la protéger, comme elle a protégé tant d’autres.

WikiLeaks sauve des vies. Elle a sauvé la vie de journalistes et de lanceurs d’alerte. Elle a révolutionné le journalisme et la protection des sources. Pour espérer pouvoir continuer à le faire, il leur faut notre soutien indéfectible.

Sabotage, menaces et défiance

[… Suzie Dawson décrit ici ses propres déboires. Le lecteur est invité à consulter l’article original. ]

Bob Marley chantait : ’Pendant combien de temps tueront-ils nos prophètes pendant que nous nous tenons à l’écart et regardons ?’ - Aujourd’hui, ’Pendant combien de temps vont-ils appeler nos prophètes des violeurs en série pendant que nous nous tenons à l’écart et regardons ?’

Quand je pense à Julian, je pense à son travail et à sa contribution, et à leur signification. Quand je pense à Jacob, je pense à son travail et à sa contribution, et à leur signification. Quand je pense à Trevor, je pense à son travail et à sa contribution, et à leur signification.

C’est pourquoi ils ont été et sont toujours attaqués. C’est pourquoi j’ai été et je continuerai d’être attaquée. Nous devrions tous imiter leurs efforts courageux, ou au moins les soutenir avec obstination - pour qu’ils ne soient plus que quelques uns, quelques parias suffisamment courageux pour tenir tête à l’Empire. Que nous soyons tous à leurs côtés à tenir tête.

J’ai vu tous les lanceurs d’alerte et tous les journalistes dignes d’intérêt être persécutés et attaqués sans relâche. J’ai passé de nombreuses années à les défendre, à démystifier longuement les calomnies déversées sur eux. Je les ai vus attaqués de toutes parts et calomniés sans relâche. Chaque fois que cela m’arrive, aussi calomnieuse, vicieuse ou humiliante que soit l’attaque, je la prends comme une marque d’honneur.

Je n’ai pas peur et je ne me laisserai pas intimider.

À suivre...

Suzie Dawson

Twitter : @Suzi3D
Site Web : Suzi3d.com

Les journalistes qui écrivent la vérité en paient le prix fort. Si vous respectez et appréciez ce travail, veuillez envisager de soutenir les efforts de Suzie par des dons. Pour soutenir le travail incroyable que WikiLeaks fait, veuillez faire un don à WikiLeaks ici. Pour contribuer au fonds de défense juridique de Julian Assange, cliquez ici. Ou faites un don pour aider Courage Foundation à sauver la vie des dénonciateurs. Je vous remercie !

Traduction "Eh oui, 3 violeurs, ça fait beaucoup, et deux "suicidés" et un disparu aussi" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

»» https://contraspin.co.nz/freeing-julian-assange-part-one/
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(Propos rapportés par le New York Times, 27/3/2010).

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