Negru et awomen : deux symptômes inquiétants de la Tour de Babel libérale.

La langue est fasciste, disait Barthes : elle véhicule des préjugés, des valeurs, toute une culture réactionnaires, qui nous empêchent de penser librement. Il faut déconstruire tout cet édifice pour revenir à un état innocent de la langue.

Barthes donne des exemples de déconstruction politique (comme cette couverture de point de vue montrant la photo d’un soldat noir tenant un drapeau français, et véhiculant à elle seule l’idéologie coloniale). Mais la déconstruction, dans le cadre usaméricain de la « French theory », s’est limité au domaine des « cultural studies », c’est-à-dire au sociétal et a abouti à « libérer » la langue de toute référence à la réalité, qu’elle soit biologique (théorie du genre) ou historique, pour mettre en place une véritable novlangue totalitaire. Deux faits de manipulation linguistique l’ont récemment illustré.

Au cours du match du 8 décembre entre le PSG et le Basaksehir turc, celui-ci a réclamé une sanction contre un joueur du PSG. Sur le banc des entraîneurs. Pierre Achille Webo, entraîneur adjoint du club turc, était particulièrement véhément ; un arbitre de touche, Sebastian Coltescu, attire alors, en roumain, l’attention de l’arbitre de terrain (roumain comme lui) sur lui : » Le Noir, là-bas. Ce n’est pas possible de se comporter comme ça. » Or, noir, en roumain, se dit « negru » (tout comme en espagnol, « negro », ou en catalan, « negre »). Aussitôt, Webo s’en prend à l’arbitre : « Why you said « negro » ? ». Ce qui entraîne un quiproquo, une situation d’absurde à la Cantatrice chauve, d’où il est difficile de sortir quand on s’est d’emblée installé dans le passionnel. Oui, Coltescu a dit « negru », mais « negru » en roumain ne veut pas dire « nègre », mais « noir ». Mais ces explications linguistiques ne peuvent pas être entendues : la révolte gronde, on s’en prend à l’arbitre de terrain qui a donné un carton rouge à Webo, le match est interrompu. Le lendemain, les joueurs procèdent, avant de reprendre le match, à la pantomime « anti-raciste » bien connue maintenant, consistant à se mettre à genoux poing levé, ce qui est une gestuelle antinomique qui annule le sens, qui se neutralise d’elle-même. Cette chorégraphie est évidemment à mettre en rapport avec le fait que les matchs se jouent sans public, ils peuvent aisément se transformer en spectacles de propagande ; ces joueurs d’élite millionnaires peuvent s ’amuser, sans crainte de se faire siffler, à se prendre pour des rebelles, face à des arbitres roumains, c’est-à-dire de l’Europe pauvre, contre lesquels les expressions de préjugés racistes n’ont pas manqué (« On n’est pas en Roumanie, ici, on joue à un haut niveau »).

On a donc vu l’anti-racisme se manifester en roue libre, sur le mode automatique, dans une situation où toute considération rationnelle était hors jeu, et de façon à annuler toutes les règles du sport ( les membres de l’équipe qui sont sur le banc sont tenus à un minimum de réserve, les décisions de l’arbitres ne doivent pas être contestées) qui permettent aux matchs de se dérouler normalement.

Mais même le temps de la réflexion n’a servi à rien : le seul mot de « noir » a été assimilé à des « propos racistes ». Et il est vrai qu’on hésite aujourd’hui à l’utiliser : avant de dire « J’ai un chat noir », ou « Le soir tombe, il fait noir », on regarde autour de soi pour voir si ces propos ne risquent pas de vexer quelqu’un. Mais que dire à la place : « il fait pas blanc du tout », « il fait brun foncé » ? En fait, le mot-ersatz est déjà entré dans les mœurs, c’est « black » ; il faudrait donc parler de « la Mer Black », de « la Forêt Black », de prendre « un petit black »au comptoir (mais il n’y a plus de comptoirs !).

Curieusement, pour éviter toute connotation raciste, on fait appel à la langue du pays où le racisme est constitutif, consubstantiel, et s’exprime de la façon la plus violente.
Les dérivations culturelles de cette atmosphère montrent bien qu’on est dans une « cancel culture » (culture de l’annulation, du bannissement) : on rebaptise les Dix petits Nègres en « Ils étaient dix » ; mais cela ne suffit pas : il faudra aussi réécrire le livre pour supprimer toutes les occurrences du mot. Cela s’appelle réécrire l’Histoire, rendre obligatoire la version des faits historiques qui convient au Pouvoir. De même, on parlait d’interdire Tintin au Congo, au lieu de remettre en cause toute l’histoire du colonialisme. Au lieu de discuter les faits, et de les changer, on se contente de changer les mots, pour apaiser symboliquement les mécontents, sans rien changer dans la réalité.

Le 3 janvier dernier, Nancy Pelosi, Présidente démocrate de la Chambre des représentants, ouvrait rituellement la séance par une prière (et on pourrait s’étonner de ce rituel, se dire que la démocratie étasunienne est d’une nature vraiment curieuse, contester qu’elle puisse servir de modèle aux démocraties européennes) et concluait cette prière par un « Amen, Awomen » stupéfiant, comme si « amen » voulait dire quelque chose comme « pour les hommes », formule qu’il faudrait aussitôt flanquer d’un « pour les femmes », comme quand on disait « Français, Françaises ». Mais « amen » est une forme verbale, ni masculine ni féminine, et ici la « déconstruction » se débarrasse de tout sérieux académique pour aboutir à la création d’une monstruosité linguistique.

Pelosi réédite ici les excès ridicules (selon Molière) des Précieuses, qui voulaient non seulement supprimer les mots grossiers, mais même les syllabes malsonnantes (comme « conçu », ou ce mot particulièrement jouissif, « concupiscent « ). Il faudrait donc éviter maintenant tout ce qui rappelle la syllabe signifiant « homme », cette réalité si grossière, ne plus parler de « manifestations », ou de « management », ou alors dire « womanifestation », « womanagement ». Il y a même un nom propre véritablement provocant, c’est le Prix Nobel Thomas Mann, qu’il faudrait au moins corriger en Thomas Womann.

On en arrive ainsi à une Tour de Babel, une espèce d’argot, non pas apache, mais au contraire élitiste : le langage étant ce qui permet aux hommes (hommes et femmes bien sûr) de s’entendre, de formuler des analyses politiques et de mettre au point ensemble des actions, il faut le distordre, le travestir, l’atomiser, pour atomiser les gens eux-mêmes et garantir leur impuissance.

La « déconstruction » à la Pelosi est grotesque, mais aussi destructrice. Mais, après tout, pourquoi ne pas poursuivre cette déconstruction ? Ce n’est pas « amen » qui est machiste, mais le mot même de « woman » : comme on pourrait, intuitivement le soupçonner, l’étymologie du mot est bien « man ». Au départ, « man » voulait dire « être humain » ; mais il s’est spécialisé dans le sens d’homme mâle ; pour dire « femme », on a donc ajouté à la racine « man » le préfixe « wo » : woman veut donc dire « homme dans sa variété femelle » (ce qui rappelle le mythe biblique de la création d’Eve, à partir d’Adam). L’anglais, seule langue sans doute avec l’hébreu, n’a donc pas de racine propre pour dire « femme » ! Et, en disant « amen, awomen », Pelosi ne fait que redoubler la pseudo-référence machiste !

Mais continuons, amusons-nous à déconstruire le nom de Pelosi : en italien, « peloso », dont « pelosi » est la forme de masculin pluriel, veut dire « poilu » : pour être cohérente, Nancy Pelosi devrait donc se faire appeler « Pelosa ». Sur ce point, la langue russe, elle, est parfaitement féministe, puisque les noms de famille se mettent au féminin ; on connaît ainsi la danseuse Anna Pavlova (fille ou femme d’un Pavlov), ou la cosmonaute Valentina Terechkova, (fille ou femme d’un Terechkov). Mais on pourrait même interroger cet usage qui fait d’une femme mariée une « Madame Pierre Dupont », usage commun aux Anglo-Saxons, et qui dénie à une femme toute identité propre. Là-dessus, ce sont les pays ibériques qui donnent aux peuples du Nord des leçons de féminisme : dans ces pays, en effet, les femmes mariées gardent leur nom, c’est ainsi qu’en Espagne, sur la boîte aux lettres d’un couple, on voit toujours deux noms différents. Ou bien, l’ex-présidente argentine, aujourd’hui Première Ministre, s’appelle Cristina Fernández, et, si on veut rappeler ses liens avec Nestor Kirchner, on dira : Cristina Fernández de Kirchner (de voulant dire « épouse de Kirchner »). Encore un effort, Madame Pelosi, si vous voulez vraiment être féministe !

La déconstruction en soi n’est donc pas en soi condamnable, c’est une manifestation d’esprit critique ; tout dépend à quel stade s’arrête la déconstruction. Telle qu’elle est pratiquée, dans l’optique des « cultural studies », elle consiste à détruire la culture et les sociétés, en supprimant toute référence à notre passé, notre histoire, notre identité, pour nous transformer en zombies qui n’ont pas d’autre identité que celle des marques des produits que nous consommons, les mêmes partout, et qu’on soit homme ou femme. L’helléniste Jean-Pierre Vernant avait montré que la culture grecque, celle même qu’on célèbre comme fondatrice de la démocratie, reposait sur la distinction entre le domaine masculin (symbolisé par Hermès) et le domaine féminin ( symbolisé par Hestia). Toute culture est un ensemble de distinctions et oppositions, sans lesquelles on tombe dans le chaos mental. Vouloir nous empêcher de distinguer un Noir d’un Blanc, ou un homme d’une femme, c’est nous condamner à la folie ; ce n’est pas pour rien que les malades d’Alzheimer éprouvent de la difficulté à distinguer hommes et femmes.

COMMENTAIRES  

30/01/2021 13:35 par Jérôme Dufaur

Cet article (scandaleux et qui aurait probablement pu être publié tel quel par Minute) se fonde sur une opération, d’une malhonnêteté intellectuelle patente, consistant à comparer deux situations qui n’ont rien à voir.
Le tout sous le patronnage de Roland Barthes qui n’a rien demandé et ne peut même pas se défendre de là où il est.
Pourtant...
Est-il si difficile de comprendre qu’une personne de couleur puisse en avoir assez d’être désignée par sa couleur de peau ? Cette lassitude, pouvant virer à l’indignation, ne peut-elle pas se comprendre dans un monde (bien réel) où les couleurs de peau ont été et demeurent politiquement, symboliquement, socialement hiérarchisées ? Alors que cette hiérarchisation ne repose sur aucune réalité si ce n’est une accumulation de préjugés, encore très largement partagés (préjugés que l’on pourrait qualifier de "transcendantal historique" et qu’un puissant effort, mené avec esprit de suite, parviendra peut-être à déconstruire).
Bon courage camarades... Car la perspective d’une unité dans la diversité, dans laquelle les luttes seraient articulées et non opposées, n’est pas pour demain.

30/01/2021 14:18 par Xiao Pignouf

Entièrement d’accord avec cet article.

Je ne parlerai même pas de cet incident footbalistico-linguistique, mélange d’ignorance et de comédie. Si cette polémique s’était au moins cantonnée au terrain de foot... Quant à la génuflexion point levé, elle a le même degré de stupidité et d’ignorance...

Le progressisme absurde made in USA que même les Monthy Python n’auraient osé imaginer tuera la gauche française si elle n’y prend pas garde. Du pain béni pour la droite.

Nous sommes décidément en idiocratie.

30/01/2021 15:57 par Xiao Pignouf

@Jérôme Dufaur

Vous êtes hors sol. On peut s’emparer ici de sujets réservés à l’extrême-droite, c’est un débat d’idée qui peut désamorcer les conséquences de ce monopole.

Tout ce que je dis, je le dis avec la conscience qu’il y a, à gauche, une culpabilité insconsciente et ne s’assumant pas, culpabilité qui a la fâcheuse tendance à sur-victimiser systématiquement les gens de couleur, à les considérer comme des petites choses fragiles et à commettre des gestes aussi ridiculement contradictoire que s’agenouiller en levant le point. C’est du pain béni pour l’extrême-droite. Réfléchir un peu plus loin que quelques footballeux hystériques et opportunistes n’est pas un crime.

Désigner une personne par sa couleur de peau n’est raciste que dans la bouche d’une personne raciste. Dans certaines situations, on devrait pouvoir désigner une personne par sa pigmentation comme on le ferait par sa taille, sa coiffure ou tout autre attribut physique neutre.

Dans une société si régie par les névroses progressistes made in USA (United Schizophrenics Of America), on n’a d’autres choix que de l’éviter autant que possible, afin d’éviter les malentendus, mais ce n’est pas toujours le cas, dans des situations d’urgence ou de stress.

Ce n’est qu’une simplification lexicale (les Noirs ne sont pas vraiment noirs et les Blancs pas vraiment blancs), une périphrase pour ainsi dire.

Les Africains, les Mélanésiens, les Afro-américains ont la peau noire, c’est un fait, pas une honte. On ne désignera jamais, par exemple, un individu obèse ou enveloppé par sa corpulence, car bien que certains l’assument, beaucoup en font un complexe. Ou chauve, tenez... j’en connais qui détestent se faire apostropher par leur absence de tifs pour la même raison. Ce n’est pas le cas, je crois, de la couleur de peau qui ne fait pas l’objet de complexes (même si c’est vrai qu’il subsiste des cultures dans lesquelles la blancheur est toujours synonyme de noblesse).

Une personne de couleur noire peut être africaine, mélanésienne, américaine, française, italienne, espagnole... etc. Désigner une personne par sa nationalité s’avère donc compliqué si celle-ci est inconnue ou non-distinctive.

De même, moi qui suis « blanc », si je me retrouve au milieu de personnes de couleur noire, on pourra me désigner comme « blanc ». Ce qui m’est arrivé sans que je m’en offusque ou que j’y vois du racisme. Ce n’est pas une occurence qui fait le racisme, c’est une systématisation faisant fi de l’identité. Si l’on sait que je suis français et que cela permet de me distinguer ou que je m’appelle Albert, la couleur de ma peau n’est plus un élément pertinent et son usage peut être une indication de racisme, mais une indication seulement.

Il y a toutefois des exceptions : à l’instar de "négro", les qualificatifs "jaune" ou "peau-rouge" ont clairement pris des significations racistes parce que caricaturales et insultantes.

La question de la couleur de peau n’existe que parce que les différences existent. Et heureusement qu’elles existent car nous devrions les chérir. Au contraire des suprémacistes ou des racistes qui souhaitent vivre dans un monde monochrome.

En outre, l’auteure analyse l’évènement selon l’angle de l’ignorance d"une langue et de ses usages ayant poussé des sportifs à accuser de concert une personne de racisme, ce qui s’est avéré faux à la fin, et vous condamnez l’article sur la base uniquement de la critique (ô combien nécessaire) de cette vaine polémique footballistico-linguistique...

30/01/2021 16:55 par Autrement

Moi aussi je suis d’accord avec cet article.
Dire "le noir" (ce qui correspond au roumain "negru", lequel n’est pas connoté péjoratif comme l’est "nègre" en français, suite au colonialisme) n’est pas plus injurieux que de dire "le grand blond, là-bas", ou "le huit" (chiffre du maillot d’un joueur), pour désigner quelqu’un dont on ne connaît pas le nom. Comme le souligne l’auteur, ce sont plutôt les Roumains qui ont été insultés en l’occurrence.

L’incident relevé par Rosa Llorens montre parfaitement les ravages opérés dans les mentalités par les diverses manipulations linguistiques totalement arbitraires qui prétendent modifier le réel en dénaturant la langue :

Au lieu de discuter les faits, et de les changer, on se contente de changer les mots, pour apaiser symboliquement les mécontents, sans rien changer dans la réalité.

Non, la langue en soi n’est pas fasciste, et je crois que Roland Barthes a cédé sur ce point à une mode "gauchiste" du même type que le barbare et ridicule Amen/Awomen de Nancy Pelosi : est fasciste seulement l’usage qu’on en fait, c’est-à-dire l’intentionnalité, la situation d’énonciation, le rapport de forces, le contexte social et événementiel des paroles prononcées.
Le cas du titre "Les dix petits nègres" est flagrant : transporter dans le domaine des relations sociales, pour prétendre les corriger, ce qui est situé dans l’espace littéraire et historique, et qui relèverait seulement d’une salutaire explication de texte, n’est qu’une contrefaçon, une parodie insultante du respect humain dû aux personnes réelles.

D’une manière générale notre siècle, pourri par une histoire qui se présente de plus en plus (de par l’intensification de la domination capitaliste), et sans honte, et même avec arrogance, comme un tissu d’horreurs, - l’est aussi par l’hypertrophie des abstractions et la perversion du sens du langage, par le divorce total entre les mots et les choses dans le spectacle de la vie courante. Est-il besoin d’évoquer la "pacification", les "plans sociaux", la "dette" ou (ce qui résume tout) "la grande démocratie américaine", pour montrer quel état de dégradation l’idéologie dominante est parvenue à imposer à la pensée ordinaire ?

J’ajouterais un exemple non mentionné par l’auteur de l’article, mais qui finira par rendre tout le monde malade, du moins en ce qui concerne le français : c’est l’écriture dite inclusive, en réalité exclusive, puisque la féminité y devient un élément isolable, parasite et superfétatoire. Ce type de graphie, qui s’est malheureusement répandu par contagion dans toute la prose syndicale, est à proprement parler la LÈPRE de notre langue, une altération de sa peau visible qui la rend illisible, qui écorche la pensée, et qui n’a pas amélioré d’un iota, - au contraire -, et n’a aucune chance de jamais améliorer la condition des femmes, ni l’égalité et la justice sociale, ni les mentalités et comportements fascistes qui perdurent dans ce domaine aussi. Sous son apparence bon-enfant et copain-copine, cette langue artificielle n’est qu’une minable dérobade.

30/01/2021 22:29 par Estienne Athurion

@ Xiao Pignouf
Introduire votre réponse à Jérôme Dufaur par "Vous êtes hors sol" est une méthode en soi déjà condescendante.
Prétendre ensuite que "Dans certaines situations, on devrait pouvoir désigner une personne par sa pigmentation comme on le ferait par sa taille, sa coiffure ou tout autre attribut physique neutre" nécessite de définir ce qu’est l’attribut physique neutre. L’grand, le nabot, tout comme le noir, on ne sait pas comment cela sera perçu et, répété, cela devient vite insupportable. Tout comme vous, je ne me suis jamais offusqué que des enfants malgaches m’appellent "Wasa", je le trouvait même sympathique ; toutefois, cela ne me donne aucun droit de nommer quelqu’un par un de ces traits physiques ou de caractère. L’important, lorsque j’interpelle quelqu’un n’est pas tant de savoir comment je percevrais le sens du mot et de l’intonation choisis, mais de savoir comment cela va être perçu.
Enfin , "Désigner une personne par sa couleur de peau n’est raciste que dans la bouche d’une personne raciste" est l’affirmation récurrente du raciste se prétendant non-raciste.
Dire, "le noir" ou "le negro" , dans les deux cas, on interpelle la personne par sa couleur de peau ; j’en perçois un relent suprémaciste

31/01/2021 10:26 par Assimbonanga

Niveau culture politique d’un footballeur ? Exemple Griezman qui soutient les ouïgours et Yuri l’adolescent tabassé, juste comme ça, sur une impulsion de gentillesse spontanée, un coup de tête ? Aucune analyse, aucune recherche de source, ça part comme un pet.
Ah ! Tous ne sont pas Maradona !
Ces petits footballeurs sont dans des élevages industriels où on se soucie peu de leur formation idéologique sauf celle qui mène au capitalisme décomplexé. Leur carrière est placée sous le haut patronage de clubs, de politiciens, de sponsors, du monde de entrepreneuriat, de la compétition, des signes extérieurs de richesse. Aussi la jugeote n’est-elle pas forcément l’apanage de cette noble corporation, noble par le style et les performances mais ignoble à bien d’autres égards.
Éthiquement, c’est le grand-n’importe quoi et mettre un genou en terre ça faisait trop trop envie, pour la photo surtout. Manque de bol, raté !

31/01/2021 10:32 par Xiao Pignouf

@Estienne Athurion

Evidemment, que vous vous fassiez de moi cette opinion, c’était le risque. Mais vous me faites dire ce que je n’ai pas dit.

D’abord, je n’ai pas dit et encore moins prôner qu’il fallait s’adresser à quelqu’un en disant "le noir", ou "le blanc". Je suis convaincu que lorsqu’on parle à une personne qu’on ne connaît pas, mieux vaut employer « Monsieur » ou « Madame » quelle que soit la couleur de sa peau, je ne suis pas débile à ce point ! Je vous rappelle que l’article parle d’un malentendu lié à une langue dans laquelle "noir" se dit "negru". J’évoquais donc une situation similaire où parfois lorsqu’il s’agit de distinguer une personne, on va la désigner à une autre personne qui ne la connaît pas par le biais de certains attributs physiques. Ou vous avez mal lu mon commentaire ou vous faites semblant de ne pas comprendre : j’ai bien précisé par des attributs neutres et non des attributs caricaturaux et dégradants. Parler de quelqu’un en disant « le nabot », « le gros », « la grosse », « le cul-de-jatte », c’est dégradant et dire « le bougnoule » ou « le négro », c’est raciste, on est d’accord. Est-ce que j’ai dit autre chose ? Or, je vous pose la question à vous puisque vous insinuez que je le suis, raciste : est-ce que la couleur de peau est un attribut dégradant ? Selon moi, pas davantage que la couleur des cheveux ou des yeux. Si vous pensez que la couleur de peau noire est à ce point dégradante qu’il ne faille pas la nommer, alors je vous retourne le compliment.

Je suis de plus en plus persuadé que ceux et celles qui, le plus souvent à gauche, ont cette phobie de la couleur de peau, quelle que soit la leur d’ailleurs, sont aussi ceux et celles qui nourrissent le plus le racisme.

En outre, « Vaza », en malgache, ça ne veut pas dire « blanc », mais « étranger ». Les Chinois disent « Laowai », c’est pareil.

Et n’oubliez pas que je parle aussi de situations exceptionnelles, et que je dis que ce n’est pas parce qu’une fois, lorsqu’on me demande où se trouve M. ou Mme Untel qui se trouve avoir des origines africaines ou mélanésiennes, je réponde par « c’est le noir là-bas », ou « c’est le black », ou « c’est l’homme de couleur », ou « c’est l’homme d’origine afro-mélanésienne », au choix, que je suis raciste. Si je peux le distinguer en disant « c’est le grand » ou bien « c’est celui qui porte une veste rouge à carreaux blancs », bien sûr que je ferai ce choix... mais ça ne fait de personne quelqu’un de raciste à oser distinguer une autre par sa couleur de peau. Quant à cet euphémisme de l’anglais « black », j’aimerais bien qu’on me dise la foutue différence...

Je me dois de vous rappeler la définition du racisme (CNRTL) : Ensemble de théories et de croyances qui établissent une hiérarchie entre les races, entre les ethnies. Doctrine politique fondée sur le droit pour une race (dite pure et supérieure) d’en dominer d’autres, et sur le devoir de soumettre les intérêts des individus à ceux de la race. Attitude d’hostilité pouvant aller jusqu’à la violence, et de mépris envers des individus appartenant à une race, à une ethnie différente généralement ressentie comme inférieure.

Je vous renvoie aussi au concept de négritude, à Senghor et Césaire.

31/01/2021 18:17 par Estienne Athurion

@ Xiao Pignouf
Histoire sans fin - Au départ un quiproquo
On ne peut plus reprocher à Webo d’entendre "Negro" qu’à Coltescu de ne savoir ou imaginer que negru sera entendu "negro" et peut-être perçu comme étant insultant
La couleur de peau n’est pour moi aucunement un attribut dégradant. Penser, que dis-je savoir, qu’être nommé par sa couleur de peau peut-être perçu comme étant du racisme, ne signifie aucune phobie de ma part quant à la couleur de peau.
La couleur de peau est un attribut objectivement neutre. On ne peut savoir, en désignant quelqu’un par sa couleur de peau comment ce sera perçu. Pour la personne désignée, la couleur de peau ne sera pas nécessairement un attribut neutre.
J’entends encore parfaitement mon fils me dire : "Tu sais papa, c’est dur d’être le seul noir du village" Pour lui, sa couleur de peau n’est aucunement un attribut dégradant sans pour autant être un attribut neutre ! probablement pour avoir longuement entendu , à l’école, "Tu n’es qu’un noir"

02/02/2021 15:39 par Auguste Vannier

Cet article donne à réfléchir à prendre de la distance une fois plus avec le spectacle médiatique toujours intéressé et insignifiant.
Et je suis heureux de constater qu’il donne lieu sur LGS à un débat authentique, avec des positions argumentées et en définitive respectueuses de chacun.
Pour moi c’est un indice de qualité : un article (en tout cas ici sur LGS) à le débat qu’il mérite : c’est donc à mon humble avis un bon article.
Merci à toustes les commentateures.

(Commentaires désactivés)