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Nommer De Gaulle

Quand j’étais jeune (qui a dit : « et beau » ?), on disait « De Gaulle ». Quand on était un de ses chauds partisans, on disait « le général De Gaulle ». C’est ainsi que lui-même se nommait parfois à la troisième personne. Sur sa tombe, que partagent sa femme Yvonne et sa fille Anne, le chef de la France libre a fait inscrire « CHARLES DE GAULLE ».

Les gens de ma génération, qui n’ont pas connu la guerre, n’éprouvaient aucune révérence ou fascination particulière pour cet homme. Je me souviens d’une chanson qu’on entonnait dans les cours d’école à la fin des années cinquante en se tapant sur les cuisses (sur l’air de "Et voilà l’général qui passe") :

Et voilà l’général De Gaulle
Tout poilu
Tout tordu
La médaille au trou du cul

Hé oui !

Quand on était, comme moi, issu d’une famille de gauche, on lui était évidemment reconnaissant d’avoir – après quelques palinodies – mis un terme à la guerre d’Algérie et accordé l’indépendance à ce pays qui l’avait payée bien cher. On l’admirait pour savoir tenir tête aux États-Unis et à l’URSS. On sentait bien qu’il avait raison de refuser au Royaume-Uni l’entrée dans un Marché commun qu’il souhaitait pulvériser de l’intérieur pour en faire une zone de libre échange à sa main. Mais De Gaulle, c’était aussi la France catholique (De Gaulle, président de la République, assistait à des messes es qualité), le choix, sans précédent au XXe siècle, d’un Premier ministre fondé de pouvoir de la banque Rothschild qui saurait – avec toute la brutalité que l’on rencontre parfois chez les esprits les plus fins – faire rendre gorge aux travailleurs, les mineurs de charbon en particulier.

Bref, c’était De Gaulle.

Aujourd’hui, les mânes du général sont régulièrement convoquées par des gens authentiquement de gauche. Cela signifie tout simplement que le curseur politique s’est durablement déporté vers la droite. Car ce que les jeunes de gauche apprécient aujourd’hui en De Gaulle, c’est qu’il a sorti la France de l’Otan, qu’il ne s’est pas focalisé sur « l’Europe, l’Europe ! » de Robert Schuman et Jean Monnet, de droite comme lui mais autrement, et qu’il a su opposer aux capitalistes et banquiers de son cher Pompidou un État fort et régulateur.

Voilà où nous en sommes : les gens de gauche aujourd’hui en sont malheureusement réduits, pour sauver les meubles, pour contenir les digues que veulent faire sauter les Fillonistes et les Solfériniens, à faire appel à un général catholique légitimiste, nourri par la pensée de Barrès, et à inscrire une partie de son discours dans le marbre.

Et ce De Gaulle, ils le nomment, ils l’écrivent « Charles de Gaulle ». Nous, les vieux, n’utilisions jamais son prénom, sauf pour le moquer : « Le Grand Charles », « Charlot ». Et puis il y a cette erreur sur ce que les djeuns d’aujourd’hui pensent être une particule de noblesse. Les De Gaulle n’ont aucun titre de noblesse. « De Gaulle » vient du flamand « De Walle », qui signifie, vraisemblablement, l’étranger, celui qui n’appartient pas au peuple germanique, tout comme « Wealas », mot du Vieil-Anglais qui a donné « Wales », le Pays de Galles. Mais « Gaulle » n’est pas de la même famille que le mot « Gaule » qui servait à désigner les Celtes qui avaient colonisé ce qui est aujourd’hui le nord de l’Italie. Chez les nobles (en République, il n’y a pas de nobles mais c’est un autre débat), la particule ne prend pas de majuscule : « Philippe Leclerc de Hautecloque », « Dominique François Marie Galouzeau de Villepin », « Philippe Marie Jean Joseph Le Jolis de Villiers de Saintignon ». Lorsque l’on veut faire court, on omet la particule : « Villepin », « Villiers » (mais on a toujours dit « Giscard » et non « Estaing »). Mais certainement pas « Gaulle ».

Passionnant que tout cela !

Illustration : “De Gaulle fait le fier pendant que la France coule”, dessin de Siné publié dans L’Express, 1962.

COMMENTAIRES  

30/03/2017 11:18 par Assimbonanga

Très bien !
Il est vrai qu"aux vieux on donne toujours l’absolution et le grand âge permet l’ensevelissement des actes passés. Et puis, les légendes se forment. Un détail l’emporte sur la carrière.
Ça devient le général de gueule... On veut se donner la gueule d’un homme fort.
Et puis, il y a les nouvelles mœurs : les télés et radio se plaisent à réduire un discours de 1h30 à une unique phrase prélevée pour son aspect percutant. Ainsi, si Mélenchon s’aventure à dire du bien de De Gaulle, c’est interprété comme une prosternation à son égard. Et c’est une nouvelle ère politique qui commence et qui fait table rase des 60 années qui ont précédé. On clique sur "compacter les dossiers". On vit dans un monde de fous !
Merci d’avoir réactualisé !

30/03/2017 15:23 par Geb.

Je pense qu’il ne faut pas trop l’accabler le Charlot... Même si nous l’avons copieusement haï, en particulier pour sa Constitution bonapartiste en 1958.

Que certains, "de gauche" l’admirent tend simplement à me laisser penser que le mot "gauche" ne signifie réellement plus rien en admettant qu’il ait réellement signifié quelque chose de concret un jour.

Mais il a tout de même réussi à une époque ou c’était rien moins que facile à passer sur ses intérêts et ses instincts de classe et à réagir contre la servilité de la Bourgeoisie collaboratrice quand un Mitterrand, "de gauche", en était encore à être Attaché de Cabinet du Maréchal Pétain aux côtés de Papon.

On pourrait aussi ajouter qu’il a réussi contre vents et marées à nous sortir du joug américain d’après-guerre et de l’AMGOT en 1945 et ensuite de l’OTAN, à viré les bases US, puis a tenté de rejeter l’hégémonie dollar en revenant à l’étalon or.

Chose que ce qui se passe en ce moment dans le Monde prouve comme une politique économique et financière visionnaire dans le cadre d’une indépendance politique vis à vis d’agresseurs potentiels.

Tout cela, du Discours de Phnom-Pen, à l’Aide aux non-alignés, à la Dissuasion nucléaire tous azimuts, et à la Décolonisation m’oblige aujourd’hui à revoir le personnage plutôt au positif et même à me demander si à l’époque, nous les Communistes français, n’avons pas ratée le coche en nous contentant de le stigmatiser sans prendre en compte sa stature alternative. Ce qui a favorisé certainement la montée de l’Hégémonie de l’Empire usaméricain et facilité ses crimes dans le Monde entier et notre mise sous tutelle.

Même son "choix" d’un Pompidou rothschildien devrait être pris en compte comme plutôt une contrainte de pis aller pour tenter de faire glisser la pilule de son Patriotisme souverainiste intolérable pour les Maîtres de Wall-Street.

Il pensait peut-être maîtriser le monstre mais il n’avait pas compris que pour ce faire il lui faudrait le soutien des masses populaires plutôt que de la Bourgeoisie française devenant de plus en plus compradore. Mai 1968, la première "révolution coloré" réussie, après les échecs de Budapest et Prague, a eu raison de lui...

Après quand même plusieurs attentats ratés dirigés par les services secrets américains de l’époque.

Je ne regrette pas de l’avoir combattu, mais je regrette sincèrement de n’avoir pas réussi à saisir sa stature et les potentialités à en tirer pour les Travailleurs français si nous Communistes avions réussi à lui faire saisir les points d’intérêts que nous aurions pu avoir en commun.

J’ai compris ça plus tard. Quand mon parti m’a demandé de faire élire et de s’allier à un truand comme Mitterrand, ancien collabo pétainiste, décoré de la Francisque, affabulateur, résistant de la dernière heure, ancien cagoulard, Ministre assassin de résistants FLN, anticommuniste, et protecteur de nazis en cavale.

Sincèrement, à soutenir une pareille ordure nous aurions mieux fait de soutenir le Charlot en son temps.

On n’en serait peut-être pas là en ce moment.

Ce qui est fait est fait... Mais peut-être que c’est à étudier pour ne pas rater la marche à la prochaine occasion ?

30/03/2017 16:16 par yapadaxan (JC POTTIER)

Bernard Gensane fait des rappels importants. Le PCF, quand il était encore le grand PCF de la Résistance et de la classe ouvrière, symbolisé par le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau, avait fait publier 2 ouvrages. L’un s’intitulait De Gaulle et les siens et l’autre Gaullisme et grand capital. Et dans ces ouvrages, les auteurs, communistes, n’étaient pas tendres avec le général et nos camarades de l’époque avait une conscience, claire et lucide, que de Gaulle, maurassien, représentait le grand Capital et incarnait l’ennemi de classe des travailleurs.
Oui, le curseur s’est en effet glissé vers la droite.

30/03/2017 16:29 par yapadaxan (JC POTTIER)

Je viens de vérifier.
De Gaulle et les siens avait pour auteur l’excellent André Wurmser (dont je raffolais les éditos dans l’Huma).
Gaullisme et grand Capital était signé de Henri Claude.
De Gaulle était, je le répète, notre ennemi de classe, il était maurassien et exécrait le menu peuple qu’il méprisait.
Devons-nous, communistes d’aujourd’hui, réviser l’Histoire ?
Je me rappelle des écrits communistes de l’époque : le Grand Capital s’était divisé en 2 courants : les collaborationnistes de Vichy et les résistants FFI de Charles de Gaulle. Ni fleurs ni couronne, ces 2 courants avaient exactement le même objectif : servir le Capital et c’est tout.

30/03/2017 17:04 par Assimbonanga

@Geb, c’est le quart d’heure d’auto-critique ? ;-))
C’est sûr que, quand on voit la dégradation de la qualité des personnels politiques, dégradation du sens de l’honneur d’abord, on peut trouver aux anciens certains traits de grandeur qui manquent aujourd’hui. A l’époque, les camps et les affrontements étaient plus tranchés. Que le prolétaire s’affrontât au patronat, représenté par De Gaulle, était naturel. Ne vous faites pas du mal. Ce qui est fait est fait.
Après tout, la France n’est pas de la responsabilité des seuls prolétaires et chacun y a tenu son rôle.
Nos prochains problèmes seront de préserver la nature et les êtres vivants. Beaucoup ont déjà disparu de la surface du globe.

30/03/2017 18:38 par RST

Texte très intéressant, plein d’enseignements .
Je me permets de mettre un lien vers un petit texte qui montre que De Gaulle, ce n’était ni le capitalisme, ni le socialisme mais la politique des revenus : http://urlz.fr/539j
Il est facile pour moi aujourd’hui d’admirer l’œuvre du Général. Je ne sais pas quelle aurait été mon attitude si j’avais eu 20 ans en 1962 ou 18 en 1969

PS : est-il possible à Geb de me contacter sur mon mail : ecodemystificateur@free.fr
Merci d’avance

30/03/2017 23:19 par assimbonanga

Il ne faudrait pas oublier les traitrises de De Gaulle à l’égard des communistes dès la libération.

31/03/2017 11:40 par Danielle Lapierre

Je partage les souvenirs de B.GENSANE.
Méme si j’étais gamine en 1958, j’ai le souvenir de la campagne pour le NON au referendum qu’avaient menée les communistes ( et le PSA ou PSU de l’époque) sur la Constitution de la Vème. Ennemi de classe, de GAULLE certes mais ils dénonçaient également les dérives d’un pouvoir autoritaire et les pouvoirs exorbitants donnés à un seul homme. J’ai eu l’occasion d’en parler récemment à des membres du PCF. Ils ignorent cette partie de l’Histoire de leur Parti.
On voit où nous en sommes ...

31/03/2017 17:08 par cunégonde godot

M. Gensane :
Aujourd’hui, les mânes du général sont régulièrement convoquées par des gens authentiquement de gauche. Cela signifie tout simplement que le curseur politique s’est durablement déporté vers la droite. Car ce que les jeunes de gauche apprécient aujourd’hui en De Gaulle, c’est qu’il a sorti la France de l’Otan, qu’il ne s’est pas focalisé sur « l’Europe, l’Europe ! » de Robert Schuman et Jean Monnet, de droite comme lui mais autrement, et qu’il a su opposer aux capitalistes et banquiers de son cher Pompidou un État fort et régulateur.

Voilà où nous en sommes : les gens de gauche aujourd’hui en sont malheureusement réduits, pour sauver les meubles, pour contenir les digues que veulent faire sauter les Fillonistes et les Solfériniens, à faire appel à un général catholique légitimiste, nourri par la pensée de Barrès, et à inscrire une partie de son discours dans le marbre.

Il faut juger De Gaulle sur les faits, pas sur sa culture maurrassienne ou barrésienne. Et au passage se débarrasser de l’esprit de procès dont la gauche pourtant ne cesse de se plaindre de la part de ses ennemis.
Le curseur politique "de gauche" s’est durablement déplacé à droite dès 1983 avec le plan de rigueur d’essence incontestablement européiste, c’est-à-dire capitaliste. Puis poussé plus à droite encore lors du Traité de Maastricht, en 1992. Depuis, il est toujours au même endroit. Ceux qui avaient pris du retard dans ce glissement à droite (les communistes entre autres) ont rejoint le point de curseur européiste (capitaliste), la CGT aussi qui aujourd’hui a perdu la première place de centrale syndicale en France. Aujourd’hui la gauche et l’extrême-gauche en sont à "sauver l’Europe" (sauver le capitalisme), tapant toujours à bras raccourcis sur le catholicisme tout en se prosternant devant l’islam et les forces centrifuges de démantelerèlement de l’Etat-nation (écologistes, régionalistes et communautaristes de tout poil). Chercher l’erreur...

31/03/2017 19:27 par Autrement

Peut-être serez-vous intéressés par le texte suivant : c’est un tract qui date du 13 juin 1968, émanant de notre cellule Fac-Lettres. De Gaulle y est assez bien caractérisé pour l’époque. Comme je l’ai évoqué une autre fois, il y avait des casseurs plutôt inquiétants parmi les étudiants grévistes (sans parler d’éléments extérieurs), et nos collègues de droite faisaient pression pour faire intervenir la police. Nous sommes parvenus à l’éviter, même en 68 ! (Alors que notre actuel président de l’Université ne s’en est pas privé, même sans casseurs...). Et d’autre part se profilait un recours de De Gaulle à l’armée, on entendait parler des chars.

Nous n’avons jamais approuvé, et nous l’avons déclaré dès le début, l’attitude irresponsables de certains groupements gauchistes, et leur façon de privilégier systématiquement l’action directe de minorités agissantes au détriment de la lutte politique de masse. Ces méthodes d’action entretiennent et aggravent le climat de guerre civile que cherche à créer le pouvoir gaulliste par les provocations de plus en plus sanglantes de sa police et de ses groupements factieux ; elles divisent et affaiblissent la classe ouvrière au moment même où se précise le danger d’une dictature militaire ; elles défigurent, aux yeux de la population, les aspirations profondément démocratiques des millions de travailleurs manuels et intellectuels qui ont participé au mouvement de grève.

Nous condamnons donc formellement ces méthodes, et c’est pourquoi nous ne serons pas suspects de sympathie pour elles en protestant, aux yeux de cette même population, contre les mesures autoritaires et répressives prises par le gouvernement à l’égard de divers groupements (JCR, JCML, FER, mouvement du 22 mars, VO etc...). En effet les gaullistes, qui tentent de se présenter comme les sauveurs de l’ordre, sont en réalité les seuls responsables du désordre créé par dix ans de politique anti-sociale et anti-démocratique.Ce sont eux qui lancent des provocations policières contre les ouvriers que l’intransigeance du patronat contraint à poursuivre la grève, ce sont eux encore qui provoquent les étudiants et rejettent certains d’entre eux vers des solutions de désespoir.

Nous protestons contre les mesures arbitraires prises par le pouvoir, qui bafoue les règles fondamentales de la démocratie politique, ceci en invoquant abusivement une loi de 1936 qui visait en fait à protéger la république contre les groupes factieux fascistes organisés de façon militaire.

Nous protestons d’autant plus vigoureusement contre cette attitude du pouvoir, qu’elle présage des attaques beaucoup plus graves contre la classe ouvrière, contre l’Université, contre les organisations démocratiques, et en partie contre le parti communiste, ennemi principal du gaullisme, et qu’elle ouvre ainsi la voie à une dictature militaire. Ce n’est pas un hasard en effet si le groupe fasciste "Occident" a été "oublié" par De Gaulle dans sa condamnation des différents groupements ; ce n’est pas un hasard si Tixier-Vignancour, Salan et bien d’autres réintègrent le giron gaulliste.

Nous nous prononçons donc une fois de plus contre les provocations du pouvoir et l’attitude de ceux qui les alimentent.

Seul un gouvernement d’union démocratique s’appuyant sur un programme commun aux partis de gauche (FGDS, PC) et soutenu largement par les masses populaires, peut apporter une solution à la crise actuelle .

Et tant d’années de luttes ont passé...

01/04/2017 11:09 par RST

@ Autrement
Et l’Histoire vous a donné tord : il n’y a jamais eu de "dictature militaire" sous De Gaulle

01/04/2017 14:44 par Assimbonanga

Aujourd’hui la gauche et l’extrême-gauche en sont à "sauver l’Europe" (sauver le capitalisme), tapant toujours à bras raccourcis sur le catholicisme tout en se prosternant devant l’islam et les forces centrifuges de démantelerèlement de l’Etat-nation

Serait-ce un extrait d’un site d’extrême-droite, Cunégonde ? Ou de droite extrême seulement ? Ou d’un bureau de conception-propagation de fausses nouvelles ? Ce qui m’alerte c’est le « se prosternant devant l’islam » qui pue quelque peu.

01/04/2017 15:12 par Autrement

@RST : curieuse logique ! Ce n’est pas parce qu’un événement n’a pas eu lieu qu’il n’a pas "risqué" d’avoir lieu ! Grâce à la mobilisation populaire et au sang-froid de la CGT de l’époque, on l’a échappée belle, c’est tout...

01/04/2017 15:26 par Geb.

Il me semble qu’au-delà des documents qui faisaient référence en 1968 il nous faudrait probablement revoir la vulgate en vigueur alors d’après l’épreuve des faits et connaissance acquises depuis.

Il est un fait acquis qu’en 1968 tous nous pensions que c’était à De Gaulle et à lui seul que nous devions les événements négatifs ainsi que les violences policières, de même que les risques de coup d’état. Ca c’était la facilité : De même que Ghadaffi hier assassinait son propre peuple, De Gaulle avant-hier aurait voulu asservir les Français pour satisfaire son ego démesuré au service du capital et de la Bourgeoisie française.

Sauf que pour faire cela il lui aurait suffi de collaborer en 1940, la Bourgeoisie française étant en masse collaborationniste et il aurait pu avoir le pouvoir absolu comme le Maréchal Pétain. Il aurait pu aussi comme Général Giraud en Algérie se mettre au service des Américains et de la Bourgeoisie anglo-saxonne et favoriser la mise sous tutelle de la France. On ne voit pas alors quel intérêt il aurait pu avoir à partir à Londres où on ne peut pas dire qu’il a alors été bien reçu..

A l’époque nous n’avions, (Du moins la majorité d’entre nous), aucune idée des ingérences profondes et des complicités réelles avec les nazis des services secrets et du Grand Capital américains. Même si les plus au courant pouvaient et savaient en reconnaître la trace.

En 1968, la notion de "Réseaux Stay-Behind" ne représentait rien, les ingérences et les false-flags, telles les attentats, les assassinats, attribués aux "Brigades rouges" en Italie que nous savons aujourd’hui avoir été commis par des entités otanniennes n’étaient pas envisagés en tant que tels. Nous ignorions tout des nombreuses tentatives d’attentat auxquelles avait été confronté le Général. (On ne connaissait que l’Affaire du petit Clamart). on ignorait tout des ingérences des Services secrets US et des frères Dulles dans le déroulement des événements en Algérie et comment ils organisaient la confrontation entre les Français d’Algérie et le FLN afin d’interdire toute transition pacifique, de la même manière qu’on a pu le voir aujourd’hui en Ukraine. Il y avait une grande partie de l’armée qui travaillait contre la politique d’ensemble d’indépendance envers les USA. Et c’était pas nouveau, déjà avec Giraud en Algérie pendant WWII les Américains avaient tenté de nous mettre sous tutelle.

On ne faisait jamais référence aux appartenance de Pasqua à l’OSS devenue CIA, ou à celle de Defferre à l’Intelligence Service devenu MI6. Nous avons pu voir mettre à des postes clef de la république des agents secrets étrangers, (Premier Ministre, Président, Ministre de l’Intérieur), et pour cela il fallait mettre De Gaulle sur la touche.

Mais je dirai que De Gaulle a réellement fait l’unanimité compradore contre lui lorsqu’il a voulu revenir à l’étalon or, et exigé le rapatriement de l’or français consigné aux USA. Depuis on a pu constater que TOUS ceux qui’ont fait allusion à la sortie du dollar comme monnaie de référence, et le retour à l’étalon or, tyrans ou pas, alliés des USA ou pas, Laïcs, Chrétiens, Musulmans, aujourd’hui Russes, Chinois), ont systématiquement été éliminés, tentés de l’être ou stigmatisés comme "Nouvel Hitler" ou "Tyran assassinant son propre peuple".

L’Iran, l’Irak, la Libye, la Syrie, et tous les pays qui ont été déstabilisés ou ont fait l’objet d’agressions de la part des USA et consorts ont tous commis le crime inexpiable de vouloir sortir de la tutelle géo-politique, monétaire et financière des USA.

J’irai plus loin en disant que lorsque De Gaulle est parti à Bonn rejoindre Massu nous y avons tous vu une tentative de coup d’état bonapartiste. Et vu de l’extérieur ça ne pouvait être que ça.

Mais il a a aussi une autre possibilité : De Gaulle se voyant confronté à une tentative de prise de pouvoir par des forces atlantistes à travers une révolution qu’on n’appelait pas alors "colorée" allant prendre conseil auprès du seul général, (Massu), qui lui avait été fidèle, à lui et à la République, lors de la tentative de putsch fasciste à Alger soutenue par les Services américains. Je rappelle qu’en 68, nous, les Communistes, ne somme entrés en action qu’après que les événements à Paris soient devenus assez dramatiques pour que le PCF prenne la décision d’entrer en lutte ouverte et sous la pressions des masses affolées de voir les exactions policières sur les étudiants. A la lumière de ce qui s’est passé dernièrement en Ukraine, ainsi que les méthodes utilisées, le scénario peut-être revisité de toute autre manière que celui que nous avons pu percevoir alors. Et aujourd’hui, alors que l’on connaît précisément ce qui s’est passé en Grèce en 1945 lorsque les Camarades grecs ont refusé de rendre les armes et n’ont pas voulu se soumettre à leurs "libérateurs" anglo-saxons on peut aussi imaginer qu’un tel scénario aurait pu être celui de la "Révolution de Mai 1968" sans le sang-froid d’un De Gaulle. Et probablement celui des camarades du Comité Central du PCF et de la CGT qui tout en en stigmatisant le Général ne sont pas tombés dans le panneau.

Ce qui a d’ailleurs permis aux Gauchistes tels les Cohn-Bendit, Rocard, Krivine and Al, de vilipender par la suite le PCF en tant que "fossoyeur" de la Révolution.

Pour finir, qu’on ne pense pas que je suis, ou que j’ai été un fan de De Gaulle. Mais par contre je suis certain que ne pas tout voir, choses et humains, en blanc ou noir, être capable de réfléchir sur des scénarios alternatifs quand les choses ne se sont pas passées comme prévu, et surtout douter systématiquement de ce que nos meilleurs ennemis nous présentent comme des évidences éternelles est le meilleur moyen d’analyser au plus juste en fonction de nos propres intérêts de classe, ainsi que de les bloquer dans leurs tentatives scélérates de propagande éhontée.

La période dramatique qui arrive va permettre de juger de si la leçon a été comprise, ou si l’Histoire va bégayer une fois de plus.

Parce qu’il va en falloir de l’analyse fine, de la connaissance historique, et du flair, pour arriver à déjouer les chausse-trappes bienveillantes et dégoulinantes de ceux qui assassinent la Planète et ses habitants depuis deux siècles au nom du Christ, de la Bienséance politiquement correcte, des "Droits de l’Homme", et de l’Humanisme interventionniste

Et comme l’écrivait Karl Marx à ce sujet ...

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