Nous retournerons à Gaza jusqu’à ce que la Palestine soit libérée

Richard LEVY

" Nous retournerons à Gaza. Nous lutterons jusqu’à ce qu’Israël renonce à sa politique d’apartheid, à la confiscation des terres et des eaux de Cisjordanie, à la destruction des maisons et des oliveraies, à son mur qui empiète sur la Palestine, à ses clôtures de barbelés et à ses checkpoints. Nous lutterons jusqu’à ce que la Palestine soit libre"

Comme vous le savez sans doute par les médias, nos efforts pour aller à Gaza sur le bateau étasunien -l’Audace de l’espoir- ont échoué.

Nous pensions que les Forces de Défense israéliennes (IDF) nous arraisonneraient dans les eaux internationales, mais ce sont des commandos grecs qui nous ont assaillis près du Pirée. Comme un passager l’a dit "Israël a sous-traité le blocus à la Grèce, à la Turquie et à d’autres pays." Il a obtenu leur coopération grâce aux lourdes pressions diplomatiques de leurs alliés (surtout les USA) et à des menaces économiques. Actuellement, huit bateaux en partance pour Gaza et transportant des passagers originaires de 22 pays sont bloqués dans des ports grecs et turcs.

Bien que la mission telle que nous l’avions prévue ait échoué, les médias internationales ont accordé énormément d’attention aux efforts des bateaux pour prendre la mer pour Gaza et cela a donc mis en lumière, une fois de plus, l’emprisonnement indéfendable légalement et moralement des habitants de Gaza.

Israël interdit à la flottille d’appareiller soi-disant pour des raisons de sécurité mais cela n’a pas de sens car nous transportons du matériel de construction (dont Gaza a un urgent besoin depuis que des milliers de maisons et des centaines d’écoles ont été détruites pendant "l’opération Plomb Durci" il y a deux ans). Israël interdit aux étudiants palestiniens d’aller étudier à l’étranger, aux gens de rendre visite à leur famille et d’aller se faire soigner à l’extérieur de la bande de Gaza et d’exporter leurs marchandises. De toute évidence cela n’a rien à voir avec la sécurité. Il s’agit de punir collectivement les 1,6 millions de Gazaouis pour avoir majoritairement voté pour Hamas.

Israël prétend qu’il autorise désormais l’entrée de davantage de marchandises à Gaza (en réponse au défi que constituent cette Flottille et la précédente qui a coûté neuf vies) mais cela reste tout à fait insuffisant et n’a aucun effet positif sur l’emploi ; à Gaza il y a 25-45 % de chômage et les Gazaouis vivent avec moins de 2 dollars par jour.

Cependant les Palestiniens de Gaza ne nous ont pas demandé de leur apporter des biens matériels. Ce qu’ils veulent c’est leur liberté. Le défi consiste à briser le siège militaire d’un pays armé jusqu’aux dents qui a non seulement assassiné 1 400 personnes et détruit les infrastructures de Gaza lors des attaques de 2009, mais qui étrangle le peuple de jour comme de nuit.

Personnellement, ma participation à la flottille m’a permis de rencontrer des personnes extrêmement dévouées et pleines d’amour de tous les pays, de tous âges (22-86), de milieux différents et à l’expérience diverse. Quand nous avons appareillé en violation des ordres grecs, il y a eu un moment de joie et d’excitation indescriptibles. Nous n’oublierons jamais les cris, les chants et les larmes au milieu des drapeaux d’espoir et d’amour.

Donc nous retournerons à Gaza. Nous lutterons jusqu’à ce qu’Israël renonce à sa politique d’apartheid, à la confiscation des terres et des eaux de Cisjordanie, à la destruction des maisons et des oliveraies, à son mur qui empiète sur la Palestine, à ses clôtures de barbelés et à ses checkpoints. Nous lutterons jusqu’à ce que la Palestine soit libre. Nous vivrons des échecs. Mais comme l’a dit un passager du bateau, en citant Becket, nous "ferons une tentative, nous échouerons, essayerons encore, échouerons encore, échouerons d’une meilleure manière." Et finalement nous réussirons.

Impliquez-vous donc vous aussi si vous le pouvez.

Richard Levy

Richard Levy est un avocat des droits de l’homme et un des passagers de l’Audace de l’espoir.

Pour consulter l’original : www.uruknet.info?p=79343

Traduction : Dominique Muselet

COMMENTAIRES  

08/07/2011 15:49 par m-a patrizio

Remarques sur le communiqué de R. Levy :

1) « Bien que la mission telle que nous l’avions prévue ait échoué, les médias internationales ont accordé énormément d’attention aux efforts des bateaux pour prendre la mer pour Gaza ».
En effet, énormément plus d’attention que pour la mission du "convoi d’aide médicale fourni par l’Union des médecins arabes" qui, pendant que (presque) tout le monde parlait de la FF2 bloquée, est entrée à Gaza (voir ci-dessous) par le passage de Rafah :
« Arrivée du convoi d’aide médicale à Gaza.
Un convoi d’aide médicale fourni par l’Union des médecins arabes, est arrivé mercredi 6/7 à la Bande de Gaza, transportant près de 5 tonnes de médicaments et de matériel médical.
Des sources locales ont rapporté au correspondant du CPI que le convoi est entré par le passage de Rafah, et contient 24 catégories de médicaments qui sont en pénurie à Gaza, et d’une valeur de 290 000 dollars.
[...]
Il est à noter que la Bande de Gaza souffre de la pénurie de dizaines de types de médicaments et matériels médicaux".
Voir article :
http://www.ism-france.org/communiques/Arrivee-du-convoi-d-aide-medicale-a-Gaza-article-15803
Source : Palestine Info.

« Enormément [plus] d’attention aussi que pour le convoi "Africa to Gaza », « premier convoi terrestre sud-africain d’aide pour Gaza [qui] a parcouru jusqu’à maintenant 4.000 km. Les 21 militants et leur dizaine de véhicules ont quitté Durban (Afrique du Sud) le 26 juin et espère atteindre Gaza à la fin juillet. Il transporte des fournitures médicales, du lait en poudre, des générateurs et des matériaux de construction » :
http://www.ism-france.org/temoignages/11eme-jour-de-route-pour-le-convoi-Africa-to-Gaza-qui-traverse-la-Tanzanie-video—article-15798

2) « à Gaza il y a 25-45 % de chômage » : curieuse façon de produire une statistique, en donnant un écart de 20%. L’auteur pourra trouver (facilement) des chiffres plus précis : ceux, par exemple, de l’UNWRA, dont « le porte-parole de l’agence onusienne, Chris Gunness, a indiqué que près d’un Palestinien sur deux en âge de travailler n’avait pas d’emploi et que le taux de chômage avoisinait 44,5% de la population active à la fin de 2010, et environ 45% à l’heure actuelle ».
Voir http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=24443&Cr=Gaza&Cr1
Voir aussi : «  L’UNRWA estime à 45,2% pour le second semestre 2010 le taux de chômage à Gaza "au sens large", selon la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT), augmentée d’une évaluation de la population en âge de travailler qui a renoncé à chercher un emploi, faute de perspective »
http://www.france24.com/fr/20110614-45%25-palestiniens-chomage-selon-onu-unrwa-blocus-israel-conflit-israelo-palestinien-bande-gaza.

Ces chiffres sont des estimations d’organismes officiels (internationaux) ; des gens revenant de missions (moins médiatisées) à Gaza, ces jours-ci, parlent d’un taux de chômage à 60%.

3) « Nous lutterons jusqu’à ce qu’Israël renonce à sa politique d’apartheid, à la confiscation des terres ... » etc. : et jusqu’à ce les Palestiniens puissent retrouver leurs droits fondamentaux comme, par exemple, le droit au retour ?

4) Dernière remarque sous forme de question : quel est le coût financier global de la mission Freedom Flotilla 2 ?
m-a p.

09/07/2011 07:48 par La Louise

Un monde de collabos...

10/07/2011 09:31 par dominique

Le traitement surréaliste des militants pro-palestiniens qui voulaient se rendre en Palestine cruellement occupée par les Israéliens soit à Gaza (La Flottille) soit en Cisjordanie (par avion), révèle deux choses, en dehors de l’éffarement qu’il suscite à cause de son caractère excessif, hystérique et violent ( l’arrestation des manifestants devant l’hötel de ville de Paris, celle des visiteurs pour la Palestine à l’aéroport israélien et l’arraisonnement des bateaux et l’arrestation de leurs équipages) :

La première c’est la complète soumission de l’occident tout entier à la botte israélienne. Il n’y a pas que la Palestine qui est occupée par le couple israélo-Etasunien, la France, la Grèce, l’Italie, la Suisse aussi. la preuve c’est Israël qui fait la loi dans les aéroports, les mairies et les commissariats de ces pays.
Quant aux USA ils sont eux-mêmes dominés par les lobbys pro-israéliens qui financent leurs politiciens et donc dictent leur politique.

Le seconde, c’est que pour Israël et donc pour ses subordonnés américano-européens la Palestine n’existe plus. On ne peut plus y aller car il n’y en a plus. D’ailleurs eux ne prononcent jamais ce mot. Ils disent "territoires" pour la Palestine et "arabes" pour Palestiniens. Il n’y a donc plus qu’Israël, et Israël ne reçoit que ceux qui adhèrent à sa politique d’apartheid (séparation entre la peuple élu et le sous-peuple arabe, dominé, exploité, déporté, exproprié, dépouillé comme les noirs d’Afrique du Sud au temps de l’apartheid).

Les politiciens français, américains du nord et européens y sont sans cesse invités aux frais de la princesse dans des fastueux voyages de propagande, où comme dans les centrales nucléaires on ne leur montre que ce qu’on veut et bien sûr ils reviennent tous acquis à la cause du Grand Israël de l’apartheid.

IL faut attendre. Les USA perdent de leur pouvoir et losqu’ils ne seront plus assez puissants pour protéger le nettoyage ethnique des Palestiniens par Israël, les Israéliens seront chassés du Moyen Orient et les Palestiniens retrouveront leur pays et leur liberté.

Et en attendant se battre du mieux qu’on peut.

13/07/2011 16:36 par Michel M.

Il faudra bien un jour que cela cesse ! Cet article est poignant. J’ai récemment fait une rencontre gay avec un palestinien qui m’a conté la même histoire : c’est triste...

(Commentaires désactivés)