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«  Obamania », ou le triomphe du vide politique

A peine Obama vient-il d’être réélu que déjà , je vois fleurir autour de moi nombre de «  Yes we can » et autres approbations bien pensantes de la part de ceux qui se disent progressistes... Les citoyens belges, français et européens se prennent subitement de passion pour les élections américaines et plus particulièrement pour le président sortant. Ils ont certainement oublié la ferveur et l’espoir qui accompagnaient sa première élection en 2008, contrastant avec le bilan que l’on peut en dresser aujourd’hui. Comme nous le verrons dans cet article, à bien des égards, celle-ci n’a pas marqué la rupture avec Bush tant attendue... Dès lors, on est en droit de se demander : d’où vient cette Obamania européenne ? Qu’est ce que cette élection va changer pour nous ? Mitt Romney aurait-il mené une politique fondamentalement différente ? Voici quelques éléments de réponse...

Remontons dans le temps. En 2008, l’un des arguments majeurs avancés par les Obamaniaques était qu’un noir entrait à la maison blanche. A les entendre, une véritable révolution était en marche ; un pays qui avait connu pendant des années la ségrégation allait peut-être devenir enfin le défenseur du peuple noir, du Tiers-Monde, et qui sait, peut-être même de la paix mondiale ! Analyse qui aurait pu être crédible si les États-Unis n’avaient pas été depuis des siècles la matérialisation de l’impérialisme... Au-delà du symbole, qui continue d’en émouvoir certains au point de leur faire oublier les actes bien peu progressistes du président ces quatre dernières années, voir en Obama un défenseur de l’opprimé, c’est faire preuve de naïveté : en effet, on est assez loin d’un Malcolm X !

Mais, sous cette vision quelque peu idéalisante de Barack Obama, se profile un comportement sous-jacent bien plus inquiétant : on soutient désormais un politicien pour sa couleur de peau, et non plus pour son programme ou ses idées ! Ceci relève d’un vide intégral de conscience politique chez un nombre grandissant de citoyens. Il faudrait en effet que l’on m’explique en quoi la couleur de peau légitime un président... Si le symbole est certes fort, il faut dépasser la conception tribale simpliste : un Noir peut ne pas avoir des actes qui servent les Noirs dans leur ensemble. Ainsi, de la même manière que les «  nègres d’intérieur » collaboraient activement à l’esclavage, il est culotté de penser que le président des États-Unis d’Amérique va subitement devenir le défenseur des minorités partout dans le monde ! Cette utilisation du symbole de la couleur de peau me semble relever de l’antiracisme qui court à la rescousse du Capital...

Car si Obama représente quelque chose, c’est bel et bien le Capital ! Et, en se cachant derrière des valeurs morales inattaquables (démocratie, droits de l’homme, programmes sociaux etc), il le fait d’une manière éminemment plus subtile et intelligente que son adversaire Mitt Romney... Cependant, le programme de fond reste le même et le choix des Américains semblent ainsi se résumer à un choix entre bonnet blanc ou blanc bonnet... Ou en l’occurrence, noir bonnet !

Pour comprendre cette impuissance politique totale du président américain (qu’il soit républicain ou démocrate), il faut mettre en avant le rôle trop souvent oublié des lobbies (qu’ils soient financier, pétrolier, militaire, sioniste etc), de la Chambre et du Sénat dans la politique intérieure et extérieure des USA. Prenons par exemple la position des USA par rapport à la Palestine, et citons le discours du Caire du 4 juin 2009, dans lequel Obama déclara que : « L’Amérique soutiendra les aspirations des Palestiniens à la dignité et également les aspirations des Palestiniens à avoir leur propre État. » (1) Deux ans plus tard, lorsque Mahmoud Abbas (président de l’Autorité Palestinienne) annonce sa volonté de demander une adhésion de la Palestine à l’ONU, les États-Unis annoncent qu’ils y mettront leur veto... L’AIPAC (2), principale institution du lobby pro-israélien américain, était certainement passée par là ...

Cette impuissance explique que lors de son précédent mandat, Obama se soit inscrit dans une certaine continuité de la politique bushiste, bien qu’il (se) fut présenté comme opposé à celle-ci. Cela fut notamment évident en matière de politique étrangère : impérialisme avec la guerre en Libye, diabolisation de l’Iran et maintien des sanctions contre celui-ci, pas de fermeture de Guantanamo, soutien aux pires régimes archaïques (de type Arabie Saoudite) et à Israël, antiterrorisme forcené avec la mort de Ben Laden (on pourrait d’ailleurs se demander par quel tour de magie Obama peut être allié de l’Arabie Saoudite et en même temps combattre le terrorisme...)... A cela vient s’ajouter un budget de la défense colossal (bien que constant) : selon le SIPRI, on était à 4,6% du PIB en 2007 sous Bush. Sous Obama, en 2011, on est à 4,7%.

En matière de politique intérieure, le bilan n’est guère plus réjouissant. Par exemple, l’impôt sur les sociétés est en constante baisse et la pauvreté en constante hausse. La dette publique, quant à elle, passe de 300 milliards de dollars sous Bush à 1400 milliards sous Obama. (3) Rappelons également que ce dernier accorda 250 milliards (c’est certes moins que Bush) pour le sauvetage des banques en 2009. La toute-puissance de Wall Street semble donc dépasser les clivages politiques ! Reste également à prendre en compte qu’Obama n’étant désormais plus ré-électible, il est possible qu’il s’encombre moins de l’opinion publique. Il pourrait ainsi aisément faire passer des mesures sociales ou militaires (notamment une attaque contre l’Iran) impopulaires ...

En résumé, mis à part quelques divergences sur des sujets sociétaux tels que l’avortement ou les droits des homosexuels, Romney, Bush et Obama semblent tous partager un consensus tacite sur des questions politiques cruciales telles que la dette, la doctrine économique libérale, la politique étrangère ou encore l’armement. Comme de nombreux observateurs l’affirment, leur différence tenait plus au style. Ainsi, lors de ces élections, les Américains ont eu le choix entre deux programmes politiques différents sur la forme mais assez similaires sur le fond, et il semble qu’ils y aient accordé beaucoup de crédit, puisque d’après les premiers échos dont nous disposons, le taux de participation aurait été exceptionnellement élevé. (4) Cela équivaut donc à dire que le système «  démocratique » américain a laissé le soin à sa population de choisir entre celui des deux qui emballerait le mieux un projet identique. Or, quand en démocratie, on a seulement son mot à dire sur l’emballage mais pas sur le contenu, il y a de quoi se poser des questions sur l’efficacité du système...

Reste pour terminer à traiter d’une problématique : quid de l’Europe dans tout cela ? Lorsque l’on regarde la scène politique ces dernières années, il semble que nous allions, comme les américains, vers un choix binaire, qui constitue en fait une sorte de façade cachant une dictature de fond. Le spectre politique de ceux que nous élisons se réduit en effet considérablement, et on ne prend désormais plus la peine de consulter le peuple sur des sujets pourtant cruciaux (imposition de l’austérité, emprunt de l’État auprès de marchés privés etc). Cette alternance entre des partis extrêmement peu différents devient la norme dans de nombreux pays européens, et notamment en France où UMP et PS se succèdent sans qu’au fond cela ne change grand chose aux politiques menées.

Le modèle électoral américain, qui ressemble à une sorte de grand match de catch sur-médiatisé (sans doute pour faire croire encore à un jeu démocratique de plus en plus bafoué) témoigne d’un véritable vide de conscience politique parmi les citoyens. Ceux-ci s’intéressent à ce grand show dans lequel deux politiciens se disputent sur des choses assez futiles afin de masquer un nombre effrayant d’idées communes. Cependant, le citoyen lambda n’a plus l’intelligence politique de constater que de nombreux problèmes primordiaux ne sont même pas abordés... Et à en croire l’engouement des nombreux Obamaniaques européens et mondiaux (cela vaut également pour les partisans de Romney), il semble que ce système de pseudo-alternance bien peu démocratique compte encore de beaux jours devant lui...

Louis Maréchal

(1) http://www.youtube.com/watch?v=B_889oBKkNU

(2) American Israel Public Affairs Commitee

(3) http://www.weeklystandard.com/blogs/painful-cost-obama_629745.html

(4) http://french.ruvr.ru/2012_11_07/93720799/

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« Cuba mi amor », un roman sur le Che de Kristian Marciniak (Rebelion)
Leyde E. Rodri­guez HERNANDEZ
Publié chez Publibook, une maison d’édition française, le roman de Kristian Marciniak : « Cuba mi amor » circule dans Paris ces jours-ci. Dans un message personnel adressé au chroniqueur de ce papier, l’auteur avoue que Cuba a été le pays qui lui a apporté, de toute sa vie, le plus de bonheur, les plus grandes joies et les plus belles émotions, et entre autres l’orgueil d’avoir connu et travaillé aux côtés du Che, au Ministère de l’Industrie. Le roman « Cuba mi amor » est un livre (…)
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