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Panique dans les rues de Londres

Laurie Penny

Je suis blottie dans mon salon avec quelques amis en état de choc et je regarde ma ville brûler. La BBC passe en alternance des images de voitures incendiées et de batailles de rues et de courses poursuites à Hackney, de policiers à cheval en manoeuvres à Lewisham, d’incendies qui font rage là où se dressaient des magasins et des maisons à Croydon et à Peckham. La nuit dernière, Enfield, Walthamstow, Brixton et Wood Green ont été pillées ; il y a eu des centaines d’arrestations et des dizaines de blessés graves, et ce sera un miracle si personne ne meurt cette nuit. C’est la troisième nuit consécutive d’émeutes à Londres, et le désordre se répand à présent à Leeds, Liverpool, Bristol et Birmingham. Les politiciens et les officiers de police qui il y encore quelques heures faisaient des déclarations solennelles sur la criminalité en sont à présent réduits à supplier les jeunes de rentrer chez eux. La Grande-Bretagne était un baril de poudre et vendredi quelqu’un y a mis le feu. Comment cela a-t-il pu arriver ? Et qu’allons-nous faire maintenant ?

Dans leur précipitation pour expliquer ces émeutes, chaque commentateur commence par un rituel : condamner la violence. Comme s’il pouvait en être autrement de ces incendies, ces agressions et ces pillages. Ceci devrait être assez évident pour tous ceux qui regardent en ce moment sur la BBC Croydon en train de brûler. David Lammy, député à Tottenham, a qualifié les troubles «  d’insensés, insensés ». Nick Clegg a dénoncé «  les violences et les pillages inutiles et opportunistes ». S’exprimant depuis sa villa de vacances en Toscane, le Premier Ministre David Cameron - qui a finalement décidé de rentrer pour prendre les affaires en main - a simplement déclaré que l’agitation sociale qui régnait dans les quartiers les plus pauvres du pays était «  tout à fait inacceptable ». La violence dans les rues est qualifiée de «  criminelle », l’oeuvre d’une «  minorité violente », d’ «  opportunisme ». Ils ont perdu la tête. Ce n’est pas comme ça que l’on parle d’une agitation sociale contagieuse. Des jeunes en colère qui n’ont rien à faire et rien à perdre se retournent contre leurs communautés, et ils ne peuvent pas être arrêtés et ils le savent. Cette nuit, dans une des plus grandes villes du monde, la société se désagrège.

La violence est rarement aveugle. La politique responsable d’un immeuble en feu, d’une vitrine brisée ou d’un jeune homme tué par balles par la police n’est peut-être pas visible pour ceux qui ont allumé des cocktails molotovs ou appuyé sur la gâchette, mais elle est bien là . Il ne fait aucun doute qu’il y a bien plus derrière ces émeutes que la mort de Mark Duggan, tué par la police, et dont la mort a déclenché les émeutes samedi, lorsque deux voitures de police ont été incendiés après une veillée de cinq heures devant le poste de police de Tottenham. Une protestation pacifique contre la mort d’un homme détenu par la police, dans une communauté où les habitants ont toutes les raisons de ne faire confiance ni à la police ni à la justice, est une forme de déclaration politique. Piller les magasins pour des appareils hi-tech ou des chaussures de sport qui valent dix fois plus que les allocations qu’on vous a supprimées en est une autre. Une vague coordonnée et contagieuse d’agitation à travers les quartiers les plus pauvres de la Grande-Bretagne, où des jeunes arrivent des quatre coins du pays pour s’affronter à la police en est encore une autre.

Des mois de conjectures suivront ces émeutes. Déjà , l’internet s’enflamme de propos racistes au vitriol et de rumeurs folles. La vérité est que très peu de gens savent pourquoi c’est arrivé. Ils ne savent pas parce qu’ils ne s’intéressaient pas à ces gens-là . Personne n’observait plus Tottenham depuis que les caméras de télévision se sont retirées après les émeutes de 1985 à Broadwater Farm. La plupart des gens qui vont écrire, parler et pontifier sur les désordres de cette semaine n’ont absolument aucune idée de ce que cela signifie de grandir dans un quartier où il n’y pas de travail, pas de logements, pas de lieux de vie, et où la police est présente dans les rues et vous arrête et vous fouille sur le chemin de l’école. Ceux qui savent se réveilleront en sachant pertinemment bien qu’après des décennies d’ignorance et de marginalisation et harcèlements policiers, après avoir vu pendant des mois s’envoler tous les espoirs d’une vie meilleure, ils ont finalement réussi à faire parler d’eux dans les journaux télévisées. Dans un reportage de la BBC, un jeune homme de Tottenham, à qui on avait demandé si les émeutes avaient changé quelque chose, a répondu : «  Oui. Vous ne seriez pas en train de me parler si nous avions pas fait une émeute, n’est-ce pas ? »

«  Il y a deux mois nous avons marché sur Scotland Yard, plus de 2000 personnes, tous des noirs, pacifiquement, dans le calme et vous savez quoi ? Pas un mot dans la presse. La nuit dernière, après un peu d’émeutes et de pillages, regardez autour de vous. »

J’étais parmi les badauds en train d’écouter alors j’ai regardé autour. Une douzaine d’équipes de Télévision et de journalistes étaient en train d’interviewer des jeunes.

Il y a partout dans ce pays des quartiers auxquels on ne prête attention que lorsqu’il y a une émeute ou un infanticide. Maintenant ils prêtent attention.

Cette nuit à Londres, l’ordre social et la loi se sont totalement effondrés. La ville est paralysée. Les rues sont dangereuses et la violence se rapproche de mon quartier à Holloway. Au moment où je rédige ces lignes, les pillages et les incendies se sont répandus à au moins 50 localités différentes à travers le pays, dont des dizaines à Londres même, et les communautés se retournent à présent les uns contre les autres : le quotidien The Guardian raconte comment des gangs rivaux livrent des batailles rangées. Il est devenu évident aux yeux des jeunes déshérités britanniques, qui pensent qu’ils n’ont aucun avenir dans cette société et rien à perdre, que cette nuit ils pourront faire ce que bon leur semble et que la police est totalement débordée. C’est ça une émeute.

Une émeute, c’est le pouvoir, c’est la catharsis. Ce n’est pas une éducation parentale défaillante ou des services sociaux qui disparaissent, ni aucune de ces explications clichés que les gourous médiatiques nous servent. Comme me le faisait remarquer aujourd’hui un ami, les inégalités structurelles ne sont pas résolues par quelques tables de billard. Une émeute donne un sentiment de puissance, même si ce n’est que le temps d’une nuit. Une émeute, c’est lorsqu’on a passé toute sa vie à s’entendre dire qu’on est bon à rien mais qu’ensemble on peut tout faire - littéralement, tout. Une émeute, c’est lorsqu’on n’a jamais connu de respect et qu’on ne voit aucune raison d’en accorder, et ça se répand comme un feu de broussailles. Du coup des gens ont perdu leurs maisons et le pays s’entredéchire.

Personne ne s’y attendait. Les soi-disant dirigeants qui ont mis trois jours entiers pour rentrer de leurs vacances à l’étranger dans un pays en proie aux flammes n’avaient rien anticipé. Ceux qui dirigent le pays n’ont absolument aucune idée du niveau de désespoir qui régnait. Après trente ans d’inégalités criantes, en pleine récession, ils pensaient pouvoir arracher les derniers lambeaux qui restaient aux gens pour garder encore un peu d’espoir - les allocations, les emplois, la possibilité de faire des études supérieures, les structures sociaux de soutien - et qu’il ne se passerait rien. Ils se sont trompés. Et maintenant ma ville est en feu, et il continuera de brûler jusqu’à ce que l’on cesse de lancer ces accusations généralisées et ces conjectures à l’aveuglette et que l’on tente de comprendre ce qui a provoqué cette agitation. Permettez-moi de vous donner un indice : ce n’est pas Twitter.

Je suis coincé chez moi et les émeutes se déroulent juste au bout de ma rue à Chalk Farm. Ealing, Claphma et Dalston sont pillés. Des journalistes ont été agressés et tabassés dans les rues et la police antiémeute s’est retirée des lieux où elle a daigné se présenter. Des postes de police sont incendiés un peu partout dans le pays. Ce matin, lorsque la fumée se dissipera, ceux d’entre nous qui auront trouvé le sommeil se réveilleront devant le spectacle d’un pays en proie au chaos. Nous nous réveillerons avec la peur, le racisme, les condamnations à gauche et à droite et rien n’empêchera le tout de recommencer tandis que le spectre d’un deuxième crash boursier s’affiche en bas de dépêches.

C’est le moment de faire des choix. C’est le moment de décider si nous nous laissons entraîner vers la haine, ou si nous faisons fi des préjudices et décidons de travailler ensemble. C’est le moment de décider dans quel pays nous voulons vivre. Suivez les évènements sur le tag #riotcleanup de Twitter et soyez solidaires.

Laurie Penny, journaliste.

http://pennyred.blogspot.com

Traduction "Londres brûle-t-il ? Vraiment ?" par Viktor Dedaj avec probablement les débris et éclats habituels.

COMMENTAIRES  

10/08/2011 13:52 par Alain L.

On sent bien que L. Penny est ambivalente par rapport aux trublions, à cette casse montant du ras-le-bol.

J’espère qu’elle ne penchera jusqu’à ramper dans la fange comme ces journalistes, patrons de presse et photographes dévoilant les visages des jeunes du peuple révolté d’Angleterre et appelant à les dénoncer à la police, comme faisait en son temps le bel organe vert-de-gris nommé Je suis Partout.

Je crois que cette presse de la boue qui se comporte là comme un prostituée, une auxiliaire de la répression, doit être être elle-même dénoncée clairement, sans hésiter à dire qui a écrit et dévoilé les visages pour la police. Cette dérive totale doit faire le tour du Net et interpeller les rédactions Web et papier, comme la saleté révélée de l’Empire Murdoch, le flicage, la manipulation de NOTW ont été dénoncés.

Bientôt, sans doute, notre gouvernement de caste, avec costume socialiste, ou UMP, en viendra à la pire rigueur car il ne peut faire autrement. Ses membres sont des créatures qui ont fait carrières en faisant allégeance à l’argent pour leur campagnes - ne serait-ce que pour cela -. C’est une pratique qui ne vous lâche plus, on se charge dans l’ombre des bureaux des banques et de tous ceux qui ont fortune de leur rappeler de temps en temps ce qu’il doivent et à qui.

Alors, on peut s’attendre au pire socialement, et aux émeutes corrélatives. Il faut donc poser la question à la chaîne de presse - journalistes, rédac chefs, photographes, patrons de presse - : allez-vous céder, précéder le pouvoir en foulant aux pieds vos principes professionnels et vos dignités de personnes, en appelant à dénoncer ceux qui souffrent depuis des années et explosent, à cause de l’Angleterre des riches, la soeur pourrie de la France des riches ?...

10/08/2011 14:37 par act

Far from me l’idea de vouloir minorer mais quelques questions me préoccupent comme :
- combien de bâtiments exactement ont été incendiés, ont brulés ? (particulièrement les premières nuits)
- s’agissait-il d’immeubles habités ?

Sur la plupart des images que j’ai vu il me semble qu’il s’agissait très souvent des mêmes immeubles pris sous différents angles...
http://www.bbc.co.uk/news/uk-14461868
Encore une fois : il ne s’agit pas de nier l’ampleur ou la gravité de la situation mais de ne pas se laisser emporter par les images sélectionnées par les médias. Par la lecture qu’ils veulent nous imposer.

Si vous disposez de sources concernant le nombre de "maisons en feu" merci de les indiquer.

Ayant régulièrement pu observer comment la police peut quand elle l’estime nécessaire contrer et maitriser des groupes en nombre nettement supérieur, je m’interroge aussi sur le fait que dans certains quartiers des groupes composés de moins de deux cent personnes aient pu "tenir une barricade" près de dix heures.
Si dans un second temps la police fut bien débordée et si elle est bien elle aussi victime de coupes austères dans ses budgets et effectifs, il me semble que la police Londonienne disposait pourtant dans un premier temps des moyens de contenir quelques centaine de personnes même "très en colères"...

Rappelons enfin qu’il est très tendance chez nos camarades anti-émeutes de se mêler aux manifestants ou émeutiers histoire de créer une belle synergie win-win :
http://www.youtube.com/watch?v=gL7QbfIU5IA&feature=player_embedded

En attendant "voyez citoyens ces dangereux délinquants qui viennent piller et brûler vos maisons !
Votez répression, votez exclusion nous vous protégerons."

10/08/2011 17:13 par V. Dedaj

Dernière minute : Kadhafi reconnaît le collectif des hooligans de Birmingham comme le représentant légitime de la Grande-Bretagne. (nan, j’déconne)

10/08/2011 20:57 par Alain L.

@ act

Tes pondérations sont crédibles. Les infiltrations sont possibles et la manipulation n’est pas un vain mot.
Cependant, les émeutes ne sont pas le fruit de simples envie de saccages par des "sauvages" comme l’affirme une certaine presse anglaise pourtant populaire de par son lectorat.
Et la violence de classe, dans une situation désespérée, s’exprime ici, logiquement, comme conséquence d’une dérive du pouvoir.

Sans minorer les possibles récupérations de certains, qui doivent être mentionnées comme tu le fais dans ta réponse, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Sinon, à force de mises en garde et de précautions, ce sont les réactions radicales à une violence générée avant tout par le comportement du pouvoir anglais lié à la finance et aux multinationales qui apparaissent illégitimes. Et ça, c’est la thèse des journalistes inféodés au Marché qui la distillent à longueur d’éditos.

10/08/2011 21:43 par swissmate

C’est absolument terrifiant de voir que les forces de l’ordre ont eu comme mot d’ordre de ne pas intervenir... de nombreuses images qui circulent l’atteste....Ils ont bien évidemment laissé la presse du monde entier filmer les exactions intolérables de ces jeunes imbéciles et les incendies impressionnants...Tout cela pour quoi ? Pour déclarer la loi martiale dans très peu de temps...Les manifestations pacifiques ne pourront plus avoir lieu à Londres dans les prochains mois...pour sûr...Regardez cela sous ce spectre même si c’est franchement pas une perspective réjouissante...Laisser des hooligans mettre à feu et à sang Londres pour éviter d’autres manifestations pacifiques se dérouler à l’avenir...Le procédé est franchement limite mais il faut croire que ça va marcher !!

11/08/2011 00:29 par mediacideur

Tout ça parce qu’un mec a été descendu par la police. En France c’est monnaie courante. Ils sont fous ces Bretons...

Effet retard

11/08/2011 00:47 par mediacideur

Cameron, rentré d’urgence d’Italie :""Il n’est que trop clair que nous avons un grand problème avec les gangs dans notre pays"

On lui fait pas dire...

11/08/2011 01:04 par mediacideur

On me souffle dans mon oreillette que ce n’est pas "un" mec zigouillé par la police, mais "un mec de plus" en fait : De 1998 à 2010 selon le Guardian, 333 personnes sont mortes en garde à vue sans qu’aucun policier ne soit jamais condamné.
Il doit s’agir d’une saine concurrence, libre et non faussée, entre police française et britannique...

11/08/2011 05:44 par babelouest

En Grande-Bretagne comme ailleurs, dans ce genre d’explosion de colère c’est au niveau de ceux qui sont la cause de ces débordements qu’il faut chercher les criminels. En l’occurrence Cameron et sa bande, mais aussi ses prédécesseurs, jusqu’à l’inimitable Mme Thatcher.

C’est valable aussi bien en Tunisie ou en Égypte (dans les deux cas, les têtes sont tombées, mais le corps reste), en Espagne (Zapatero, mais surtout Aznar), en France bien sûr, en Italie......

11/08/2011 07:49 par emcee

@ Viktor : GRRR ! j’aurais aimé la trouver, celle-là ! Mouarf !

@swissmate dit :

"Les manifestations pacifiques ne pourront plus avoir lieu à Londres dans les prochains mois...pour sûr...Regardez cela sous ce spectre même si c’est franchement pas une perspective réjouissante...Laisser des hooligans mettre à feu et à sang Londres pour éviter d’autres manifestations pacifiques se dérouler à l’avenir...Le procédé est franchement limite mais il faut croire que ça va marcher !!".

C’est bien d’avoir la foi en des manifestations pacifiques. Mais il faudrait ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans la vraie vie. Vous avez constaté une issue heureuse, ne serait-ce qu’une quelconque négociation, aux manifestations pacifiques, que ce soit en Grande Bretagne ou en France ? Vous avez vu de quelconques concessions aux paisibles manifestants à qui on prend chaque jour davantage jusqu’à ce qu’ils n’aient plus rien ?

"Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit" : cela ne vous rappelle rien ? Je ne sais pas si "personne ne s’en aperçoit", mais en tous cas, les médias, complices des pouvoirs, font tout pour qu’on n’en sache rien et pour faire taire les voix dissidentes.

Vous pensez qu’on peut longtemps replier les banderoles revendicatrices en se disant : la prochaine fois, ils nous écouteront, pendant que la caste au pouvoir continue imperturbablement et systématiquement de piller les caisses de l’Etat ?

Vous pensez que le cynisme du complexe politico-médiatique peut rester impuni indéfiniment ?

Ce que dit ce jeune homme de Tottenham, ne vous interpelle pas, ne vous donne pas une impression de déjà vu ?

"Il y a deux mois nous avons marché sur Scotland Yard, plus de 2000 personnes, tous des noirs, pacifiquement, dans le calme et vous savez quoi ? Pas un mot dans la presse. La nuit dernière, après un peu d’émeutes et de pillages, regardez autour de vous".

Cela ne vous incite-t-il même pas à penser que les "hooligans" ne sont peut-être pas ceux que l’on croit ?

On voit pourtant ici que les mêmes recettes, déjà éprouvées maintes fois, vont encore s’appliquer.

Les quartiers populaires, peuplés de ceux qu’on a marginalisés et montrés du doigt comme le Mal absolu dans la société et qui sont démunis de tout, se révoltent à la suite d’une énième violence policière. Les médias enchaînent en parlant de pillages et de saccages, montrant des reportages en boucle de certaines scènes et traitant les révoltés de "hooligans", de "pillards" ou de "casseurs".

La population, anesthésiée, se rangeant du côté des autorités, s’indigne, et la police peut ainsi réprimer tout cela férocement, avec son aval et avec celui de toute la classe politique, qui resserre les rangs, formant l’Union Sacrée.

Tout rentre dans l’ordre et les multinationales, dont les produits manufacturés sortent de sweatshops sordides d’ici ou d’ailleurs, pansent leurs blessures et se consolent en se disant qu’heureusement elles ont largement été citées dans les reportages.

Les médias, eux, replient leur matériel et s’en vont filmer un nouveau reportage fictif. Les "experts", eux aussi, se tournent vers le nouveau "scandale" du jour.

Clap de fin

Jusqu’à quand ? Peut-être jusqu’à ce que toute la population s’unisse pour se retourner, enfin, contre les véritables criminels.

NB : Et si au lieu d’"émeute" ; on parlait de "révolte" ?

11/08/2011 14:43 par Mandrin

il faudrait qu’ils en coince un de temps en temps et de l’attaché, bâillonné les yeux bandé dans un bois pendant 3 jours, avec du mais sur les couilles histoire d’avoir la visite de gros cochon pendant la nuit... après il y a de grande chance que ces "politicar" fasse leur boulot ou bien rester épouvanté le restant de leur jours.

12/08/2011 13:59 par emcee

Complément d’infos :

Extraits de l’interview de Stafford Scott, une des personnalités locales qui représente la communauté (video (7 aout).

Traduction (rapido et grosso modo) exclusive pour le Grand Soir, pendant que les administrateurs se prélassent sous un parasol, les doigts en éventail, dans quelque île paradisiaque ;-)

"La raison de ces incidents, c’est que la police a méprisé les sentiments de la famille du jeune homme tué jeudi soir. Ils n’ont, à ce jour, toujours pas daigné leur rendre visite pour les aider ou les conseiller. Les parents n’ont rencontré aucun officier de liaison avec les familles. Nous étions complètement écoeurés, et donc nous avons décidé de nous rendre au commissariat de police de Tottenham parce que peut-être n’étaient-ils pas au courant qu’un meurtre avait été commis.

Nous avons défilé pacifiquement jusqu’au commissariat. Et ce que nous avons déclaré à la police, c’est que nous voulions qu’un responsable de la police vienne nous expliquer ce qui s’était passé.

Ils n’ont cessé de se défiler. La personne la plus gradée qu’ils nous aient trouvée, c’est un inspecteur de police divisionnaire : nous avons dit que nous voulions quelqu’un de plus haut placé - nous voulions au moins un commissaire. Ils ont fini par demander à un commissaire de venir, mais à ce moment là , c’était trop tard.

Journaliste : vous dites que c’était trop tard. Voulez-vous dire que c’est la raison pour laquelle les violences ont éclaté ?

Stafford Scott : "je vous dis que s’ils s’étaient occupés de nous plus tôt, nous ne serions pas restés là , mais nous serions retournés à Broadwater Farm (la cité où ils habitent, NDT). J’ai prévenu un officier de police que nous ne voulions pas rester dans le coin jusqu’à la tombée de la nuit. Et je l’ai averti que s’il ne cessait de faire traîner les choses, et nous forçait à rester jusqu’à la nuit - car nous étions déterminés à rester jusqu’à ce qu’on puisse rencontrer un haut responsable - alors, la police serait responsable de ce qui se passerait.

(…)

Journaliste ; vous voulez dire qu’aucune leçon n’a été tirée depuis 1985 ?

Stafford Scott : "Ceux qui disent que cela n’a rien à voir avec 1985 n’étaient pas là en 1985. C’est exactement le même cas de figure qu’en 1985. Les incidents de 1985 ont été déclenchés à la suite de la mort d’une femme noire, où la police avait cherché à dissimuler les causes de la mort. Ils avaient prétendu qu’elle était morte à cause de son sur-poids.

Aujourd’hui, ils cherchent à cacher les causes de la mort de Mark, également. Nous ne croyons pas que Mark était assez fou ou assez méchant pour sortir d’une voiture et tirer sur des policiers armés.

Ce que nous savons, c’est que l’arme a été retrouvée dans sa chaussette, ce qui veut dire qu’il ne se préparait pas à s’en servir. Et donc, on ne peut pas croire que quelqu’un aurait imaginé tirer sur quelqu’un d’autre à travers une chaussette. C’est complètement dément.

Nous sommes ici dans l’arrondissement où ont été tués Cynthia Jarrett, Joy Gardner et Roger Sylvester. Il a fallu quatre ans pour qu’une enquête soit ouverte sur la mort de Roger Sylvester. Donc, nous savons que rien ne se fait rapidement.

Mais, bon sang, nos parents n’ont-ils pas droit à la même considération que les autres parents ? Peu importe qui était Mark, quand on parle de l’armée, d’un mort en Afghanistan, on dit toujours qu’on ne va pas révéler l’identité de la personne tant que la famille n’a pas été prévenue. Ici, les parents ont appris la mort de leur fils dans les journaux. Aucun haut responsable ne s’est rendu chez eux pour leur annoncer que leur fils avait été tué. Absolument personne ne s’est déplacé.

(…)

Pas la même chose qu’en 1985 ? Rien n’a changé depuis 1985 pour les gamins de ce quartier. Consultez les stats.

Le nombre de fois où ils sont arrêtés et fouillés a, en fait, augmenté. Le taux de chômage chez les jeunes a, en réalité, augmenté depuis 85. il y a autant d’exclusions scolaires qu’en 85. Rien n’a été fait pour améliorer les moyens de subsistance des jeunes noirs qui ont la malchance de grandir dans des cités comme Broadwater Farm."

fin de traduction


C’est exactement ce qui s’est passé en France, entre autres, en 2005 : aucun haut-responsable n’a daigné rencontrer les familles de Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans).

Au contraire, ils ont commencé par salir les deux gamins en disant que c’étaient des délinquants en fuite et en laissant entendre qu’ils n’avaient que ce qu’ils méritaient (la mort instantanée pour un délit non avéré ? Belle conception de la justice).

Et ils ont constamment méprisé ostentatoirement les familles en deuil. Tu ne veux pas avoir la rage devant une telle méchanceté et une telle justice ?

Ce ne sont certainement pas des réactions dues à l’incompétence des pouvoirs publics (sinon, l’histoire ne se répèterait pas et des mesures seraient prises).

Au contraire, elles sont délibérées et destinées à mettre le feu aux poudres pour faire flamber les quartiers, s’allier le reste de la population et justifier de nouvelles mesures répressives avec l’approbation béate, dégoulinant de reconnaissance, de l’opinion publique chauffée à blanc par des reportages ciblés et biaisés.

Et puis, cela permet de tester les armes antiémeutes à petite échelle sans éveiller les soupçons de la majorité (des noirs et/ou des musulmans ? Que de la racaille à mettre en prison, alors si on leur tire dessus, ça débarrasse).

Nous n’avons pas fini de vivre ce cauchemar.

Mais l’imbécile ne voit que le vol de quelques produits high-tech sans se demander qui les a fabriqués, pour combien et qui se remplit véritablement les poches sur son dos.

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