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Pourquoi je ne « crois » pas en Bernie Sanders

Certains de mes amis me reprochent d’être trop critique de Bernie Sanders. Ce n’est pas le cas : je le suivais déjà dans les années 80 quand je vivais aux Etats-Unis et qu’il défendait les Sandinistes au Nicaragua. J’étais alors totalement d’accord avec lui.

Depuis il a évolué dans le sens de l’impérialisme humanitaire, comme presque tout le monde, mais ce n’est pas le fond du problème ni même ses réponses au New York Times.

Je souhaite qu’il fasse le meilleur score possible ne serait-ce que pour embêter l’establishment démocrate.

Le problème ne vient pas de ses intentions ou de ses idées, mais de la structure de la société américaine, mise en place depuis la guerre, et qui n’est pas simplement « capitaliste » mais bien pire et qui consiste en :

- le complexe militaro-industriel.

- le complexe de surveillance -CIA, FBI, NSA, ce que certains (mais pas moi) appellent l’état profond.

- le lobby pro-israélien qui gouverne la politique US au Moyen Orient.

- la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires.

- et finalement une idéologie de supériorité absolue de la société américaine sur tout autre système dans le monde, idéologie partagée par les conservateurs, les libéraux et le plus gros de la « gauche » (y compris Sanders) ; presque tout le monde intellectuel et universitaire partage cette idéologie.

Plusieurs présidents américains ont tenté de s’opposer à certains aspects de cette structure de pouvoir : Kennedy, Carter, Nixon, Bush 1, Obama, pour le lobby, Eisenhower pour le complexe militaro-industriel, Kennedy pour le complexe de surveillance, etc. Ils ont tous échoué. 

Je ne vois pas comment Sanders pourrait changer cela ; un président n’est pas un dictateur-il doit tenir compte du Congrès et de la Cour suprême et évidemment des médias.

Sanders a certes derrière lui un mouvement populaire mais qui n’est ni organisé ni révolutionnaire. Comme ses supporters croient aux changement par les élections, ils se satisferont de son élection et attendront, comme beaucoup l’ont fait avec Obama qui, lui aussi, promettait le changement.

Les seuls changements possibles aux Etats-Unis viennent de défaites à l’extérieur comme lors du Vietnam ou peut-être aujourd’hui en Syrie ou en Afghanistan. La résistance de la Russie et de la Chine est aussi un obstacle pour les élites américaines, mais Sanders est parfaitement gérable par elles.

De plus, si Sanders était élu, ce serait un nouveau Mitterrand ou un nouveau Tsipras ; il serait obligé de faire le contraire de ce qu’il a promis, vu les rapports de force, avec les effets de découragement que cela produit. De plus, la politique étrangère est la variable d’ajustement la plus facile pour un gouvernement de gauche qui veut faire des concessions à la droite. 

Après tout, il n’y a aucune raison de croire que Trump n’était pas sincère lorsqu’il promettait de meilleures relations avec la Russie en 2016, vu que cette position n’était pas populaire dans son parti-et il a fait l’exact opposé.

Le mieux serait que l’establishment démocrate lui vole sa victoire et que ses supporters radicalisent leur opposition, surtout sur la politique étrangère (ce qui, pour le moment, est loin d’être leur priorité).

Je ne crois pas à un changement interne du système américain par de simples élections mais, comme lors du Vietnam, on peut espérer en limiter la violence par une résistance populaire massive.

Mais mes objections les plus profondes ne s’adressent pas à Sanders et à ses supporters mais aux Européens « progressistes » qui, tous les quatre ans, espèrent que les Etats-Unis élisent un « bon » président. Il faut se rendre compte que nous n’avons aucun moyen d’influencer les élections américaines ; ce qu’ils font partout ailleurs, influencer ou même subvertir des élections, est totalement inacceptable chez eux, comme on l’a vu avec l’agitation autour de la soi-disant ingérence russe.

Ce que nous devons faire, c’est combattre la fascination pour les Etats-Unis parmi nos élites politiques et intellectuelles et soutenir tout ce qui peut nous amener à des politiques indépendantes des Etats-Unis par rapport au reste du monde, en particulier la Russie, la Chine, l’Iran, et la Syrie.

Jean Bricmont

COMMENTAIRES  

25/02/2020 16:56 par Atchoum...

De plus, si Sanders était élu, ce serait un nouveau Mitterrand ou un nouveau Tsipras ; il serait obligé de faire le contraire de ce qu’il a promis, vu les rapports de force, avec les effets de découragement que cela produit.

Comme Mélenchon et la FI ?
waouh, considérable... (18:22)

25/02/2020 18:07 par Chris

"combattre la fascination pour les Etats-Unis parmi nos élites politiques et intellectuelles et soutenir tout ce qui peut nous amener à des politiques indépendantes des Etats-Unis par rapport au reste du monde, en particulier la Russie, la Chine, l’Iran, et la Syrie."

Donc en finir une fois pour toute avec l’UE qui promeut une politique atlantiste et belliqueuse.

25/02/2020 18:25 par robess73

atchoum .oui comme Mélenchon et la FI si elle n est pas soutenue et poussée par 4 ou 5 millions de citoyens .une fois conquis par le vote un pouvoir reellement revolutionnaire doit etre défendu par une garde nationale capable de faire contre poids a une police aux ordres des pouvoirs d argent.

25/02/2020 19:28 par Assimbonanga

Sanders dans son programme promet d’agir sur ce point : la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires. Et aussi sur certaines règles de financement électoral qui ont été introduites et sont contraire à la démocratie. Il veut les annuler.
S’il arrive à instaurer la retraite à 60 ans comme Miterrand (ou autre mesure tout aussi abracadabrante mais plus étasunienne), ce sera toujours ça de pris même si ça ne dure que tant les réactionnaires n’en seront pas venus à bout que l’ont fait Sarko-Hollande-Macron...
Il n’y aura pas de révolution, on s’en doute, mais certains infléchissements. L’élection suprême n’est pas un miracle, même chez ceux qui in god trust...

25/02/2020 19:31 par Claude

Pour l’instant sur le terrain se sont toujours les mêmes qui combattent.
Donc la critiques de certains on s’en tape le coquillart

25/02/2020 19:52 par Feufollet

Il est bien lucide Jean Bricmont
Il n’a encore jamais prononcé des bêtises que je sache
Pour changer la morbidité de la pensée US
Une seule solution : la cassée de gueule générale à tous les étages
Leur faire ravaler la merde qu’ils nous chient
Désolé pour les dégâts colatéraux
Mais ce système politique et psychologique doit disparaître au plus tôt

25/02/2020 20:54 par François de Marseille

Je partage la vision de Jean Bricmont.
J’ai au début regretté qu’il ne cite pas Trump dans la liste de ceux qui ont du revoir leur copie devant la pression de l’état profond us, car je suis convaincu que c’est le cas, qu’il voulait détendre l’atmosphère avec la Russie et arrêter de dépenser des milliards en guerres inutiles. Mais il en parle plus loin dans l’article, on est donc bien raccord.
Juste un détail, pour moi, l’état profond ce n’est pas la CIA ou les autres institutions de cet acabit , ce sont les grosses fortunes qui tirent les ficelles. La CIA et consort ne sont que leurs outils.... les ficelles.

@ Robes 73 : "oui comme Mélenchon et la FI si elle n est pas soutenue et poussée par 4 ou 5 millions de citoyens .une fois conquis par le vote un pouvoir reellement revolutionnaire doit etre défendu par une garde nationale capable de faire contre poids a une police aux ordres des pouvoirs d argent"

En arrondissant ses angles, j’ai l’impression que pour sa survie en cas d’élection, la FI cherche à se trouver des atomes crochus avec " la police aux ordre des pouvoirs et de l’argent" plutôt qu’avec les réels révolutionnaires susceptibles de lui constituer une "garde nationale".
Je pense en fait qu’ils sont actuellement en train d’essayer de jouer sur les 2 tableaux pour féderer les mous qui veulent reformer l’ue pour lutter contre le rechauffement climatique et les durs qui veulent faire trembler la bourgeoisie. Souhaitons leur bonne chance...

25/02/2020 23:49 par Danael

"Les seuls changements possibles aux États-Unis viennent de défaites à l’extérieur comme lors du Vietnam ou peut-être aujourd’hui en Syrie ou en Afghanistan."

L’histoire nous a montré le contraire. Les États-Unis ont continué leur politique impérialiste malgré leurs défaites. Pourquoi cela ? Parce qu’à mon avis leur économie de guerre ne se construit pas nécessairement sur l’idée d’accumuler des trophées. Elle n’a besoin que d’imposer le chaos continu pour rester dominante. D’un autre côté leur chantage aux sanctions fonctionne très bien tant que le dollar domine encore. Je crois au contraire que seule sa désintégration interne conduira à des changements réels. La Chine et la Russie ne sont pas intéressées à une confrontation militaire avec les États-Unis ( personne à dire vrai, pas même les Américains) ni à un effondrement du marché mondial au moyen d’un guerre économique frontale et voulue avec les États-Unis. Ils savent de toute façon que la politique américaine conduira de plus en plus à son isolement et à son affaiblissement sans leur aide. Pour répondre à cette éventualité ils se sont donnés d’ailleurs des moyens pour s’en protéger grâce à une collaboration efficace et complémentaire. Donc bien d’accord avec la conclusion du texte.

26/02/2020 06:11 par guy

Tiens donc , personne pour traiter Bricmont de troll .......

26/02/2020 07:27 par Xiao Pignouf

Il serait en effet illusoire de croire en un grand changement de la politique étrangère américaine. Même si Sanders est autrement plus socialiste que ses rivaux démocrates dans un pays où le curseur du socialisme, tel qu’il est (était) conçu en France par exemple, est très bas. S’il accède à la Maison blanche, il n’aura guère de marge de manoeuvre face à la machinerie gouvernementale états-unienne.

Comment finance-t-il sa campagne ? Répondre à cette question donnera quelques pistes sur ce qui se passera sous un mandat Sanders.

Toutefois, il n’est pas interdit d’espérer (ça fait vivre, c’est bien connu) que le bernisme sera un peu moins belliqueux que ses prédécesseurs. Qu’il rendra la vie un peu plus paisible à ceux qui jusque-là ont toujours été les victimes de la brutalité américaine. Les récentes déclarations de Sanders sur Cuba et Fidel Castro laissent entrevoir cette lueur d’espoir.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que des millions d’Américains souffrent de la politique américaine : absence de couverture maladie, pauvreté, brutalités policières, insécurité... De ce point de vue, on peut croire qu’un Bernie vaut mieux qu’un Trump. Même si un Trump valait certainement mieux qu’une Hillary...

Cela étant, je suis tout à fait d’accord avec ceux et celles qui pensent que la présidence américaine transformerait l’abbé Pierre en John Rambo.

On s’est fait embobiner par Obama (on ne juge pas un livre à sa couverture ni un disque à sa pochette)...

Mieux vaut ne pas se faire berner par Bernie.

26/02/2020 07:30 par Xiao Pignouf

Tiens donc , personne pour traiter Bricmont de troll .......

Non, Bricmont partage ses idées avec la dose de savoir-vivre qu’il faut pour faire réfléchir même ceux qui ne seraient d’accord avec lui. Toute une intelligence, quoi.

26/02/2020 09:43 par Papa Razzi

Le président des États-Unis a beaucoup moins de pouvoir que le nôtre, qui n’en a déjà pas beaucoup puisqu’il se trouve placé de fait sous la contrainte des traités européens, qui priment sur les décisions nationales. Junker a d’ailleurs eu l’honnêteté de le reconnaître en disant qu’il ne saurait y avoir de démocratie dans le cadre de l’application des traités.
Mais alors qui gouverne les States ?
Les lobbyistes qui ont acheté le Congrès : ceux qui financent les campagnes électorales américaines exigent en retour de placer leurs hommes aux postent clés.
C’est pour cela qu’ils financent à la fois les Républicains ET les Démocrates, ainsi ils sont sûr de gagner à tous les coups.
Cela est tellement évident que je me demande quel degré de gogoïtude il faut atteindre pour croire que Sanders va pouvoir changer quelque chose...

26/02/2020 10:20 par Assimbonanga

Trump veut éviter des tas de guerres inutiles ? Laissez-moi rire. En foutant le bordel au Venezuela, au Brésil, en Bolivie, en Iran ? En renforçant l’étranglement contre Cuba ? Les USA n’ont pas cessé et ils ne cesseront jamais de se mêler de tout, d’être partout, y compris en France avec la french american foundation ou dans nos banlieues à recruter des ptits djeunes, agitateurs du futur.
Si Sanders arrivait, par un puissant miracle, à gagner les élections, il ne ferait peut-être pas tout ce qu’il promet mais regardez en France comment ça ouvre des perspectives d’avoir le pouvoir. Voyez comment Macron fait passer toutes ses lois anti-sociales et réactionnaires (et Blanquer le missionnaire de Stanislas) ! Avoir le pouvoir permet certaines choses, quoique pas toutes. On voit que Trump nomme des juges qui vont durer longtemps et imprimer leur idéologie. Sanders renverserait la vapeur. Et ainsi de suite, par petites touches. Idem pour les populations autochtones, les pipe-lines et moultes décisions que Trump a prises dans le sens des grandes entreprises. Programmes sociaux, peut-être révision des impôts. Bien sûr qu’il y aurait une inflexion !
L’important c’est tout de même d’être porté par un mouvement suffisamment massif, un consensus idéologique, une évolution des mentalités.
Ici la France Insoumise ? C’est loin d’être gagné. On est passé près, mais sommes-nous suffisamment retors ? Arriver au pouvoir ce n’est pas juste faire preuve de bons sentiments...
Au fait ! Sanders dit qu’il est financé par les électeurs eux-mêmes. 20$ de moyenne par tête de pipe...

26/02/2020 12:05 par Atchoum...

Je ne crois pas à un changement interne du système français par de simples élections mais, comme lors de la décolonisation de son empire, on peut espérer en limiter la violence par une résistance populaire massive (c’est de l’humour belge, des fois que...).

Mais mes objections les plus profondes s’adressent à Mélenchon et à ses supporters (anglicisme ! Oui, désolé...), à ses partisans mais aussi aux Européens « progressistes » qui, tous les 5 ans, espèrent que la France élisent un « bon » président.
Il faut se rendre compte que nous n’avons aucun moyen d’influencer les élections sans financements conséquents ; ce que fait le régime capitaliste, la dictature néo-libérale, influencer ou même subvertir des élections, est totalement inacceptable chez nous comme partout, comme on l’a vu avec l’agitation autour du soi-disant président Macron.

Ce que nous devons faire, c’est combattre la fascination que avons devant "l’élites" politiques et intellectuelles et soutenir tout ce qui peut nous amener à des politiques d’indépendances envers toutes les hiérarchies et entreprises qui dominent le monde, et pas seulement envers la Russie, la Chine, l’Iran, et la Syrie.

Jean "Atchoum" Pardon

26/02/2020 13:49 par Ivan

Le texte de Jean Bricmont m’agrée complètement.
Une éventuelle élection de Sanders ne serait pas la fin de la domination des capitalistes sur la terre, ni même aux USA. Mais l’émergence d’une pensée plus à gauche à la tête des USA que celle d’Hillary Clinton ne ferait pas de mal, et je ne cracherais pas dessus. Elle aiderait un peu à "[...]combattre la fascination pour les Etats-Unis parmi nos élites politiques et intellectuelles et soutenir tout ce qui peut nous amener à des politiques indépendantes des Etats-Unis par rapport au reste du monde, en particulier la Russie, la Chine, l’Iran, et la Syrie."
D’autant que les USA n’ont plus la possibilité de faire peur à tout le monde, malgré la folie de leur budget militaire, car ils sont atteignables sur leur propre sol et leur marine est devenue à la portée de nouveaux missiles. Leur domination de kleptocrates tient encore avec le dollar, mais un pays comme la Russie n’a volontairement plus de bons du trésor américain, leur stock ayant été quasiment liquidé l’an dernier et remplacé par de l’or, et la fin du dollar comme unique monnaie d’échanges internationaux est en route, ce qui ne se fera certes pas sans soubressauts violents.
Sanders président, s’il n’est pas assassiné, peut infléchir la diplomatie américaine, ce serait en son pouvoir. Rien qu’une petite dose ferait du bien.
Pour ce qui est des réformes intérieures, je ne connais pas assez le contexte pour avoir un avis fondé. Je me limiterai à n’être pas optimiste.

26/02/2020 15:03 par Buffaud

Analyse plutôt lucide de Jean Bricmont, car même si on ne peut que souhaiter une victoire de Sanders, le système américain étant ce qu’il est, c’est-à-dire totalement verrouillé par le pouvoir militaro financier et des institutions complexes, ne lui laissera pas une grande marge de manœuvre. Tout au plus peut on espérer que quelques mesures sociales pourraient voir le jour, ce qui est toujours bon à prendre pour les gens qui souffrent quoiqu’en pensent ceux qui critiquent en étant à l’abri du besoin. La comparaison avec la France dénote une grande ignorance des institutions des deux pays : La 5e république donne (hélas dans le cas de Macron) des pouvoirs exorbitants au président de la République, rien de comparable n’existe outre atlantique. Je partage entièrement le point de vue de Assimbonanga et Robess73, qui est aussi proche de celui de Fréderic Lordon : seule une mobilisation populaire massive pourrait amener de véritables changements en cas de victoire de la FI ou d’une alliance plus large en France.

26/02/2020 19:42 par François de Marseille

@ Assimbonanga : c’est déjà souvent compliqué de discuter de ce que je dis, alors on va s’epargner les discussions sur ce que je n’ai pas dit. Je n’ai pas du Trump à.... J’ai dit Trump voulait... mais à du réviser sa copie suite à la pression de l’état profond.
Je suis pas certain d’avoir raison (quel sot pourrait bien l’etre sur ce genre de question) mais pas la peine de me dire que Trump n’a pas fait ce qu’il a dit vu que sur ce point on est d’accord.
Faudrait peut être lire mon commentaire en entier avant de se jeter sur le clavier...

26/02/2020 20:03 par ivan

« seule une mobilisation populaire massive pourrait amener de véritables changements en cas de victoire de la FI ou d’une alliance plus large en France. »
C’est un peu hors sujet par rapport à l’article initial, mais je suis d’accord avec cette opinion quant à la France.
Le problème qui demeure c’est : "comment faire ?".

27/02/2020 06:09 par guy

@ xiao
ahhhh le savoir vivre ...... Combien de drames , de catastrophes , de génocides ont été commis saupoudrés d’un peu ( et meme de beaucoup ) de savoir vivre , rappelez moi xiao , vous l’homme au savoir vivre !

27/02/2020 09:03 par Xiao Pignouf

bah certainement, guy, un crime n’est pas plus incompatible avec le savoir-vivre qu’il ne l’est avec la bêtise. Enfin, si vous insistez, remplacez savoir-vivre par sympathie... ou autre chose dans le genre.

Vous m’expliquerez pour les drames et les catastrophes, qui, accessoirement, ne se commettent pas.

Rappelez-moi le fond de vos commentaires... et pourquoi pensez-vous que qui que ce soit traiterait de troll le respectable Bricmont ? Qu’a-t-il commis dans son article qui vous rende paranoïaque à ce point ?

27/02/2020 09:26 par Danael

Très intéressant l’entrevue avec Steve Bannon ce matin sur France culture. Un Steve très dynamique en Europe bien sûr et très ami du milieu familial Lepen . Faut-il s’étonner ?

27/02/2020 10:22 par AF30

" le problème est structurel ". Ouahou , la découverte ! Des tonnes de livres ont été écrits sur cette situation. Beaucoup a été dit sur ces intérêts individuels croisés, nombreux, qui forme une toile indémaillable de parcours particuliers et de reproduction d’une classe sociale. Cette toile d’araignée est là comme une chape de plomb au dessus de la société et il est nullement besoin de complot à la sauce des " cigares du pharaon " car le système fonctionne sans problème sous l’effet de sa propre dynamique et du formatage médiatique.
Dans ces conditions et compte tenu des intérêts énormes, comme le complexe militaro-industriel, et surtout des valeurs dominantes étasuniennes les marges de manœuvre de Sanders sont très limitées. Je dirais même que ce n’est pas l’opposition qui fera tomber un système aussi puissamment rémanent car il ne s’effondrera sur lui même que sous le poids de ses propres contradictions.
Alors en attendant que faire ? Il me semble que c’est le vote qui peut permettre de limiter les effets régressifs. Est-ce être aveugle ou ignorant de la complexité que faire ce choix ? Non.
En France, voter pour ceux qui promettent de revenir sur la SS par répartition en l’améliorant c’est une question de survie pour beaucoup d’autant que cette promesse est couplée à bien d’autres qui vont dans ce sens.
Bien évidemment nous pouvons au contraire attendre l’arme au pied que la conjonction d’un programme parfait et le surgissement d’une conscience collective et universelle permette l’avènement du monde nouveau.
Je crains qu’il faille attendre pas mal de temps. Et en attendant ....?

27/02/2020 11:38 par LAR

Ce que nous devons faire, c’est combattre la fascination pour les Etats-Unis parmi nos élites politiques et intellectuelles et soutenir tout ce qui peut nous amener à des politiques indépendantes des Etats-Unis par rapport au reste du monde, en particulier la Russie, la Chine, l’Iran, et la Syrie.

Et vous en croyez pas que si l’Amérique se retrouve dirigée par un président qui se réclame du socialisme ça pourrait faire un peu réfléchir nos élites politiques et intellectuelles ?

27/02/2020 12:46 par Assimbonanga

@François : "ce sont les grosses fortunes qui tirent les ficelles". OK. Et Trump n’en fait pas partie ? Peut-être que Trump voulait se rapprocher des Russes, why not... Mais des oligarques alors ! Lorsqu’il dit vouloir mettre un stop aux guerres, j’y vois surtout un plan comm de campagne électorale. Je ne l’imagine pas un instant sincère. Son éducation de fils de milliardaire lui fait mépriser tous ceux qui sont en-dessous d’un certain niveau de matelas de dollars et qui ne sont pas blancs et qui vivent "dans des pays de merde".
Ses neurones lui permettent-ils de planifier le raisonnement que, sans guerres, les ventes d’armes vont baisser, ça je ne sais pas... Mais je le pense plutôt très ami avec les marchands d’armes.
On entend flotter une sympathie pour Trump, de ci de là. Je ne la partage pas du tout.

27/02/2020 14:37 par Assimbonanga

Est-ce que Bernie Sanders président serait du genre à se laisser caresser par Macron, se faire épousseter le manteau, prendre par la main ?
Je dis ça parce que je vois bien que les conversations entre internautes laissent chacun sur son camp à soi... Ça change un peu la perspective. Est-ce qu’on serait toujours dans le monde de l’image comme Macron et Trump, ou est-ce qu’on prendrait un minimum les gens au sérieux ?
Si oui, ce serait vraiment du changement !

27/02/2020 16:51 par Ivan

« Et vous en croyez pas que si l’Amérique se retrouve dirigée par un président qui se réclame du socialisme ça pourrait faire un peu réfléchir nos élites politiques et intellectuelles ? »
Pourquoi pas, même les huitres sont capables d’apprentissage, et une simple et légère baisse de la pression idéologique peut permettre à quelques cerveaux de refonctionner.
Au pire si Sanders est à la mode, les élites imiteront les mouvement de bras du vieux sénateur.

27/02/2020 19:06 par doucic

Juste pour @Xiao : on l’a vu discuter avec Pasqua !!! mais chuuuuut sinon on va encore avoir une logorrhée de commentaires émotifs.

27/02/2020 20:19 par François de Marseille

@ Assimbonanga : "On entend flotter une sympathie pour Trump, de ci de là. Je ne la partage pas du tout".

Décidement, il faut arriêter de se faire des films, rien de tout ça ne flotte dans mes propos, aux USA encore plus que chez nous, le choix du moins pire est le seul qui s’offre aux électeurs, c’était particulierment vrai aux dernière présidentielles.

28/02/2020 02:54 par alain harrison

Quoique nous pensions, le phénomène Sanders sert de réveil à tout le moins, même que, Trump crie que Bernie est socialiste.
Parlons en bien, parlons en mal, mais parlons en. Première étape.
Si les Républicains refont l’entourloupe style Hyllarie, les supporters penseront à un troisième partie ? Une deuxième étape ?

En tout cas, n’ayons pas peur, Bernie ne sera pas le président, vue le système électorale US (cadenasser et corruption légalisé).
Donc, une partie de la population US entend un autre son de cloche. Quel en sera les effets collatéraux sur la population ?

En tout cas avec les émergences d’alternatives en progression (Vénézuéla) ou de ras le bol (Algérie), et un peu partout dans le monde, pour différentes raisons, le fait qu’il y est ces mouvements, ont comme répercussion la naissance d’organisations diverses (motivations), dont le potentiel demeure inconnue. Mais il y a un phénomène nouveau, l’emprunt de tactiques ou autres pour reconduire son propre mouvement grâce au système internet.

Une interconnection que ni Google , ni Trump, ni la Chine, ni les faiseux de fake news n’arriveront à endiguer. La ligne à ne pas franchir, mais franchi allègrement par le Thatcher-Reagan new deal des années 80 (le nouveau management sauvage : la déréglementation dont Monsanto est le symbole). Et que la Crise de 2008 a permis de consolider, depuis l’arrogance libérale se fait au grand jour. Mais il semble que la classe moyenne n’a pas encore compris. Qui sait, la crise des retraites macroniste aura peut-être des effets collatéraux dans l’ensemble ? Ou serais-ce encore de pures réactions de secteurs de classes ?

28/02/2020 07:33 par François de Marseille

@ Atchoum : "Comme Mélenchon et la FI ?
waouh, considérable... (18:22)"

J’ai regardé la vidéo, JLM estime ne rien avoir laché, c’est donc moi qui ai mal interprété ses intentions en 2012, il n’a jamais été question d’envisager de penser à imaginer de quitter l’ue et de ne plus jamais s’associer au PS sur des listes électorales dans le but d’avoir des sièges.
Fallait être plus clair pour les boulets de mon genre, ça m’aurait évité des désillusions. Il n’y a pas que des intellos dans son auditoire, faut penser aussi aux idiots comme moi ;o)

28/02/2020 08:58 par Annie Lagarde

Jean Bricmont, tout ce que vous écrivez est presque exact. Presque parce que Bernie Sanders, qui est tout sauf un dictateur, n’entend pas passer outre le Congres ou la Cour suprême. Il s’engage seulement au Medicare for All (la Sécurité sociale universelle) ; au nom de l’égalité des chances, à la gratuité de l’enseignement universitaire ; à un Green New Deal (lutte contre le réchauffement climatique). Enfin le pacifiste en lui entend faire cesser les guerres en faisant rentrer les boys à la maison (promesse non tenue du candidat Trump) ; il veut résoudre le problème israélo-palestinien, ce qui lui vaut des torrents de haine, et mettre au service des personnes en difficultés sociales les milliards de dollars consacrés jusque-là aux guerres US. C’est pour cela que nous l’aimons.

28/02/2020 15:31 par Robert Bibeau

Un complément pour détruire les illusions Sanders à la gauche de l’échiquier politique bourgeois

https://les7duquebec.net/archives/252707

29/02/2020 00:15 par Roubachoff

@François de Marseille
Je dois être un boulet aussi... Ou nous sommes peut-être dotés d’une trop bonne mémoire pour cette époque du "vite dit, vite entendu, vite oublié".
@Annie Lagarde
Un pacifiste, ce type qui, en politique étrangère, combine les défauts de Trump et de Clinton (Hilary) ? D’accord pour utiliser la force contre l’Iran et la Corée du Nord, considérant la Russie comme un adversaire (voire un ennemi) qui doit "rendre la Crimée à l’Ukraine" (un pays en partie dirigé par des néonazis), il est certain que Saint Bernie apportera la paix dans le monde, comme Obama avant lui. Mais sans doute considérerez-vous ces positions comme des "péchés véniels" ou des "mensonges tactiques" pour endormir la vigilance de l’establishment. Libre à vous, mais en l’état, ce Sanders que vous aimez (quel argument massue, en politique !) je préfère vous le laisser.

29/02/2020 12:15 par Assimbonanga

Ces raisins sont trop verts et bons pour des goujats ? Il vaut mieux préférer le parfait ignoble Trump à l’imparfait gentil Sanders qui de toutes façon ne pourra pas apporter dans nos sabots (chaussettes aux US) tous les cadeaux que nous avons mis sur la liste du Père Noël ? Seigneur, que dois-je penser ? Vaut-il mieux une bonne grosse crevure patentée dont on a l’habitude qu’un type fragile et trop vieux de surcroît ? Merci de votre intercession dans ces considérations philosophiques. D’ici là, bien cher Seigneur, je reste habané sur mon canapé avec mon coca-cola et je ne sais pas si ça vaut le coup de bouger ma graisse pour m’inscrire dans le geste d’aller jusqu’à un bureau de vote, très compliqué et qui réclame une énergie, sans même recevoir un dollar pour ma peine !

29/02/2020 14:07 par AnnieS

L’article est bon dans son ensemble, mais doit-on n’être que sur un défaitisme général (pour la planète entière qui s’est orienté ces dernières années vers un populisme (de droite et de gauche ce qui est identique pour moi (1))

Ma réserve est que vous oubliez l’Histoire des EU. Certes les choses et structures ont changé, mais enfin F.D. Roosevelt élu en mars 33 fut réélu 4 fois (ce qui est interdit maintenant) certes à l’occasion d’une crise économique planétaire. Mais qui nous dit que nous n’entrons pas dans une telle crise du fait du Coronavirus ? car nous en avons encore pour quelques mois.
De plus certains électeurs de Trump par dégout de Hilary Clinton vont voter pour Sanders.

Certes c’est bien avant que cela va se décider puisque le super mardi est le 3 mars 2020, mais rien n’est joué.
Jusqu’à mardi et au-delà je garde espoir, ce qui n’est pas dans ma nature, d’habitude je suis du genre réaliste (défaut aussi car je n’avais pas cru en l’élection de Trump, et m’étais bien planté !)

(1) Mélenchon est un populisme "de gauche" (j’y ai rencontré des racistes dont envers les quartiers pauvres) et je l’ai vécu de l’intérieur en 2012… il faillait obéir le doigt sur la couture, n’avoir aucune initiative sinon se faire "réprimander" publiquement (en fait humilier), ce qui m’en a fait sortir en courant, et c’est aussi pourquoi j’ai abandonné ma présence sur le site du GS. Actuellement dans ma ville un parachuté qui ne dit pas qu’il n’habite pas la ville !

29/02/2020 16:27 par Lyonnais

Jean Bricmont et beaucoup d’autres semblent avoir oublié qu’en 1789 ce sont La Fayette, Mirabeau, Barnave et non Robespierre et Saint-Just qui ébranlèrent l’ancien régime... Sanders n’est évidemment pas un révolutionnaire mais grâce à lui le système s’inquiète, des barrières mentales risquent de tomber et qui sait ce que sera la suite ?

29/02/2020 20:48 par François de Marseille

à Robert Bideau :

Tiens, au Quebec ils parlent d’équation à 2 vecteur et 1 inconnu, on parle plutôt en France de système à 2 équations et 1 inconnu.
En tout cas j’aime beaucoup cette image mathématique, qui a le mérite d’être on ne peut plus claire (pour moi en tout cas).

01/03/2020 03:19 par Roubachoff

Sans vouloir être méchant, propos de JLM en septembre 2018 :
"On réalise que, derrière les mots qui peuvent être différents, les mêmes idées sont là, Sanders, Corbyn, moi. On dit les mêmes choses, on a longtemps avancé à tâtons, en balbutiant, on était un peu dans les catacombes… mais on a résisté." (Notons que Corbyn déraillait déjà totalement sur le Brexit.)
A comparer à ce qu’il dit dans la vidéo cité plus haut dans le fil.
Même aveuglement sur Tsípras pendant de longs mois (ou plus) après la trahison du référendum.
A quand une descente en flammes de Sanders, s’il est élu ?
JLM, l’homme qui prévoit toujours tout... après.
Du coup, quand un gouvernement-voyou "dégaine" le 49-3, comme on dit, qui fera descendre des millions de Français dans la rue ? Personne, et il y a de quoi s’arracher les cheveux...
Inutile de déclencher un tir de barrage, je sais que Mélenchon n’est pas le seul responsable, et le drame que nous vivons ne me fait pas rire du tout.

01/03/2020 16:35 par Autrement

Voilà les anti-Sanders réjouis. Non ? Bon, alors satisfaits. Non ? Bon alors du moins remis en forme pour les prochains pronostics...
Joe Biden a remporté la primaire de la Caroline du Sud.
"Victoire écrasante", titre le Monde (sur internet ; vous ne pensez pas que je vais acheter ce torchon !). "Sursaut", clame Euronews, ah, le sursaut ! Les Zuniens se sont repris, ils ont retrouvé leur bon sens !
Alors Sanders, déjà enterré ?
Je comprends et j’approuve les réserves de Jean Bricmont, qui met bien en lumière les obstacles "structurels" (mais il y a aussi les imprévus, la mobilité...) qui se dresseraient sur le chemin d’un candidat ou président "socialiste". J’approuve aussi qu’il récuse les questions-réponses (trafiquées de toutes façon, cela saute aux yeux de qui songe à l’investiture) du NYT, et qu’il se réfère aux réalités de l’establishment.
Mais je comprends et j’approuve aussi les amis qui lui font des reproches quant à sa démarche "critique".
Le titre est en effet étonnant : "Pourquoi je ne "crois" pas..."
Il dit lui-même :

Je souhaite qu’il fasse le meilleur score possible ne serait-ce que pour embêter l’establishment démocrate

.Alors ? Il est clair que la question n’est pas "croire ou ne pas croire", mais "soutenir ou ne pas soutenir" !
C’est-à-dire qu’il faut privilégier le point-de-vue de la pratique !
Si on ne le soutient pas, c’est qu’on souhaite (ou laisse faire) la victoire des autres. C’est d’ailleurs ce que dit l’auteur un peu plus loin :

Le mieux serait que l’establishment démocrate lui vole sa victoire et que ses supporters radicalisent leur opposition, surtout sur la politique étrangère (ce qui, pour le moment, est loin d’être leur priorité).

Ça, c’est ce qu’on appelle la politique du pire, et au mieux, un voeux pieux : Trump ou Biden dûment investis, dûment repartis en guerre, on espère (sans illusions) que les supporters de Sanders renforceraient alors leur opposition à la politique étrangère US...ou quitteraient la partie ?

Soutenir ou ne pas soutenir. Dans le premier cas, tout en reconnaissant difficultés, défauts et insuffisances (il y en a toujours, et encore, il faut faire la part de d’information incomplète et de l’appréciation subjective), on appuie sur tout ce qui peut mobiliser dans le bon sens.
Celui-ci étant d’ouvrir au moins une brèche, et au moins dans les mentalités, dans le dispositif du bipartisme, en l’occurrence Républicains/Démocrates, qui paralyse tout progrès politique.
Ne pas soutenir, c’est nourrir d’avance la déception et la défaite, en ne mettant en lumière que difficultés, défauts et insuffisances, au lieu de chercher tout ce qui peut à juste titre mobiliser et générer de nouveaux possibles. Car seule la mobilisation du grand nombre peut assurer la marche en avant, et non la seule parole d’un individu ou d’un petit groupe, fût-il d’avant-garde.
Les illusions qui font espérer (et dans la mesure du possible, agir), en prenant le risque d’être déçu, sont moins dangereuses pour le grand nombre que les illusions d’immobilisme et de résignation, qui déclarent quoi qu’il arrive : "de toutes façons on n’y peut rien, ils sont tous pareils, c’est bien triste mais chacun pour soi, moi je me débrouille, citoyen mon cul, et allez ouste !"

Jean Bricmont émet tout-de-même bien une conclusion tournée vers la pratique, et que j’approuve totalement :

Ce que nous devons faire, c’est combattre la fascination pour les Etats-Unis parmi nos élites politiques et intellectuelles et soutenir tout ce qui peut nous amener à des politiques indépendantes des Etats-Unis par rapport au reste du monde, en particulier la Russie, la Chine, l’Iran, et la Syrie.

01/03/2020 16:39 par François de Marseille

@ Roubachoff : un drame effectivement.
Deux motions de censure, une à droite et une à gauche.
Je me demande si la motion de droite sera signée par la gauche et vice versa.
Pour Rappel, la FI avait refusé de porter son soutien à l’UPR lorsque qu’Asselineau avait demandé de poursuivre macron pour manquement à la constitution. Que la droite soit assez con pour ne pas signer la motion de la gauche ne m’étonnerait et ne me decevrait pas, mais j’espere que cette fois, la FI mettra son ego de coté.

01/03/2020 17:46 par Xiao Pignouf

Cher Roubachoff,

Je pense que parfois vous devriez voir un peu ce qu’il y a (ce qu’il pourrait y avoir) derrière ces déclarations de flammes de Mélenchon. Si vous admettez que ce n’est pas entièrement un imbécile. Moi-même, je ne parierais sur aucun leader américain, aussi à gauche soit-il pour amener un profond changement de la politique américaine, surtout à l’extérieur. Mélenchon, lui, a un intérêt particulier, en tant qu’internationaliste, à privilégier l’idée d’une Internationale socialiste, ce afin de pouvoir éventuellement en récupérer les fruits au moment des élections. D’où des déclarations parfois à l’emporte-pièce, des enthousiasmes certainement un peu surjoués lorsque survient un leader de gauche dans un pays longtemps tenu par la droite ou que se déclenche une soit-disant révolution citoyenne quitte à se tromper sur les motivations de celle-ci. C’est un pari moins risqué quand il s’agit de l’Amérique latine, terre qui a donné de grands hommes et femmes de gauche. En Europe ou en Amérique, où le socialisme a toujours été diabolisé, c’est une autre affaire, mais pour Mélenchon, c’est un pari nécessaire. Au fond, il doit faire simple en face de médias simplistes dans un monde simpliste et sans nuances. Ici, au GS, nous avons ce luxe de pouvoir discuter et parfois de se mettre d’accord sur certaines nuances qui ne sont pas prises en compte à notre époque et dans le flux constant d’informations éphémères. Mélenchon doit faire avec : faire un peu semblant de croire que Sanders ou Corbyn sont des mecs comme lui, pour donner l’impression qu’il y a mondialement une vague qui se lève, même si en fin de compte, ça n’est souvent qu’une vaguelette qui ne bouleversera pas grand chose et au contraire s’écrasera piteusement sur la grève. Et je suis personnellement convaincu qu’il sait ça, qu’il sait bien qu’au fond Sanders ne transformera pas les EU en nation apaisée, mais il n’est pas interdit d’espérer qu’il fera un peu mieux que ses prédécesseurs. Et s’il parvient seulement à mettre en place un système de sécurité sociale digne de ce nom dans son pays, ce sera déjà ça. Pour le reste, on verra, sans grand espoir vous avez raison.

Et, sans vouloir couper l’herbe sous le pied de la contradiction, oui je garde bien en vue, malgré les apparences, que Mélenchon pourrait être lui aussi une de ces vaguelettes sans effets. Je me dis juste que s’il est au pouvoir et qu’il ne fait pas ce qu’il a promis ou même le contraire de ce qu’il a promis, il sera plus facile de le lui rappeler et de le faire plier qu’il ne l’est d’un dirigeant choisi par l’oligarchie. Soyez assuré aussi que j’ai conscience que tout ce que je viens de vous dire est peut-être faux.

01/03/2020 20:41 par Autrement

@François de marseille . Pardon, renseignez-vous !
Mélenchon avait dit lui-même publiquement, au début de la session sur la loi retraites, qu’il fallait signer une motion de censure commune avec la droite pour faire nombre !
Cette fois, ce sont les LR qui ont refusé et qui se sont précipités pour déposer leur propre motion avant d’en parler aux autres, sans doute prévenus d’avance du mauvais coup du PM. 
La fois précédente, au début de la session, ce sont les LR qui ont sauvé de la même manière la loi Macron, voir ICI.
Ajoutez à cela le conseil des ministres d’hier matin consacré au coronavirus et, impromptu à l’assemblée, le 49.3, à 17h24 un samedi après-midi.

Et malgré tout ça, c’est encore Mélenchon qui prend ?

01/03/2020 23:17 par Chin-Chin

@ Annie Lagarde
""""Jean Bricmont, tout ce que vous écrivez est presque exact. Presque parce que Bernie Sanders, qui est tout sauf un dictateur, n’entend pas passer outre le Congres ou la Cour suprême. Il s’engage seulement au Medicare for All (la Sécurité sociale universelle) ; au nom de l’égalité des chances, à la gratuité de l’enseignement universitaire ; à un Green New Deal (lutte contre le réchauffement climatique). Enfin le pacifiste en lui entend faire cesser les guerres en faisant rentrer les boys à la maison (promesse non tenue du candidat Trump) ; il veut résoudre le problème israélo-palestinien, ce qui lui vaut des torrents de haine, et mettre au service des personnes en difficultés sociales les milliards de dollars consacrés jusque-là aux guerres US. C’est pour cela que nous l’aimons."""""

commentaire : selon moi, faut pas confondre "l’amour" et les intérêts primordiaux de la finance américaine, c’est pas vraiment leur truc aux américanos qui dominent la planète ! On disait la même chose d’Obama et il fut le président des drones (entre cents autres choses en deux mandats stériles). Comme chantaient les rita mitsouko : "les histoir’ d’amour finiss’ mal !! ... en général !! Quant à Sanders, s’il remue un peu trop dans les brancards, le complexe militaro-industriel saura le ramener à la raison : assieds-toi derrière ton bureau, souris aux journalistes et fais ce qu’on te dit ! Bonne chance à tous, on sait déjà qui gagnera : les Grandes Familles, comme on dit sans trop se mouiller !!!

01/03/2020 23:26 par cunégonde godot

Article lucide de M. Bricmont.
Personnellement, je ne crois pas une seconde au "socialisme" de M. Sanders – pas plus qu’à celui de nos européistes de "gauche".
Et je ne crois pas non plus que les Etats-Unis puissent changer par eux-mêmes.
L’empire américain – qui ne comprend que le rapport de force – s’il devait s’effacer contraint et forcé aura d’abord mis la planète à feu et à sang : l’ "Europe" en première ligne...

.

02/03/2020 07:15 par François de Marseille

Hier, j’ai vu JLM par hasard sur je ne sais plus qu’elle chaîne. Question sur Sanders.
JLM : " On a tout dit de lui, on l’a dit antisémite, [... ] on l’a dit ami des Cubain... ".
Il devrait installer un détecteur de mouvement sur ses mains avec des leds rouges qui clignotent au delà d’un certain seuil, ça l’aiderait parce que quand il commence à faire des grands moulinets avec ses bras, la connerie n’est jamais loin.
Tiens, à l’ecouter, depuis 2016 la stratégie des alliances serait de mise.

02/03/2020 14:22 par Atchoum! Pardon...

Mieux vaut une merde socialisante qu’une droite de merde putride.

02/03/2020 20:10 par Roubachoff

Cher Xiao Pignouf,
Un peu débordé en ce moment, j’ai attendu pour vous répondre d’avoir un moment de tranquillité. Nous abordons des sujets fondamentaux, et c’est très intéressant, même si je nourris peu d’illusions (hélas) sur la portée de nos échanges à tous dans le cadre de LGS. Cela dit, au moment où la Macronie devient plus que dingue, définir des lignes et en débattre ne peut pas faire de mal.
En préambule - vous verrez que c’est directement lié à la suite - une petite précision : c’est le drame chilien, en 1973, qui a ancré ma conscience politique. Encore adolescent, je m’intéressais déjà au sujet, mais sans en mesurer pleinement la gravité. Entre autres enseignements, j’en ai tiré la certitude qu’un mouvement vraiment de gauche ne peut pas se permettre de faire les choses à moitié (en mourant les armes à la main, je veux croire qu’Allende nous a laissé un message) et que les USA sont le pays de très loin le plus nuisible du monde. Depuis, j’ai une très grande sympathie, voire empathie, pour la gauche latino-américaine, même si je sais, soyons réalistes, que ça lui fait une belle jambe...
Pour en revenir à notre JLM, je me permets d’affirmer que son internationalisme, justement, est une faute politique. Permettez-moi d’expliquer pourquoi :
1) En règle générale, c’est la malédiction des gauches européennes, et ce depuis 1917. Faut-il rappeler le suicide du KPD, téléguidé par l’Internationale, et le boulevard que cela ouvrit au NSDAP ? Faut-il rappeler le mal que fit aux PCF la défense obstinée et absurde du Stalinisme ? Depuis plus d’un siècle, nous nous cherchons des icônes qui ne cessent de décevoir (Tsípras) voire de trahir (Staline, Mao). Ne serait-il pas temps d’avoir des affinités politiques, certes, mais sans lier notre sort à celui de mouvements ou de régimes qui risquent de déraper à n’importe quel moment ? En d’autres termes, lorsque JLM (ou un autre) salue telle ou telle victoire en Amérique latine, je signe des deux mains. Mais s’il dit "nous avons gagné", navré, je ne vois pas de qui il parle. D’autant qu’il y a un monde entre ce que subissent ces peuples et notre situation - en espérant que ça dure, vue la tournure des événements ici...
2) L’internationalisme, en général, n’est plus une idée porteuse. Sûrement parce que l’UE a vacciné les consciences contre cet idéal si souvent décevant. Je dialogue avec pas mal de gens, et on ne trouve quasiment plus personne pour défendre la construction européenne, comme ils disent. Je partage les raisons de certains, et les motifs de certains autres m’inquiètent, mais quoi qu’il en soit, la réaction est massive, à l’exception d’une élite coupée de tout et que plus personne n’écoute. (Le manque d’impact de l’UPR est dû à l’inanité de son programme, pas à son principe de base. Aujourd’hui, le "non" à la Constitution ferait sans doute plus de 60%.) JLM espère encore changer l’Europe avec d’autres mouvements de gauche, et il se trompe. Du coup, il va de déconvenue en déconvenue (Syrisa, Podemos, Corbyn, Die Linke) et il y perd beaucoup de crédibilité et de visibilité. Selon moi, mais je peux m’égarer, le plus grand service qu’on puisse rendre à l’Europe (le continent, pas l’usine à gaz de Merkel) c’est la récupération par tous les pays de leur souveraineté nationale. Ensuite viendra peut-être (espérons-le) une nouvelle façon de communiquer et de progresser ensemble mais sous la tutelle de personne.
Un dernier point : j’insiste lourdement, je sais, mais il y a une raison. Comment se peut-il, alors que les trois-quarts du pays sont remontés contre le pouvoir, qu’aucun parti ni syndicat ne soit en mesure de fédérer vraiment les luttes ? Je sais, bien entendu, quel poids pèse la propagande des médias, presque tous complices de Macron et de ses sbires. Mais on ne doit pas faire l’économie d’une question : LFI et tous les autres ne pourraient-ils pas mieux faire ? Quoi qu’on en dise, c’est la seule variable d’ajustement sur laquelle nous avons une influence.

02/03/2020 21:27 par Chin-Chin

.... quelques moments de bonheur dans un océan de désillusions : Adrien Quattenens sur un plateau meanstream : v’la un vrai guerrier qui sait user de stratégies argumentaires qui les fout tous... le cul par terre !
Bon ça va pas renverser le 49,3. Ca on le sait, les institutions démocratiques sont prévues pour que les peuples ne puissent pas prendre partie aux décisions essentielles.
A noter que selon la constitution (en l’occurrence celle de Debré et autres singes gaullistes), un gouvernement/l’exécutif de la 5ème république (à quand la 6ème ?) peut imposer une loi structurelle aussi importante que celle de la méforme des retraites sans vote, malgrè au moins 50% de citoyens contre et après avoir été élu avec moins de 20 % aux prési-pestilentielles. Je passe sur l’avis du conseil d’état qui au final n’a rien changé ((encore une institution qui coûte cher et n’assume que très partiellement (en cette occasion) le rôle pour lequel elle a été créée)).
Pourtant, ladite constitution affirme dans un de ses articles prioritaires qu’une nouvelle législation dans une matière aussi déterminante pour l’avenir de la population que le système des retraites fasse l’objet d’un referendum. En théorie, c’est sans doute encore enseigné dans les fac de droit, dans la pratique : dans l’cul la balayette !
A prévoir dans les années à venir : peu de corona-virus (covid 19 comme disent les experts de plateau télé) mais une grande agitation populaire qui pourrait aboutir à beaucoup de violence. Bon, pour le fun, on peut toujours se faire plaisir, plus de Benji
pour les ignobles commentaires. Maintenant que j’y pense, est-ce pas la belle Alexandra qui lui tourneboulait le cerveau à force de pas lui trouver les qualités de super-baise !?
Le sexe, c’est pas comme la politique et les salades médiatiques industriellement surgelées (et suggérées !), on peut pas tromper son monde sans que ça se voit (même en vidéo). Faut assumer d’être rejeté quand on est pas désiré. Même Krishnamurti aurait pas dit mieux (enfin presque pas mieux !).

03/03/2020 09:21 par Assimbonanga

Pourquoi je ne "crois" pas en Philippe Poutou : vidéo.
Vous verrez... En principe c’est de l’humour, sauf que c’est vrai et, du coup, ça fait moins rire. Les "complots", c’est bien souvent fabriqué dans le but de nuire par des personnes qui y ont intérêt et... ça marche !
Sanders, Mélenchon, Poutou, toujours le même spectre d’horreur.

03/03/2020 20:24 par François de Marseille

@ Chinchin : "Même Krishnamurti aurait pas dit mieux"

Euh... peut être que si quand même :o)
C’est toujours agréable de constater que je ne suis pas le seul à avoir lu un des plus grand génie du 20 eme siecle dans son domaine, voir même dans l’absolu. Il est pourtant presque totalement inconnu en France.
Sinon, c’est "mainstream", pas "meanstream" ;o)

03/03/2020 21:16 par Chin-Chin

@ je plaisantais, vous l’avez bien compris, à propos de Krishnamurti. Mais je suis un indéfectible remetteur en cause de toute starisation (un mot qui n’est plus employé). J’ai beaucoup aimé lire K. (comme beaucoup d’autres) mais je n’ai pas trout compris, et surtout - individuation inéluctable -, je n’ai pas trouvé chez K., ni chez tous ceux à qui je me suis intéressé, soit volontairement soit par un pur hasard, de réponse absolue à tous mes questionnements, en l’occurrence personnels, ne nous mentons pas.
je suis moi-même heureux que K. ait intéressé tant de lecteurs, dont vous évidemment.
Je ne sais jamais comment écrire "medias de masse" en anglo-américain, donc j’écris souvent meanstream. Sans vouloir me pousser un peu trop du coude (ce que je fais quand même avec un certain culot !), meanstream, bien qu’involontaire, a un sens humoristique puisque que "mean" en anglais signifie : signifier.
Comme vous voyez, j’en rate jamais une !
Salut cordial.

04/03/2020 19:11 par François de Marseille

@ Chin chin : on peut traduire mean par "signifier" par "moyen" ou par "méchant".
J’avais bien compris le côté blague de la remarque sur Krishnamurti ;o).
Krishnamurti donne des pistes simples à comprendre mais extremement difficiles à mettre en pratique, tant notre conditionnement est fort. On a beau sentir profondément qu’il a raison, c’est dur à appliquer. Le modèle qu’il donne du fonctionnement de l’esprit humain est presque d’une simplicité deconcertante en fait mais il demande des effort de réflexion importante pour vaincre nos reflexe. Mais comprendre les choses ouvre de toutes façons des portes. On sort forcément changé de cette lecture, on subit moins les choses quand on les comprend. Lire Krashnamurti m’a probablement sauvé.

04/03/2020 22:23 par Chin-Chin

@ François de Marseille

Personnellement, il ne m’a pas sauvé (c’était impossible !) mais il m’a éclairé et durablement interrogé. J’y suis venu après avoir lu un bouquin de Jean Klein. J’ai lu et relu ses ouvrages les plus connus (dont l’Univers du Connu, de mémoire). Ca a duré plusieurs années, par crises ! Ils sont devenus illisibles pour d’autres à cause du nombre de phrases soulignées ou stabilotées (souvent les deux) et de toutes annotations que j’ai fait (faites ?) en marge. Je sentais que cet homme me racontait des choses importantes et que je pouvais en tirer profit, car je suis un profiteur sans avenir, esclave du principe de plaisir alors que je vise avec obstination à m’incarner dans celui de réalité. Bref, je ne m’étends pas plus sur mon cas, ça risque d’inspirer des commentateurs malveillants !
En résumé : l’Ego et le Mental. Enfin non, plutôt "connais-toi toi-même" avec des manières de l’expliciter accessibles à un esprit habituellement rebelle à toute forme de conseils. Quelques entr’aperçus de lumière de temps en temps, ça fait du bien dans l’obscurité ambiante. Ca permet de se poser une question essentielle : et moi, dans tout ce bordel infernal, je suis Qui, Quoi, Comment ? (et non Pourquoi ?). Qui suis-je, that is the question, pour faire de l’humour à deux balles car je n’ai pas eu le temps de passer à la banque où les gag-mens du stand-up auraient de toute façon tout raflé. Qui suis-je ? Ca débarrasse de quelques ornières parasites, comme les utopies/idéologies et autres inclinations à se faire des films sur soi-même. Ca vide le système digestif neuronique, toujours prêt à se plaindre de ses propres orgies.
Bon j’arrête là. On est sur Le Grand Soir, merde ! El pueblo, unido, jamas ...
En Occident, c’est plus compliqué. Les occidentaux ont les tripes encore plus atrophiées qu’un poulet d’élevage industriel atteint de rétrécissement gastro-intestinal. Même les aigles royaux (rarissimes) de mes pyrénées commencent à s’en plaindre... Va falloir qu’on leur explique le principe de la Main Invisible et tout ce qui s’en est ensuivi. En avant la musique !
Salut cordial !

06/03/2020 05:05 par François de Marseille

@Chinchin : je me reconnais bien dans le façon puzzle d’aborder cette étonnante vision des choses, la seule difference c’est que je déteste barbouiller les livres :o).
Salutations, camarade ;o)

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