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Subprimes, chute du dollar : Pour qui sonne le glas, par Mike Whitney.



Dessin : Gervasio Umpiérrez.



















Pour qui sonne le glas. Le dernier taureau mort à Wall Street.



CounterPunch USA, 10 novembre 2007.


Quelle semaine pour le marché des valeurs ! Le mercredi 5 novembre la bourse a vécu une chute en piqué de 360 points, suivie, deux jours plus tard d’un coup de massue de 220 points. Quand les trading pits ressemble plus à une usine d’emballage de saucisses qu’à l’épicentre financier du monde. Après la cloche, des traders abattus traversait sur la pointe des pieds le carnage vers le bistrot d’ à coté pour se noyer dans la vodka, le vin bon marché, où toute autre chose qui aide à calmer les nerfs et à oublier la semaine.

Tout le monde le voyez venir : le choc des trains. Ce fut surtout la suite de la nuit précédente, quand les valeurs asiatiques ont été frappées avec la publication d’informations sur un ralentissement de la croissance aux Etats-Unis et des problèmes croissants sur les marchés du crédit. Cela a fait chanceler le premier domino. L’annonce par le patron de la Réserve Fédérale, Bernanke, que l’économie allait faire face à une « décélération aigüe à cause de la contraction du marché du logement » et à une « tension inflationniste à cause des prix beaucoup plus élevés du pétrole et de la faiblesse du dollar », n’a pas aidé non plus à alléger la situation. Ses observations ont provoqué une volatilité sur les marchés monétaires tandis que les actions étaient entrainées vers le fonds.

Le marché de Shanghai a été le plus affecté, perdant environ 5% avant la clôture. Taiwan et Hong-Kong l’ont suivi, en perdant 3.9% et 3.2% respectivement. Les prix des actions au Japon a baissé de 2%. Le matin suivant, Wall Street s’est écroulé. Ce fut un massacre.

Maintenant c’est un marché à la baisse. Le dernier taureau a été emporté vendredi de l’arène de Wall Street avec une flèche dans la poitrine.

La contagion des hypothèques subprime a dépassé les frontières des Etats-Unis et de l’Europe pour toucher les marchés de l’Extrême Orient. les prévisions optimistes de Bernanke sur la reprise de l’économie l’année prochaine avec des résultats élevés au le premier trimestre ne trompent personne. Ce sont des idioties et tout le monde le sait. L’économie est tombée dans la cage de l’ascenseur et va toucher le fonds. La confiance des consommateurs chancelle, le logement s’écroule, le capital étranger s’échappe et on tire la chasse d’eau sur billet vert. Les mots rassurants de Bernanke n’ont pas sens.

«  Je ne vois aucun changement significatif dans les réserves détenues en dollars dans le monde. Le dollar est encore la devise de réserve dominante et je prévois que cela continue », a-t-il soutenu devant le Comité Economique du Congrès. Vraiment ? Pourquoi alors le dollar s’effondre t-il si les gens ne sont pas en train de se défaire de cette monnaie, hein ? Quel commentaire absurde ! Le dollar a perdu 63% de sa valeur face à l’EURO et est tombé à un niveau record face à un panier de devises internationales. Les banques centrales et les investisseurs étrangers se défont du dollar plus rapidement possible avant qu’il perde sa valeur.

La chute du dollar a été le plus brillant court-circuit d’une monnaie dans les temps modernes et Bernanke fait comme s’il dormait avec l’interrupteur dans ses mains. C’est une folie. Le dollar continue à être étrillé par la potion miracle des taux intérêts bas de la Fed et du gigantesque déficit de compte. Si Bernanke baisse à nouveau les taux d’intérêt pour sortir de la déconfiture le marché boursier, le dollar tombera dans une situation qui sera irréversible pour son système respiratoire. Les prix des denrées alimentaires et du pétrole s’envoleront vers le ciel d’un coup et on apportera les dépouilles du dollar au cimetière le plus proche.

Le déficit commercial de septembre a été autre coup pour le dollar déprimé. Le Census Bureau a publié vendredi que le déficit s’est élevé à 56.500 millions dollars. Ce sont 684.000 millions de dollars par an ! Bush a fait cocorico sur le « déficit en diminution », mais les chiffres ne permettent pas de crier victoire. Nous empruntons encore plus que ce que nous produisons. Nous vivons encore au dessus de nos moyens. Les chiffres en diminution reflètent une baisse nette dans la construction des logements. Le fait est que nous sommes fidèles à la consommation nourrie par la dette et que nous avons oublié que, en dernière instance, les milliards que nous avons empruntés à des créanciers étrangers, devront être payés. Si le dollar est remplacé comme « la » devise de réserve mondiale, nous devrons restituer 9 milliards de dollars pour des dettes en suspens. Nous pourrions accrocher dès maintenant le panneau « saisie », et nous mettre des vêtements de travailleurs chinois.

Ce qui suit est de Bloomberg News :

«  Tandis que le dollar tombe, la préoccupation quant au fait que sa faiblesse puisse prédire la fin du règne de 62 ans de la devise des Etats-Unis comme la monnaie préférée du monde pour le commerce, les transactions financières et les réserves des banques centrales augmente. Le dollar doit sa place comme première devise internationale du monde à sa condition de refuge pendant des temps d’agitation, l’absence d’un rival adéquat, la faible demande intérieure d’autres pays et simplement la vieille inertie. La géopolitique joue aussi un rôle  ».

Idiotie. Qui croit ces idioties ? Le dollar est ainsi nommé « devise internationale » parce que la Réserve Fédérale et ses riches protecteurs sont les directeurs de la cabale bancaire EE.UU.-Europe-Japon qui sont au centre de l’escroquerie globale de l’argent fiat [sans soutien]. Cela ne signifie rien de plus que cela. Regardez les récentes mesures « unilatérales » dures contre l’Iran adoptées par le syndicat bancaire dirigé par les Etats-Unis. L’action fut entamée sans l’approbation de l’ONU pour le simple motif que l’ONU, la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC et ONGs ne sont rien d’autres que la propriété des Banques Centrales. Il ne faut pas espérer que le père demande l’autorisation à son enfant pour punir un de ses enfants. Les banques sont celles qui prennent réellement les décisions et -derrière le rideau d’une respectabilité feinte- sont la force motrice derrière des interminables guerres.

Le plan de la Réserve Fédérale de « dévaluer » notre chemin vers la prospérité parait s’être heurté contre plusieurs bosses mal placées. Le marché des valeurs tient à un fil et la confiance des consommateurs est au plus bas depuis le début de la Guerre d’Irak. On s’attend à ce que la chute du dollar gâche les dépenses de Noël et laisse hors jeu les valeurs boursières. Cela ne peut pas être bon pour l’économie -spécialement dans des circonstances où 72% du PIB provient des dépenses de consommation.

On commence à voir les signes qui montrent que le consommateur perdu terrain et qu’il est au point de tomber dans un coma induit par ses dettes.

Selon des informations fournies par l’Université de Michigan :

«  La confiance du consommateur est arrivé ce mois à son bas plus niveau des deux dernières années entre des inquiétudes sur les prix du pétrole à des niveaux record, les problèmes permanents sur le marché du logement et une plus grande inflation. Alors que l’attitude des consommateurs se détérioret en général, la chute substantielle des prévisions contribue fortement à la forte diminution de l’indice général  ».

Le pecnot moyen ne donne aucun crédit au bla-bla de Bernanke. Il voit par lui-même ce qui lui arrive chaque fois qu’il s’arrête à la pompe d’essence ou quand il va au supermarché. Il n’a pas besoin que l’Université de Michigan lui dise qu’il se fait baiser ; il le sait ! L’économie chute, l’inflation grimpe, et le pays va à la dérive. Chaque centime versé au Trésor Public a été englouti par le trou noir du Moyen Orient. Pense-t-il réellement Bernanke que ceux qui travaillent ne le savent pas ? Tout le monde le sait. Tout le monde sait que la vie de l’économie est maintenue artificiellement ; presque tous savent que le pays s’effondre à cause d’une mauvaise administration. Y compris les maniaques qui agitent le drapeau, qui appellent à la guerre dans les Éditoriaux du Wall Street Journal, ils commencent à se protéger de l’avalanche de mauvaises nouvelles. Ils voient ce qui se passe et ils ont peur, ils meurent de peur.

Par malheur, le soudain changement dans les sentiments des consommateurs affecte les commerçants minoritaires de détail qui dépendent de Noël pour tenir durant toute l’année ? Nous avons déjà vu le ralentissement dans les ventes de logements et de voitures. Maintenant on le voit dans le commerce de détail. Abercrombie, American Eagle, Ann Taylor, Chicos, Dillards, The Gap et Nordstrom communiquent tous sur une diminution de ses ventes. Walmart, Lowes et les autres grands révisent aussi leurs prévisions. Cela va être un Noël maigre.

Le pauvre consommateur étasunien a fini par arriver à la limite de sa capacité et il ne peut déjà pas avoir recours à la valeur de sa maison pour obtenir un crédit rapide. Il a déjà des hypothèques jusqu’au cou et a épuisé 6 ou 7 cartes de crédit jusqu’à leur limite. Dans les faits, la dette des cartes de crédit est une autre préoccupation croissante des banques.

Les banques commerciales sont victimes de leur propre réussite. après des années de séduisantes promotions et de campagnes de courrier publicitaires, l’industrie des cartes de crédit est à son zénith en laissant aux consommateurs une dette étonnante de presque 1 milliard de dollars (915.000 millions de dollars). Chaque fois davantage de clients ne peuvent même pas faire les remboursements minimum de leurs dettes et les impayés s’accumulent à un rythme record. C’est la prochaine étape du fiasco des crédits subprimes et elle a le potentiel d’être presque aussi destructrice que la catastrophe immobilière. Le problème est aussi complexe. Après tout, la dette, des cartes de crédit de ces six dernières années a été « titrisée » et transférée vers des investisseurs sur le marché secondaire (fonds de pension et fonds à haut risque, etc.) Cela signifie que nous pouvons nous attendre à des secousses sur le marché des valeurs quand les résultats baisseront dès que les titres garantis par des cartes de crédits vont êtres dégradés. C’est encore le même baratin sur les « finances structurées » ; dettes empilées sur des dettes, jusqu’à ce que tout le bâtiment s’écroule.

On voit chaque fois plus que l’ « étincelante ville sur la colline » de Reagan a été érigée sur une montagne des dettes toxiques. Il est surprenant qu’elle ne se soit pas encore écroulée ?

Le pays va vers la récession y il n’y a rien que Bernanke puisse faire pour l’empêcher. La seule question est de savoir si nous ferons face à une catastrophe colossale de l’éclatement de l’économie comme en 1929 ou à une chute plus lente de 5 ou 6 ans. Cela dépend de la Réserve Fédérale. Si le chef de la Réserve décide de s’opposer à la chute des marchés en réduisant drastiquement les taux d’intérêts et en détruisant la monnaie, il est probable que nous mettrons des années à nous en sortir. Mais si Bernanke fait un pas à coté, et laisse faire ,que tombe ce qui tombe, le rythme de la reprise sera plus rapide.

Quelle qu’elle soit sa décision il n’y a pas de façon d’éviter l’inévitable dépression. Le marteau est près pour frapper l’enclume. Le marché des valeurs chutera, les banques et les fonds à haut risque s’ effondreront et le pays entrera dans une récession économique prolongée. Cela est sur. On peut laisser de coté les fondements économiques seulement pendant un certain temps. Quand les marchés seront corrigés, c’est comme une marée qui balaye les débris des paris erronés et les investissements à effets de leviers, laissant derrière une vaste plage vide.

Une récession est une partie normale du cycle des affaires. Elle ne peut pas être évité. L’économie doit se développer pour qu’on puisse solder nos dettes et que les entreprises puissent se rééquiper pour le futur. La prochaine récession va être pire que les précédentes, une véritable merveille.

Les dommages occasionnés par le crédit excessif de la Réserve Fédérale ont été considérables. Cela prendra des années avant que l’encre rouge soit sèche et qu’on mette la maison en ordre. Les marchés sont sens dessus dessous, les investisseurs ont été bousculés et la confiance est épuisée.

Les financements structurés ont été une catastrophe absolue. Ils doivent être éliminés. Nous avons besoin d’un nouveau système financier pour une nouvelle époque ; un système qui soit fortement réglé et supervisé pour décourager les voyous et artistes de l’arnaque ; un système qui maintient son lien essentiel avec l’économie réelle, productive, et qui évite la galaxie des produits dérivés complexes, obligations sécurisées et les instruments de dettes opaques qui nous ont amenés à la crise actuelle ; un système qui répond aux besoins des travailleurs et prend en compte les inquiétants problèmes de la dégradation environnementale, de la pénurie de matières premières, et du changement climatique ; un système qui réinvestit dans la communauté, dans l’éducation et la santé au lieu de grossir les résultats des escrocs institutionnels, et des élites assoiffées de cognac ?

C’est l’heure de jeter les échafaudages pourris et de reconstruire brique par brique.

Le système est cassé. Peut-être Greenspan nous a fait une faveur en le dynamitant avec des faibles taux d’intérêts. Bon débarras !

Mike Whitney


- Lire en espagnol www.elcorreo.eu.org

- Publié sur Counterpunch www.counterpunch.org

- Traduction anglais/espagnol Germán Leyens pour Rebelión

- Traduction de l’espagnol pour El Correo : Estelle et Carlos Debiasi

- Source : El Correo www.elcorreo.eu.org






La crise des subprime ou le nouveau nuage de Tchernobyl, par Philippe Cohen.



Subprimes, immobilier, faillites bancaires : retour sur la crise "financière", par Vincent Présumey.




LIRE AUSSI : Note sur l’éclatement de la bulle immobilière américaine, par Isaac Johsua.




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