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Sur les dernières taqiyâneries de Rached Ghannouchi dites à Al Jazeera

Je traduis ci-dessous quelques extraits de l’entretien que Rached Ghannouchi a accordé à la chaîne qatarie Al Jazeera [1] , le lundi 7 décembre 2015, et j’invite le lecteur à y chercher les contradictions et les taqiyâneries *.

Rached Ghannouchi : Ennahdha est un parti islamique, Ennahdha est un parti moderniste, Ennahdha est un parti tunisien patriote (...) Ennahdha, par la force de sa genèse, est un mouvement islamique, par la force de ses activités et le rôle qu’il joue aujourd’hui, est un mouvement politique (...) Nous ne courons pas derrière le pouvoir, nous avons fait l’expérience du pouvoir et Ennahdha ne court pas pour gouverner le pays tout seul (...) Ennahdha ne court pas pour être au premier rang pour gouverner .

Question du journaliste : À l’avènement du printemps arabe, le premier sujet soulevé fut celui de l’Islam politique et il est apparu que ce sont les Frères musulmans, et les islamistes en général, qui vont diriger la région. Aujourd’hui, après cinq ans, les choses ont changé (...) Donnez-nous Cheikh Rached [Ghannouchi] votre évaluation des expériences des partis islamistes dans la région et, plus précisément, dites-nous où ils se sont trompés et qu’est-ce qu’ils devraient faire aujourd’hui.

Rached Ghannouchi : Pour commencer, je ne suis pas satisfait du qualificatif "Islam politique", et, ce ne sont pas les islamistes qui se sont déclarés eux-mêmes porteurs d’un Islam politique, car les islamistes considèrent que l’Islam est un régime qui couvre tous les aspects de la vie et il est la source des valeurs dans tous les domaines.

Question du journaliste : Que proposez-vous alors pour qualifier [caractériser]...?

Rached Ghannouchi : Nous, nous nous qualifions comme étant des musulmans démocrates, c’est le qualificatif que nous nous donnons à nous-mêmes [et, il ajoute après un silence !, voir la vidéo[1] à la minute 32 : 40], par exemple (...) Contrairement au christianisme qui considère que ce monde relève du pouvoir de César et non de celui de Jésus, dans l’Islam, il n’y a pas cette distinction entre ce qui relève du monde [du temporel ]et ce qui relève du religieux [du spirituel] ».

Et, pour conclure l’entretien, Rached Ghannouchi déclare : « Le but des révolutions dans le Monde Chrétien était de libérer État de l’autorité de la religion, nous, nous voulons, aujourd’hui, libérer la religion de l’autorité de l’État ».

Quant à moi, je conclus ce billet par les quatre remarques suivantes :

1. Au nom de la sacrée Taqiya, les discours de la Confrérie des Frères musulmans, dont Ennahdha est la succursale tunisienne, évoluent en fonction de leur position de force ou de faiblesse. Aujourd’hui, les islamistes n’ont pas le vent en poupe et les conjonctures nationale, régionale et internationale ne leur sont pas favorables. Aussi, tous leurs discours sont faits pour rassurer, quitte à s’emmêler les pieds, pour ne pas dire s’emmailler les pieds, comme Rached Ghannouchi ici. Et, il n’est pas le seul haut dirigeant d’Ennahdha à avoir pris ce risque : voir à ce sujet, par exemple, mon article intitulé « Hamadi JEBALI, archétype de l’islamiste se disant modéré qui feint d’ignorer l’Islam politique et donc son rejeton le terrorisme »[2]. Tiens, tiens ! Rached Ghannouchi et Hamadi Jebali semblent être vraiment au même diapason au sujet de l’Islam politique !

2. Certains observateurs de la scène politique tunisienne, y compris parmi les plus compétents d’entre les amis ou acteurs de la Révolution tunisienne, sont encore leurrés par les discours d’Ennahdha et victimes de son intox, comme le montre le passage suivant d’un article paru dans un journal en ligne, relatif au dit entretien de Rached Ghannouchi, journal très lu qui se définit comme étant « destiné aux Maghrébins de France et d’ailleurs » :

« Rached Ghannouchi : "nous sommes des islamo-démocrates"- La formule est relativement nouvelle. Elle vient d’être conceptualisée et entérinée par le chef d’Ennahdha. Dans un entretien accordé le 7 décembre à al Jazeera TV, Rached Ghannouchi a affirmé : "Nous ne sommes pas un mouvement de l’islam politique, nous sommes des musulmans démocrates ". Une déclaration [qui] n’est pas passée inaperçue, en ce qu’elle préfigure vraisemblablement un virage idéologique dans la durée » [3] [Incha-Allah !].

3. Ma réponse aux taqiyâneries actuelles, d’hier et de demain de Rached Ghannouchi et ses semblables

« Le vrai et authentique salut durable de la Nation pourrait être atteint (...) le jour où les islamistes troqueront leur idéal d’une société où "l’Islam est Religion et État" contre celui d’une société se nourrissant, spirituellement et civilisationnellement, de l’Islam (...), le jour où ils se convertiront, franchement et sans arrière-pensées, à la République, à son cadre constitutionnel et à son État civil, et ce, en adoptant vis-à-vis de l’Islam une position analogue à celle adoptée, dans le Monde chrétien européen, par les démocrates-chrétiens vis à vis du Christianisme qui se sont ralliés à la République, depuis plus d’un siècle, en abandonnant l’idéal d’un pouvoir politique d’origine divine, et cela, en ne séparant pas l’homme de la religion, mais, en séparant le religieux de l’État et en renonçant définitivement à la nécessité de légitimer religieusement le pouvoir politique et à substituer les lois divines aux lois républicaines, à l’instar, par exemple, de la CDU en Allemagne, l’un des plus grands partis démocrates-chrétiens de l’histoire. Dans ces conditions, tout en devenant plus démocrates et plus citoyens, les islamistes ne seront pas moins musulmans, comme le prouve la Sourate 109 ! C’est uniquement ce jour-là que l’Islam pourra se conjuguer avec la citoyenneté, la démocratie, la liberté et le bien-vivre ensemble. Et, ce jour-là, Ennahdha pourrait s’appeler, par exemple, sans taqiyâneries, PDM (Parti démocrate-musulman), parti auquel je pourrais adhérer, du moins, pour lequel je pourrais voter » [4].

4. Afin que les non-initiés puissent saisir le poids du dogme de la Taqiya, dans la stratégie des islamistes, et le discours du double langage qui les caractérise, je termine ce billet en reproduisant une phrase extraite d’un article paru, le 11 octobre 2012, dans Jeune Afrique, le prestigieux hebdomadaire de référence pour le monde arabo-musulman et pour l’Afrique, phrase contenant une déclaration de Rached Ghannouchi se situant aux antipodes de ses déclarations rassurantes ci-dessus :

« Ghannouchi balaye d’un revers de main les principes démocratiques et affirme que "lorsque nous serons forts et puissants, nous pourrons décréter des lois régissant la vie sociale et la famille selon le modèle islamique" »[5].

Salah HORCHANI

* Taqiyânerie : nom féminin (de mon invention) qui a rapport au verbe « taqiyâner ».

Taqiyâner : verbe (de mon invention) qui a rapport au nom « taqiya ». Et, pour la signification du terme taqiya (qui n’est pas de mon invention), voir la note [2)] de mon poème intitulé « Dis-moi ! Les islamistes, comment les reconnaît-on ? », paru sous le lien suivant :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/271015/dis-moi-les-isla...

Pour d’autres taqiyâneries de Rached Ghannouchi, voir, par exemple, l’article, au titre significatif «  Ghannouchi sur Nessma TV : Le chef islamiste avance masqué », paru sous le lien suivant :

http://www.kapitalis.com/afkar-2/26383-ghannouchi-sur-nessma-tv-le-che...

[1] https://www.youtube.com/watch?v=0hmoUEBW78A

[2] https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/020815/hamadi-jebali-ar...

[3] http://www.lecourrierdelatlas.com/1053208122015Rached-Ghannouchi-nous-...

[4] Extrait de mon article intitulé « Monde musulman -"Le Fléau permanent" », paru sous le lien suivant :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/270115/monde-musulman-l...

[5]http://www.jeuneafrique.com/173908/politique/tunisie-les-vid-os-de-gha...


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