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Turquie : en Europe ou pas ?

Géographie

Gallo, ta géo !

Entendu au 13h du 5 octobre, sur la 2, lors d’un mini-débat sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, entre Max Gallo et le philosophe Abel , le souverainiste dire que la géographie nous apprend que 95% de la Turquie est en Asie, donc...

J’ai aussitôt consulté mon encyclopédie pour vérifier que 100% de l’Europe se trouve en Asie ! C’est un tout petit cap, comme le disait Derrida.

Alors, Gallo, on n’a pas appris sa géo ?

COMMENTAIRES  

06/10/2004 23:49 par Jean-Michel Hureau

Je ne suis pas spécialement un fan de Max Gallo, mais ce n’est pas une raison pour raconter n’importe quoi. Objectivement, la partie de la Turquie qui fait partie de ce qu’on appelle l’Europe est infime, ce qui n’est pas, par ailleurs, une raison pour refuser son entrée. Qualifier Max Gallo de souverainiste est totalement impropre et inadapté. Ce terme convient, par contre, parfaitement à De villiers ou Pasqua, par exemple. Il conviendrait d’analyser le discours avant de porter des jugements à l’emporte-pièce.

JMH

08/10/2004 15:21 par Jean-Claude Meyer

J’ai un planisphère sur les genoux pour répodre à JMH. Il peut vérifier : ce qu’on appelle Europe (ça s’arrête où ?) n’est qu’un petit cap à l’ouest d’un continent, l’Eurasie, si on veut. On peut aller à pied, à cheval, à vélo de Strasbourg (j’y suis) à Vladivostock, comme disait le Général, ou bien à Ankara en passant par le nord de la Mer Noire. Pour être plus précis encore, même ce qu’on appelle Afrique est rattaché à cet énorme continent : l’Egypte est géographiquement une frontière d’Israél, comme l’actualité le rappelle, donc ce serait l’Eurafricasie. Qu’en disent les géographes ?

Quant au souverainisme de Gallo, mea culpa, c’est souverainiste" de gauche" que j’aurais dû dire, pour le distinguer des souverainistes de droite ou d’extrême droite, sans guillemets.

15/10/2004 03:16 par Jean-Michel Hureau

Allons, Jean-Claude Meyer, pas de polémiques inutiles et stériles. Nous savons très bien que les frontières de l’Europe sont mal définies et relèvent, dans le sens commun, de l’histoire et non de la géographie. Je laisse à Max Gallo la responsabilité de ses prises de position mais, pour ce que je crois savoir, il se situe toujours "au-dessus" de la droite et de la gauche. Je me contenterai donc de le laisser là où il est.

JMH

22/01/2005 22:27 par moi c'est jb

Ce qui nous éloigne des questions principales : où sont les frontières si bien définies de l’Europe qui font que Chypre en fait partie et pas la Turquie ? Et pourquoi est-ce que max gallo nous parle des frontières historico-géographiques non définies pour rejeter une adhésion politique ?
Et pourquoi on devrait laisser max gallo là où il est ?

08/03/2005 08:39 par candide

De Gaulle définissait l’Europe à venir comme allant de l’Atlantique à l’Oural...
L’Oural est à l’EST de la Turquie ;-)

En fait la polémique sur la turquie est récente. Avant l’amalgame pitoyable de la phobie "islamiste", personne ne niait qu’elle y ait sa place... le moment venu.

26/10/2004 00:56 par soyons sincère

CHYPRE EN EUROPE TURQUIE EN ASIE !!!!!

Et bien je voudrai vous rappeler que chypre est en Europe et fait parti de l’union européenne. Nicosie sa capitale est située sur le même méridien que Ankara capitale de la Turquie. Donc je ne voie pas pour quoi la Turquie n’est pas en Europe (ce n’est que ce que pense certains incultes).
Vous ne voulez pas la Turquie, d’accord mais au moins soyez sincère ne chercher pas des excuses banales dites que vous avez peur.Peur de sa population jeune en majorité (en 2010 si la Turquie sera adhéré dans l’U.E. 1 européen su 5 sera Turc), de la religion (de son peuple majoritairement Musulmans. ne pas confondre ISLAM et Terrorisme, ISLAM et violence)

31/10/2004 23:07 par Jean-Michel Hureau

" Soyons sincère", c’est pas un nom ça !

JMH

15/11/2004 16:28 par T.Delforge

Sortons du formalisme !
La question de la Turquie se définit par rapport à sa situation de dictature militaire inféodée aux USA.
Les nouvelles adhésions à l’UE ont toujours été précédées d’adhésions à l’OTAN. Avec ce que cela implique, évidemment, sur le plan militaire, politique mais aussi économique. Si la République tchèque achète des F 16, si la Pologne envoie des soldats en Irak, si la Turquie masse des troupes à la frontière ( et occupe Chypre ), tout le reste n’est que littérature et diversion pro-Europe capitaliste.
Le discours sur, la défense européenne, sa variante diplomatique, masque mal la dépendance vis-à -vis des USA.
Il y a une lutte pour les zones d’influence, mais dans la phase militaire que connait l’impérialisme les USA gardent pour l’instant l’initiative.
Les ONG "altermondialistes" se positionnent pour des subventions européennes ( merci d’avance à L.Michel ). Comment tiendrait-elles d’autre positions que "pour une Europe sociale", "pour une autre Europe" et d’autres slogans creux et mystificateurs ?
Très officiellement, b.Cassen, président d’honneur d’ATTAC-France, ne rate pas une occasion de faire de la retape pour une "défense européenne". Inacceptable pour les antiimpérialistes.

25/03/2005 16:32 par amasyali

vous avez totalement raison , la TURQUIE doit entrer en union européenne !!
ce sont que les racistes qui ne veulent pas de la turquie en europe !!!

08/04/2005 18:12 par une fille

merci d’avoir dit sa je vous embrasse celui qui a dit je dit sa parce que c mon pays d’origine et g lui votre message je vous aime bien meme si je vous connais pas

au revoir ......................

17/12/2007 17:23 par COLPIN Didier

EUROPE ET TURQUIE

- Le « Non » au Traité constitutionnelle est encore dans toutes les mémoires. Mais est-ce pour autant l’ « Europe » qui a été ainsi rejeté ? Non, tout le monde en convient ! L’a été une certaine vision, compréhension, conception de l’Europe. Le fameux « sens des mots », trop souvent source d’incompréhension, de confusion …
Et au sein des causes de ce rejet figurent en bonne place la Turquie !

- Alors, ce pays, européen ou pas ?

- Remarquons que répondre par la positive, reviendrait à admettre que l’Iran et l’Irak ont une frontière commune avec le vieux continent... Tout de même estomaquant…

- Décortiquons, autant que faire ce peux en quelques lignes obligatoirement réductrices. Certains mettront en avant le fait que la Turquie est laïque, et que son alphabet est le latin ! Pourquoi donc ne pas l’accepter ?

- Notons d’abord que cette position indique que les frontières (ou leurs absences) ne sont pas que géographiques, elles peuvent également être culturelles.

- Commençons par les géographiques.
La formule de Gaule est connue : l’Europe s’étend de l’Oural à l’atlantique et s’arrête au Bosphore. Cohérent. Mais, en rapport avec notre question, il y a un « hic »… La Turquie se jette sur des deux rives du Bosphore, et les puissances victorieuses du premier conflit mondial qui ont redessinée, avec un trait de plume parfois malheureux, les frontières ont validé cet existant. Aussi, de quel côté faire pencher la balance ? Et si l’ont prenait tout simplement comme unité de mesure le km2 ? Où en trouvent-on le plus ? En Europe ou en Asie ?
Evident, non…

- Frontières culturelles.
Comme « nous », n’est-elle pas laïque, et si l’écriture est un des éléments constituant la culture d’un peuple, comment ne pas mettre en avant son alphabet, latin comme celui que « nous » utilisons ? Effectivement…
Mais tout cela n’est que greffon au devenir incertain… Un risque réel de rejet par la souche existe…
- Osons aborder à présent un sujet tabou, un sujet qui fâche, l’origine chrétienne de l’Europe, de ses valeurs, de sa culture ! Pourtant, est-ce plus choquant que de souligner le poids de l’Islam dans la culture des pays arabes ?
- A la façon d’une plaque photographique classique qui renvoi une image inversée, la laïcité turque est l’inverse de la notre (occultons le fait que la laïcité française n’est pas la laïcité anglaise etc.…) : L’histoire européenne du XX siècle ne manque pas d’exemples -pensons à l’Espagne de Franco- ou un pouvoir « fort » utilise la puissance de l’armée pour imposer une idéologie religieuse au mépris de la laïcité, alors qu’en Turquie, à partir des années 20, le pouvoir a utilisé la force de l’armée pour imposer la laïcité, au mépris de l’idéologie religieuse dominante… D’ailleurs le mot « laïque » est inconnu du vocabulaire arabe et le terme turc utilisé est emprunté au vocabulaire occidental… Car au delà du mot, le concept même véhiculé par « laïcité » est extérieur à l’Islam radical où le rejet de la foi (islamique) ne peut conduire l’ « apostat » qu’à la mort physique ordonnée par un corps social qui en agissant ainsi se purifie… En français cela s’appelle un meurtre, un assassinat, tout comme le sont tout également les « crimes d’honneur », coutumiers en Turquie…
- Revenons en France. La sérénité et le recul que donne l’écoulement du temps, permet de dire que, paradoxalement, et au-delà des déchirements consécutifs à la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et à l’opposition des « culs bénis » et des « bouffeurs de curés », la laïcité est aussi fille de la célèbre parole christique « Rendez les choses de César à César et les choses de Dieu à Dieu »… Dans la même veine, pourquoi les « Droits de l’homme » peinent-ils tant à s’imposer et à prospérer en pays musulmans ? Car ils ont été conceptualisés sur le terreau fertile des valeurs chrétiennes, de l’humanisme chrétien, pour devenir l’expression d’un christianisme déchristianisé, d’une foi chrétienne désacralisée, laïcisée…
- Ouvrons une parenthèse. Ne confondons pas tolérance et laïcité.
Nous parlions à l’instant de « bouffeurs de curé », terme né à une époque ou le paysage religieux français métropolitain était majoritairement occupé par le catholicisme. Aujourd’hui existe toujours des « Talibans de la laïcité » qui prônent l’athéisme comme Vérité révélée et rêvent de marginaliser les citoyens qui ont pour défaut d’être croyants et de le dire !
Espagne mauresque : L’arrivée des arabes en Espagne au VIII° siècle mit fin à la persécution dont les juifs étaient victimes de la part des Wisigoths qui avaient abandonnés l’arianisme pour le catholicisme. Et pendant de nombreux siècles sous domination musulmane, l’Espagne a été une terre de paix et de tolérance pour les trois religions monothéistes ! Comme quoi, Islam n’est pas toujours synonyme de fanatisme et d’intolérance…
- Fermons la parenthèse.
- Quand-à l’alphabet latin, il est entré en Turquie à la même époque que la laïcité et lui aussi au forceps, l’Empire ottoman utilisant l’alphabet arabe, c’est-à -dire il y a moins d’un siècle. Alors que « chez nous », déjà avant les premiers écrits en « français » du XV° siècle, les lettrés qu’étaient les clercs, écrivaient évidement et depuis « toujours » en latin !

- Aussi, tant pour des raisons géographiques que culturelles, il me semble difficile de prétende que la Turquie puisse avoir vocation à intégrer l’Europe ou la communauté européenne, notions qui sont différentes (La Suisse appartient à la première mais pas à la seconde). Et, pour prétendre le contraire, que l’on ne mette pas en avant un quelconque partenariat économique ! L’Europe peut commercer si elle le souhaite avec l’Afrique du sud sans pour autant que ce pays entre dans l’Europe ! Identique pour la Turquie !

- Prétendrais-je que ce rejet affirmé, que cette position est vérité, réalité objective ? Non...

- Pour prendre conscience de la relativité des certitudes, également des certitudes géographiques, transportons-nous au temps de Rome.

- Si l’Empire romain prétendait à l’universalité, dans les faits, des frontières se sont imposées :
Au nord, l’Ecosse (le mur d’Hadrien).
A l’ouest, évidement l’atlantique.
Au nord/est le Rhin et le Danube.
Au sud l’Afrique noire (les pays de Maghreb étaient partie intégrante de l’Empire -neutralisons Carthage-)
Au sud/est le Tigre et l’Euphrate.
Cela pour souligner que si la géographie peut dire ce qu’est l’Europe, cette définition ne vaut que pour « aujourd’hui » (au sens de l’Histoire).
Si nous demandions à nos contemporains européens où se trouve le centre géographique de l’Europe, qui citerait la capitale de l’Italie ? Personne !
Mais l’Empire s’est construit autour de la Méditerranée avec en son centre cette ville, Rome, elle même située sur cette péninsule, cet appendice pénétrant ce « centre du monde » qu’était la « Grande mer », comme on l’appelait alors.
Toujours à cette époque, le civilisé, était logiquement de type méditerranéen, c’est-à -dire pas très grand, brun et basané. Et le barbare, lui était grand, blond et à la peau très blanche…
Relativité des concepts, disions-nous…
Et parmi ces barbares, il est des tribus germaniques qui allaient nous devenirs « chers » à nous français, celles des Francs…

- Le rapport avec notre sujet ? Dans le monde romain, la région nommée de nos jours Turquie ne posait pas de problème : elle appartenait à l’Empire, tant pour des raisons géographiques que culturelles ! Et elle n’était même pas en zone frontière ! Et le latin, comme ailleurs, y était aussi la langue officielle, administrative !
Mais cela était il y a « deux milles ans »…

- Certitudes, avez-vous un socle digne de ce nom ?

- Pour conclure, maniant le paradoxe, clin d’oeil à Edmond Wells et à son Encyclopédie du savoir absolu relatif, je dirais que la Turquie ne fait pas partie de l’Europe et qu’il s’agit là d’une position objective élaborée au sein d’un concept qui lui, ne l’est pas…
Cette affirmation découle d’une prise de conscience selon laquelle il n’y a pas une vision du monde mais plusieurs, indissociables de grilles de lecture, parfois inconscientes, qui sont autant de filtres. Et la pseudo objectivité de la de la stricte géographie s’efface devant le poids de la géopolitique qui elle-même s’efface devant celui de la géoculture, autant de réalités subjectives dans leurs valeurs.

COLPIN Didier

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