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Turquie : le front Sud de l’OTAN devient un problème systémique (Contropiano)

Aujourd’hui, la réalité court la poste, et qui s’attarde est perdu. Nous devons considérer les dynamiques économiques et géopolitiques de façon objective, presque en entomologistes, car c’est seulement en prenant en compte "le cadre" et "la structure" dans laquelle se développe même notre petite action que nous pouvons essayer de faire quelque chose de positif. La "gauche" qui raisonne encore avec les oeillères des années 90 est en fait comme l’aveugle qui entend sonner les cloches, mais ne sait pas où elles sont...

Qu’y a-t-il de nouveau dans le monde et en Europe, au moment où le fossé s’élargit entre Union Européenne et Etats-Unis, suivant l’opposition entre intérêts allemands – à la tête d’une bonne partie de la production industrielle continentale – et étasuniens ? ; et où la fermentation des nationalismes qui traversent l’Est, l’Italie elle-même et bien d’autres pays du Vieux Continent est alimentée, non seulement par le racisme et le malaise social créé par les politiques d’austérité appliquées à la plus grave crise économique de l’après-guerre, mais aussi par certains intérêts étasuniens.

C’est un conflit "inter-impérialiste" – comme on disait quand les communistes raisonnaient la tête froide, et non selon les critères de l’adversaire – dans lequel il ne s’agit pas de "prendre parti", mais tout d’abord de comprendre où nous mettons les pieds, pour arriver à trouver une piste à suivre.

Parmi les nouveautés les plus importantes, nous avons signalé l’ébauche d’un système monétaire alternatif centré sur l’or au lieu du dollar. Un tel système élimine tout simplement la nécessité de recourir au Fond Monétaire International, avec tous ses chantages et conditions draconiennes, et l’intermédiaire d’une monnaie imprimée à volonté, qui n’a plus aucun rapport avec un métal précieux, ni avec d’autres paramètres objectifs et mesurables.

C’est une bombe à retardement, pour la monnaie des EU qui, depuis bien des années, doit sa domination plus à la force militaire de l’Etat qui l’émet qu’à la solidité de son économie, dévastée par les délocalisations de la production, et marquée par des niveaux de chômage interne cachés à grand mal par des critères statistiques bien peu scientifiques.

Les protagonistes de ce système en voie de formation sont trois pays signalés par les Etats-Unis comme des "ennemis", vieux et nouveaux : la Russie, l’Iran et la Turquie. Et ce dernier pays justement – doté d’un des pires régimes autoritaires, une "démocratie" désormais réduite à l’exercice d’un droit de vote de plus en plus truqué – constitue le lien objectif entre ce système et l’Allemagne (donc l’Union Européenne, telle qu’elle est actuellement).

L’éditorial de Guido Salerno Aletta dans Milano Finanza sur ce sujet est trop précis pour qu’il soit nécessaire d’en faire une synthèse. Bonne lecture !

* * *

Angela Merkel veut sauver Erdogan
de Guido Salerno Aletta.

Courons tous aider la Turquie : il semble maintenant que l’Allemagne s’y mette aussi. Mais pas seulement parce que la Turquie occupe le 16ème rang pour la valeur des exportations, avec 21,5 milliards d’euros en 2017, et qu’elle est aussi le 16ème pays pour les importations avec 16,2 milliards, avec un solde positif de 5,2 milliards pour Berlin.

Ankara représente beaucoup plus même pour l’Allemagne : un carrefour géopolitique entre Occident atlantique et Russie ; un nœud essentiel dans les approvisionnements terrestres alternatifs à la route suivie par le North Stream ; une charnière alternative à l’alliance sunnite dirigée par l’Arabie Saoudite dans les équilibres de tout le Moyen-Orient. Il suffit de penser à l’isolement complet, diplomatique et frontalier, décidé par Riyad à l’encontre de Doha, qui a repris ses relations avec Téhéran, pour comprendre à quel point les fronts opposés sont désormais bien tranchés.

En ce qui concerne Berlin, ce ne sont pas seulement les raisons financières contingentes qui comptent, ou les réminiscences des alliances historiques avec l’Empire Ottoman qui remontent à la Première Guerre mondiale. Il y a deux facteurs clé : l’importante minorité d’origine turque qui vit en Allemagne, et qui, par son vote, a fortement soutenu la réforme constitutionnelle qui, en juin dernier, a de nouveau couronné le Président Recep Tayyip Erdogan, et qui peut peser lourd dans les prochaines élections en Allemagne ; et les plus de trois millions de réfugiés accueillis en Turquie aux frais de l’UE, sur demande expresse de la chancelière Angela Merkel, pour fermer la route balkanique aux migrants qui ont déstabilisé non seulement l’Allemagne mais tous les pays par lesquels ils transitaient.

Le filet de protection en faveur de la Turquie a commencé à se déployer dès le 15 août, quand ont été publiés dans le Journal Officiel turc les nouveaux tarifs des taxes sur les marchandises importées des Etats-Unis, en réponse au doublement de celles décidées par Donald Trump, qui avait élevé à 30% les taxes sur l’aluminium et à 50% celles sur l’acier, pour faire face à l’exceptionnelle compétitivité des produits turcs, due à la dévaluation de 40% de la livre turque. Ankara a augmenté de 35 à 120% les taxes sur les voitures étasuniennes, de 40 à 140% celles sur les alcools, de 20 à 40% celles sur le riz, de 30 à 60% celles sur les produits de beauté.

Le même jour, l’Emir du Qatar, Tamim ben Hamad el-Thani était à Ankara pour rendre visite au Président Erdogan : la rencontre s’est conclue par l’annonce d’investissements pour un montant de 15 milliards de dollars. Au même moment, on rendait compte de la conversation téléphonique entre le Président turc et la Chancelière Angela Mekel, de laquelle était ressortie la volonté de renforcer les rapports bilatéraux : le ministre turc de l’Economie et des Finances, Berat Albayrat, devait se rendre à Berlin au cours de ce mois d’août pour rendre visite à son homologue. Jusqu’ici, la Chine semble beaucoup plus prudente : elle a déjà trop de fronts ouverts avec les EU pour verser encore de l’huile sur le feu en annonçant un soutien financier à la Turquie.

A peine cinq jours après, le 20 août, la Banque Centrale turque a annoncé un accord d’échange Swap Agreement avec la CBRT [Central Bank of the Republic of Turkey] correspondante du Qatar, entre la livre et le riyal, pour un montant maximum de 3 milliards de dollars, avec pour objectif de faciliter les échanges bilatéraux et de soutenir la stabilité financière des deux pays.

Les institutions financières internationales, comme le FMI, sont hors-jeu : on ne pourra pas intervenir en faveur de la Turquie, comme on l’a fait récemment pour l’Argentine, rééditant pour Ankara le programme d’aides accordé en 2001 : les conditions habituelles de Washington seraient cette fois politiquement inacceptables pour Erdogan.

Les rumeurs d’un probable soutien financier d’urgence de l’Allemagne à la Turquie reproduisent les positions déjà adoptées par Berlin à l’égard de l’Iran, frappé lui aussi par les sanctions étasuniennes du fait du retrait de ce pays de l’Accord sur le nucléaire. Une déstabilisation de la région par la voie financière, du fait de la défaillance de la Turquie, ou au moyen d’une crise militaire avec l’Iran qui conduirait à la fermeture du Détroit d’Ormuz, serait insupportable pour l’Europe, alors qu’elle laisserait pratiquement indifférents les Etats-Unis qui ont atteint, ces dernières années, une pleine indépendance énergétique grâce au gaz de schiste et au GNL [gaz naturel liquéfié].

La courbe qui se dessine conduit donc dans l’avenir l’Allemagne à une prise de distance avec les Etats-Unis : elle ne concerne plus seulement la demande d’augmentation du budget de la défense et de rééquilibrage des rapports commerciaux entre les deux pays, mais répond à la récente menace de Trump d’élever d’ici septembre les taxes sur les voitures à 25%.

Les foyers de crise se multiplient. Certains, comme Donald Trump, visent à démanteler un système de relations commerciales dont ils estiment qu’il est non équitable et qu’il n’est plus acceptable pour les Etats-Unis ; d’autres, comme Angela Merkel, s’y accrochent parce qu’il a été la clé de la récente prospérité allemande. Certains donnent de grands coups de bâton, et d’autres font du raccommodage : il est difficile de toujours tout maîtriser.

Guido Salerno Aletta

»» http://contropiano.org/news/news-economia/2018/08/30/turchia-il-fronte...
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