RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Un journaliste de Gaza après le bombardement du centre médiatique : "Leurs frappes ne réussiront pas à nous effrayer" (The Electronic Intifada)

Le cameraman de Al-Quds TV, Khader al-Zahhar, à l’unité de soins intensif de l’hôpital al-Shifa hospital après avoir été gravement blessé pendant l’attaque aérienne israélienne sur un bâtiment des médias. (Anne Paq / ActiveStills)

"La roquette m’a frappé de plein fouet après avoir fait un trou dans le plafond" a dit Khader al-Zahhar, 20 ans, interviewé dans son lit de l’hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza dimanche.

The Electronic Intifada et d’autres reporters ont interviewé Al-Zahhar, un cameraman de al-Quds TV, après que sa jambe droite ait été amputée à la suite d’une frappe israélienne sur le building de presse Shawa and Hussari dans le quartier de al-Rimal de la ville de Gaza, la nuit précédente.

Selon Al-Zahhar, juste avant la frappe "quelques collègues et moi-même, nous nous reposions après une longue journée de travail pour couvrir l’escalade israélienne. Il me semblait y avoir une petite accalmie et je voulais dormir un heure tout au plus."

Mais le calme était illusoire. Israël a intensifié ses attaques samedi soir portant le nombre des morts à plus de 60, sans compter les centaines de blessés supplémentaires.

En une seule frappe meurtrière, une bombe israélienne a détruit un bâtiment de deux étages, la maison de la famille Dallou, dans le district résidentiel de Gaza, en tuant 11 personnes. Parmi les morts, il y avait 5 femmes, dont une de 80 ans et 4 petits enfants, rapporte Associated Press en citant un officiel de la santé de Gaza, Ashraf al-Kidra.

Les journalistes se reposaient quand le bâtiment a été frappé par un missile.

On a appris que le cameraman al-Zahhar avait été ensuite transféré dans un hôpital égyptien pour y recevoir d’autres soins. Selon ses collègues, l’attaque a eu lieu vers 1H30 du matin.

"Nos bureaux se trouvent dans un appartement de quatre pièces au onzième étage de l’immeuble [Shawa and Hussari]. Au moment de la frappe aérienne mon collègue, Darwish Bulbul, et moi, étions couchés dans une des pièces" a expliqué Hussein al-Madhoun, 22 ans, un collègue de al-Zahhar, tout en montrant les dommages occasionnés par l’attaques.

Après l’attaque "nous avons entendu nos collègues appeler à l’aide et nous nous sommes précipités" a—t-il dit.

"Nous avons commencé à déblayer les gravats qui recouvraient Khader et mon autre collègue Muhammad Khrais pendant que tous les deux continuaient d’appeler à l’aide, mais une autre roquette est tombée et nous avons dû nous arrêter un moment, et ensuite nous avons pu sortir Khader et Muhammad qui était légèrement blessé" a ajouté al-Madhoun.

"Environ cinq à six roquettes ont frappé notre bâtiment" a dit al-Madhoun "Je suis vraiment surpris de voir qu’ils attaquent les journalistes. Qu’est-ce qu’il veulent ? Ils veulent nous faire taire et nous empêcher de dire la vérité ? Il n’y arriveront pas, nous continueront notre travail sans faiblir et leurs frappes ne réussiront pas à nous effrayer" a affirmé al-Madhoun.

En plus de l’attaque des bureaux de al-Quds TV, les Israéliens ont attaqué le bureau du média iranien Press TV, et de Russia Today TV qui se trouvent eux aussi dans le bâtiment Shawa and Hussari, faisant en tout 7 blessés.

Les avions israéliens ont aussi bombardé les bureaux de al-Aqsa TV au quinzième étage du bâtiment al-Shorouq.

Le sol était presque entièrement détruit et 3 journalistes de Palestine Media Production, dont le bureau se trouve au quatorzième étage ont été blessés, selon un communiqué, ce jour, du Centre Palestinien pour les Droits Humains ("Ongoing Israeli Offensive on Gaza : Palestinian Civilian Deaths Rise to 27…" ).

Les journalists ne reculeront pas

"Nous blesser ne nous fera pas renoncer à notre importante mission qui est de faire savoir au plus grand nombre ce qui se passe ici" a déclaré Samir Khalifa, un des correspondants à Gaza de la station de télévision de l’Autorité Palestinienne, Palestine TV.

"Les attaques israéliennes contre les journalistes montrent que, jusqu’ici, nous avons réussi à révéler les crimes israéliens contre la population civile de Gaza ; par conséquent il n’est pas question d’arrêter," a dit Khalifa à l’hôpital al-Shifa, où il couvrait l’arrivée en masse des blessés à l’hôpital.

Un autre journaliste, Wisam Khadra, un producteur qui travaille pour une agence de presse russe et une télévision russe a exprimé la même détermination : "Je voudrais dire clairement que nous resterons sur le terrain pour relater et relater tout ce que nous voyons jusqu’à ce que toute la vérité soit communiquée au monde entier."

L’attaque précédente contre les journalistes qui a eu lieu dimanche a suscité une large condamnation de la part des organes de presse dans toute la bande de Gaza. Le bureau des médias gouvernementaux basé à Gaza a fait une déclaration demandant qu’Israël rende des comptes pour cette dernière attaque et toutes celles qu’il prépare contre Gaza.

"Nous avons envoyé des lettres aux organes de presse qui s’intéressent à la question dans le monde entier de même qu’aux ministères de l’information des pays arabes et à l’union internationale des journalistes et au Comité de Protection des Journalistes de New York. Quoique fasse Israël pour étouffer la vérité, la vérité continuera d’être proclamée jusqu’à ce qu’Israël soit obligé de rendre des comptes devant les tribunaux internationaux," a dit au téléphone Salam Marouf, le directeur général du bureau des médias gouvernementaux de Gaza à The Electronic Intifada, dimanche.

"Les journalistes sont des civils et ils sont protégés par le droit international dans les conflits armés" a dit Robert Mahoney, le directeur adjoint du Comité de Protection des Journalistes, dans une courte déclaration sur le site de l’organisation dimanche. "Israël le sait bien et doit arrêter immédiatement de cibler les bâtiments où sont installés des organes médiatiques et des journalistes."

Rami Almeghari

Bande de Gaza, 18 novembre 2012

Rami Almeghari est journaliste et chargé de cours à l’université. Il est basé dans la bande de Gaza.

Pour consulter l’original : http://electronicintifada.net/content/we-will-not-fear-their-strikes-g...

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 18398
  

Même Thème
Israël/Palestine - Du refus d’être complice à l’engagement
Pierre STAMBUL
Entre Mer Méditerranée et Jourdain, Palestiniens et Israéliens sont en nombre sensiblement égal. Mais les Israéliens possèdent tout : les richesses, la terre, l’eau, les droits politiques. La Palestine est volontairement étranglée et sa société est détruite. L’inégalité est flagrante et institutionnelle. Il faut dire les mots pour décrire ce qui est à l’oeuvre : occupation, colonisation, apartheid, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, racisme. La majorité des Israéliens espèrent qu’à terme, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Ceux qui n’ont pas le courage de lutter devraient au moins avoir la décence de se taire.

José Marti

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.