Un nouvel art de militer

Ils sont le visage de la contestation des années 2000. Jeudi Noir, Déboulonneurs, Brigade activiste des clowns, Désobéissants, Anonymous... au-delà des formes traditionnelles que sont la grève ou la manifestation, une nouvelle génération de militants est apparue dans l’espace médiatique et agite régulièrement le cours de l’actualité. Chez eux, pas de chef, pas de violence, pas de longs discours théoriques, mais un goût prononcé pour l’humour et les mises en scènes spectaculaires, et un sens manifeste de la créativité dans l’action. Qu’ils soient légaux ou non, tous les moyens sont bons pour frapper les esprits.
Issues des traditions de la désobéissance non-violente et de la mouvance alter, ces tactiques ne sont certes ni inédites ni exclusives, mais elles ont réussi à s’imposer avec force dans le paysage des pratiques militantes. Dans un contexte de remise en cause des organisations classiques et des idéologies globalisantes, où l’image et Internet occupent une place de plus en plus centrale dans la circulation des idées, elles sont aussi un symptôme de l’entrée des mouvements sociaux dans l’ère de la communication et de l’atomisation des comportements. A la structure verticale de la hiérarchie s’est substituée l’horizontalité du réseau. A l’utopie incertaine d’un bouleversement radical de société se sont substituées les opérations « coup de poing » pour le changement ici et maintenant.

Un nouvel art de militer propose une visite vivante et colorée de ces réseaux activistes. A la manière du reportage, l’ouvrage restitue en photos et en mots le récit des actions les plus mouvementées. On y croise des clowns sous-marins, des sauveteurs de riches, des barbouilleurs d’enseignes, des planteurs sauvages de tournesols… tous réunis dans une même esthétique. En mettant tour à tour en évidence les causes auxquelles ils s’attachent (précarité, écologie, publicité, contrôle sécuritaire…), le livre invite aussi à une réflexion de fond sur notre modèle de société, dont il brosse un état des lieux critique et inquiétant

http://www.un-nouvel-art-de-militer.info

144 pages en quadrichromie
Format 21 x 23 cm
Editions Alternatives, collection Société

Sortie le 15 octobre 2009

SOMMAIRE

Introduction : Que faire ?

Infographie : La nouvelle galaxie militante

Chapitre I : A L’ECOLE DE LA DESOBEISSANCE

Stages des Désobéissants, communication non violente, plan d’action, conseils juridiques, techniques de blocage et de résistance...

Zoom : RESF - Urgence sans-papiers, les gestes qui sauvent

Chapitre II : COMMANDOS ANTI-POLLUEURS

La Vélorution, le Clan du Néon, la Brigade d’action contre la déforestation (BAD), les Casques Verts, le Carré Vert, les Cyclonudistes, la Bande d’Arrêt d’urgence, les Dégonflés, les Végans, la Guerilla gardening, les Planteurs volontaires, les Robins des Toits, les Manifs anti-écolo...

Zoom : Faucheurs volontaires - Panique dans le transgénique

Chapitre III : HACKERS VS BIG BROTHER

Les Big Brother Awards, Souriez vous êtes filmés, le groupe Oblomoff, Art is not dead, Votre Nouveau Visage, les TV-B Goners, Pièces & Main d’Oeuvre, La Quadrature du Net, /tmp/lab, Hacker Space Festival, Choas Communication Camp...

Zoom : Anonymous - Des cyber-activistes à l’assaut de la secte

Chapitre IV : TAPAGE CHEZ LES MAL-LOGES

Les Enfants de Don Quichotte, Le Collectif des mal-logés en lutte, Le Collectif des mal-logés en colère, Jeudi Noir, Génération précaire, Le Pavé en mousse, La France qui se lève tôt, les manifs de droite...

Zoom : L’Appel et la pioche - Grignotage sauvage au supermarché

Chapitre V : BARBOUILLEURS, DEBOULONNEURS & CASSEURS DE PUB

Les Déboulonneurs, le Collectif contre le publi-sexisme, Résistance à l’agression publicitaire (RAP), l’Eglise de la Très Sainte Consommation, Ras-la-pub...

Zoom : Ré-actions citoyennes - Du sang sur les enseignes

Chapitre VI : RESISTER AVEC FARCE

La Brigade activiste des clowns (BAC)...

Zoom : Sauvons les riches - Les nababs au brancard

Conclusion

COMMENTAIRES  

31/10/2009 12:35 par Anonyme

CQFD N°070

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont fait Sciences- Po : ce sont les « nouveaux agitateurs sociaux », comme les a baptisés France Info [1]. Ces entrepreneurs du spectacle militant chic et choc se bagarrent contre la vie chère, les stages-esclavage ou le manque de logements à coups de happenings télégéniques (pour lesquels on mobilise des bataillons de jeunes activistes). Leaders charismatiques des Désobéissants, de Génération Précaire, de Jeudi Noir, de Sauvons les riches ou de L’Appel et la Pioche,ils entendent « renouveler » les formes de lutte, car le syndicalisme à papa, c’est dépassé. « Les syndicats ont une part de responsabilité terrible dans la crise qui les affecte, explique à France Info Manuel Domergue, le « communicant » de Jeudi Noir et Génération Précaire. C’est qu’ils sont souvent assez chiants, ils se renouvellent pas, ils sont vieux, ils sont pas drôles et souvent en plus ils perdent à la fin. […] Il faut mettre à leur décharge que c’est difficile d’avoir des modes d’action comme les nôtres quand on parle de sa boîte, quand on parle de son licenciement. C’est plus dur de façonner une médiatisation sur mesure, drôle et tout ça, quand on est en train de se faire virer de sa boîte. » Trop sympa, Manuel, ton indulgence pour le prolo ignorant tout de la stratégie publicitaire. Mais même si on n’existe aujourd’hui que si on passe à la télé, tout le monde n’a pas forcément envie de tortiller du cul pour plaire aux journalistes. A moins de vouloir faire carrière…

Car les médias les adorent, ces enfants terribles, anticapitalistes mais gentils. Et c’est vrai qu’elles ont de la gueule, leurs actions. Pique-niques récupérateurs dans les grandes surfaces, fiestas vengeresses dans des apparts que les proprios louent trop cher, squattage de bâtiments vacants pour y installer des sans-logis… Voilà qui attire la sympathie. Du coup, élus et ministres les pouponnent : Jeudi Noir bénéficie du soutien de plusieurs élus Verts, reçoit la visite de pontes PS ou NPA, et même l’appui du sénateur UMP Étienne Pinte. Son porte-parole, Julien Bayou, a participé avec d’autres à la Commission de concertation sur la politique de la jeunesse, une baudruche gonflée par Martin Hirsch. Pour quel résultat ? « Comme la quasi-totalité des membres de la commission Hirsch, Génération Précaire considère qu’il faut développer l’apprentissage et l’alternance. » Conscient d’avoir brassé du vide, Bayou ironise sur son blog : « Trente-deux ans d’échecs [depuis les stages exonérés du Plan Barre]. Cela force le respect. » [2]
A ce train-là , en effet, on n’est pas près de sortir de la précarité. Sauf Bayou : pour lutter contre, lui et son pote Lionel Primault ont fondé une « agence de conseil en mobilisation et communication pour ONG et organisations d’intérêt général », comme le claironne leur profil fessebouc. Modestement nommée Primault & Bayou, elle est enregistrée comme entreprise de « création artistique » auprès de la fédération des Scops de la communication.

La CGT-Cadres et Attac ont été leurs premiers clients. Le 28 mars 2009, dans le cadre d’une manif anti-G20, une plage de sable avec palmiers a été installée place de la Bourse, à Paris. Une action commanditée par Attac mais signée Primault & Bayou, qui ont répondu aux caméras depuis leurs transats. Quant à la CGT-Cadres, elle a, à 7 heures du matin le 21 octobre 2008, pris d’assaut le siège du Medef avec un énorme réveille-matin gonflable conçu par nos deux créatifs. Tout ça afin de soumettre à la centrale patronale une pétition pour le respect des RTT. Comme quoi, s’ils sont ringards, les syndicats peuvent encore servir à faire du pognon.

Article publié dans CQFD N°70, septembre 2009, actuellement en kiosques.

[1] http://www.france-info.com/spip.php ?article315888&theme=81&sous_theme=184

[2] http://www.youphil.com/fr/article/0619-commission-hirsch-toutca-pour-ca

13/01/2010 16:25 par Anonyme

On peut écouter en vidéo inédite les auteurs de "Un nouvel art de militer" : http://www.savoirchanger.org/file/video_art_de_militer.html

27/11/2012 13:53 par Hivert Christian

La saga des réprouvés et marginaux plus ou moins politisés n’en n’est qu’à ses balbutiements. « Les chevaliers de Reine sont ivres de révoltes, de gloire parfois, de désespoir souvent, la vie leur échappe et ils en perdent un peu en courant.
Reine et Arthur son amoureux prennent deux chemins différents mais parallèles, leurs illusions, l’un en un monde meilleur et plus juste, l’autre dans une liberté possible, se jouent d’eux à chaque détour.
Et tous les chevaliers des trottoirs parisiens arpentés et des squats en lutte sont ivres, résolument ivres et en dérive.
Les Gens Bons de Paris s’en prennent plein la tranche et n’en reviennent pas.
Tous ces pauvres s’agitent et manifestent, non mais gare, ils veulent les mêmes droits que les Gens Bons n’auront plus.
Il va falloir encadrer sévèrement tout cela, il faut une association et un responsable aux ordres. »

La lecture d’un éventuel curriculum me concernant pourrait faire apparaître une logique de choix individuels autant qu’une vie professionnelle chaotique et précaire. Après un apprentissage professionnel sur le tas lors de nombreux chantiers de réfection d’appartement sur Paris et région, mon expérience de travail non déclaré rend possible des embauches multiples de courte durée.
Une activité sociale et une proximité permanente avec des précaires est un des matériaux de base de mes travaux d’écriture ("Ne peut être vendu", "De l’autre côté de la rivière", "Reine", "Destin majeur" en cours).
Depuis l’âge de huit ans et la rédaction de l’éphémère "Les fabuleuses aventures de Jeannot Lapin", racontant l’épopée enfouie de la découverte d’un appartement Parisien par un lapereau apeuré et Nivernais, j’ai toujours eu un goût prononcé pour la littérature, celle des autres , la mienne.
Volant la clé de l’armoire secrète où une maman craignant pour ses beaux livres entassait une bibliothèque classique fournie, je m’installais des heures durant dans la lecture de tout Balzac, Victor Hugo, Emile Zola…
Mon adolescence fut plus intéressée par des auteurs modernes et surréalistes de Rimbaud à Vian. Jules Vallés nourrit mon indignation. Plus tard je découvrit les étranges étrangers Istrati, Hikmet, Kundera, Fante , Auster, tant d’autres
Vint alors la nécessité de réunir tout mes parcours dans une écriture portée sur le réel des oubliés, et de dire nos indignations, nos révoltes, de couvrir un peu le brouhaha des paroles portées par des arrivistes politiciens.

Voici donc le livre premier, "Reine", d’une série, "Les chevaliers ivres", qui comptera six autres volumes. Livre disponible en numérique sur amazon à http://www.amazon.fr/Reine-ebook/dp/B009Y6OVQU
Cela mettra en scène les mêmes personnages et mêmes situations vus sous différents angles, depuis les années 1980 jusqu’ à nos jours. La saga des réprouvés et marginaux plus ou moins politisés n’en n’est qu’à ses balbutiements.

Le livre II "Destin majeur" depuis le point de vue d’un mineur en fugue est en cours d’écriture.

Cordialement
Hivert Christian

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