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#Unity4j - J’ai appelé l’ambassade de l’Équateur et voici ce qui s’est passé

Je ne me suis intéressée à WikiLeaks que tardivement. Je me souviens d’avoir lu des articles sur Chelsea Manning et Julian Assange, et j’ai pensé bonne chance à eux. Mais c’était loin, et j’étais occupée avec des problèmes locaux. J’ai défendu les "Trois de Memphis Ouest" pendant dix-huit ans. Voyez-vous, je viens de l’Arkansas.

Mais il arrive parfois que le local rencontre le national. Chez moi, le local rencontre le national et le global sous la forme des Clinton. J’ai passé la majeure partie de ma vie sous leur règne. Quand j’ai appris qu’Hillary Clinton se présentait de nouveau à la présidence, j’ai été scandalisée.

J’ai mis toute mon énergie dans la campagne de Sanders. Je pensais qu’on avait une bonne chance. Peut-être que les gens étaient prêts à se lever et à exiger la normalité et la compassion.

Puis j’ai vu tout le mouvement Bernie se faire dévorer par Hillary. La fraude électorale, la suppression des électeurs, la collusion avec les médias et les hordes de trolls sur les médias sociaux étaient scandaleuses. J’ai pensé que si elle avait volé les primaires, Hillary volerait aussi l’élection.

Puis le miracle s’est produit – les documents de Wikileaks sont tombés comme un cadeau du ciel.

Vous n’avez pas idée à quel point ce fut précieux pour une dame de l’Arkansas qui en sait trop. J’avais maintenant des preuves, et je les ai utilisées. J’ai combattu ces trolls comme une Valkyrie. J’ai dit à tout le monde que je savais qu’Hillary était une criminelle. J’ai voté pour Stein [candidate des verts - NdT], mais en réalité j’ai voté contre Hillary. La corruption que j’ai vue dans mon État sous le règne de Clinton était incroyable. Je veux dire, vraiment... incroyable. Vous ne me croiriez pas si je vous le racontais.

Dès que j’ai appris les résultats des élections, j’ai éteint mon ordinateur et j’ai dormi pendant deux jours. Combattre les dragons est un travail épuisant.

Vous pouvez me détester et me blâmer pour Trump. Je m’en fiche. Je sais ce que je sais, et cette Clinton est une menace. Trump est un clown. Je le crains moins. C’est tout ce que j’ai à dire.

Je serai toujours reconnaissante envers WikiLeaks et à tous ceux qui offrent au public des documents qu’ils peuvent utiliser pour aider à combattre la corruption. Si vous le faites, vous aurez mon amour éternel, sauf si vous retournez votre veste.

Comme je l’ai dit, je suis nouvelle dans la défense d’Assange. Mais ce n’est pas mon premier rodéo. J’ai aidé à faire sortir de prison deux condamnés à perpétuité et un condamné à mort. D’habitude, je n’ai affaire qu’à des politiciens et à des bureaucrates. Défendre Assange c’est entrer dans un niveau supérieur de bizarrerie.

A l’époque du combat pour les Trois de Memphis Ouest (qui n’est pas vraiment terminé - je travaille à résoudre ces meurtres), les choses étaient simples. Soit vous étiez contre leur emprisonnement, soit vous étiez pour. A ma connaissance, il n’y avait rien entre les deux.

Ce n’est pas le cas de tous les supporters de WikiLeaks. WikiLeaks, je viens de vérifier, n’a pas tweeté depuis six jours [ce n’est plus le cas - NdT]. Assange est dans l’ambassade, et les gens semblent être dans un étrange état d’inaction. Ou plutôt, ils sont guidés vers des actions inutiles.

L’ACLU [organisation de défense des droits civiques aux Etats-Unus - NdT] vient de publier un nouveau rapport sur la torture. Il y a beaucoup de crimes odieux là-dedans, mais je pense que nous devrions nous demander comment cela affecte aussi notre société. Pensez aux "terroristes" comme à des sujets de tests pour les services de renseignement qui s’entraînent sur eux, complotant pour écraser la population.

L’ACLU a publié le rapport au moment même où je travaillais sur cet article. J’ai trouvé les descriptions terribles. Une partie ressemble à ce qui est infligé en ce moment même à Julian Assange.

Certaines personnes découragent les gens de surveiller l’ambassade. Ils disent que vous-même serez surveillés. Peu importe. Nous sommes déjà tous surveillés. C’est facile à comprendre. Mais les gens tombent dans le panneau.

Damien Echols dit que ce qui l’a sauvé dans le couloir de la mort, c’est le fait que le système savait qu’il était surveillé. Je pense que c’est très important.

De plus, il y a de fausses photos qui sont transmises par des comptes qui devraient être mieux informés. Je m’en suis rendue compte quand une personne croisée au hasard sur Twitter m’a posé des questions à ce sujet. Puis j’ai regardé la photo avec un regard neuf. C’était des[chefs [de cuisine] à l’ambassade. Moi aussi, j’étais captivée. J’ai cru ce qu’on m’avait dit. Je faisais confiance aux gens.

Ce n’est pas le genre de chose qui devrait arriver aux défenseurs de WikiLeaks. Nous sommes censés parler de vérité et de transparence, comme WikiLeaks.

Cette photo aurait pu être prise n’importe quand par n’importe qui. Et quand j’ai posé des questions, je me suis retrouvée devant un mur de silence. Et c’est là, chers lecteurs, que j’ai su que j’avais frappé juste.

Ils sont si sournois. Peu en sont conscients, comme lors d’un mauvais sort dans un conte de fées.

Je suis sûre que vous connaissez tous l’histoire du Roi pêcheur, mais je pense qu’il faut la rappeler.

[l’auteure raconte la légende du Roi Pêcheur et du malheur qui frappe le royaume parce que Perceval n’a pas osé poser la question... NdT]

Perceval passe des années et surmonte plein obstacles pour réparer son tort. Il finit par retrouver le Roi pêcheur et pose enfin la question. "Qu’est-ce qui te fait mal ?". Juste une question normale de la part d’une personne qui se soucie.

Mais ça a brisé le sort.

Le roi et le royaume retrouvèrent la santé.

[...] J’ai ce drôle de sentiment que quelque chose est en train de se passer. Mais je ne sais rien du tout. Tout ce que je sais, c’est ce que j’ai appris en militant pour les Trois de Memphis. Nous avions des soutiens du monde entier. Certains d’entre eux sont venus en Arkansas, mais la plupart ont fait autre chose. Ils ont passé des appels.

Appeler une prison pour demander des nouvelles du prisonnier est un comportement normal. Je l’ai fait plusieurs fois.

Cependant, certaines personnes ne veulent pas que vous appeliez cette ambassade. Ils m’ont dit d’avoir peur de la surveillance. Ils m’ont dit de ne pas m’impliquer dans des situations politiques délicates. Ils m’ont dit de rester à l’écart du drame.

Écoutez, chers lecteurs, quand quelqu’un vous dit de ne pas faire quelque chose de normale, c’est qu’il y a anguille sous roche. Je dis ça comme ça, c’est tout. Je savais que j’avais visée juste, alors j’ai téléchargé une application VOIP [téléphonie via internet – NdT] et j’ai acheté pour dix livres de communications. Il s’avère que j’ai surpayé. Chaque appel ne coûte que quelques centimes. Ça veut dire que j’ai une bonne réserve d’appels devant moi.

J’ai d’abord appelé le consulat. Les numéros sont sur le site Web de l’ambassade de l’Équateur, et j’ai choisi celui-là en premier.

Je n’ai pas enregistré les appels parce que je ne suis pas sûre que ce soit légal. Je ne veux pas avoir d’ennuis. Je veux juste aider. Alors j’ai pris des notes.

Au consulat, j’ai parlé à un quelqu’un nommé David. Je lui ai dit que je m’appelais Hope [Espoir - NdT] - Esperanza en espagnol - et que je voulais parler à Julian Assange. Il a ri et m’a dit que j’avais joint le consulat et que je devais appeler l’ambassade. [+44 20 7584 1367 - Ndt]

A l’ambassade, la femme qui a répondu au téléphone semblait un peu pressée. J’imagine que le travail dans une ambassade est très prenant. J’ai demandé à parler à Julian Assange, s’il vous plaît. Elle m’a dit qu’il faudrait une autorisation et m’a donné une adresse électronique.

J’ai écrit à l’adresse, et voici ce que j’ai reçu en retour :

Deux jours plus tard, j’ai rappelé. Une personne aimable a décroché. Elle a ri comme David quand je lui ai dit qui j’étais (au fait, j’avais entré toutes mes informations dans l’application, pour qu’ils puissent tout voir - je n’ai rien à leur cacher, et je suis un supporter de WikiLeaks, ce qui fait que je suis pour la transparence).

J’ai demandé à parler à Julian Assange, s’il vous plaît. Elle a voulu me donner l’adresse électronique, mais je lui ai dit que j’avais déjà essayé et que j’avais obtenue une réponse automatisée. Elle a dit qu’il choisit à qui il parle. J’ai demandé : "Julian choisit à qui il parle ?" Elle a dit oui. Puis je lui ai demandé s’il allait bien. Elle a ri et a dit oui.

C’est ce que j’ai vécu en appelant l’ambassade. Pas de croquemitaine. Certaines personnes sur Twitter m’ont embrouillée, alors je les bloque.

Ce n’est pas grand chose. Vraiment. Vous pouvez le faire aussi. Vous pouvez également appeler des bureaux en Équateur et d’autres bureaux au Royaume-Uni. Si vous ne pouvez pas vous rendre sur place, vous pouvez faire ce qu’il y a de mieux à faire et appeler.

Nous sommes tous Perceval, vous savez. C’est normal de poser des questions. Allez-y !

Hope K

Traduction "ça se dit "Hello, may I speak to Julian Assange, please ?" puis "Is he OK ?" et enfin "Thank you. Goodbye"... " par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

»» https://off-guardian.org/2018/11/17/i-called-the-ecuadorian-embassy-an...
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