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Venezuela : Reporters sans Frontières insinue que Chávez est trop légaliste ?



Dimanche 28 janvier 2007.


Reporters sans Frontières (RSF), avec une consistance digne d’éloge, poursuit son offensive propagandistique contre la Révolution bolivarienne du Venezuela. Sous le prétexte du non renouvellement de la concession jadis cédée par l’Etat à la chaîne privée Radio Caracas Televisión (RCTV), RSF porte de bruyantes attaques contre Chávez.

Apparemment, selon la logique à l’oeuvre chez RSF, si un Etat donne une concession à une chaîne pour occuper l’espace hertzien, cet Etat perd définitivement tout droit à pouvoir un jour récupérer cet espace. Rassurez-vous : cette conception élargie de la liberté de la presse n’est par RSF brandie que dans le cas du Venezuela. Evidemment, sinon cela poserait de sérieux problèmes. Avec une telle logique, toutes les télévisions russes seraient encore communistes ; tous les medias espagnols seraient encore franquistes...

Cette philosophie de la liberté de la presse à géométrie « variable », tout à fait arbitraire, est vraiment déroutante pour les gens sincèrement inquiets du respect des droits des journalistes et des citoyens de façon générale. Cependant cette philosophie -à géométrie « variable » si on s’en tient aux prétextes avancés- comporte de solides linéaments universels : RSF intervient toujours en défense des intérêts impérialistes. Voilà pourquoi, si on s’en tient aux archives de RSF, jamais un journaliste révolutionnaire sankariste n’a été chassé des medias burkinabé, jamais un journaliste sandiniste n’a été chassé des medias nicaraguayens, jamais un journaliste indépendantiste n’a été chassé des medias portoricains... RSF ne dénonce jamais les attaques contre la liberté de la presse commises par les amis de l’impérialisme, sauf bien entendu dans les cas les plus flagrants, déjà connus, qui pourraient confondre l’ONG dans son parti pris.

Aujourd’hui l’ONG RSF, pour lui faire part de son inquiétude, adresse un énième courrier à Chávez [1]. Ce courrier n’est pas totalement inintéressant, et pas non plus totalement morne -disons-le- : il est même comique. RSF avoue connaître le rôle de la chaîne RCTV lors des « événements » d’avril 2002 : « Nous n’ignorons pas l’attitude de RCTV et d’autres médias privés lors du coup d’Etat d’avril 2002. Cependant (...) » On peut donc enfin demander, nous qui croyions naïvement que RSF avait été victime de la censure, pourquoi RSF n’a jamais condamné le comportement de RCTV. RCTV et les autres télévisions issues de la IVème République ont en effet été les fers de lance du coup d’Etat fasciste. Marcel Granier, PDG de RCTV qui aujourd’hui prétend représenter la résistance au « totalitarisme » chaviste, se trouvait parmi les putschistes dans le palais présidentiel de Miraflores le vendredi 12 avril 2002. Plus généralement sur le rôle des medias de la IVème République lors du coup d’Etat fasciste d’avril 2002, notre religion est faite.

Le vendredi 12 et le samedi 13 avril 2002, alors qu’ils pensaient le peuple bolivarien définitivement vaincu, ils se répandaient en fanfaronnades télévisées, prétendant s’attribuer le plus de mérites possibles dans la réalisation du coup d’Etat - fanfaronnades qui sont aujourd’hui autant d’aveux. On pouvait voir sur les écrans les militaires putschistes célébrer, remercier et féliciter les medias de la IVème République -dont RCTV- pour leur rôle décisif. Leur rôle a été décisif en effet, dans la guerre psychologique, dans la manipulation de l’information, dans la fanatisation de la bourgeoisie... Jamais RSF n’a émis la moindre réserve sur ce drôle de mariage entre « les journalistes » de télévision et les militaires fascistes, ne serait-ce que pour mettre en garde quant au discrédit encouru. Les putschistes -soutenus par RCTV- avaient fermé la chaîne Venezolana de Televisión (VTV, dite Canal Gocho), la seule chaîne qui n’était pas impliquée dans le coup. Jamais RSF n’a émis la moindre condamnation, ou la moindre réserve -y compris a posteriori. RSF confesse donc aujourd’hui ne rien ignorer du rôle de RCTV dans tous ces « événements », mais on attendra probablement encore longtemps la moindre réprobation.

«  (...) coup d’Etat d’avril 2002. Cependant, la mesure révocatoire contre le groupe audiovisuel intervient près de cinq ans après ces événements [sic]. » Brandissant une sorte de délai de prescription arbitraire, inventé à brûle-pourpoint, RSF semble dire à Chávez « c’est vrai que RCTV a eu rôle fascisant, en incitant à la confrontation violente, en fermant des medias, en participant au renversement d’un gouvernement démocratique et autres ""événements’’, mais cela remonte à près de cinq ans ». Donc RSF doit maintenant prétendre ignorer le rôle postérieur de RCTV.

Après avril 2002 RCTV ne s’est pas comportée comme une chaîne civique et démocratique, mais a soutenu sans faille toutes les nouvelles embardées putschistes. En octobre 2002 par exemple RCTV a soutenu le soulèvement militaire de la Plaza Francia [2]. En décembre 2002 et janvier 2003 les medias de la IVème République ont joué un rôle stratégique dans l’offensive contre les institutions, contre l’économie et contre la société. Et le reste à l’avenant, jusqu’à nos jours, même s’il est certes vrai que l’exaltation fanatique des arrogants nostalgiques de la IVème s’est retournée contre eux. Pour mobiliser la petite bourgeoisie les medias lui faisaient croire que Chávez était sur le point de tomber. Pour aider à la désertion dans l’industrie pétrolière, les medias faisaient croire que jamais les chavistes -ignares presque par définition- ne pourraient faire repartir l’entreprise PDVSA. Tant de défaites et tant d’irrationalité ont, malgré tout, fait lever quelques sourcils dans les rangs des bases aujourd’hui clairsemées de l’opposition.

RSF fait de plus semblant d’ignorer que la concession donnée par l’Etat à RCTV expire en mai 2007 et qu’elle n’expirait pas en mai 2002. Ou bien RSF eut voulu que Chávez fermât RCTV en mai 2002 hors de toute légalité ? RSF semblerait, comme certains courants révolutionnaires, reprocher à Chávez d’être trop légaliste. Que n’eussions-nous pas entendu si Chávez s’était avisé de prendre une décision si arbitraire... fermer un media putschiste... Selon cette logique -celle de RSF, non celle de Révolution bolivarienne- Chávez devrait dès maintenant fermer Globovisión. Peut-être que dans cinq ans, temps d’incubation nécessaire apparemment, RSF avouera ne rien ignorer du fait que la concession légale de RCTV expirait en mai 2007.

Les medias communistes ont perdu pied en Russie, les medias franquistes ont presque disparu en Espagne, les medias de la IVème République -pro-impérialiste et répressive- ne peuvent pas durer éternellement. Loi d’airain de la sociologie médiatique plus qu’attentat contre la liberté de la presse.

Numancia Martà­nez Poggi



Nouvelle tempête de mensonges du Monde contre la révolution vénézuélienne, par Thierry Deronne.

Cuba : Reporters Sans Frontières et ses contradictions, par Salim Lamrani.

Venezuela - Affaire RCTV et nationalisation de la CANTV : mensonges médiatiques et éclairage, par Romain Migus.






[1Lettre titrée : « Au nom du pluralisme des médias, Reporters sans frontières en appelle au président Hugo Chávez », 25 janvier 2007 www.rsf.org.

[2La Plaza Francia, immense place de Caracas, en plein coeur du quartier huppé d’Altamira dans la municipalité de Chacao, a été inaugurée par François Mitterrand en 1989 quelques mois après le biblique massacre commis par Carlos Andrés Pérez. Les deux compères de l’Internationale Socialiste prétendaient ainsi célébrer le bicentenaire de la Révolution française, mais ce sont ceux qui descendirent des collines quelques mois avant pour revendiquer le droit à une vie digne qui étaient les vrais continuateurs, les vrais frères, des porteurs des Cahiers de Doléances de 1789.


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Le Joueur. Jérôme Kerviel seul contre tous
BLANRUE, Paul-Eric
Chris Laffaille, journaliste à Paris-Match, et moi venons d’écrire un livre consacré à Jérôme Kerviel : Le Joueur, Jérôme Kerviel seul contre tous (Scali, 2008). Il s’agit de la première enquête de l’intérieur sur cette incroyable gabegie, qui coûté 5 milliards d’euros à la Société générale (Socgen). Pourquoi un livre sur cette affaire ? Parce que les grands médias ne sont pas parvenus à faire leur job, et notamment à interviewer certaines personnes dont nous avons réussi à obtenir le (…)
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« (...) on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. »

Karl Marx, Friedrich Engels
Manifeste du Parti Communiste (1848)

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