RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

8 mai 1945 : l’État français massacre des dizaines de milliers d’Algériens à Sétif, Guelma et Kherrata

Cette année « l’anniversaire » des massacres coloniaux de Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie résonne de façon particulière avec l’actualité à Gaza. Hier et aujourd’hui l’impérialisme et le colonialisme mettent le monde à feu et à sang.

L’autre 8 mai 1945. Comme chaque année, ce mercredi, il n’était pas question d’évoquer lors des « commémorations officielles » l’un des épisodes les plus sanglants de l’histoire de la répression coloniale française. Le 8 mai on « célèbre l’armistice ». Et rien d’autre. En 1945 pourtant, à plusieurs centaines de kilomètres de la liesse populaire des rues parisiennes, l’État colonial répondait à une mobilisation indépendantiste en massacrant encore et encore.

Quelques jours plus tôt, le 1er mai, le Parti populaire algérien, appelle le peuple algérien à manifester pour son indépendance à l’occasion de la journée Internationale des travailleurs. La mobilisation se poursuit le 3 mai à Annaba, le lendemain de la conquête de Berlin par les Alliés, et le 4 à Guelma. Le 8 mai 1945, à huit heures du matin, plusieurs milliers de manifestants « indigènes » se rassemblent à Sétif. À 9h25, Saal Bouzid, un jeune homme algérien, est assassiné par un policier français.

Saal Bouzid est « coupable » : il a osé demander l’indépendance de son pays et la libération du leader nationaliste, Messali Hadji. En réaction, les jours qui suivent, la révolte s’étend tandis que la colère rentrée d’un siècle d’humiliations et de privations explose. L’Etat français use de tous les moyens de répression à sa disposition. Le général Duval engage l’aviation et la marine. La boucherie commence.

Le Monde Diplomatique relate les faits. « Les civils européens et la police se livrent à des exécutions massives et à des représailles collectives. Pour empêcher toute enquête, ils rouvrent les charniers et incinèrent les cadavres dans les fours à chaux d’Héliopolis ». Quant à l’armée, son comportement fera dire à un spécialiste, Jean-Charles Jauffret, que son intervention « se rapproche plus des opérations de guerre en Europe que des guerres coloniales traditionnelles ». En quelques jours, dans la la région de Bejaia, 15 000 femmes et enfants sont assassinés. A Kherrata, les cadavres des manifestants sont jetés dans le fleuve par des camions de l’armée coloniale.

Au total, plus de 45 000 algériens seront tués d’après le Parti populaire algérien. Des chiffres que l’État français n’aura de cesse de minimiser, contre les conclusions de la plupart des publications d’historiens. Soixante-dix-neuf ans plus tard, il refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans les massacres. Cette année encore Macron, en dépit de la commande cosmétique d’un rapport à Benjamin Stora sur la mémoire de la colonisation, aura encore tu la répression coloniale et sanglante lancée à partir du 8 mai 1945.

Pour le chef de l’État, comme pour ses prédécesseurs, le « 8 mai » n’a qu’une seule et unique fonction : entretenir, à grand renfort de drapeaux tricolore et de Marseillaise, la mythologie hexagonale selon laquelle la France (selon l’expression consacrée), « fille aînée de la Révolution et des droits de l’Homme » a su rester, malgré les épreuves et l’Occupation, fidèle à des « glorieuses traditions ». Et à faire oublier, « en même temps », que le déchaînement de la répression de mai 1945 dans le Constantinois a exprimé la réalité crue de l’État colonial.

Un double exercice de « mémoire » où plutôt de travestissement mémoriel qui joue un rôle clé à l’heure du génocide à Gaza. C’est que ce 8 mai 2024, l’Etat français tue encore au nom du colonialisme et de l’impérialisme. Aux côtés d’Israël et des Etats-Unis. Et en disqualifiant tous ceux qui ont « l’audace » (à nouveau) de se battre pour la fin d’un génocide et le droit d’un peuple à l’autodétermination.

Mais le 8 mai 1945 nous donne une autre leçon. La sauvagerie dont les colons firent preuve tout au long de ce mois sanglant préfigura la guerre d’Algérie à venir, ainsi que l’acte de naissance du FLN, le 1er novembre 1954. Le peuple algérien avait « appris », c’est-à-dire pris conscience de l’impossibilité du dialogue et du pacifisme face à la barbarie coloniale. Quelques années plus tard, il mènera sa « révolution ». Contre l’occupant français.

Si l’histoire ne se répète jamais, elle récidive souvent et comme l’Algérie et le Vietnam, dont on fêtait hier la victoire de Diên Biên Phu, il est à espérer que la Palestine sortira de la nuit des massacres pour parvenir à sa révolution.

»» https://revolutionpermanente.fr/8-mai-1945-l-Etat-francais-massacre-de...
URL de cet article 39571
  

Hélène Berr. Journal. Paris, Tallandier, 2008.
Bernard GENSANE
Sur la couverture, un très beau visage. Des yeux intenses et doux qui vont voir l’horreur de Bergen-Belsen avant de se fermer. Une expression de profonde paix intérieure, de volonté, mais aussi de résignation. Le manuscrit de ce Journal a été retrouvé par la nièce d’Hélène Berr. A l’initiative de Jean Morawiecki, le fiancé d’Hélène, ce document a été remis au mémorial de la Shoah à Paris. Patrick Modiano, qui a écrit une superbe préface à ce texte, s’est dit « frappé par le sens quasi météorologique des (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire, car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin.

Henry Ford (1863-1947)

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.