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La chute de l’URSS et l’illusion du paradis capitaliste

Les maîtres de l’Occident collectif ont mené habilement une guerre (froide) de l’information contre l’URSS. Diverses unités de la future cinquième colonne ont été soutenues et constituées : des dissidents aux séparatistes nationaux en passant par des « mafieux » purs et simples. L’opposition religieuse a également été soutenue de l’étranger. Les baptistes, les pentecôtistes et les adventistes menèrent des activités subversives actives. Des imprimeries clandestines furent créées. Des dissidents orthodoxes sont également apparus. Des documents ont été distribués, racontant des histoires, où la vérité se mêlait, savamment, aux mensonges. Pour œuvrer à saper l’URSS, diverses personnalités furent utilisées, parmi eux : Alexandre Soljenitsyne, anticommuniste, réactionnaire et menteur patenté.

L’influence de l’information sur l’URSS n’est pas uniquement le fruit de l’opposition politique, et de la cinquième colonne. Cela est également venu des citoyens soviétiques, bien malgré eux. L’Occident a profité que l’URSS lance la production en série de récepteurs à transistors. En conséquence, toute personne possédant une radio pouvait écouter de la musique et des « voix » étrangères. C’est alors que la « révolution des bandes » a commencé. L’influence étrangère a pénétré à travers d’autres pays socialistes. Ils avaient plus de liberté pour communiquer avec les pays capitalistes. Et grâce à eux, divers livres et magazines, musiques et films ont pénétré en Union Soviétique. Y compris l’érotisme et la pornographie. Des films étrangers ont également été projetés en URSS. Les citoyens soviétiques voyaient dans la « liberté », une « vitrine du capitalisme », où chaque occidental (comme dans les films) avait la possibilité de disposer d’un large choix de vêtements différents, d’appareils électroménagers, d’une voiture personnelle, d’une villa, d’une piscine, etc.

Tout cela s’est avéré bien plus efficace que la propagande directe d’État qui parlait des horreurs du capitalisme. L’image du « paradis » capitaliste s’est révélée plus attrayante et plus belle. Désormais, l’ouvrier ou l’employé soviétiques savaient que « le monde capitaliste est merveilleux ». Tout cela a eu une influence particulièrement efficace sur la jeune génération, qui ne connaissait pas la guerre, les difficultés d’avant et d’après-guerre. Le « peuple » se mit à copier l’occident, pendant que « l’intelligentsia » était attirée par les fameuses « valeurs humaines universelles ». En conséquence, la société de consommation soviétique, qui avait perdu les véritables idéaux du communisme, a évidemment perdu au profit de la « vitrine du capitalisme ». Les citadins soviétiques qui rêvaient d’un « paradis » de la consommation, n’ont pas vu qu’ils étaient dirigés par des traîtres qui rêvaient de privatiser la propriété du peuple : les futurs oligarques de l’ère Eltsine !

Ebloui par les « lumières » de la démocratie occidentale, certains ont choisi d’émigrer. Il s’agissait, surtout, de dissidents expulsés, de transfuges et de ceux qui sont partis légalement. Des juifs russes, des touristes, des artistes, des athlètes, des personnalités culturelles, des participants à diverses conférences et des délégations qui ont décidé de ne pas revenir. La plupart de ce public n’était pas « politisé ». Ces gens recherchaient simplement une vie « de rêve ». Ils rêvaient de l’abondance occidentale et voulaient rester dans la « vitrine du capitalisme ». Comme aujourd’hui, les habitants d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine se précipitent vers ce « paradis ». Les artistes rêvaient d’une « liberté de création », qui, bien entendu, devait y être bien payée. Dans la presse occidentale, à la télévision, dans les « voix » diffusées en Russie soviétique, cela a été présenté de telle manière que les meilleurs représentants de la culture, du sport, etc. ont choisi la « liberté ».

De fil en aiguille, cela a fini par la dissolution de l’URSS. Après Staline, ni Kroutchev, ni Brejnev n’ont été à la hauteur d’un véritable projet socialiste. Contrairement aux idées reçues, c’est bien la renonciation aux principes essentiels du socialisme, sous Gorbatchev, et non pas le socialisme lui-même qui a provoqué la crise finale. C’est de 1987 à 1991 que les pénuries se multiplièrent, que les étagères des magasins se vidèrent, que les salaires ne furent pas toujours versés. Pas avant. C’est le développement d’un courant de pensée réformiste social-démocrate, qui s’est peu à peu rapproché des « valeurs » économiques occidentales. Le coup d’état d’Eltsine en 1991 à donné le feux vert au pillage du pays à grande échelle, sous les applaudissement de l’Occident. Les conseillers étasuniens avaient, alors, leur entrée au Kremlin pour conseiller le nouveau gouvernement. La population manquait de tout, le chômage et la misère font leur apparition : bienvenue dans le monde rêve des capitalistes ! En 2000, Vladimir Poutine devient président de la Fédération de Russie, et peu à peu le pays se redresse. Si, au début, il redouble d’effort pour se rapprocher de l’Occident, il finira par comprendre que l’Occident ne veut de la Russie que comme fournisseur de matière première aux services de ses multinationales. La crise ukrainienne lui enlève ses dernières illusions.

La civilisation soviétique, qui était la civilisation la plus avancée de la planète, a été détruite. Les citoyens se sont vite retrouvés sans rien, mais il était trop tard. Vous ne pouvez pas ramener le passé. Demandez à un russe, aujourd’hui ce qu’il en pense ? Pour lui la démocratie c’est l’ère Eltsine, c’est le chômage, les prix qui s’envolent, la difficulté de se loger, de se nourrir, l’abandon de la santé gratuite, les oligarques qui pillent le pays. Pour lui, la démocratie de l’eldorado capitaliste c’est une catastrophe ! Il aurait du tout simplement écouter John Maynard Keynes, qui savait de quoi il parlait : « Le capitalisme, c’est la croyance stupéfiante selon laquelle les pires des hommes vont faire les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde ». Aujourd’hui, à part les restes de la cinquième colonne et les bobo-libéraux de Saint Pétersbourg et Moscou, personne en Russie ne rêve d’occident. Tandis que l’on assiste au retour d’une nostalgie de l’URSS. La roue tourne !

Notes :

« Cinquième colonne », cette expression désigne depuis les années 1930 tous les ennemis cachés à l’intérieur d’un pays en guerre, en général financé par des puissances extérieures qui ont intérêts à la guerre ou au renversement des dirigeants du pays.

Alain Juillet, ex patron des services secrets DGSE sur la Russie.

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