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Le système d’interception électronique observe le monde entier.

La France, un nid d’espions alliés

Photo : Thomas Coex/AFP

La délégation parlementaire au renseignement remettait, hier, un rapport au président de la République sur la vulnérabilité des entreprises françaises en matière d’espionnage.

Mata Hari semble avoir fait des petits. Hier, la délégation parlementaire au renseignement remettait au chef de l’État un rapport sur la protection du secret des affaires. Et le constat est édifiant. Contrairement à la plupart de ses partenaires économiques, la France ne dispose d’aucun arsenal législatif permettant de protéger ses entreprises contre l’espionnage. À l’heure actuelle, les sociétés nationales sont attaquées à grande échelle de façon tout à fait légale et exponentielle. Ordinateurs volés, systèmes informatiques pénétrés, raids capitalistiques lors d’une opération de financement, transferts de technologies abusifs... En la matière, « l’ami » nord-étasunien n’est pas en reste.

Grâce à la procédure légale de « justice par le deal », des cabinets d’avocats étasuniens sont autorisés à enquêter au sein des entreprises étrangères sur les faits de corruption ou de manipulations financières afin d’éviter aux sociétés la mauvaise publicité que pourrait entraîner un long procès ou l’impossibilité d’entrer sur le marché étasunien. Cette justice négociée est une porte d’entrée sans pareil aux espions en tout genre qui récupèrent à l’occasion des documents confidentiels. «  On peut y voir une forme d’hommage à l’inventivité française mais on s’aperçoit surtout que la France n’a pas d’amis, pas d’alliés, que des intérêts et nous sommes très mal défendus  », estimait, hier matin, Jean-Jacques Urvoas, président de la délégation parlementaire au micro de France Inter. 30 % des faits d’espionnage dans le domaine de la recherche fondamentale viendraient ainsi de pays alliés, note le rapport. Renault, Bolloré, Valeo, Michelin, l’aéronautique, l’industrie pharmaceutique... les affaires d’espionnage industriel dans les entreprises françaises sont légion. En 2013, deux ressortissants allemands avaient été pris en flagrant délit d’intervention sur des bornes de rechargement du système Autolib de voitures électroniques en libre-service de l’agglomération parisienne pour le compte d’un sous-traitant de BMW.

Les services secrets invités à investir dans le domaine des renseignements

Depuis les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden, on savait en réalité que l’Agence de sécurité nationale étasunienne (NSA) ne s’embarrassait d’aucun complexe lorsqu’il s’agissait d’utiliser une partie des informations collectées afin d’améliorer la compétitivité internationale des sociétés américaines ou d’accroître leurs bénéfices. En clair, le système d’interception électronique, tourné vers le bloc soviétique, observe désormais le monde entier. Et donne par exemple un sérieux coup de pouce à l’industrie américaine, inquiète de sa perte de leadership dans le domaine de l’aérospatiale.

Le rapport préconise ainsi des amendements à la loi Macron sur la croissance et l’activité. Le Code du commerce pourrait par ailleurs être assorti d’un volet relatif au secret des affaires. À Bercy également, les mouchards sont les bienvenus. Le document de la délégation parlementaire précise qu’il n’existe «  strictement aucune culture de la sécurité au sein des ministères financiers. Les règles les plus élémentaires de sécurité sont considérées comme superflues et handicapantes, sources de coûts et de perte de temps  ». Le député socialiste du Finistère juge que les services secrets français seraient également bien inspirés d’investir dans le domaine du renseignement économique. «  Aujourd’hui, l’information est une arme dans la bataille, nos services de renseignements doivent pouvoir servir d’appui à un certain nombre d’entreprises  », explique Jean-Jacques Urvoas. Après l’affaire Snowden, il n’y avait, semble-t-il, que l’ancien secrétaire à la Défense de George W. Bush et Barack Obama, Robert Gates, pour assurer que les pires espions, après les Chinois, étaient les Français qui, depuis Louis XIV, étaient habitués à se faufiler dans les chambres d’hôtel des dirigeants étasuniens afin de récupérer des informations. La délégation parlementaire au renseignement semble être d’un autre avis.

Une NSA chinoise ? Au début du mois, l’Obs révélait l’existence d’un centre d’écoute des services de renseignements chinois, situé en banlieue parisienne. « C’est une totale invention ! Ces installations ne font qu’assurer le système de communications de l’ambassade. Cela permet des connexions sécurisées. Cela a été fait en totale conformité avec la législation française », s’est emportée la représentation diplomatique chinoise à Paris.

LINA SANKARI

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