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Thème : Italie

Sur le fascisme et ses métamorphoses

Alberto BURGIO

Aujourd'hui, je voudrais revenir à la question du fascisme - de sa connotation essentielle, et donc de sa relation avec la modernité, le capitalisme, le régime bourgeois, l'État de droit, la démocratie. Je n'hésiterai pas à me pencher sur le problème du racisme dans une intervention ultérieure, en accordant une attention particulière à la tragédie spécifiquement moderne et spécifiquement européenne de l'antisémitisme, qui a resurgi avec une actualité tragique dans le cadre du nouveau chapitre de l'interminable guerre israélo-palestinienne

Deux questions Dans le dernier article publié dans Scatola Nera, j'ai écrit qu'après les 30 à 40 années de réaction aux conquêtes réalisées par le mouvement ouvrier au cours des 30 années d'après-guerre, nous nous trouvons dans une phase de "néofascisation" de la plupart des pays occidentaux ; et j'ai suggéré que la phase actuelle est probablement la "vérité" de la phase précédente : il ne s'agit pas d'un simple accident transitoire, bien entendu. En ce sens, la régression vers des régimes autoritaires, “ populistes ” (je mets des guillemets en raison de l'ambiguïté du terme), essentiellement post ou néo-fascistes dans certaines parties de l'Europe ne devrait pas être comprise de manière optimiste comme un faux pas plus ou moins accidentel et épisodique, mais comme un accomplissement, comme l'établissement d'un ordre stable destiné à se consolider dans un avenir proche. D'autant qu'aux pays que j'ai cités dans l'article s'ajoutent de nombreux autres (Autriche, Belgique, (…) Lire la suite »
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Entre Tim et la Cassa Depositi e Prestiti, les mains de Petraeus et de l’ex-CIA sur les actifs stratégiques de l’Italie

Giuseppe GAGLIANO

[TIM est l'opérateur historique de réseaux de télécommunications en Italie. Comme France Télécom, il a été privatisé dans les années 1990 et est aujourd'hui une société cotée en bourse dans laquelle l'État italien détient une participation. Cassa depositi e prestiti est le correspondant italien de la Caisse des dépôts et consignations.] L'acquisition du réseau de télécommunications italien de TIM par le fonds étasunien KKR et le fait de confier les activités d'intelligence économique de la Cassa Depositi e Prestiti à Globintech, une société de cybersécurité dirigée par d'anciens cadres de la CIA, soulèvent des questions préoccupantes quant à la souveraineté technologique et à la sécurité nationale de l'Italie. Ces deux événements mettent en lumière une tendance inquiétante : l'influence croissante d'entités étrangères, liées aux services de renseignement et militaires étasuniens, sur les secteurs stratégiques italiens.

L'affaire TIM L'acquisition du réseau TIM, qui passera par FiberCop puis par Optics BidCo contrôlé par KKR, représente une étape cruciale. Le groupe de réflexion qui soutient KKR dans l'analyse des scénarios géopolitiques et mondiaux, le KKR Global Institute, est dirigé par David H. Petraeus, ancien directeur de la CIA et général ayant fait une longue carrière dans les forces armées des EU. Petraeus n'est pas seulement un homme d'affaires, sa présence symbolise un lien direct avec les structures de pouvoir et de renseignement des États-Unis. Le réseau de télécommunications est l'une des infrastructures les plus critiques pour une nation, et son contrôle par une entité étrangère, surtout avec de telles connexions, met en péril la sécurité des communications et l'autonomie décisionnelle du pays. Globintech et l'intelligence économique Parallèlement, la Cassa Depositi e Prestiti a passé un contrat avec Globintech pour la fourniture de services de renseignement en matière de (…) Lire la suite »

Lettre de Rome d’un E-C

Kaddour NAÏMI

Chers parents, je vous écris de Rome, un jour comme les autres, Rome, la capitale des riches, des Occidentaux, des Chrétiens, avec un Pape E-C, c’est-à-dire Extra-Communautaire : il vient d’Argentine. Les Italiens appellent ainsi les Étrangers provenant des pays pauvres, pauvres parce que, dans le passé, les Européens, militairement plus forts, les avaient agressés et pillés.

À Rome, les immigrés vont et viennent depuis que les Romains, voilà deux mille ans, envahissaient les pays étrangers et amenaient à Rome des esclaves : noirs, blancs, bruns, juifs et tant d’autres. Au point qu’aujourd’hui, à la vue d’un citoyen romain, « de plus de sept générations », comme ils disent ici, on ne peut pas affirmer l’identité de ses ancêtres, avec tout le minestrone constitué entre les peuples pendant l’empire romain, et sa production d’enfants légitimes, enfants naturels, enfants de citoyens libres, enfants d’esclaves et enfants de personne. Pourtant, un général italien affirma dernièrement : l’italianité se prouve par la blancheur de la peau. Connaît-il vraiment l’histoire de l’Italie ? Possède-il une bonne vision oculaire ? Une fois, un garçon m’amusa jusqu’au rire. Il leva le bras pour le salut fasciste et cria : « Vive la race blanche ! ». Pourtant, ses cheveux noirs et sa peau foncée ressemblaient aux miens. Je sourirais si quelque descendant d’esclaves, pas (…) Lire la suite »
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Les globalistes contre les souverainistes

Stefano AZZARA

Un conflit entièrement interne aux classes dirigeantes.

Puisque vous êtes marxiste, je commencerai par la critique. L'un des paradigmes interprétatifs qui s'affirme clairement, non seulement parmi les représentants de l'establishment (le directeur du Wall Street Journal, Gerard Baker, l'a déclaré il y a quelques semaines dans une interview au Corriere della Sera) mais aussi parmi de nombreux camarades, concernant la réaction qui monte en Occident contre ceux qui ont gouverné la mondialisation au cours des 20 dernières années, est celui selon lequel l'affrontement fondamental n'est plus entre la droite et la gauche, mais entre les populistes et les mondialistes. Ici, par rapport à cela, quelle est votre analyse ? Je considère que cette approche, qui semble nouvelle mais qui, en réalité, est apparue sur la scène politique et culturelle à de nombreuses reprises, non seulement au XXe siècle mais déjà au XIXe siècle, est profondément erronée, pour ne pas dire qu'elle présente un grand danger. La véritable différence avec le passé est que, (…) Lire la suite »

Général Fabio Mini : L’Ukraine à genoux et l’Europe confrontée au prix du gaz

Fabio MINI

Entretien avec le général Fabio Mini. La guerre en Ukraine se poursuit sans qu'aucune fin ne soit en vue. Mais depuis février 2022, date du début de cette dernière phase sanglante, beaucoup de choses ont changé, sur les lieux de la guerre et dans le scénario international. Il existe, à cet égard, des analyses critiques même au sein des forces armées déployées dans les combats. Notamment aux États-Unis, mais pas seulement. Parmi d'autres, celle qui se distingue en Italie est celle de Fabio Mini, général de corps d'armée à la retraite, ancien chef d'état-major du Commandement de l'OTAN pour l'Europe du Sud et, d'octobre 2002 à octobre 2003, commandant des opérations de maintien de la paix dirigées par l'OTAN au Kosovo, dans le cadre de la mission de la KFOR (Force pour le Kosovo). Mini intervient dans le débat public depuis vingt ans (son premier livre, La guerra dopo la guerra. Soldati, burocrati e mercenari nell'epoca della pace virtuale, publié par Einaudi) et collabore avec divers journaux, dont Limes, la Repubblica et il Fatto Quotidiano. Plus récemment, il a publié Europe en Guerre pour Paper First. Giorgio Monestarolo l'a interviewé sur la situation en Ukraine pour Volere la Luna.

Un an et demi après le début du conflit en Ukraine, la guerre semble se limiter à des moyens conventionnels. Selon de nombreux observateurs, cela signifie que la "dissuasion" fonctionne, c'est-à-dire que la crainte d'un conflit nucléaire maintient la guerre dans un cadre gérable. Dans votre livre, Europe en Guerre, vous estimez au contraire que la dissuasion ne fonctionne pas et que le risque d'escalade nucléaire est réel. Que la dissuasion n'ait pas fonctionné est un fait. La dissuasion fondée sur la menace d'un recours à la force a échoué avant le déclenchement des hostilités, lorsque les États-Unis et l'OTAN ont rejeté les demandes russes d'accord sur les mesures de sécurité en Europe. À ce moment-là, il a été confirmé que le conflit ne pouvait être évité : la dissuasion a pris fin. La Russie et l'OTAN ont voulu montrer qu'elles ne sont pas du tout dissuadées, même par l'utilisation d'armes nucléaires. Les classifications de la dissuasion stratégique (armes nucléaires), (…) Lire la suite »
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L’inadéquation du gouvernement et de nos tâches

Francesco MARINGIO

[Contexte : en 2019, sous le gouvernement jaune-vert composé du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, le gouvernement Conte a signé un mémorandum pour la participation du pays à la Route de la soie chinoise. L'importance de cette signature était donnée par le fait que l'Italie était membre de l'OTAN, du G7 et membre fondateur de l'Union européenne. Par la suite, le parti 5 étoiles a rompu l'alliance avec la Ligue et en a formé une autre avec le PD et d'autres partis. Le Premier ministre, cependant, restait toujours Giuseppe Conte, de 5 Stelle. Les gouvernements suivants ont tenté de ne pas mettre en œuvre le mémorandum, malgré les avantages qu'il aurait apportés au pays. Le gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni prévoit de l'annuler.]

Depuis la fin des restrictions liées à la pandémie, les activités institutionnelles entre l'Europe et la Chine ont repris à un rythme soutenu, les délégations chinoises arrivant en nombre sur le vieux continent (et en Italie) au cours des derniers mois et les principaux dirigeants européens s'envolant pour Pékin. De Scholz à Macron, de Sanchez à Von der Leyen, d'Orban à Vucic, etc. Moins l'Italie qui, cette semaine encore, a envoyé son ministre des affaires étrangères Tajani appeler à une relance du partenariat stratégique entre les deux pays, prélude au retrait de l'Italie de l'initiative "la Ceinture et la Route". Soyons clairs : l'Italie est entrée dans la Route de la soie grâce au travail effectué par les 5 Étoiles dans le premier gouvernement Conte, la Ligue tentant in extremis de casser le banc, mis en place (avec beaucoup d'engagement) également par " son " sous-secrétaire Geraci. Mais à partir de là, ce fut une course d'obstacles, des morceaux de la majorité boycottant (…) Lire la suite »

Sur la Chine

Gianni FRESU

Gianni Fresu est l'un des principaux spécialistes italiens de Gramsci. C'est précisément pour cette raison qu'il a dû lutter pour trouver une place dans l'académie italienne. Après des années de petits boulots, malgré ses études et sa valeur, il a finalement réussi à trouver une place dans une université brésilienne. Il a vécu et raconté les années où l'extrême droite était au pouvoir au Brésil et la répression anti-marxiste dans les universités. Il y a un an, il a trouvé une place dans une université sarde, sa terre d'origine (ainsi que celle de Gramsci). Au cours des années précédentes, il a été secrétaire régional du Partito della Rifondazione Comunista.

Comme Losurdo l'a répété à maintes reprises, si l'URSS a perdu le défi technologique face à l'Occident, la Chine est en train de le gagner, ou du moins de ne pas succomber. Cela remet en cause l'un des clichés les plus répandus de la rhétorique libérale : la supériorité supposée (en termes d'efficacité, de capacité de croissance et de progrès technique) des sociétés dans lesquelles toutes les relations sociales sont définies par l'autorégulation "naturelle" des lois du marché. Certes, il y a aussi de grandes contradictions dans la Chine d'aujourd'hui, mais il ne pouvait en être autrement pour une nation qui, en soixante-dix ans, est passée d'un sous-développement féodal et prémoderne à une croissance incroyable de ses forces productives. Un saut historique au cours duquel la Chine s'est libérée des chaînes historiques du colonialisme (direct et indirect), grâce auquel elle a avant tout vaincu la faim sur son territoire national (et si la balance mondiale n'a pas été négative ces (…) Lire la suite »

L’automne prochain

Marco Pondrelli

Marx 21 est un site et une association du marxisme-léninisme italien. Il a poursuivi le travail réalisé au cours des dernières décennies par l'Interstampa (proche de l'Union soviétique) et l'Ernesto. Contrairement au passé où il représentait un courant du PCI (informel, car il n'était pas autorisé, mais important pour tenter d'empêcher sa disparition) et de Rifondazione Comunista, aujourd'hui Marx 21 n'est lié à aucun parti ou mouvement. Le site accueille également des contributions de personnes de gauche non communistes, lorsqu'elles soutiennent la ligne du site, et il organise des débats locaux, des présentations de livres et des fêtes de l'association.

Certains experts et hommes politiques italiens ressemblent beaucoup à Kamasuka, le soldat japonais protagoniste du film Who Finds a Friend Finds a Treasure avec Bud Spencer et Terence Hill, qui a continué à se battre malgré le fait que la guerre était terminée depuis des décennies. Nous savons qu'il a été inspiré par un événement réel, mais ce qui le rend encore plus semblable à nos bellicistes, c'est la caricature ironique du film. Aujourd'hui, même le chef d'état-major de Stoltenberg est devenu poutinien (nous attendons avec impatience la dénonciation de la Repubblica et du Corriere*), ayant compris que la guerre ne peut pas être gagnée et que Sarkozy considère que le dialogue avec la Russie est nécessaire. Lors de son discours au Teatro Lirico de Milan, peu avant d'être arrêté et exécuté par les partisans, Mussolini ne cessait de parler de victoire. Comme aurait ditt Marx, nous sommes passés du drame à la farce : de Mussolini à Kamasuka. Elena Basile a écrit dans il Fatto (…) Lire la suite »

Naples : le premier scudetto de l’ère multipolaire

Fabrizio VERDE, Francesco GUADAGNI

A la suite du match nul remporté sur le stade d’Udine, le Napoli a finalement obtenu la certitude arithmétique d’avoir gagné le championnat italien de football, 33 ans après son dernier exploit.

L’écusson si convoité est revenu à Naples, cette fois sans la présence sur le terrain du Dieu du foot, Diego Armando Maradona. La fête a immédiatement éclaté ; mais pas seulement à Udine et, évidemment, à Naples où on a célébré une sorte de Nouvel An du mois de mai : la fête a été globale. De nombreux Napolitains, souvent obligés de vivre loin de leur cité, ont célébré, dans diverses parties du monde, l’exploit sportif de l’équipe parthénopéenne. Bref, on peut affirmer que le championnat de football n’a jamais, autant qu’en cette occasion, représenté le meilleur du changement des temps. On peut, sans risque d’erreur, définir le scudetto (écusson) conquis par le Napoli comme le premier de l’ère multipolaire. La victoire de l’équipe parthénopéenne a fait le tour du monde. Même les éditions locales de petits quotidiens ont, comme nous l’avons constaté dans des pays comme le Venezuela, donné un large écho à cette information, mettant en évidence la fête indescriptible qui a (…) Lire la suite »

Italie : mais où sont donc passé les communistes ?

Repris du blog d’El Diablo par Bernard Gensane

Italie : Aucun élu communiste, ni à la Chambre des députés, ni au Sénat L'Union populaire, qui regroupe le Parti de la refondation communiste (PRC), Pouvoir au peuple et d'autres organisations autour de Luigi de Magistris remporte 1,43% des voix à la Chambre et 1,35% au Sénat. Ses meilleurs scores sont réalisés en Toscane (2,2%), en Campanie (2%) et en Calabre (2,3%). L'Italie Souveraine et populaire, coalition construite autour du Parti communiste et de Marco Rizzo, remporte 1,27% des voix à la Chambre des députés et 1,13 au Sénat. Les meilleurs scores sont réalisés en Ligurie (1,6%), dans le Piémont (1,6%), en Sardaigne (1,6%) et en Toscane (1,5%). Enfin, le Parti communiste italien, qui n'était présent que dans quelques régions, remporte 0,09% des voix à la Chambre et 0,27% au Sénat. Son meilleur score est réalisé en Toscane (1,3%). Rendez-nous Antonio Gramsci, Palmiro Togliatti, Enrico Berlinguer et le Parti communiste italien ! En Italie, nous avons besoin des (…) Lire la suite »