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Thème : Napoléon Bonaparte

Joséphine, combien de divisions ? ou la mystification des biopics

Rosa LLORENS
A lire les critiques sur le Napoléon de Ridley Scott, il semble qu’on n’ait d’autre choix que d’aimer ce blockbuster ou d’apparaître comme un franchouillard admirateur de Napoléon. Les commentateurs français regrettent alors que le film ne mette pas assez en valeur le génie militaire de l’Empereur, et les aspects positifs de sa politique intérieure – ici intervient la tarte à la crème du Code Civil. On saisit bien là le rôle des médias : quand ils ne portent pas aux nues ou ne dénigrent pas carrément un film, ils posent en tout cas pour nous les limites de la réflexion. Bien sûr, il y a une autre position possible : dénigrer le film et haïr Bonaparte. Quel est l’atout de cet énième film sur Napoléon ? Le rôle attribué à Joséphine, qui serait l’explication de toute la vie publique et des entreprises guerrières de Bonaparte. D’abord, ce n’est pas une idée très originale : il suffit de consulter Wikipédia pour trouver une quinzaine de films centrés sur Joséphine, parmi eux (…) Lire la suite »

Bonapartisme

Michele PROSPERO

Marxismo Oggi est une revue en ligne qui a vu le jour ces dernières années, dans la continuité de la revue papier qui avait cessé d'être publiée plusieurs années auparavant. Il s'agit de l'un des sites qui tentent encore de poursuivre la pensée marxiste en Italie, en se concentrant sur l'aspect philosophique, l'aspect historique et le commentaire des principaux événements nationaux et internationaux. Michele Prospero est professeur de philosophie du droit à la faculté de sciences politiques, de sociologie et de communication de l'université La Sapienza. Auteur de nombreux essais, il collabore avec diverses revues scientifiques et journaux. Il s'intéresse principalement au système institutionnel italien et à la pensée politique de gauche. Il suo ultimo libro è La scienza politica di Gramsci, Bordeaux edizioni, 2016 [La science politique de Gramsci, non encore traduit en français]

Par la notion de bonapartisme, Marx entend une rupture au sein d'un système démocratique provoquée par la conduite déloyale d'organes de l'État qui, avec l'émergence de figures charismatiques, approfondissent les torsions autoritaires de l'ordre. L'analyse du coup d'État par lequel Louis Napoléon Bonaparte, un président élu directement par les citoyens, a interrompu la vie de la deuxième République française en 1852, suggère d'étudier le lien entre la mobilisation des masses et la chute du régime, la tension entre le présidentialisme et le parlementarisme. L'effort analytique de Marx vise à écarter les concepts simplificateurs, à commencer par celui de "césarisme" qui n'apparaît que comme "une analogie historique superficielle". Il y a une profonde diversité entre les conflits anciens et modernes, entre la politique romaine et la politique européenne qui exclut toute analogie hâtive sous le signe de César. Et puis la décision, la volonté, le calcul d'un seul acteur affectent les (…) Lire la suite »