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Thème : Psychologie

Les « compétences du XXIe siècle » à l’épreuve de la psychologie cognitive…

Olivier MOTTINT

Résoudre des problèmes, faire preuve de pensée critique, créative ou encore innovante, collaborer, communiquer... voilà donc des compétences dont nul n’aimerait être privé. Ça tombe bien : il se fait que leur développement est vaillamment promu par les milieux économiques et quelques pédagogues avides de modernité. Rassemblées sous le vocable de « compétences du XXIe siècle », elles constituent le point paroxystique de l’approche par compétences. Guère étonnant dès lors qu’Andreas Schleicher, patron de la branche « éducation » de l’OCDE, fasse de leur acquisition la condition sine qua none de la prospérité des individus et des nations. Mais que dit donc la recherche scientifique de ce graal pédagogique dont il faudrait se mettre en quête séance tenante ? Ces compétences correspondent-elles à une « réalité cognitive » objective ? Et comment faudrait-il alors les stimuler ?

Un article initialement publié dans L’École démocratique, n°92, décembre 2022, pp. 30-33

Le sempiternel refrain de l’approche par compétences (APC) est connu : dans un « monde en constante évolution », il ne s’agit surtout plus d’acquérir des « connaissances figées » qui, comme chacun sait, (1) seront « rapidement dépassées », (2) sont par ailleurs « trop nombreuses » pour qu’on puisse en acquérir une part significative, ou (3) sont de toute façon « disponibles sur internet » [1]. A en croire les promoteurs zélés de l’APC, c’est au contraire de compétences dont les élèves auront besoin pour « relever les défis de demain », dans un monde où les connaissances doivent désormais être considérées en termes de « flux » plutôt que de « stocks », selon la formule de Schleicher (s.d.). Traduction en termes économiques : ce que les grandes entreprises attendent de leur main-d’œuvre, ce sont essentiellement des compétences, car celles-ci sont censées garantir la flexibilité et l’adaptabilité des travailleurs dans une économie toujours plus concurrentielle, incertaine et versatile. Les compétences génériques, (...) Lire la suite »

Vygotski au service des entreprises ?

Johnny COOPMANS
Les travaux du psychologue soviétique Lev Vygotski sont souvent associés au socio-constructivisme pédagogique. Or, ce dernier est revendiqué en héritage par les tenants de l’approche par compétences, cette expression pédagogique du recentrage de l’enseignement sur la demande patronale de flexibilité. D’où la question : l’approche par compétences est-elle un digne successeur de l’école historico-culturelle de Lev Vygotski ? L’école historico-culturelle L’école historico-culturelle, a été fondée dans les années 20-30 par trois psychologues soviétiques, Lev Vygotski, Romanovitch Luria et Alexis Léontiev. Leurs travaux s’inscrivaient dans les débats qui animaient les milieux académiques de psychologie et de pédagogie de l’époque. La psychologie, comme science naissante, attirait beaucoup de jeunes étudiants et chercheurs en URSS. Il existait différentes écoles de psychologie en Occident et celles-ci avaient leurs adeptes dans les universités russes. Mais la question qui se posait était de savoir s’il fallait (...) Lire la suite »