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Thème : Sri Lanka

Maïdan, bis repetita au Sri Lanka ?

Jean-Pierre PAGE

Pour avoir vécu une quinzaine d'années au Sri Lanka, je pense connaître un peu ce pays dont Octave Mirbeau disait "qu'il était le paradis sur terre". Une chose est certaine, la violence à Colombo est loin de correspondre à la philosophie du Bouddha, même si l’ile aux épices et aux saphirs demeure belle, riche de par ses nombreux atouts, ses ressources naturelles et son peuple dépositaire d’une culture millénaire.

L’enjeu stratégique Sri Lankais. Sans doute ce constat n’est pas sans expliquer pourquoi “la perle de l'Océan Indien" est un endroit qui de par sa position géographique et ses richesses a suscité et suscite toujours fascination et convoitises, depuis des temps immémoriaux. En fait, depuis les Grecs anciens ! Ceylan de par son nom d’origine a connu 450 années de colonisation hollandaise, portugaise, britannique. Napoléon qui avait un sens aigü des enjeux géopolitiques affirmait : " celui qui contrôlera cette ile contrôlera l'Océan Indien". Il installa au moment du 1er Empire un avant poste d’observation sur la côte est, avant d’en être chassé par l’Angleterre, son ennemi irréductible. Le Sri Lanka est en effet un carrefour et une plaque tournante des corridors maritimes de l'Asie et donc de la Chine avec ses routes de la soie vers l'Afrique, le Proche et le Moyen Orient, l'Europe et au delà. 50% du trafic pétrolier et 75% du trafic international des containers passent près de ses côtes. Outre ses (...) Lire la suite »
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Démocratie de façade et géopolitique de l’énergie : les dessous de la crise au Sri Lanka

Darini RAJASINGHAM-SENANAYAKE

Crise économique, manifestations, remaniements ministériels… Ça chauffe au Sri Lanka et, fait plutôt étonnant, les soubresauts de l’île asiatique défraient la chronique de nos médias occidentaux. Tous les pays du Sud ne sont pas logés à la même enseigne. Mais il faut souligner que dans la région de l’Océan indien, le Sri Lanka occupe une position stratégique. Un élément qui manque souvent dans les analyses et que la Dr Darini Rajasingham-Senanayake a le mérite de mettre en lumière .

C’est dans un contexte de guerres énergétiques et de lents déplacements tectoniques du pouvoir et des richesses vers l’Asie et la région de l’Océan indien que le « printemps arabe » de l’Asie du Sud a déboulé. Les choses se sont précipitées avec la nouvelle guerre froide qui se déroule par procuration en Ukraine, les sanctions imposées par les États-Unis à une Russie riche en énergie ainsi que la crise des réfugiés en Europe. En l’espace d’un mois, deux opérations de changement de régime se sont déroulées au Pakistan et au Sri Lanka, au milieu de manifestations mises en scène. Le Premier ministre pakistanais Imran Khan, connu pour son courage sur et en dehors des terrains de cricket, a été renversé le 9 avril. Il a accusé Washington d’avoir orchestré son éviction juste après sa visite à Moscou. Exactement un mois plus tard, le lundi 9 mai, au Sri Lanka, alors que la Banque centrale entamait des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un « renflouement », une opération de changement de régime (...) Lire la suite »

Sri Lanka : à qui profite le crime ?

Jean-Pierre PAGE
« Aucune cause ne justifie la mort de l’innocent ! » La chute, Albert Camus, 1956 La nouvelle est tombée le jour de Pâques : un carnage a eu lieu à Colombo, un autre « massacre des innocents », une tragédie, une épreuve. Il peut être difficile vu de Paris, de Londres, de New York de mesurer l’état de choc qu’il provoque dans toute une population. Pourtant il se passe quelque chose d’indéfinissable, de tangible, de palpable et d’oppressant difficile à décrire. On a connu ça ailleurs. La comptabilité macabre des victimes est provisoire ! Près de 300 morts dont 45 étrangers, plus de 600 blessés, sans doute plus compte tenu du nombre de disparus et des victimes que l’on ne peut identifier. Des églises sont fracassées, des hôtels dévastés, la peur, partout le sentiment qu’on n’est pas au bout de ce calvaire. N’a t’on pas trouver dimanche soir une bombe à proximité du terminal de l’aéroport international Bandanaraïke, puis lundi matin 87 détonateurs à la gare routière de Colombo, et plus tard près d’une église une (...) Lire la suite »

Sri Lanka : « rétablir » la vérité !

Jean-Pierre PAGE
« Ce sont les masses qui font l’histoire » Karl Marx « Rien n’est absolu, tout est changement, tout est mouvement, tout est révolution, tout s’envole et s’en va ! » Frida Kahlo [20] En dépit de toutes les manœuvres, des menaces, des pressions, des mensonges, il aura fallu très exactement deux semaines pour que s’impose un changement d’orientation politique au Sri Lanka ! Le Parlement est dissous, il y aura des élections générales, c’est ce que revendiquait le peuple et pour lui c’est une première victoire. Dans l’état actuel des choses, c’est un échec pour les recettes néo-libérales du gouvernement de droite, pour leurs politiciens. Dans cette région du monde si stratégique, située au milieu de l’Océan Indien sur les routes d’approvisionnement entre le Moyen-Orient et l’Asie orientale [21], c’est aussi le cas pour les objectifs géo politiques des Etats Unis et leurs alliés. Ce dernier aspect n’étant pas le moins important ! Avec cette situation inédite et contrairement à ce que les médias occidentaux (...) Lire la suite »

Sri Lanka, tension alarmante, les États-Unis à la manœuvre !

Jean-Pierre PAGE

Les évènements tragiques intervenus ces derniers jours à Ampara dans le sud-est du pays et surtout à Kandy, l’ancienne capitale historique de Ceylan, devenu en 1972 une République, puis la république Socialiste et Démocratique du Sri Lanka, sont alarmants à plus d’un titre.

Ils ont été marqués par des manifestations violentes anti musulmanes. Des magasins et des habitations ont été incendiés, on compte plusieurs morts, des blessés, des centaines d’arrestations, le pays est de nouveau sous tension.

Dans ces conditions le Président Sirisena et son gouvernement conservateur dirigé par Ranil Wickramasinghe un premier ministre discrédité, ultra libéral et aux ordres de Washington, ont décidé l’instauration de l’état d’urgence sur l’ensemble du pays, le couvre-feu dans de nombreuses villes. Les forces spéciales de l’armée et les réserves de la police sont mobilisées en force sur le terrain, l’usage des réseaux sociaux sur internet a depuis été bloqué, la censure de la presse rétabli, tous les rassemblements sociaux ou politiques sont interdits. C’est la première fois que de telles décisions sont prises depuis presque 10 ans et la fin d’une guerre de 30 ans contre le mouvement séparatiste des Tigres Tamouls, le LTTE. Il n’est pas inutile de rappeler que cette organisation terroriste longtemps considéré comme la mieux organisé et la plus dangereuse internationalement a bénéficié jusqu’au bout du soutien des puissances occidentales et dans une certaine mesure des dirigeants de l’Inde, dont l’alliance stratégique (...) Lire la suite »
Hier, chacun avait un travail, un logement, l’accès à la santé, à l’éducation et à la culture …

Le Traumatisme du peuple Tamoul

Hervé HUBERT

La barbarie subie par le peuple Tamoul reste à ce jour tragiquement méconnue. Depuis 1948 le nombre de morts s’élève au moins à 400.000 et les événements de 2009, plus particulièrement intenses en avril et mai, ont fait 80 000 morts, 146 000 disparus, 30 000 handicapés, selon l’ONU. Nous sommes en présence d’un phénomène où les mots de massacre, de meurtre de masse, de génocide culturel restent en deçà des vécus affectifs et émotionnels des populations.

Que dire lorsque l'on entend des paroles témoignant de l'horreur ? « Je nageais dans une mer de cadavres », « 400 000 personnes, hommes, femmes, enfants ont vécu 8 mois dans des bunkers avec une menace mortelle omniprésente », « Comment vivre avec le souvenir d'un membre de la famille ou d’un voisin massacré ? » Cela nous renvoie à ce qui est appelé en psychiatrie le « syndrome de stress post-traumatique », c'est-à-dire à la question humaine : que se passe-t-il psychologiquement lorsque l'intégrité physique ou psychique de la personne ou de son entourage a été atteinte ou réellement menacée ? J’y suis particulièrement sensibilisé professionnellement, étant responsable d’un centre de psychothérapie qui s’occupe de personnes en exil social et notamment de migrants réfugiés politiques. [114] La personne atteinte par le traumatisme ne peut s’adapter à la situation : l’horreur à laquelle elle est confrontée fait effraction dans son vécu. La psyché réagit dans ces circonstances au trou qui s'est produit dans la vie (...) Lire la suite »