Je suis d’accord avec Christine : c’est balayer un peu trop vite cette affaire en fait divers et en problème marginal.
C’est, hélas, un sujet de société grave qui ne sera jamais résolu si on en minimise les effets et qu’on hiérarchise les crimes en mélangeant les carottes et les navets.
Pour ce qui concerne l’accusation portée contre DSK, il s’agit d’un crime (oui, ça s’appelle comme ça) individuel, passible d’années de prison. Rassurons-nous, cela ne sera pas le cas de DSK, qui semble d’ores et déjà absout par ses pairs qui ne cessent de remettre en cause la véracité des accusations portées contre lui (s’il avait donné un coup de poing à un garçon d’étage, prendrait-on autant de précautions oratoires et se demanderait-on si ces accusations sont réelles ou s’il ne s’agirait pas plutôt d’un coup monté ?
Des accusations sont ce qu’elles sont, si on comprend le droit, et il est évident qu’il faut que la culpabilité soit décidée dans un tribunal, mais pourquoi donc en rajouter en disant : "si elle est prouvée", en laissant entendre que la victime aurait déposé une plainte douteuse ?).
Ce crime implique non seulement une agression intolérable vis-à -vis de plus faible que soi, et en particulier des femmes dont on entend disposer à sa guise, mais également un abus de pouvoir et un mépris de classe où le criminel s’arroge un droit de cuissage, soutenu en cela par la société toute entière, dont, malheureusement, la gauche radicale (si l"’étiquette" convient, évidemment).
C’est un peu plus grave, surtout pour qui se prétend "socialiste" (enfin, c’est sa femme qui le dit, mais elle dit aussi qu’il n’a pas commis de quoi on l’accuse ; Ah ! Les beaux yeux de Chimène !), que de posséder une P…sche ou trois ou quatre appartements luxueux, il me semble. Et cela dépasse le simple fait divers, car cela remet en cause toutes les valeurs … socialistes, justement.
Une société qui accepte et exonère de tels crimes, et s’en prend à la victime, est une société décadente et soumise où les coupables et les victimes sont jugés au pouce dans l’arène par un public chauffé à blanc.
Pour le cinéaste, on a dit : "attendez, comprenez bien que je ne veux pas minimiser le viol, mais trente ans après, tout de même …" ; pour celui-ci, on dit "attention, je ne comptais pas voter pour lui, mais là tout de même …".
Et d’y aller de la théorie du "coup monté", parce qu’évidemment, une femme de chambre qui entre dans la suite d’un client, ça ne peut être qu’une Mata-Hari qui nourrit de noirs desseins (sinon, qu’irait-elle donc y faire ?). Comme une gamine de treize ans qui se rend chez un quadragénaire ne peut qu’avoir eu envie de se faire violer. On sait que la femme est fourbe et cela, dès son plus jeune âge.
Alors, reléguer cette affaire au rang d’une simple affaire privée, c’est accepter que des gens qui se présentent sous une certaine étiquette s’affranchissent des règles dont ils prétendent se faire les porte-parole. C’est vrai qu’on aura tout vu et que nous avons les élus que nous méritons. Et ce n’est pas demain la veille que ça changera, à ce qu’on constate.
Quant au FMI, il ne s’agit pas d’un crime que commet un individu, mais d’un crime organisé par une mafia, et son directeur n’est qu’un des rouages de ce système. Il n’est là , grassement payé, que pour appliquer les règles. Et s’il tombe, il sera remplacé par plus servile encore. Nul n’est "irremplaçable" à ce poste et les candidats ne manquent pas.
Quant au directeur, il ne sera pas renvoyé parce qu’il aura appliqué à la lettre les règles iniques de cette "institution", mais parce qu’il aura été trop "laxiste" avec les pays qu’ils entendent plumer.
Alors, si DSK était tombé pour ses actions au FMI, cela aurait été, en fait, … pour la bonne cause.
Certes, le FMI est un scandale, mais pour déloger cette mafia, il y a autre chose à faire que des débats sans fin. C’est tout le système capitaliste qu’il faut mettre bas.
Vaste programme quand, déjà , on n’a pas de valeurs communes incontournables.
Alors, si on veut lancer un vrai débat : pour commencer, pourquoi ne pas décider ensemble quelles sont les valeurs universelles immuables, comme une vraie justice destinée et applicable à tous et toutes, la lutte contre toutes les discriminations, celle contre l’esclavage moderne, celle pour l’éducation libre et gratuite, bref tous ces principes qui nous échappent et dont on se détourne pour s’indigner de la mise en examen d’un directeur de FMI pour des raisons marginales, voire frivoles.
(PS : je viens de lire le commentaire de Dominique : tout à fait d’accord)