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« "‰Ce documentaire n’est pas sur le viol, c’est un manifeste politique contre le viol"‰ »

Par Andrea Rawlins, auteure et réalisatrice du documentaire Viol : elles se manifestent

« Pour la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, France 2 cherchait à produire un documentaire fort sur le viol. A l’agence Capa, nous nous sommes interrogés sur ce que nous pouvions apporter de nouveau. C’est un homme, Pascal ­Manoukian, qui a pensé au ­manifeste historique de 1971 des 343 femmes reconnaissant avoir avorté alors que la loi le leur interdisait et qui revendiquaient ainsi le droit à l’avortement. Il a eu l’idée de rapprocher cette forme de lutte pour combattre le viol de la même manière, c’est-à -dire en encourageant les femmes, aussi bien des anonymes que des personnalités, à prendre la parole pour dire, toutes ensemble, qu’elles avaient subi un viol. Parce que le viol est un acte effroyablement banal et massif, ce n’est pas un fait divers qui concerne une poignée de femmes, mais un phénomène de société qui touche des millions de femmes en France. Nous avons donc réalisé un documentaire qui n’est pas sur le viol mais contre le viol, sous forme de combat politique. C’est inédit d’avoir un manifeste en télévision, sous forme de film. Je me suis rapprochée très vite de Clémentine Autain, qui a immédiatement accepté d’être la marraine de ce ­manifeste. Puis, nous avons demandé au Nouvel Observateur d’abriter un nouveau manifeste contre le viol dans leur journal. Commencer par écouter la parole des femmes est primordial. Je pense qu’il y a un vrai problème d’ignorance sur le viol. Très peu de personnes savent vraiment ce qu’est un viol, et ses conséquences. On pense que le viol est le fait d’un inconnu qui nous tombe dessus dans une ruelle sombre avec un couteau à la main, alors que la réalité des chiffres montrent que 80"¯% des viols sont commis par un membre de l’entourage proche. Au cours de ces huit mois de travail, j’ai été sidérée par la masse de personnes concernées par le viol. Étant donné que c’est un sujet tabou, personne ne m’avait déjà dit avoir été violé. Mais quand j’ai commencé à dire que je travaillais sur le viol, toutes les langues se sont déliées… J’ai été estomaquée par le nombre de personnes qui sont venues me voir en me disant"‰ : "Ca m’est arrivé", dans le monde professionnel, dans ma ­famille, dans mon entourage amical. Le chiffre de 75"‰000 femmes violées par an en France est très loin de ­refléter la réalité. Car il n’est basé que sur la déclaration de femmes qui ont pu dire qu’elles avaient été violées. Ce chiffre ne prend pas en compte les mineures - or, 60"¯% des viols sont commis sur des mineurs - et ne tient pas compte de toutes les femmes qui n’ont pas pu dire qu’elles avaient été violées, soit parce qu’elles avaient honte, soit parce qu’elles culpabilisaient ou que leur violeur ou des proches ont enfermé leurs paroles.

Il est très dur pour une femme d’en parler, elle a l’impression d’être seule au monde lorsqu’elle dit qu’elle a été violée. Donc, la force du nombre de femmes qui témoignent libère la parole et permet de combattre ­ensemble le viol. Ensuite, le problème du viol est toujours le même"‰ : lors des procès, c’est la parole de victime contre la parole d’agresseur et encore, lorsque les femmes portent plainte, car il n’y a que 10"¯% en moyenne de victimes qui le font"‰ ! Et quand elles y arrivent, c’est souvent des années après le viol et il n’y a plus de preuve matérielle, souvent l’agresseur plaide le consentement. Alors que si une femme parle tout de suite de ce qui lui est arrivé et qu’elle est accompagnée pour aller au commissariat, il y a au moins des possibilités d’avoir des preuves ADN. C’est pour cela que le combat aujourd’hui, ce n’est pas de forcer les femmes à prendre la parole, mais de dire à la société tout entière"‰ : "Apprenez à écouter ces paroles, apprenez à comprendre ce qu’est un viol, ne murez pas ces femmes dans le silence par des phrases malheureuses et culpabilisantes." Les victimes n’ont pas à ressentir de honte, de culpabilité ou de responsabilité du viol qu’elles ont subi. C’est l’agresseur qui est seul coupable. Le viol est un crime passible de quinze ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité. Les violeurs doivent savoir qu’ils ne peuvent pas continuer à violer impunément, que les femmes vont parler s’ils refusent d’entendre leur "non, je ne veux pas"."‰ »

(*) Le documentaire est diffusé dimanche 25"¯novembre, à 22"‰h"‰25, sur France 2.

Propos recueillis par Anna Musso

Source : http://www.humanite.fr/societe/ce-documentaire-n-est-pas-sur-le-viol-c...

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