auteur Marie-Ange PATRIZIO

“Quand on est de gauche” : vrais et faux paradoxes, cris et silences de “dernière énergie” sur les massacres de Gaza

Marie-Ange PATRIZIO

Que se passe-t-il réellement à Gaza ? Politique d'agression et sionisme.

Parmi les « appels pressants », pétitions, et tribunes qui sortent depuis quelques jours – c’est-à-dire presque trois semaines, un millier de morts et plus de 5 000 blessés après le début des massacres – pour donner leur opinion et émotions sur ce qui se passe à Gaza, se trouve : Condamner Israël, un devoir qui commence ainsi : « C’est un paradoxe que la signature de ce texte uniquement par des individus d’ascendance juive ou arabe justement pour défendre avec la dernière énergie que les bombardements de Gaza n’ont à voir ni avec la religion, ni avec les origines ».(1) Faux. Et trompeur : oui, les bombardements de Gaza ont à voir avec une religion et des origines revendiquées. Ce qui, entre autres raisons [1], détermine et conduit cette politique d’agression est le sionisme, c’est-à-dire la prétention d’occuper une terre sous prétexte qu’elle appartiendrait à un « peuple Élu » (religion et origines) et qu’il faudrait l’épurer des habitants qui n’auraient ni cette religion ni (…)

Damas, Hô-Chi-Minh-Ville, Marseille. Chronique : de « la lassitude », et de la lucidité.

Marie-Ange PATRIZIO
7 septembre 2013, Marseille - Depuis le début de l’agression contre la Syrie, « nos envoyés spéciaux dans la région » faisaient leurs « correspondances », en direct ou pas avec leurs rédactions parisiennes depuis…le Liban, la Turquie, la Jordanie, ou les « zones libérées par les rebelles ». Quelque chose a changé ces jours-ci, et, paradoxalement, au mépris de toutes les menaces notamment de la France, nos reporters français (et « occidentaux ») font maintenant ce que font leurs collègues depuis deux ans et demi : ils vont enfin faire leur travail sur place, et jusqu’à Damas. Au cœur de la « dictature ». N’y aurait-il donc plus de « zones libérées » ? Ou bien nos reporters se sentent-ils aujourd’hui plus à l’abri à Damas que chez les « révolutionnaires » ou « rebelles » qu’ils allaient jusqu’ici cordialement rencontrer, interviewer, filmer dans les zones où il faisait enfin bon vivre en Syrie ? Au moment où toute la population syrienne –bien mieux informée que nous- sait le sort (…)

Syrie : Gardiens de la frontière

Marie-Ange PATRIZIO

Chers amis, voici la dernière partie de mon récit de séjour en Syrie, que j’ai différée depuis plusieurs semaines.

Il y a deux mois exactement, j'avais quitté Damas ville sûre, tranquille et agréable ; elle a depuis été la proie de deux attentats, les agresseurs passant à une autre étape du terrorisme contre le peuple et le régime syriens. Et puis, ces jours-ci, dans la ville de Homs, le massacre d'une manifestation « pro-régime » faisant 26 blessés et 8 morts : 7 Syriens anonymes et un journaliste français : mort immédiatement exploitée ici comme unique par certains confrères de la victime qui, sans trop de scrupules déontologiques, écrasent l' « instant du regard » en se précipitant dans un « moment de conclure » [1] qui semble avoir été écrit avant même leur départ sur le terrain [2]. Les dernières notes manuscrites que je vais exploiter ici ne répondent ni à une logique politique ni à une chronologie du récit : ce sont tout simplement, le plus souvent, celles que j'ai eu le plus de mal à déchiffrer pour différentes raisons, matérielles ; elles sont ici complétées par de menus souvenirs (…)

Le prince, les ’hommes bons’ et les petites souris

Marie-Ange PATRIZIO

Chers amis, je poursuis le récit de mon séjour en Syrie après avoir appris les attentats de Damas, avant-hier, veille de Noël.

« Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages ». Évangile selon Matthieu, chap. 2, versets 16-18. Je n'ai entendu qu'une fois à la radio que ces attentats avaient été revendiqués par les Frères Musulmans syriens. Martine Laroche-Joubert, aujourd'hui au Journal de France 2 (chaîne publique), n'a pas cru bon de se renseigner sur le nombre exact des victimes, pourtant bien documenté par la presse syrienne et étrangère : 44 morts à ce jour et 166 blessés graves. Les villes (y compris Homs) et villages de Syrie envahis par une foule de manifestants, et les hôpitaux débordés par les donneurs de sang : le réflexe le plus vital. Pas de décoration des maisons ni des églises pour Noël, en signe de deuil et de solidarité avec les familles des victimes. Pour une revue (…)

Syrie : Les orangers de Baniyas

Marie-Ange PATRIZIO
Ou : Récits de visites à des blessés (de « l'armée des barbouzes » [19] ?) Chers amis, je reprends mon récit de voyage avec deux étapes que j'évoquerai en réaction à la lecture d'articles parus récemment dans quelques uns de nos media dits indépendants (Monde Diplomatique, Libération, La Vie, Le Monde) et dépêches de l'AFP (tout à fait indépendante elle aussi). Il s'agit maintenant pour nos journalistes -anonymes ou pas- de donner davantage de détails sur l'« au-delà de la barbarie » : « Les enfants sont-ils l'une des cibles privilégiées des forces de Bachar al-Assad, en particulier des terrifiants snipers qui mitraillent systématiquement les manifestations ? A l'évidence » [20]. Mon récit ne se fonde pas, comme les articles de J-P Perrin (Libération et autres), sur des « évidences », et ne prétend pas donner une image exhaustive et « neutre » de la réalité actuelle en Syrie ; il s'agit pour moi de restituer le plus fidèlement possible les méandres de ce séjour, par une (…)