Djamel LABIDI
La première partie de cet article a permis de relever et de décrire les contradictions des relations entre l’Europe et les Etats Unis depuis l’élection du président Trump. Ces contradictions tournent principalement autour de la guerre en Ukraine et des taxes douanières imposées indifféremment à l’allié européen comme au reste du monde. Le texte qui suit parle de schisme. On va voir pourquoi.
On peut aborder cette question sous l'angle suivant : les dirigeants européens se sont conduits indiscutablement, jusqu'à la prise de pouvoir de Trump, comme des vassaux des Etats Unis. Une preuve de cela, entre tant d'autres, est l'énorme évènement qu'a constitué le sabotage du gazoduc 'Nord Stream'. Les dirigeants allemands, et européens en général, l'ont accepté en silence et ils ont acheté, sans aucune difficulté, sans souci pour leurs propres intérêts nationaux, le gaz liquéfié (GNL) des Etats Unis, de 40% plus cher que le gaz russe.Sans précédentMais aujourd'hui, à l'inverse, semble-t-il de la vassalité qui régnait, on assiste, dans beaucoup de pays de l'Europe occidentale, à une campagne extrêmement violente contre le gouvernement des Etats-Unis, C'est un évènement sans précédent dans l'histoire moderne de l'Occident. Que se passe-t-il ? L'Empire occidental a-t-il perdu sa solidarité quasi automatique, quasi-naturelle ? Les pays européens ont-ils pris leur indépendance (…)
Djamel LABIDI
Les dirigeants européens sont inénarrables En particulier le trio Royaume- Uni, France, Allemagne qui cherche péniblement à reprendre le leadership de l'Occident et à remplacer les Etats Unis. Ils sont pleins de contradictions.
Ils veulent, par exemple, que les Etats Unis continuent la guerre contre la Russie en Ukraine. Mais le gouvernement actuel des Etats Unis ne le veut plus. Ils crient alors que le président Trump "reprend les mêmes arguments que Poutine, qu'il a versé dans son camp" bref que les Etats-Unis les ont "trahis"..Les Etats-Unis ont-ils trahi l'Europe ?Les dirigeants occidentaux dénoncent l'existence d'un "déséquilibre" en faveur de la Russie dans la position des Etats-Unis. Cependant, si l'on s'en tient aux faits, la vérité est toute autre. Les Etats Unis avaient pris le parti du régime ukrainien et de l'Europe occidentale contre la Russie. C'est alors que leur position était déséquilibrée. Ce n'est qu'aujourd'hui, en fait, qu'ils adoptent une position d'équilibre, en laissant entendre qu'ils ne veulent plus intervenir en faveur du pouvoir ukrainien. C'est d'ailleurs indispensable au rôle de médiateur qu'ils veulent jouer. Et si les dirigeants occidentaux craignent que le régime (…)
Djamel LABIDI
Le Trumpisme, par certains de ses aspects, est-il une vision de droite ou de gauche ? La question est à dessein provocatrice, quand on sait les positions de Trump envers les immigrants et son soutien à la politique génocidaire d'Israël. Mais elle n'est pas si déplacée et devrait nous amener à réfléchir à la relativité des choses dans le monde actuel.
Le protectionnisme du trumpisme par exemple est-il une valeur de droite ou de gauche ? L'hostilité de Trump au mondialisme, sous la forme qu'il a pris, ne peut-elle pas être reprise par des forces dites de gauche ?Le protectionnisme a été longtemps la politique économique de l'URSS et des ex pays socialistes, ainsi que des pays nouvellement libérés qui voulaient protéger leurs jeunes économies. Cela a été aussi longtemps la politique de la Chine.Puis il semble que les choses se soient inversées, le libre-échange ayant finalement profité à la Chine puis, peu à peu, de manière générale, aux pays émergents contre les pays qui étaient en position dominante et qui constituaient le pôle géopolitique occidental. C'est dans ces pays occidentaux, désormais, qu'on voit des forces nationalistes, qualifiées de droite ou de "populistes", en appeler au protectionnisme économique, et cela y compris dans la sphère dite de la gauche politique.Nationalisme de droite et nationalisme de (…)
Djamel LABIDI
Nous avions vu, la semaine passée (1), que le "trumpisme" était un retour au mercantilisme et donc à une politique de protection de l'économie des Etats-Unis, notamment par des barrières douanières sur les importations. On peut donc qualifier le trumpisme d'une forme de nationalisme économique. Ce nationalisme va se heurter au mondialisme.
Il s'agit maintenant, dans cet article, d'examiner les conséquences sociales, aux Etats-Unis et en Europe, de la mondialisation, telle qu'elle a été induite par les forces de la Finance. Le président Trump reproche à ses prédécesseurs, et aux forces du libre-échange et du mondialisme, d'avoir affaibli la puissance des Etats-Unis, notamment par leur politique de délocalisation industrielle.Les transformations sociologiquesAu fur et à mesure que les Etats-Unis se désindustrialisaient, le capital financier et le secteur des services prenaient une importance de plus en plus grande jusqu'à dominer de façon écrasante l'économie et la société : capital boursier, capital bancaire, capital commercial de la grande distribution.La population employée dans les activités productives a décliné et, avec elle, son poids social et politique en même temps qu'augmentaient ces sentiments de frustration et de laissés-pour-compte si caractéristiques de la base sociale du trumpisme. Le déclin (…)
Djamel LABIDI
L'Histoire est pleine de surprises. Elle est un va-et-vient incessant entre le présent et le passé, et le retour à d'anciennes formes historiques dans un nouveau contexte. Le président Trump voit le futur des Etats Unis dans le mercantilisme, une théorie économique née au XVIè siècle.
Il est intéressant de constater comment l'histoire des idées suit l'Histoire économique et sociale et les bouleversements politiques. La théorie mercantiliste était née au XVIè siècle dans le contexte de la "découverte" de l'Amérique, celui du premier bond du commerce international, et l'afflux de métaux précieux or et argent qui en a résulté, notamment vers l'Espagne ce qui avait fait, alors, de celle-ci la première puissance mondiale.Les mercantilistes voyaient donc naturellement la richesse des nations dans l'accumulation de métaux précieux, l'or et l'argent, et donc dans un commerce international poursuivant cet objectif. Ils en déduisaient qu'une sage politique économique de l'Etat devait viser à un maximum d'exportations, et un minimum d'importations grâce à des barrières douanières, c’est-à-dire une politique protectionniste de l'économie. Ce protectionnisme aurait ainsi le double avantage de favoriser le développement de la production du pays, tout en augmentant les (…)