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Cantonale, l’élection oubliée !

De partout montent les supputations, les analyses politiques prémonitoires, les sondages d’opinions, les états-majors des partis, inquiets, s’interrogent sur la stratégie à suivre, le processus électoral est bel et bien en marche, les présidentielles sont lancées, elles qui n’auront lieu qu’à l’horizon 2012…

Pourtant, c’est l’élection que l’on devrait contester dans un pays vraiment démocratique car c’est l’aboutissement de la monarchie républicaine, la sublimation du culte de la personnalité, avec aussi le risque de mener la France sur la voie du bipartisme, avec deux partis uniquement gestionnaires du capitalisme. Donc, la logique voudrait que l’on s’intéressât plutôt à des élections permettant d’élire des représentants plus proches du peuple, et bien non, les cantonales qui auront lieu à la fin mars sont totalement absentes du débat politique alors qu’elles sont beaucoup plus importantes qu’il n’y parait.

Si l’on peut considérer que croire dans les conditions actuelles au grand chambardement par la voie des urnes est une analyse politique particulièrement simpliste, digne de politicards professionnels nostalgiques de la IIIème République, cependant, en attendant aussi une aléatoire révolution, certaines élections locales, encore en contact direct avec le peuple, peuvent aider à mettre les territoires en transition, économiquement, écologiquement, idéologiquement ! Par conséquence l’élection cantonale dans sa forme actuelle peut participer, par la volonté d’élus véritables représentants de la souveraineté populaire, à un changement progressif de la société.

Mais en premier, il faut déjà s’opposer au projet de loi de la réforme territoriale qui va transformer un nombre réduit d’élus devenus mi-régionaux, mi-départementaux, à fortiori beaucoup moins proches du terrain, en de véritables « fonctionnaires » de la gestion capitaliste ; ce sera l’aboutissement de la société des experts, celle de la rentabilité coût que coût ; finit le conseiller voisin qui pouvait à tous moments vous recevoir pour des doléances, il est vrai : parfois trop particulières, mais qu’importe, c’était l’écoute du territoire.

Des cabinets d’expertise et de gestion les remplaceront, cabinets qui d’ailleurs existent dèjà dans les régions et qui gèrent celles-ci à la place de conseillers devenus les marionnettes des technocrates ; le PS de la région Pays de Loire a sa propre officine qu’il rétribue fort cher et dont on connaît la dépendance au capitaliste puisque dans le cas présent, elle oeuvre en sourdine pour le soutient de la Région au. Projet de Notre-Dame-Des-Landes. Projet qui est dans l’optique de la compétitivité ultralibérale des territoires en favorisant aussi l’expansivité des métropoles globales, conception de l’avenir de nos régions que l’on doit dénoncer dans la mesure où il n’est pas pour le bien réel des habitants, mais pour le profit du capital que génère ainsi le système.

Un constat objectif nous porte aussi à croire que les superficies concentrationnaires industrielles du type « Vendéopôle » n’apportent que peu d’emplois véritablement stables, par contre détourne une partie des terres cultivables de leur but premier. Il en va de même des plans de revitalisation qui attirent des sociétés qui voient là l’occasion de s’installer à moindre frais et qui plient bagage dès que le profit des actionnaires n’a plus un pourcentage à deux chiffres. Et qui par conséquence délocalisent en allant chercher la rentabilité où les salaires sont plus bas.

D’autant que le capitalisme spéculatif, qui maitrise la crise à son avantage contrairement à ce que certains auraient tendance à croire, va peu à peu désindustrialiser les pays développés en avantageant les services, permettant ainsi de mieux maitriser les remous sociaux du fait de l’éparpillement des travailleurs, auxquels il offrira de plus en plus la flexibilité d’un emploi souvent précaire, résultat d’un code du travail démantelé.

En corolaire, pour les pays développés une autre réflexion s’impose aussi, devant les annonces de la raréfaction de beaucoup de matières premières le capitalisme mondialisé privilégie le développement des pays émergents où les salaires, la variable d’ajustement du capital, sont encore bas de manière à tirer le maximum de profit en freinant la croissance des pays développés afin de ménager les ressources. Surtout que la fumeuse croissance verte n’est qu’un leurre consumériste, dont on commence à s’aperçoive aussi des dégâts, entre autres, les ravages dus aux déséquilibres alimentaires venant du fait que l’on préfère fabriquer du carburant plutôt que de donner à manger correctement à tous les habitants de la planète. Il est évident que la notion obsolète de développement durable -ou soutenable en fonction de l’humeur du moment, seul le mot « développement » étant important- ne peut pas associer les trois constantes : l’économie, le social, l’écologie.

On peut donc constater qu’après une baisse graduelle de la croissance dans les pays développés nous en sommes arrivés à une récession qui n’ose pas dire son nom, pour être plus clair, on peut appeler cela de la décroissance subie.

Certes, les accros de la techno-science, les scientistes, nous diront que la recherche va nous apporter les solutions. Il est possible au demeurant que certaines avancées techniques permettront une forme de développement, plus ou moins discutable d’ailleurs dans la mesure où cela est souvent orienté vers la créations de richesse dont le seul but est de faire tourner le système capitaliste en faisant miroiter un semblant de bien-être absolument pas essentiel ; et l’on s’aperçoit aussi qu’il y a un autre revers de la médaille avec par exemple des OGM de plus en plus repoussés depuis que l’on sait qu’ils ne sont pas sans effet sur la santé, des nanotechnologies dont on ne connaît pas à long terme qu’elles vont en être les retombées, des recherches en énergies comme le gaz de schiste tout à fait contestables, etc., non, le science ne résoudra pas tout et il faut accepter que la terre soit un produit fini dont les ressources ne sont pas inépuisables et dont l’équilibre écologique est sans cesse mis à l’épreuve par un progrès non contrôlé, consumériste surtout, sortant du cadre de la notion d’usage. Qu’on le veuille ou pas, nous allons inéluctablement vers une décroissance afin de ménager notre espace vitale, mais pour cela ce doit être une Décroissance choisie au service du peuple, et non une décroissance subie dont le seul but est de préserver le profit des actionnaires des grandes multinationales mondialisées.

Pour restructurer nos territoires et les amener vers la transition économique, écologique et sociale, on peut favoriser la relocalisation par l’intermédiaire du conseil général. C’est-à -dire que l’aide apportée favorisera en partie l’artisanat, mais surtout l’implantation de petites unités de fabrication, dont le but sera de servir la proximité avec une prépondérance vers l’usage, fabrication qui pourra aussi s’appuyer sur des spécificités locales découlant du particularisme des territoires.

L’impact écologique sera important avec la proximité qui réduira les transports, mais aussi dans la conception de ces unités par leurs tailles réduites on pourra s’entourer de toutes les précautions pour fournir une fabrication non polluante. Le productivisme à grande échelle qui est le grand pollueur de la planète s’en trouvera donc réduit par cette autre conception de l’industrialisation ;

Pour le coté idéologique, une aide apporté à l’autogestion permettra de mettre en place cette forme d’entreprise où le travail ne sera plus au service du capital, ce sera donc le travail qui se servira du capital. Cela permettrait de sortir progressivement de la conception de l’économie de marché telle qu’on la connaît et qui mène automatiquement à une financiarisation spéculative, un pas en avant sera fait ainsi vers la conception que certains considèrent encore comme utopique : la non-économie, celle qui fait totalement abstraction d’une recherche obsessionnelle de la croissance du PIB qui soi-disant créeraient des richesses alimentant un développement constant dont on sait pourtant qu’il est devenu improbable, disons impossible à long terme.

L’aspect social est évident car en fabriquant pour les besoins locaux et l’usage on assurera une pérennité de l’emploi. En découlera aussi le fait que la rentabilité du capital ne devenant pas primordiale, l’emploi pourra être moins concentré pour la productivité permettant ainsi de diminuer les horaires de travail et permettre des embauches. On imagine aisément la différence qui peut y avoir entre des gains de productivité qui ne servent pratiquement qu’au profit de l’actionnariat, et ceux qui pourraient être partagés entre les ouvriers. Notion de : « gains de productivité », qui d’ailleurs pourrait à l’occasion être discuté idéologiquement puisque l’on ne produira plus, mais l’on fabriquera, ce qui est une conception tout à fait différente pour le travail. C’est donc une industrialisation stable construit à l’échelon des territoires, restant de fait dans la dimension humaine et de proximité, que l’on pourra commencer à construire si on y met la volonté politique.

Un autre avantage aussi, et pas des moindres, de la relocalisation, c’est qu’en redonnant vigueur au tissu rural on limitera la concentration urbaine, ce qui mettra un frein à la « métropolisation » globale dont on connaît l’unique but qui est de favoriser encore plus le profit des capitalistes auxquels importe peu le déséquilibre des territoires.

Par contre, il ne faudrait pas se tromper de relocalisation et y voir là l’occasion d’exacerber un nationaliste nauséabond et franchouillard, du genre : « La France aux français ! ». Au contraire, cela pourra donner l’occasion aux diversités de s’exprimer permettant une intégration constructive par l’association des cultures. Il y a un exemple remarquable c’est celui de l’habitat traditionnel du Marais Poitevin qui est souvent rénové par des entreprises de maçonnerie dont le patron et beaucoup d’ouvriers sont d’origine portugaise. En refaisant les maisons anciennes dans l’âme de ce Marais, ils apportent une part de leurs savoirs qui, en ne modifiant pas profondément l’aspect de celle-ci, manie une technique différente parfois plus édulcorée que celle utilisée autrefois par les anciens de la région. Ce mélange des savoir-faire est donc une source d’enrichissement pour tout le monde, et il parait indéniable que cette forme d’intégration ne peut qu’être bénéfique à tous les migrants, d’où qu’ils viennent ! C’est pourquoi ils doivent aussi faire partie intégrante de la relocalisation.

Dans le cadre des prérogatives des conseils généraux nous n’éplucherons pas toutes les possibilités que l’élection des conseillers généraux pourrait permettre. Toutefois, quelques suggestions aideront à comprendre le sens important de cette élection puisqu’elle peut aussi ouvrir la porte à la création de services publics départementaux.

L’eau, le bien commun de l’humanité est entre les mains des multinationales. Pourtant, s’il y a un domaine où la volonté politique pourrait rapidement modifier la donne c’est bien celui-là . On peut alors imaginer la création d’une agence de bassin départementale permettant ainsi de bien cerner les différences en ressources des territoires du département. Un collège citoyen sera le décideur de la gestion de l’eau afin d’éviter, entre autres, les abus comme la prépondérance donnée à l’irrigation de la culture intensive, agriculture uniquement tournée vers l’agrobusiness et très peu pour la collectivité. L’autre intérêt c’est qu’elle servira d’appui technique aux communes pour la mise en place de régie communale de la gestion de l’eau potable et usée, ce qui les fera sortir de l’emprise des multinationales. La gestion de l’eau est d’ailleurs un secteur où il y a tout à reconstruire afin que le citoyen soit le seul acteur décisionnel sur ce qui lui appartient.

Un dernier point très important pour compléter ces propositions non-exhaustives, l’incontournable collectivisation des transports. Incontournable car le pétrole va continuer inexorablement à diminuer tandis que son prix augmentera, et qu’il n’y a pas de solution viable à long terme de remplacement, puisque même la voiture électrique en se multipliant participera à la raréfaction des matières premières, dans sa conception (le cuivre par exemple dont les prix explosent du fait aussi de sa diminution, d’autant que le recyclage n’est aucunement lui aussi extensif et ne réglera pas tout), dans sa consommation surtout si on utilise le nucléaire comme fournisseur d’électricité. Par conséquence la mise en place de tous les moyens de déplacements collectifs doit être une priorité avant toutes autres options (quatre voies et autoroutes, par exemple), on favorisera bien sûr le ferroviaires, mais aussi les plus oubliés, les transports collectifs en milieu rural. En découlera donc, du fait que l’on pourra ainsi diminuer le nombre de véhicules circulant, un impact écologique important sur les émissions de gaz à effet de serre, sans oublier que cela permettra de ne pas augmenter le réseau autoroutier particulièrement dommageable pour l’environnement. Il va sans dire que l’on limitera le nombre des moyens hyper rapides du style TGV, LGV, voire aussi, écarter la nouvelle mode des services de bus ultra-rapides en milieu urbain.

Ces propositions qui peuvent mettre les territoires en transition, économique, écologique et sociale, entrent bien dans le cadre des prérogatives des conseils généraux et par conséquence doivent être le support politique pour les élections cantonales, qui de fait ne doivent pas être négligées.

Surtout qu’en restructurant de façon différente les territoires on va apporter une note idéologique qui pourrait ouvrir les consciences et les décoloniser de la pensée unique capitaliste.

Par ce travail progressif on peut espérer aussi que le nombre augmentant des initiatives, hors de la pensée dominante, puisse permettre d’arriver à la rupture avec le capitalisme, que se soit par le basculement de la masse critique vers une société de liens, plus humaine et débarrassée du productivisme et du consumérisme de l’économie de marché, ou amener véritablement une révolution totale, qui ne sera pas que celle du renversement d’un dictateur, d’un autocrate, mais d’un changement profond de la société…

C’est pourquoi ces élections ne doivent pas être oubliées, ni considérées comme secondaires !

Par Michel Mengneau

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

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