RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

El Salvador : Du silence des armes à la justice de la paix

photo : Gary Moore

Le 16 janvier 1992, il y a 19 ans, était signé a Chapultepec, Mexique, un traité qui a apporté la paix à El Salvador qui, malgré des imperfections, ne cesse d’être emblématique.

Ce pays, le plus petit d’Amérique centrale, avec ses 7 millions d’habitants, a vécu une cruelle guerre civile tout au long des années 1980, même si la situation politique était déjà tendue depuis la décennie précédente. Les protagonistes : les forces insurgées du Front Farabundo Marti de Libération Nationale (FMLN), d’une part ; les forces armées de l’autre.

Très vite, ce conflit interne devient l’un des fronts de la Guerre froide. La Havane et Managua soutiennent le FMLN. Washington - craignant que la guérilla ne prenne le pouvoir, comme cela s’était produit au Nicaragua en 1979 -, fournit des armes et des conseillers militaires aux troupes officielles et aux groupes paramilitaires. A ces derniers, Israël apporte son soutien technologique. Le pays les aide également à créer une base de données qui a permis la capture, l’assassinat ou la disparition de milliers de civils soupçonnés d’être des guérilleros.

Le conflit a pris fin avec la signature de l’Accord de Paix du 16 janvier 1992, après un long processus de rapprochement et de dialogue, entamé le 15 octobre 1984. Durant ces années, les affrontements militaires n’ont pas cessé pas. Sur ce chemin tortueux, la reconnaissance par la France et le Mexique de la guérilla en tant que « force belligérante », août 1981, fut déterminante. Cela permit que ses représentants se mobilisent à travers différentes instances internationales en quête de soutien politique et diplomatique.

Cette série de négociations fut accompagnée par l’Eglise catholique, ainsi que par le groupe dit de Contadora (Colombie, Mexique, Panama et Venezuela) qui visait à la pacification d’un Amérique centrale devenue explosive. La médiation de l’Organisation des nations unies (ONU) fut décisive, car elle aida au déroulement continu des négociations, contraignant les deux parties à des engagements politiquement coûteux et donc difficiles à rompre.

L’offensive militaire générale que lança le FMLN en novembre 1989 n’avait pas atteint pas l’objectif visé : l’insurrection populaire. Cela confirmait qu’aucune des forces ne l’emporterait sur l’autre. La population civile, qui devait en premier lieu supporter le poids du conflit, commença à s’épuiser, un sentiment compris et canalisé par les insurgés.
De son côté, le secteur des entreprises salvadoriennes constata enfin que cette guerre avait de graves répercussions sur ses intérêts et obligea la puissante extrême droite, représentée par l’Alliance républicaine nationaliste (ARENA), à négocier une issue politique.

Si la criminalité constante des forces armées entachait déjà leur image, l’assassinat de six prêtres jésuites en novembre 1989 entraîna une condamnation internationale unanime. Même Washington dut réagir. Les forces armées se retrouvèrent obligées d’accepter le dialogue.

Le contexte international pesa également sur le Salvador. Lorsque, fin 1991, l’Union soviétique s’effondre, la nouvelle scène géopolitique mondiale influe sur la guerre salvadorienne. Quelques années avant, les représentants des Etats-Unis et de l’URSS avaient déjà demandé à Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l’ONU, qu’il s’investisse directement dans la solution du conflit salvadorien.

Le nombre de victimes de cet affrontement armé a été estimé à plus de 70 000 morts. Le nombre des disparus à 8000.

On dit qu’il n’y a eu ni vainqueurs ni vaincus. Le Pentagone a estimé que sa stratégie l’avait emporté. Une chose est certaine : si la guérilla n’avait pas bénéficié d’une bonne capacité militaire et d’une forte crédibilité parmi la population, elle n’aurait pas pu asseoir l’opposant à la table des négociations ni imposer ses propositions.

Mais au-delà de cette discussion, le plus important est d’être attentif à la suite des événements au Salvador. Ce qu’on remarque surtout, c’est que peu à peu, l’intolérance politique a été mise de côté : les parties adverses ont préféré se battre sur le terrain des idées et des faits.

Le FMLN, devenu parti politique, gagne des mairies ainsi qu’une importante représentation à l’Assemblée législative, mars 1994, ce qui en fait très vite la première force d’opposition. En mars 2009, c’est M. Mauricio Funes, un journaliste membre du FMLN - mais pas un combattant - qui est élu à la tête du pays. Il prend ses fonctions en juin.

Avec la présidence, le FMLN hérite également des immenses problèmes sociaux et économiques laissés par les gouvernements précédents, de droite. Maintenant sa mission est de mettre en pratique les discours de la campagne électorale. Mieux : faire des textes signés en janvier 1992 une réalité. Parce que la violence que connaît aujourd’hui le Salvador n’est plus d’origine politique, mais sociale, produit de la pauvreté et du chômage.

Le FMLN a mené une guerre de libération qui visait à rendre la société plus juste. Aujourd’hui il doit relever un nouveau défi : mener les changements depuis le front institutionnel, avec de faibles ressources économiques et sous l’oeil de Washington et du patronat, toujours vigilants.

Hernando Calvo Ospina

URL de cet article 12592
  

Même Auteur
Tais toi et respire ! Torture, prison et bras d’honneur
Hernando CALVO OSPINA
Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Quelques Colombiennes et Colombiens se regroupent à Quito pour faire connaître la violence et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

En révélant au public comment les institutions fonctionnent réellement, pour la première fois nous pouvons vraiment comprendre, en partie, notre civilisation.

Julian Assange

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.