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FUKUSHIMA : Inquiétudes de physiciens asiatiques

Mardi 29. 22H. A l’heure qu’il est, après que des tonnes d’eau ont été injectées depuis les débuts de la catastrophe, le 11 mars, afin de refroidir les réacteurs ainsi que les piscines de combustible usagé à la centrale de Fukushima, la question se pose désormais de la pomper. Tout en essayant de la décontaminer au mieux. D’où l’aide proposée par le groupe français Areva, en envoyant notamment cinq experts spécialisés dans la décontamination des effluents radioactifs.

Pendant ce temps, sans attendre, des physiciens spécialistes du nucléaire (notamment en matière de sécurité et d’armement) commencent à tirer des «  Leçons de Fukushima ». Des leçons pour… l’Asie, selon une tribune publiée par le Pakistanais A.H. Nayyar, à l’université renommée LUMS de Lahore (Pakistan), avec l’Américano-Pakistanais Zia Mian et l’Indien M.V. Ramana, tous deux actuellement à l’université de Princeton (Etats-Unis).

Le tremblement de terre et le tsunami Mars au Japon ont déjà fait plus de 10.000 morts, et quelques 17.500 personnes sont toujours portées disparues.

Cette catastrophe a été aggravée par la menace persistante de contamination radioactive suite aux accidents survenus sur quatre réacteurs nucléaires sur le site de Fukushima Daiichi-et des piscines qui contiennent encore actuellement un combustible nucléaire irradié, chaud, très radioactif. Même si l’accident nucléaire est contenu, il est source de nombreuses leçons pour l’Asie du Sud.

La dépendance vis à vis de l’énergie nucléaire en Asie du Sud est en train de s’accroitre. L’Inde possède 20 réacteurs nucléaires en service, et plusieurs autres en construction, et des plans pour une expansion importante dans les prochaines décennies. Le Pakistan dispose de deux centrales nucléaires en service, une autre presque terminée, et plannifie la construction de beaucoup d’autres dans les 20 prochaines années. Les deux pays ont également des réacteurs qui font partie de leurs programmes d’armes nucléaires. Le Bangladesh et le Sri Lanka projettent de construire leurs premiers réacteurs nucléaires.

La première leçon pour les populations et les décideurs d’Asie du Sud Est est que les établissements nucléaires sous-estiment la probabilité de survenue et la gravité des accidents possibles. Les réacteurs de Fukushima n’étaient pas prêts à faire face au tremblement de terre et au tsunami de la taille de ceux qui ont eu lieu. Un mois avant l’accident, l’usine de Fukushima a reçu un permis d’exploitation pour 10 ans. L’entreprise Tokyo Electric Power qui possède et exploite les réacteurs, l’agence de sûreté nucléaire au Japon et le gouvernement japonais lui-même, étaient tous convaincus que les réacteurs étaient en sécurité.

Cette confiance est évidente dans les établissements nucléaires d’Asie du Sud. Après l’accident au Japon, S.K. Jain, le président de la Corporation des compagnies Nucléaires en Inde a déclaré "Nous avons une connaissance totale de la conception des activités sismiques. Les pires événements sismiques et le tsunami ont été pris en considération dans nos conceptions. "Les autorités japonaises nucléaires pensaient sans doute de la même façon avant de Fukushima.

De même, La commission Pakistanaise à l’énergie atomique a déclaré que la sécurité de ses réacteurs a été vérifiée par des experts étrangers, y compris ceux de l’Association mondiale des exploitants nucléaires. Cela ne devrait rassurer personne. Le Tokyo Electric Power Company est un membre de l’Association mondiale des exploitants nucléaires.

La deuxième leçon est que les catastrophes naturelles extrêmes ne font que rendre plus probables les accidents. Ceux de Tchernobyl en Union soviétique en 1986, à Three Mile Island aux États-Unis en 1979, à Windscale au Royaume-Uni en 1957 et à Chalk River au Canada en 1952 n’ont pas été déclenchées par des catastrophes naturelles.

Les tremblements de terre rendent les accidents de réacteur plus probables parce qu’ils touchent simultanément la majeure partie des installations. Ils mettent hors circuit de multiples systèmes de sécurité et sont succeptibles de créer de nombreuses pannes. Les inondations et les incendies constituent une menace. C’est un incendie qui a causé la panne d’électricité à Narora en 1993, accident nucléaire majeur qu’a frolé l’Inde.

La troisième leçon est que les accidents nucléaires sont le résultat de la nature même de la technologie nucléaire. Ils n’est pas besoin de faiblesse technologique ou de d’absence d’opérateurs qualifiés. L’expertise technologique Japonaise en matière de nucléaire est immense. La catastrophe de Tchernobyl, les accidents à Three Mile Island, Windscale et de Chalk River se sont tous produit dans des pays ayant tous un réel savoir-faire en matière nucléaire.

Une quatrième leçon est qu’aucun réacteur ne peut prétendre être de conception totalement sûre. L’accident a Fukushima concerne un réacteur à eau bouillante. Les cinq accidents les plus graves avant Fukushima se sont produit sur des réacteurs de conception différentes. Des accidents ont eu lieu également sur des réacteurs expérimentaux, tels que les réacteurs à neutrons rapides pour lesquels l’Inde est actuellement en train d’investir.

Une cinquième leçon, est que dépenser plus d’argent sur la sécurité ne peut pas empêcher les petites pannes de s’accumulerr pour produire des catastrophes, et peut causer de nouveaux problèmes. Au réacteurs Fukushima, les systèmes de sécurité ont échoué, certains pour des raisons que nous ne comprenons pas encore. Anticiper toute défaillance possible impliquerait de construire des sauvegardes pour les sauvegardes et rendrait la conception des réacteurs encore plus compliquée, coûteuse, et leur fonctionnement encore plus aléatoire.

Une sixième leçon est que les réacteurs nucléaires et les gens ne se mélangent pas. Les gens peuvent provoquer des accidents et les accidents touchent les gens. Ce sont des erreurs humaines d’opérateurs qui ont contribué à l’accident de Tchernobyl et celui de Three Mile Island. Les travailleurs ont été confrontés à Fukushima à des niveaux élevés de rayonnement dans leur lutte pour reprendre le contrôle des réacteurs et des piscines de combustible. Près de 200.000 personnes vivant dans les 20 km autours des réacteurs de Fukushima ont été évacués ; Ceux qui vivent entre 20 km et 30 km ont été confinés pour éviter les effets de la radioactivité. Les États-Unis ont demandé à leurs citoyens résidant dans la région de s’éloigner d’au moins à 80 km du réacteur. Aliments et eau contaminés ont été retrouvés à des distances de 250 kilomètres à la ronde. Des traces de radiations sont arrivés sur la côte ouest des États-Unis, 8.000 km à travers l’océan Pacifique.

En Asie du Sud, certains réacteurs se trouvent à proximité de grands centres urbains ou à proximité de rivières qui alimentent l’agriculture en eau potable. La centrale nucléaire de Karachi au Pakistan, par exemple, est située sur la côte et est vulnérable aux tremblements de terre et aux tsunamis. Construite il ya 40 ans, son réacteur était à l’origine éloigné de la ville. Mais maintenant certains programmes de logements se retrouvent à seulement 20 km du site. Karachi Nord reçoit une brise de mer qui passe d’abord sur la centrale nucléaire. En cas d’accident, il est impensable que la population résidant dans une circonférence de 80 km autours du réacteur puisse être rapidement évacuée en toute sécurité.

Partout dans le monde, les gens repense l’énergie nucléaire. Après Fukushima, la chancelière allemande, Angela Merkel, a fait observer que c’est « lorsque ... l’impossible devient possible et l’absoluement improbable, réalité, que la situation change". Elle a annoncé une "sortie mesurée » de la dépendance sur l’énergie nucléaire, ce qui signifie la fermeture de l’Allemagne 17 réacteurs. Plus l’attente sera longue en Asie du Sud, plus grand sera le nombre de réacteurs construits et plus difficile une réorientation de politique énergétique.

A.H. Nayyar is a visiting professor of physics at LUMS, Lahore. M.V. Ramana and Zia Mian are physicists at the Programme on Science and Global Security, Princeton University, Princeton, US.

http://www.dawn.com/2011/03/27/fukushima-lessons.html

traduction en commentaire :

http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/03/29/fukushima-suite22-inquietudes-de-physiciens-asiatiques.html#comments

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COMMENTAIRES  

31/03/2011 10:32 par kounet

Il faut donc rapidement sortir de ce nucléaire qui n’est absolument pas maitrisé .Le plus tôt sera le mieux .

31/03/2011 11:31 par desobeissant

Accident nucléaire : les scientifiques interpellés

Par Kolin Kobayashi (28 mars 2011)

Pour Kolin Kobayashi, journaliste, correspondant de Days Japan à Paris, l’heure est grave. Si Tepco et le gouvernement japonais informent mal la population, il y a une chose dont on est sûr : la situation n’est plus sous leur contrôle.

Face au risque de contamination radioactive majeure qui pèse sur l’ensemble de l’hémisphère Nord, il appelle les scientifiques du monde entier à se mobiliser pour tenter d’enrayer la catastrophe sanitaire qui pourrait survenir.....

http://www.bastamag.net/article1479.html

Leuren Moret sur Fukushima Daiichi

http://www.examiner.com/exopolitics-in-seattle/scientist-japan-earthquake-nuke-accident-are-tectonic-nuclear-warfare

Leuren Moret - Japan’s Deadly Game of Nuclear Roulette

By Leuren Moret

Mar 15, 2011 - 7:32:38 PM

http://abundanthope.net/pages/Environment_Science_69/Leuren-Moret---Japan-s-Deadly-Game-of-Nuclear-Roulette_printer.shtml

Psychologie de Fukushima

29/03/2011

http://www.dedefensa.org/article-psychologie_de_fukushima_29_03_2011.html

Le Japon plutot que la Lybie :

Exigeons par tous les moyens de pression disponibles (mails, Facebook, manifs) de nos gouvernements qu’ils organisent une coalition d’aide d’urgence internationale en faisant intervenir les services militaires et civils spécialisés.

Sans cela :

Adieu, Japon

....Réacteur N°3 : Réacteur lui aussi très dégradé. Les barrières de confinement ne sont certainement plus étanches et le combustible est endommagé. Le New York Times rapporte qu’il y aurait une longue fissure verticale, sur le côté et jusqu’au bas de l’enceinte de confinement, laissant s’échapper des fluides et des gaz toxiques. L’eau contaminée dans la structure de turbine contient 10 000 fois le rayonnement normal et elle s’est infiltrée dans la salle des machines. La société est en train d’examiner des moyens d’éliminer l’eau contaminée. Une explosion survenue le 14 mars a endommagé la couverture de l’unité de combustible. La menace du réacteur est noté à un niveau de cinq. L’analyse de 5 échantillons de sols prélevés indique que du plutonium s’échappe du réacteur et est un signe qu’il y a fusion du coeur, qui rappelons-le, fonctionnait au MOX.

Le pire est qu’aux dernières nouvelles, une grue se serait effondrée sur les barres de combustible MOX du réacteur N°3. Il s’agit d’une massive grue interne intégrée à la structure d’acier qui déplace les barres du réacteur vers la piscine de combustible usé, ce qui signifie que les tiges qui contenaient du plutonium sont endommagées.

Cette grue s’est effondrée il y a deux semaines. Le gouvernement japonais et TEPCO ont menti à ce sujet, sachant très bien que seul cet incident pourrait déclencher une catastrophe nucléaire aussi grave que Tchernobyl. Les gouvernements et les banquiers ne veulent pas de panique. Le Nikkei, Dow Jones, et le maintien de l’industrie de l’énergie nucléaire sont plus importants que la vie humaine et l’environnement......

http://les7duquebec.wordpress.com/2011/03/30/adieu-japon/

Areva lance la transformation de ses certificats d’investissement en actions ordinaires

PARIS - Le groupe nucléaire public français Areva a lancé jeudi la transformation de ses certificats d’investissement, sorte d’action sans droit de vote, en actions ordinaires, a-t-on appris auprès de l’Autorité des marchés financiers.

Le projet d’offre publique d’échange simplifiée a été déposé le 30 mars auprès de l’AMF, indique cette dernière dans un communiqué.

Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), principal actionnaire du groupe nucléaire public, s’engage à acquérir la totalité des certificats d’investissement émis par Areva, soit 3,73% du capital de cette dernière, pour former autant d’actions ordinaires, précise l’AMF.

Une demande d’admission en Bourse de la totalité des actions Areva sera déposée au plus tard le 30 juin prochain, ajoute l’institution.

Le fonds souverain du Koweït (KIA), actionnaire d’Areva à hauteur de 4,8% depuis décembre, avait demandé, comme condition à son entrée au capital, que le groupe soit coté avant le 30 juin.

Faute de quoi, l’Etat français aurait été contraint de racheter la part de KIA à un prix au moins égal à celui déboursé par le fonds, soit 600 millions d’euros.......

http://www.romandie.com/ats/news/110331080837.8we98oh3.asp

Japon : les réfugiés de Fukushima estiment avoir été "trahis"

YOKOTE (Japon) - Les habitants qui ont fui le périmètre autour de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima, à 250 km au nord de Tokyo, estiment avoir été "trahis" par l’exploitant Tepco, après un accident nucléaire dans lequel "la main de l’homme" a sa part de responsabilité.

Des dizaines de milliers d’habitants ont dû quitter une zone de 20 km autour de la centrale de Fukushima Daiichi (Fukushima N.1), sur la côte Pacifique, dont les six réacteurs ont été fortement endommagés par le séisme et le tsunami du 11 mars.

Depuis les équipes de Tokyo Electric Power (Tepco), aidées de militaires et pompiers, tentent de rétablir les systèmes de refroidissement des réacteurs malgré des fuites radioactives qui ralentissent les travaux.

De nombreux habitants ont trouvé refuge dans des centres d’accueil d’urgence, d’autres dans leur famille, parfois à des dizaines de kilomètres.

"Beaucoup d’entre nous se sentent trahis", confie Tomoko Sato, 55 ans, hébergée dans un refuge à Yokote, commune de la préfecture d’Akita, à plus de 200 km au nord de la centrale.

"On nous disait sans cesse qu’il n’y avait pas de danger", ajoute cette femme qui habitait Minamisoma, une petite ville située à l’intérieur du rayon des 20 km, au nord de la centrale.

Mme Sato, qui s’est brisée une clavicule après avoir été emportée par la vague géante, a été sauvée des eaux par son mari.

Comme elle, beaucoup de réfugiés ont trouvé place dans des centres d’urgence, mais d’autres ont été livrés à eux-mêmes, obligés de trouver seuls un toit provisoire, avec pour seul réconfort un manteau et une couverture face au froid glacial et à la neige.

"Je suis très en colère contre Tepco", dit Ikuko Ishibashi, 63 ans, qui exploitait une ferme tout près de la centrale et a trouvé refuge à Yokote.

"Certes, le séisme et le tsunami sont des catastrophes naturelles, mais il y a une part de responsabilité humaine dans l’accident nucléaire", ajoute-t-elle.

"Sans cet accident nucléaire, nous aurions pu nous remettre plus vite du séisme et du tsunami et reprendre notre vie plus facilement", confie-t-elle encore, demandant que les réacteurs soient "démantelés aussitôt que possible".

Mercredi, le président honoraire de Tepco, Tsunehisa Katsumata, a de nouveau présenté ses excuses et reconnu que les mesures antitsunami avaient été insuffisantes mais ne s’est pas engagé sur la question des dédommagements.

Il a également admis que son entreprise était "dans une situation très grave" sur le plan financier. Tepco doit non seulement assumer le coup des opérations d’urgence à Fukushima mais aussi se préparer à indemniser les victimes de la radioactivité émanant de la centrale.

Pour Toshinori Sato, qui a reçu l’ordre d’évacuer sans qu’on lui dise où aller, c’est aussi le manque d’information et des mesures d’évacuation inadaptées qui ont "fait monter l’inquiétude".

"Les gens disent que trop d’informations crée la confusion, mais ne pas donner suffisamment d’informations a un impact bien plus grand", assure-t-il.

Pour lui, la responsabilité du gouvernement est en partie engagée, dans la mesure où il ne s’est pas assuré que Tepco exploitait la centrale à l’abri de tout danger...

http://www.romandie.com/ats/news/110331081741.0ydwtmcn.asp

31/03/2011 13:30 par bobi

le problème est simple : quel est le niveau de risque sismique ou autre qu’il faut mettre dans le dossier de construction pour que le projet soit RENTABLE. La prise en compte du risque réel entraine des surcoûts insupportables... donc on minimise pour avoir des sécurités "raisonnables financièrement". Si ça pète on refile le bébé à l’état, le classique privatiser les profits, "socialiser" les pertes...

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